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le kiosque des Citoyens du Monde

 (18,2) Avril 1987

  UN POUR TOUS - TOUS POUR UN (1ère partie)

Sommaire du Fonds Mondial

Pierre MARTIN nous a raconté, dans Monda Solidareco n°17 l'histoire du jeune Mokhtar, dont la maison familiale avait brûlé et comment la coopérative scolaire était venue en aide à sa famille. Il avait choisi cet exemple vécu pour nous révéler la similitude entre coopérative et mutuelle à l'intérieur desquelles la règle commune se résume par "UN POUR TOUS, TOUS POUR UN".

Les coopératives ont des activités économiques (agriculture, pêche, artisanat...) les mutuelles des activités de prévoyance et d'organisation (santé, assurances, entraide, épargne, crédit...). Coopératives et mutuelles sont des associations fondées sur l'égalité en droits, en devoirs et en pouvoirs des adhérents : UN HOMME = UNE VOIX.

QUI A INVENTE CE SYSTEME ?

DES PAUVRES, dont la vie devenait pénible en raison d'un environnement difficile :

  • Les sècheresses ont incité les paysans à créer des systèmes de prévoyance et de secours alimentaires : les greniers à mil de l'Afrique Sahélienne fonctionnaient, avant la colonisation, selon des modalités semblables aux mutuelles, hormis le fait de la gestion résrvée aux anciens.
    De même, pour faire face aux circonstances imprévisibles, les Indiens Aymaras de BOLIVIE pratiquaient un système de mutualité entre communautés dit "économie du don" (Monda Solidareco n°11)
    Ces systèmes et d'autres analogues dans d'autres régions du Monde ont fait leurs preuves pendant des centaines d'années.
  • L'Europe s'est industrialisée du 17ème au 19ème siècle, entraînant de profonds bouleversements sociaux et économiques (voir Monda Solidareco n°13). Dès lors, et jusqu'à maintenant les personnes sont devenues des objets économiques, un investissement réalisé par l'entreprise au même titre que les autres investissements productifs. Dans ces sociétés capitalistes, les personnes sont employées au profit du bénéfice à réaliser. Cette course au profit met les entreprises en compétition et cette compétition non contrôlée met l'artisanat et l'agriculture en péril.
    C'est pourquoi à ROCHDALE (Angleterre) en 1844 des tisserands se sont réunis et ont jeté les bases d'un système où les résultats économiques sont répartis entre les seuls participants. Ce système coopératif s'est développé dans presque tous les secteurs de l'économie et a largement fait tâche d'huile, puisque les coopérateurs étaient près de 500 millions dans le Monde en 1986 (source : Alliance Coopérative Internationale).

Coopératives et Mutuelles sont maintenant légalisées dans un grand nombre de pays (au moins 72).

POURQUOI UNE MUTUELLE TRANSNATIONALE

Nous avons pris l'habitude de présenter le Fonds Mondial sous deux aspects apparemment contradictoires :

  • Le Fonds Mondial valorise le travail de petits groupes pour un développement à dimension humaine ;
  • et en même temps il élargit son action à la dispension transnationale, donc une dimension qui pourrait échapper à tout contrôle ; or quand on voit la démesure de certaines coopératives ou mutuelles européennes, on ne peut que s'étonner du paradoxe !

Mais voilà ! Nous ne sommes plus au 19ème siècle ! A cette époque, les échanges internationaux étaient peu importants, et il était donc logique que coopératives et mutulles se développent selon les pays. Aujourd'hui, les échanges internationaux sont nombreux ; la compétition économique à laquelle se livraient les entreprises au niveau de la petite région, ou d'un Etat, se joue maintenant au niveau mondial avec des capitaux multinationaux. Au 19ème siècle la concurrence économique industrielle a bousculé d'importantes couches sociales région par région ; maintenant cette concurrnce ne connaît plus de frontières et a acquis la redoutable capacité d'exclur du progès de très nombreuses fractions de l'humanité. Et elle le fait. L'argent est le dieu des entreprises transnationales et le dictateur le plus inflexible jamais connu. Il joue avec les monnaies et les législations nationales particulières, spécule sur les matières premières, joue avec les besoins fondamentaux de l'homme pour en tirer le meilleur profit au moindre coût.

Face à cette rélalité de notre fin de 20ème siècle, les solidarités locales isolées, mais aussi les solidarités de groupe à groupe ne suffisent plus . Toutes les initiatives de solidarité locale doivent se relier les unes aux autres, faire fi des frontières et tisser d'immenses réseux bien structurés, chaque réseau suivant sa spécialité et en parfaite coopération avec les autres réseaux. Face au monstre Argent et à ses alliées obligées appelées "souverainetés nationales", il faut opposer la volonté démocratique transntionale des peuples de maîtriser un jour l'économie mondiale. C'est à ce prix que les initiatives locales de solidarité pourront conserver un visage humain. (à suivre)

Daniel Durand

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2ème partie

NB :Pour plus d'information sur l'économie du don (Amérique pré-colombienne) : Les Amérindiens et nous

 

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