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bulletin du Fonds Mondial de Solidarité Contre la Faim


(54,1) Décembre 1996

DES MOTS, DES NOMBRES...

et nous, et nous, et nous...

 

Elle était annoncée, elle a eu lieu: notre Assemblée générale s'est tenue comme prévu à Poitiers le 05 octobre. Le rapport moral portait sur les années 1994 et 1995, mais il a été l'occasion pour le rapporteur de brosser un tableau plus large de "l'état" du Fonds Mondial en se fondant sur les statistiques disponibles depuis 1982, date de création de notre institution commune( ).

Car, au point de développement où est arrivé le Fonds Mondial, nous avons ressenti le besoin de faire le point pour mieux scruter ce que pourra être son avenir. En effet, ces deux années 94 et 95 nous ont paru marquer un tournant, tant dans la pratique du Fonds Mondial que dans la structure de sa population d'adhérents (et donc de ses ressources) et dans l'efficacité de ses interventions. Nous livrons ici quelques points forts relevés dans le rapport moral.

1/ Tout d'abord le plus inquiétant : l'érosion du nombre d'adhérents, donc des ressources financières: de 682 cotisants en 1992-1993, on est passé à 507 en 1994-1995, et la tendance s'accentue en 1996. Simultanément, on constate un accroissement absolu des adhésions dans les RED( ), notamment en Afrique, et une réduction absolue et importante des adhésions dans les RN( ), de telle sorte que la proportion relative de ces dernières est devenue désormais minoritaire.

2/ Sur 164 dossiers ouverts depuis 1982, on dénombrait 31 projets financés au 31.12.1995 répartis en Argentine, Bolivie, Brésil, Cameroun, Chili, France, Madagascar, Mexique, Ruanda, Sénégal, Togo et Zaïre. Le montant moyen des financements est de 30.000 FRF, avec des extrêmes allant de 4.000 à 70.000 FRF( ). Le Fonds Mondial n'intervient pas toujours "sur du velour": certains projets ont eu à pƒtir des vicissitudes des guerres, des troubles sociaux, des catastrophes naturelles, des frontières qui se ferment, et il en sera encore malheureusement encore ainsi. Cependant, il nous paraît particulièrement intéressant et symptomatique de noter que le taux de réussite des projets s'est sensiblement accru, s'approchant des 100 % depuis 1993.

3/ Ce succès a une explication : 1994 et 1995 marquent une mutation dans la pratique du Fonds Mondial, mutation qui a porté des fruits immédiats. Il s'agit de la mise en place d'une collaboration soutenue avec des ONG locales de développement dont la fiabilité, la compétence et la fidélité se sont largement confirmées après une période de mise à l'épreuve. Nos lecteurs connaissent bien le SAILD au Cameroun, l'APGA et le GTODAP au Togo, auxquelles le Fonds Mondial est maintenant lié par des conventions rigoureuses et équitables. D'autres partenaires sont à l'épreuve (au Bénin, au Sénégal, au Zaïre) et de nouveaux contacts sont pris au Brésil et au Zaïre.

4/ C'est en 1995 qu'ont eu lieu les missions d'Alain et Nadine Cavelier au Togo( ) et de Maria Rosario Fuentes au Zaïre : nos lecteurs peuvent se reporter aux résumés de leurs conclusions parus dans Monda Solidareco en 1995. Ces missions ont eu pour objet de vérifier la réalité des projets financés dans ces pays et conforter des coopérations qui, de prometteuses à l'époque, sont devenues essentielles depuis.

Ces 4 points illustrent la situation paradoxale du Fonds Mondial, qui n'a fait que s'accentuer depuis. En effet, d'une part, après 10 ans d'existence, le Fonds Mondial est en train de réussir son "décollage" opérationnel sur le terrain, au prix d'un investissement autant humain que financier, comme en témoignent le nombre croissant et la réussite des projets financés, la qualité de nos coopérations et l'augmentation du nombre de nos adhérents des RED. D'autre part, la difficulté accrue d'assurer la pérennisation de nos ressources est devenue notre préoccupation majeure à quoi s'ajoute celle du renouvellement de notre équipe qui, hélas, vieillit...

C'est un défi considérable que les circonstances nous imposent, et que l'Assemblée Générale nous invite à relever : pas de mystère, nous l'avons déjà écrit ici à plusieurs reprises, une seule voie s'offre à nous pour continuer à oeuvrer en sauvegardant l'âme du Fonds Mondial : augmenter le nombre de nos adhérents. Pas plus de mystère sur les moyens d'y parvenir : il est hors de question (et d'ailleurs impossible) de nous lancer dans de coûteuses campagnes publicitaires ou dans des "mailings" effrenés... l'esprit mutualiste qui nous anime ne nous permet de compter que sur nous-mêmes. Je dis-bien "nous-mêmes", les adhérents au Fonds Mondial.

Et, tenez, si on commençait tout simplement comme ça : que chacun, en 1997, amène UN nouvel adhérent. Savez-vous que cela ferait plus que doubler le nombre de financements possibles ? tout simplement parce que les dépenses de fonctionnement qui, elles, sont incompressibles, n'augmenteraient pratiquement pas alors que les ressources s'accroîtraient d'un facteur 1,5 ou 2 ! Or, sachez-le, 50 dossiers sont en cours d'instruction, dont la plupart peuvent prétendre à une contractualisation ferme. 50 projets d'adhérents qui n'attendent que de nouveaux adhérents pour voir le jour ! Or 1 projet touche directement en moyenne entre 50 et 100 personnes (les familles et les proches des groupements concernés). 1 projet, c'est la renaissance de la dynamique d'un village entier de 500 à 3.000 habitants. Avouez que, pour 30.000 FRF en moyenne, le rapport efficacité/prix est d'une rare séduction ! alors, chiche ? nous comptons sur vous... parce que nous ne pouvons compter que sur vous !

Alain Cavelier

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page réalisée par Daniel Durand