(33,1) Juin 1991
Suffisamment de nourriture La terre produit actuellement suffisamment de nourriture pour 2 fois la population mondiale, et manger est un droit fondamental de la personne humaine, au même titre que boire ou respirer.
Mais le droit à la nourriture obéit à une loi étrange puisqu'il est soumis à la capacité économique de l'individu ou de son groupe humain. Tandis que les riches gaspillent, cette loi, non écrite, exclut impitoyablement les malades, les handicapés, les enfants et les personnes âgées qui n'appartiennent pas à des groupes à solidarité structurée. De même cette loi exclut durablement les victimes de la folie humaine : guerres, dictatures et pillages, ou de la folie de la nature : cyclones, inondations ou sécheresses.
A travers le FONDS MONDIAL DE SOLIDARITE CONTRE LA FAIM, nous proposons à l'humanité entière de se constituer en un seul groupe à solidarité structurée afin que ce droit fondamental à la nourriture puisse être accessible à tous sur un plan d'égalité. Mais un immense fossé nous tient éloignés de cet ultime but : nous n'avons de force que celle qui vient de chacun des participants. Nous ne pouvons pas être solidaires à la place des autres, ni disposer de la force que ces autres pourraient apporter. Nous sommes étroitement limités et ces limites nous imposent des choix.
Nous sommes, bien sûr, très sensibles à la détresse de nos concitoyens du monde Kurdes, Bengalis et exclus de partout, mais nous ne disposons pas des stocks mondiaux alimentaires et nous ne pouvons pas déposer un chef d'Etat ou un gouvernement coupable de génocide par l'arme alimentaire. Il manque une institution supranationale habilitée à cet effet; et que nous revendiquons.
Cependant, ce que nous pouvons faire, nous devons le faire.
Le FONDS MQNDIAL est, lui-même, constitué dans sa majorité par des .groupes qui s'efforcent de combattre la faim et la malnutrition pour eux-mêmes, leurs familles et leurs villages ou quartiers. C'est tout logiquement vers eux que s'effectue le partage des cotisations perçues par notre mutuelle transnationale. Par de petites initiatives facilement maîtrisables, ils sont les acteurs de leur propre développement, non seulement de leur développement économique, mais, aussi - nous l'avons constaté à maintes reprises - de leur développement humain et social : l'alphabétisation, la formation permanente, les centres de soins, les centres nutritionnels et l'établissement de nouveaux réseaux locaux d'échange et de solidarité sont les prolongements naturels de leurs projets.
La satisfaction du droit à la nourriture devient ainsi un accès au droit à la santé, à l'éducation et un élément essentiel de la liberté individuelle et de la dignité.
Il reste beaucoup à faire.
Daniel Durand
page réalisée par Daniel Durand