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"Urgence pour le développement" : ce titre attire l'attention de tout membre du FONDS MONDIAL DE SOLIDARITE CONTRE LA FAIM.
Urgence pour un développement durable, pour le bien-être, la sécurité et la participation active de chaque individu, avec en corollaire la sauvegarde de l'humanité, voilà bien notre objectif.
Mais quelle relation y a-t-il entre notre action pour le développement au sein du FONDS MONDIAL et l'aide d'urgence lors de catastrophes naturelles soudaines et leur prévention ?
Selon certains spécialistes, "la pauvreté est tout autant la cause de la catastrophe consécutive à un tremblement de terre que les mouvements sismiques, la déforestation tout autant la cause d'une inondation désastreuse que le régime des pluies".
Les activités humaines sont directement liées aux catastrophes dites naturelles, activités dirigées par le mode de développement international actuel. Ce mal-développement que régissent les relations Nord-sud conduit à la dégradation de l'environnement et condamne à la pauvreté des millions de personnes.
Le déboisement aggrave les risques d'inondations et de sécheresses, le sol ne retenant plus l'eau, expose à la violence des vents lors du passage d'un ouragan, peut provoquer de terribles glissements de terrain, ne tempère pas les effets d'un raz de marée,...
La création de grands lacs-réservoirs est génératrice, dans certaines conditions, de séismes violents.
Toute modification du sous-sol, soit par extraction de minerai, de pétrole ou de gaz, soit par injection de déchets liquides, provoque des tremblements de terre dont l'importance varie avec la nature du terrain.
Les manifestations tumultueuses de la vie de notre planète sont grandement aggravées par le mal-développement, par la méconnaissance et le non-respect de notre environnement. Ceci est d'autant plus intolérable que ce sont les plus pauvres qui sont le plus exposés.
Condamnées à la pauvreté par les règles du commerce international, par la dette, des millions de personnes sont contraintes à s'installer sur les terres à risques car peu chères. Leurs habitations, auto-construites ou non, répondent rarement aux normes parasismiques et paracycloniques. la vulnérabilité des populations face aux risques est accrue par la pauvreté.
Le Japon a déploré 2700 victimes en 43 tremblements de terre (63 morts par évènement) ; le Pérou, durant la même période, 91000 victimes en 31 catastrophes (2900 morts par évènement).
Au Nicaragua, les dégâts matériels d'un séisme ont été estimés à 1050 dollars par habitant (4000 à 6000 morts). En même temps, à San Francisco, la même évaluation s'élevait à 70 dollars par habitant (60 morts).
Non seulement la pauvreté augmente l'ampleur de la catastrophe mais elle conduit à encore plus de pauvreté.
Les catastrophes naturelles ont fait six fois plus de victimes durant les années 70 que durant les années 60, tendance poursuivie au cours des années 80. Aucune observation des géophysiciens n'explique cette évolution.
Quand l'organisation des sociétés du Nord hypothèque les possibilités d'autodéveloppement des peuples du Sud, on peut s'interroger sur la valeur et la signification de la "sollicitude" des pays développés lors d'une catastrophe. L'aide internationale est-elle vraiment adaptée aux besoins des sinistrés ? Ceux-ci sont-ils aussi démunis et désemparés que les médias nous le présentent ?
Ces questions posées par Actions d'Urgence Internationale seront analysées dans le prochain MONDA SOLIDARECO (n° 42).
La prévention des sinistres naturels, le fait que ceux-ci ne se transforment pas en catastrophes humaines, passe, certes par l'information des populations, mais surtout par la prise en charge par ces populations de leur propre mode de développement, respectueux de leur culture et de leur environnement. C'est tout-à-fait là l'action du FONDS MONDIAL. (2)
Danièle Charier