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(56,1) Juin1997
A cette question, au début du siècle la réponse était pratiquement uniforme : la famille, le milieu de vie ou de travail, la nation. Rares étaient les personnes douées d'une élévation d'esprit suffisante pour dépasser cet horizon naturel. C'est aujourd'hui la question-clé de l'avenir de l'humanité.
Historiquement, la solidarité nous vient de nos racines, c'est-à-dire, du milieu qui nous a portés. Que nous le voulions ou non, nous sommes solidaires de l'histoire qui a forgé ce que nous sommes. C'est parce que nos grand-parents et aïeux ont vécu leurs propres solidarités que nous pouvons aujourd'hui exprimer les nôtres. Notre milieu de vie ne s'est pas construit par magie le jour de notre naissance. C'est la solidarité vécue par nos ancêtres qui a construit les villages, les villes et les nations, mais aussi qui les a rassemblés derrière toutes sortes de meneurs pour des pèlerinages ou des combats pas toujours très glorieux.
Devant l'histoire, nous sommes aussi solidaires des générations à venir : Quelle terre laisserons-nous aux générations à venir ? La réponse à cette question fait inévitablement de nous des citoyens du monde, du moins en esprit.
Géographiquement, personne ne peut se dire solidaire de quelqu'un qui vit au loin, s'il n'a pas l'expérience de la solidarité de proximité. La solidarité que l'on dit internationale n'est en fait que l'extension d'une solidarité locale. C'est une question de savoir-faire. Comme les milieux de vie et les savoir-faire sont les plus divers, les solidarités qui en découlent sont également vouées à la diversité dans leurs formes et leurs contenus.
Le monde peut-il devenir, un jour, un monde pleinement solidaire ?
On peut en rêver. Mais c'est, pour l'instant, irréaliste.
Le monde est extrêmement complexe et chaque groupe développe ses structures de solidarité à sa propre manière et il peut y avoir des oppositions d'intérêts entre les associations, les groupes, les cultures. Il y a là un besoin d'arbitrage. Si les solidarités développées sont internes à une nation, pas de problème, dans la mesure où cette nation est dotée de structures démocratiques. Mais si les solidarités sont internationales, transnationales, que peut-il se passer en cas de conflit ? Face à ce risque, la solidarité doit s'organiser, et c'est pourquoi les démocrates mondialistes, le Fonds Mondial en tête, proposent la création d'une Institution Mondiale de Solidarité.
Nous avons le devoir d'apporter notre soutien à la "féconde diversité" des cultures du monde. Notre mondialisme doit englober la pluralité. Le système local de solidarité est le coeur vivant de toute culture, et c'est pourquoi tous ces systèmes doivent être préservés. Un grand nombre de ces cultures - chacune représentant une manière unique de concevoir la réalité - pourraient disparaître au cours du siècle à venir, sauf si l'on prend la peine de les protéger comme faisant partie intégrante du patrimoine commun de l'humanité.
La diversité des systèmes locaux ne doit jamais, cependant, servir de prétexte à la marginalité et au préjugé. Par la promotion de structures communes, les organisations internationales de solidarité doivent construire non plus seulement des liens, mais des ponts pour la compréhension entre les peuples et les cultures du monde, pour montrer que l'unité dans la diversité est possible - voire nécessaire - dans notre monde de plus en plus interdépendant.
Daniel Durand
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