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bulletin du Fonds Mondial de Solidarité Contre la Faim


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DESARMEMENT ET DEVELOPPEMENT

 

La multitude des conflits, guerres et drames qui accablent l'humanité semble provenir, pour une bonne part, d'un mal-développement général de la planète : l'éducation, la culture, donc l'ouverture vers les autres sont presque partout plus ou moins négligées au profit de la recherche de puissance, de force, de sécurité. Le modèle de développement que propose le FONDS MONDIAL garantit la sécurité des individus, mais s'agit-il des mêmes valeurs que celles qui actuellement régissent les relations humaines ? Sécurité ou pseudo-sécurité ?

Pseudo-sécurité car, outre l'immoralité de la chose, l'accumulation d'armes est dangereuse pour la paix, leur utilisation nuit aux individus et à l'environnement - c'est évident (armes chimiques, biologiques, nucléaires et classiques), leur coût de production, d'entretien, d'achat épuise les ressources financières énergétiques et humaines du monde. Or, on sait que le développement économique des nations est un facteur fondamental de la paix.

Pseudo-sécurité car le système économique actuel, producteur d'armes - c'est dans sa logique - fondé sur la croissance, la compétition, la domination génère des inégalités sociales individuelles et de groupe peu propices à un climat de paix, de démocratie donc de véritable sécurité.

Pseudo-sécurité enfin car l'image du Nord protégeant sa richesse par sa force militaire peut inciter le Sud, ou certaines de ses composantes, à s'armer, à lutter contre ce qui est ressenti comme une exclusion, une menace.

La maîtrise des armements est toujours perçue comme un moyen privilégié pour réduire les tensions, faciliter le règlement pacifique des conflits. C'est en fait un moyen de domination politique au détriment des pays les moins développés.

La force de dissuasion entretient un état d'esprit fondé sur le droit du plus fort (peur, méfiance, intimidation) et non sur la force du Droit.

Armement et développement au sens où l'entend le FONDS MONDIAL sont tout-à-fait antagonistes.

Bien sûr, les industries d'armes créent des emplois, réduisent les importations alors que les exportations améliorent l'équilibre de la balance commerciale. Bien sûr, la recherche militaire a des retombées sur le secteur civil. Bien sûr, on comprend le désir d'indépendance des pays producteurs d'armes du Sud par rapport à ceux du Nord.

Bien sûr... mais !

Les dépenses d'armement représentent près de mille milliards de dollars (soit 5 % des échanges monétaires au niveau mondial) Plus de cinquante millions de personnes sont employées dans les activités militaires. Le secteur de la recherche et développement des armes mobilise plus de 20 % des ingénieurs scientifiques de la Terre

Une étude des rapports entre désarmement et développement entreprise en 1982, concluait à l'intérêt de la création d'un Fonds de Désarmement pour le Développement. (Ce document est resté sans suite). Pourtant les ressources énormes investies dans l'armement pourraient être transférées vers l'éducation, la santé, le bien-être général à condition de consentir à un effort dans un premier temps. Le désarmement n'a pas, semble-t-il, d'effet positif à court terme sur le développement : coût des destructions d'armes, coût d'une reconversion rentable des matériels, investissement pour la reconversion des hommes. Par contre, les avantages économiques peuvent être très importants à long terme pour le développement économique mondial.

Le désarmement n'est pas une utopie ; il implique une action globale.

Les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité de l'ONU sont convenus d'élaborer un "code de conduite" commun en matière d'"exportation d'armements classiques. Considérant qu'ils ont fourni, à eux cinq, au cours des cinq dernières années 80 % des armes à destination du Tiers-Monde, cela aurait pu être encourageant si le décalage entre les paroles et les actes n'était aussi grand : leurs économies vacillant, la concurrence entre eux est de plus en plus âpre.

Il paraît plus certain, bien plus difficile certes et bien plus long, de tenter de changer de mentalité, de changer de logique.

Changer de logique, pour la paix, pour le développement mondial, pour l'environnement - tout est lié - c'est penser à long terme et non pour un illusoire profit immédiat ; c'est cesser de considérer l'homme comme une variable secondaire parmi les facteurs de production, le mettre au contraire au coeur de la logique et revoir les relations humaines, briser la violence et passer à une culture de dialogue, de coopération, de respect d'autrui et de solidarité, seule culture de paix. Ce sont là les valeurs qui fondent le FONDS MONDIAL.

Respectueux du droit, de la justice sociale, de la démocratie, de la liberté et de l'identité culturelle des individus, le FONDS MONDIAL, à la mesure de ses moyens, est dans la logique de cette culture de paix, garant d'un développement durable.

Le désarmement s'inscrit dans une perspective mondiale et il importe que la Société Civile mondiale, dont le FONDS MONDIAL , s'y implique.

Danièle Charier

 

 


page réalisée par Daniel Durand