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Ceux d’entre nos mutualistes qui apportent leur concours actif à Réseau Solidarité le savent : le réseau est toujours sur la brèche, et les appels qui lui parviennent, c’est-à-dire autant de dossiers à traiter, se succèdent à un rythme continu, qui doivent recevoir chaque fois une réponse appropriée dans l’urgence. Il faut avoir présent à l’esprit que, pour chaque action auquel le Réseau donne suite, seule une tranche de un quart des correspondants fidèles est sollicitée pour écrire les lettres qui feront mouche auprès des autorités ou des décideurs concernés par cette action. Le Réseau traite donc en gros 4 fois plus d’affaires que celles pour lesquelles nous sommes priés de prendre la plume. S’y ajoutent ses colloques biennaux (cf. Monda Solidareco n° 58) et les animations sur des thèmes particuliers à l’occasion de la visite en Europe de correspondants lointains qui cherchent à mieux faire connaître leurs luttes1. C’est dire que les aspects concrets et immédiats sont largement prioritaires dans la pratique de Réseau Solidarité.

Il est cependant des occasions où l’équipe exécutive du réseau s’accorde un temps de réflexion pour prendre un peu de recul par rapport à l’action et pour réfléchir à la finalité de son activité et à la pertinence des moyens mis en œuvre, pour apprécier aussi l’efficacité du travail réalisé. Ça se passe en général à l’occasion du Conseil d’orientation du réseau, lequel réunit autour de l’équipe exécutive des personnes extérieures élues à l’occasion des colloques biennaux. Une évolution sensible s’est ainsi fait jour lors de la séance du dernier Conseil, le 25.04.1998 à Saint-Denis (région parisienne), qui commence à dessiner les contours des actions du Réseau dans le futur. En particulier deux dimensions de l’activité du Réseau ont été abordées :

1/ La dimension géographique. Il apparaît que le champ d’intervention du réseau est de moins en moins bien défini, du fait de l’évolution des clivages entre régions nanties et régions dominées sur quoi s’établissaient les notions de « Tiers-Monde » et de « rapports Nord-Sud ». Des pays du Tiers-Monde ont réussi leur « décollage » économique, qui ne les place plus parmi les plus pauvres et les plus dépendants. Inversement, des pans entiers des populations des régions nanties tombent dans l’exclusion des bénéfices de la croissance et se paupérisent dramatiquement. De nouveaux clivages traversent ainsi le Nord et le Sud, à quoi s’ajoutent ceux qui éclatent les sociétés de l’ex-bloc de l’Est. Savons-nous que le travail des enfants a repris des proportions étonnantes dans un pays comme la Grande-Bretagne ? Alors, où commence, où s’arrête le champ d’intervention du Réseau ? Le Conseil d’orientation a lancé la réflexion à ce sujet. Une notion intéressante, mais qui reste à préciser, est celle du « déficit démocratique » de certains pays, où les opprimés n’ont pas la possibilité de s’exprimer librement ni facilement : ici, le soutien d’un réseau extérieur se justifie pleinement. Alors, vous qui adhérez au Réseau, ne vous étonnez pas de voir progressivement se diversifier les destinations postales de vos futurs envois !

2/ La réciprocité. Les Assises régionales et nationales de la Solidarité Internationale et de la Coopération (France, cf. Monda Solidareco n°57) ont fait remonter cette idée forte qu’il n’existe pas de solidarité vraie sans réciprocité : de chacun à chacun selon la mesure de ses moyens. C’est lorsque les partenaires acquièrent la même aptitude à agir sur le cours des choses que l’échange devient équitable entre eux. Un être digne est toujours gêné d’être aidé : pour lui, c’est toujours « à charge de revanche ». Mais si l’occasion de la revanche n’apparaît pas, une part de lui-même reste diminuée à jamais. Aussi, Réseau Solidarité tentera-t-il l’expérience d’une mutation progressive de sa pratique vers la réciprocité, en associant à ses campagnes de lettres les populations mêmes qu’il aura aidées de cette façon. Quelle fierté, pour un paysan de Rio Maria, au Brésil, de voler au secours de son homologue Philippin qui subit les mêmes oppressions que lui ! gageons qu’à terme, si les obstacles matériels ne s’avèrent pas insurmontables, la physionomie du Réseau s’en trouvera bien changée, et que la conscience d’une citoyenneté planétaire marquera des points précieux au sein même de la base sociale de l’humanité.

Alain Cavelier

Réseau Solidarité avec le Mouvement Peuples Solidaires 10 quai Richemont FR 35000 RENNES France Tel : 0033 299 3060 53 - Fax 0033 299 3039 30

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1 La dernière en date portait autour des conditions de travail et de l’extrême précarité de l’emploi dans les usines de confection sous-traitant pour Disney en Haïti. C’était à Rennes, et deux jeunes syndicalistes haïtiennes étaient venues témoigner de l’énergie des femmes à se défendre dans des conditions très difficiles.