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L’AMI, ce n’est pas notre copain. Il s’agit bien sûr de cet " Accord Multilatéral sur l’Investissement " que concoctaient, dans une secret devenu de polichinelle mais sans aucune concertation citoyenne, les experts de l’OCDE, et qui avait pour objet de libérer les investissements privés sur l’ensemble de la planète. Associé à la mondialisation financière, il devait parachever un édifice qui repose déjà sur une logique strictement spéculative, et où plus aucun Etat, plus aucune organisation ne pourraient garantir la moindre protection sociale aux citoyens. A la supranationalité civile que nous, Citoyens du Monde, appelons de nos vœux depuis 50 ans, ces maniaques du dieu Fric opposaient la supranationalité économique qui broie toute civilisation " non conforme ". Homo sapiens sapiens, devenu outil de production et rien d’autre, devait définitivement être sacrifié à l’autel du Veau d’Or.
Les protestations citoyennes émanant du monde entier ont fait (provisoirement ?) capoter le projet. Mais plus que jamais, la vigilance s’impose, car on parle de refiler le bébé à l’OMC.
Et , de plus, l’AMI n’était pas tout seul : il y a aussi le Nouveau Partenariat Économique Transatlantique qui procède, lui de négociations bilatérales, dans la même direction que l’AMI. Et puis aussi le FMI qui s’apprête à modifier ses statuts itou.
Ce monde cinglé qu’on nous prépare, beaucoup de citoyens, dans de nombreux pays (là où la circulation de l’information existe...), ont décidé de le refuser. En prévision de la reprise des négociations sur l’AMI en Octobre, une semaine internationale d’initiatives et d’action a eu lieu du 21 au 28 Septembre pour sensibiliser l’opinion publique1. RÉSEAU SOLIDARITÉ, que nos lecteurs connaissent bien, y a contribué. L’enjeu est tellement gigantesque qu’il s’agit là du début d’une mobilisation mondiale qui ne s’apaisera que lorsque une réponse citoyenne satisfaisante aura été donnée aux excès insupportables de la mondialisation économique.
Car, entendons-nous bien : le Fonds Mondial, par ses statuts comme par sa pratique, milite dans le sens d’une ouverture toujours accrue des frontières nationales. Mais pas n’importe comment ! il le fait par l’Homme, pour l’Homme, et au moyen de la solidarité. C’est l’antithèse de l’AMI, pour quoi l’Homme n’existe que comme instrument de production et de consommation et dont le seul moteur est la compétition sauvage. Ce n’est pas par hasard si, au Fonds Mondial, nous avons toujours soutenu l’idée d’un impôt mondial de solidarité, celle d’une monnaie mondiale unique (qui supprimerait de facto toute spéculation financière internationale) et celle d’une institution mondiale de solidarité.
Ceci n’a rien d’utopique. Car on peut avancer graduellement vers un but que l’état présent des choses peut faire apparaître comme bien lointain. A preuve, cette idée du Prix Nobel d’Economie James Tobin (1981) qui, à défaut d’une monnaie mondiale souhaitable mais encore prématurée, propose l’instauration d’une taxe mondiale uniforme sur les transactions internationales en devises. Si modeste soit-elle (0,05 %), une telle taxe aurait pour effet de décourager suffisamment la spéculation à court terme, et donc de stabiliser le marché, tout en rapportant des sommes considérables car l’importance des flux financiers à travers le monde est sans commune mesure avec celle des flux de marchandises... D’aucuns ont calculé que les sommes ainsi recueillies (1.500 milliards d’USD par an !), si elles étaient affectées aux institutions internationales en place, permettraient d’effacer en moins de 20 ans les retards des pays les moins avancés en matière de scolarisation et de santé...
Notre C.A. ne pouvait pas rester indifférent à des prémisses aussi prometteuses, aussi a-t-il décidé de faire adhérer le Fonds Mondial à l’association Action pour une Taxe Tobin d’Aide aux Citoyens (ATTAC)2 qui, parmi d’autres dans le monde, militent en ce sens.
Alain Cavelier
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1 Pour tous renseignements : Coordination contre l’AMI, Observatoire de la mondialisation, 44 rue de Malte, FR 75011 Paris, tél : [+33](0) 143.38.3817,
2 ATTAC, 9 bis, rue de Valence, FR 75005 Paris, tél : [+33](0) 143.36.3054,