(24,1) Octobre 1988
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J'ai écrit l'essentiel de ces lignes en février, alors que le train me conduisait vers la SUEDE, patrie d'Alfred NOBEL. J'allais y parler du FONDS MONDIAL, bien sûr, mais aussi, nécessairement, des DROITS DE L'HOMME. La Déclaration Universelle des Droits de l'Homme marque un formidable progrès de civilisation : voici en effet que la toute jeune Organisation des Nations Unies (O.N.U.) alors qu'elle siégeait encore à PARIS, énonce un " code de conduite " entre habitants de la planète, certes, mais aussi " code de conduite " des États envers leurs citoyens. Si l'on devait réécrire aujourd'hui cette Déclaration, il est vraisemblable qu'elle serait profondément remaniée, tellement le monde a changé en 40 ans. Mais il est un article qui, à mes yeux, ne devrait pas être retouché : l'étonnant article 28 : " Toute personne a droit à ce que règne, sur le plan social et sur le plan international, un ORDRE tel que, les droits et libertés, énoncés dans la présente Déclaration, puissent y trouver plein effet. De quelle sorte d'ORDRE peut-il s'agir ? - Certaines traductions de la Déclaration ont quelque peu édulcoré l'énoncé de cet article ; pour comprendre au mieux le texte, il faut se référer au Français, langue juridique de l'O.N.U. - Pour qu'existe un ORDRE, il faut une autorité chargée de le faire respecter ; cette autorité ne peut donc être à ce niveau que " supranationale. " De qui cette autorité peut-elle détenir un tel pouvoir ? Un gouvernement, une entente intergouvernementale - ce qu'est l'O.N.U. - ne peuvent pas créer, imposer une quelconque autorité supranationale mondiale face au reste du monde. Ni l'O.N.U., ni les États ; que reste-t-il ? Eh, bien il reste le PEUPLE DU MONDE. Oui, le Peuple du Monde peut choisir par vote les membres d'une institution nouvelle et lui déléguer toute la souveraineté nécessaire à cette fonction. On m'accusera peut-être de faire un amalgame, mais permettez-moi de le risquer. Le 19 novembre 1948, Garry DAVIS interrompait l'Assemblée Générale de l'O.N.U. pour affirmer bien fort : " Nous le peuple, nous voulons la paix que seul un gouvernement mondial peut donner... " Or, quelques jours plus tard, l'O.N.U. proclamait la fameuse Déclaration avec son admirable article 28. Étaient-ils restés troublés, ces Messieurs de l'O.N.U. pour ne pas avoir osé modifier l'énoncé de cet article qui, maintenant, engage l'Organisation et tous les États signataires de la Déclaration ? Autre coïncidence extraordinaire : ce 10 décembre 1948 était aussi le 52ème anniversaire de la mort d'Alfred NOBEL. Or, dans son testament celui-ci créait, entre autres, un Prix de la PAIX pour encourager des hommes du Peuple trop souvent à court d'argent pour atteindre leur objectif pacifique. De plus, il confiait le choix des lauréats au " Storting " Norvégien parce que ce parlement fut le premier à accepter le principe de la supranationalité d'un Tribunal d'Arbitrage. 10 décembre 1896 - 10 décembre 1948 - 10 décembre 1988. L'histoire a un sens qu'il convient de célébrer. Daniel Durand |
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