(80, page 1) Mars 2004
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Moins d'un demi-siècle après l'instauration du droit de vote des femmes en France, elles continuent à percevoir, à responsabilités équivalentes, de 7 à 27 % de salaire en moins que les hommes. Et la mise en place, en France, de la " RTT " (réduction du temps de travail) n'a permis aux femmes que de consacrer la majorité du temps rendu disponible aux tâches ménagères Vaste progrès en vérité ! mais que serait la situation si la législation n'avait pas existé ? c'est dire que, dans un pays nanti comme la France, malgré les avancées du dernier siècle, les conditions pour une implication substantielle des femmes dans la vie associative sont encore loin d'être complètement rassemblées. Alors, qu'en est-il au " sud " ? Mener à bien des projets de développement ou y participer exige une très forte motivation, du dynamisme à revendre, de l'enthousiasme et de la créativité, un caractère consensuel et fédérateur pour se battre (car c'est souvent ce dont il s'agit !) contre l'inertie des habitudes et des idées reçues. Autant d'aspects qui ne peuvent pas être obtenus par la contrainte qui risquerait de provoquer des effets inverses en générant des tensions contreproductives au sein des groupements. Plutôt que d'imposer des règles, des méthodes alternatives ne constitueraient-elles pas les meilleures garanties pour que les femmes s'impliquent en plus gand nombre dans le réseau associatif ? partage des tâches ménagères ou horaires de travail aménagés dans certains pays, développement des réseaux d'eau potable et de communications, accès à l'école laïque pour filles et garçons, planning familial, stabilité politique etc.. pour d'autres pays. Un programme de développement à part entière, tant il est vrai que la condition féminine est fortement corrélée à la pauvreté et aux pesanteurs culturelles ! L'éducation des enfants, l'entretien de la maison, le travail aux champs et la vente des produits sur le marché reviennent le plus souvent aux femmes et est-il utopique de penser que cet état de fait évolue dans les décennies, voire les siècles à venir ? |
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Cependant, se rendre à son lieu de travail, au marché, chez le médecin, à l'école, sont autant de lieux de rencontre et d'échanges qui permettent aux femmes de bien connaître leur environnement (social, économique, agricole, politique au sens strict ), un véritable " terreau " dans lequel peuvent germer des initiatives locales. Est-ce pour cela que, malgré tout, le développement est, le plus souvent, une affaire de femmes ? Il suffirait peut-être de rappeler (ou de faire savoir !) aux femmes comme aux hommes que, excepté la différence physiologique de musculature, elles sont tout aussi capables. Et que les hommes n'ont rien à craindre ou à perdre de la reconnaissance d'une égalité intellectuelle qui ne pourrait qu'enrichir leurs relations dans la complémentarité des sensibilités, pour le bonheur de la communauté ! Emmanuelle Gen
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