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le kiosque des Citoyens du Monde

(36,1) Mars 1992

  ENVIRONNEMENT : UNE QUESTlON DE DEMOCRATlE

Sommaire du Fonds Mondial

Les saisons sont bouleversées. Camille nous explique que la culture de tomates qu'il a entreprise à Yangafok a souffert en raison de pluies torrentielles en pleine saison " sèche ", tandis que la saison dite " des pluies " était passée presque inaperçue. Cette anecdote n'est pas isolée : toutes les forêts tropicales d'Afrique, d'Amérique et d'Asie - cet immense ensemble régulateur du climat mondial - sont la proie des industries du bois ou disparaissent sous la hache des " colons " souvent pour faire place à des monocultures désertifiantes. Le résultat est là : partout dans le monde, le climat se dérègle.

A cela s'ajoutent les problèmes de pollution des pays industriels : pollution de l'air, pluies acides, mers condamnées, affaiblissement de la couche d'ozone, déchets de toutes sortes.

Les Nations Unies organisent à RIO DE JANEIRO une immense conférence sur le thème de l'Environnement et du Développement. 10 000 personnes de tous pays y sont attendues. Que peut-on espérer d'une telle rencontre ?

  • sans doute une plus grande conscience de ce drame mondial ou chaque habitant de la terre est acteur par son propre mode de vie ou d'exploitation
  • sans doute une plus grande maîtrise technique ; par exemple le développement de l'agrosylviculture permettrait une meilleure symbiose entre le monde végétal, le monde animal et l'homme...
  • sans doute quelques accords internationaux et une meilleure communication entre organisations non-gouvernementales (les O.N.G.).

Est-ce suffisant ?

Ne pourrait-on pas souhaiter que lors de cette conférence soient jetées les bases d'une organisation supranationale telle qu'il en existe déjà en matière d'aviation ou de services postaux ? Une organisation qui fonctionnerait selon des principes de démocratie et qui se verrait dotée de pouvoirs réels et contraignants :

  • d'abord dans la gestion et la surveillance des espaces communs non nationaux : la mer dès maintenant, et plus tard l'Antarctique, les forêts tropicales...
  • ensuite par la primauté de ses résolutions sur les droits nationaux de telle sorte que les acteurs de la dégradation de l'environnement fassent les efforts que tout le monde attend.

MAIS, on peut aussi se demander si cette conférence de RIO fera plus pour l'environnement que n'a pu le faire celle le Stockholm en 1972. Elle se heurtera nécessairement à deux obstacles majeurs :

  • la charte des Nations Unies (la partie invitante) qui reconnaît à chaque État une souveraineté nationale absolue ;
  • les puissances économiques. Est-il imaginable qu'elles " conseillent " aux États une politique de contrôles et de contraintes sur elles-mêmes ?

La solution est à chercher ailleurs.

Les O.N.G. présentes à Rio seront la plus formidable représentation des Peuples de la Terre jamais réunie sur ce sujet. Elles sont pour la plupart libres des considérations nationalistes et n'ont pas de politesse à rendre aux puissances économiques. Ne pourraient-elles pas unir leurs forces pour commencer elles-mêmes le travail que les États n'ont pas la volonté politique de faire ?

Il y va de la survie de l'humanité.

Daniel Durand

 

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