(77, 1) Mai 2003 | |
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Comment le monde actuel pourrait-il travailler en se forgeant un destin ? N'est-ce pas par une organisation démocratique solide et durable, en d'autres termes, une gestion rationnelle rigoureuse et efficace des ressources matérielles et humaines disponibles dans le cadre d'institutions politiques, économiques et sociales sur lesquelles pourrait s'exercer le contrôle démocratique des citoyens ? Quel est le lien véritable entre la démocratie et le développement ? Avant tout, le mot démocratie vient de deux racines grecques," démos " qui signifie peuple et " kratos " qui veut dire règne ou pouvoir. La démocratie signifierait alors le pouvoir du peuple. Elle est conforme à la nature humaine en ce sens qu'elle est un système de valeur universelle fondé sur la reconnaissance du caractère inaliénable de la dignité et l'égale valeur de tous les humains. Quant au terme développement il peut être perçu comme un processus multidimensionnel impliquant la recomposition et la réorientation de l'ensemble des systèmes économiques et sociaux. Il implique précisément des changements radicaux aussi bien dans les structures institutionnelles sociales, administratives que dans les coutumes et les croyances. Cela dit pendant très longtemps, dans leurs études sur le développement beaucoup de spécialistes des sciences sociales se sont concentrés sur les problèmes économiques et sont restés ignorants des dimensions politiques essentielles du processus. Et, justement, il est apparu qu'au moment même où de nombreux pays du " tiers monde " avaient atteint l'objectif des Nations unies en terme de croissance du PNB, les populations d’une grande majorité d’entre eux continuaient à vivre dans une misère débilitante. Ainsi les chercheurs, économistes, pouvoirs publics et éducateurs ont commencé à réaliser qu'il y a quelque chose de faux dans la définition du développement qui insistait trop exclusivement sur l'économique. Dès lors, la lutte pour le développement est inévitablement un combat pour la conquête de la liberté et des droits ; les droits de l'homme renvoyant au droit de se développer. Ainsi il apparait clairement une corrélation entre démocratie et développement. A cet effet la démocratie est une nécessité absolue pour un développement harmonieux et durable. |
Tout progrès économique et socio-politique doit se renforcer d'une logique démocratique car la démocratie est : F un mécanisme social qui permet à une très grande partie de la population d'exercer une influence sur les décisions importantes en choisissant les responsables. Elle vise à éviter la personalisation du pouvoir, les fréquentes violations des droits de l'homme, la mauvaise gouvernance. La démocratie par sa nature, et contrairement aux autres systèmes politiques (l'aristocratie, la monarchie héréditaire etc ), permet l'émergence de toutes les valeurs positives rentrant dans le cadre de l'épanouissement des citoyens. Mais pour que le système démocratique soit au service du développement, il faut bien sûr que ces dites valeurs s'insèrent dans l'action quotidienne. Ainsi même les nations qui ont une certaine expérience de la démocratie doivent se démocratiser davantage pour répondre mieux aux défis du développement. Pour que la mondialisation soit au service de tous les citoyens de la planète, cela implique que les institutions qui régissent actuellement plus ou moins le monde changent de philosophie afin de répondre à la demande sociale. En contrepoint la société civile mondiale, qui a commencé à se manifester vigoureusement, accentuera sa pression contre le libéralisme qui ne défend que les intérêts d'une minorité à tous les niveaux. Elle invite à appréhender objectivement l'héritage passé, en définissant des règles du jeu sans discrimination, des procédures efficaces de lutte contre l'injustice, en instaurant le débat d'idées. Ainsi la prise en charge de notre destin, notre réaffirmation dans ce monde en évolution rapide passe prioritairement par la libération et l'extension de la pensée critique, par le refus de l'enfermement dans sa communauté et par l'acceptation de l'autre en tant qu'autre. L'effritement progressif de la confiance et de l'intérêt placés par les citoyens dans l'activité politique nous semble constituer une lourde hypothèque pour l'avenir de notre monde. Si nous voulons donc être citoyens du monde et si nous voulons bâtir ensemble les fondements d'un monde plus juste et plus solidaire, réfléchissons sur ces questions vitales pour notre devenir. Les élites actuelles sont -elles prêtes à s'engager dans la reconversion mentale qu'exige la vraie démocratie ? Comment créer des structures solides et durables pour l'avénement d'un gouvernement mondial soucieux du respect des droits humains ? y-a-t-il pourtant une autre voie pour redonner dynamisme et créativité à notre monde dans le contexte actuel ? Le nouvel humanisme doit promouvoir un civisme planétaire ayant pour base un sentiment de solidarité avec tous les Terriens, une éducation des enfants basée sur le respect de la nature et de la vie, la connaissance des lois justes, le développement des facultés créatrices, l'objectif principal d'une telle éducation étant la formation d'êtres équilibrés et heureux de vivre. Hotto Abdoulaye | |
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