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bulletin du Fonds Mondial de Solidarité Contre la Faim


(57,1) Septembre 1997

LA SOLIDARITE ACTIVE,

SOURCE DE CITOYENNETE

 

«De qui es-tu solidaire ?» titrait l’ami Daniel Durand pour son bel éditorial du n° 56 de Monda Solidareco en Juin dernier. «Comment et avec qui es-tu solidaire ?», serais-je tenté de paraphraser cette fois-ci.

Car, du petit collectif de village aux grandes ONG internationales, elles sont des dizaines, des centaines de milliers à travers le monde, ces associations qui s’efforcent à leur manière d’apporter leur pierre à la construction d’un monde solidaire.

Elles sont innombrables, ces associations de solidarité, elles agissent, et on n’en parle qu’à l’occasion d'événements spectaculaires - car il n’y a que ça qui «paye» aux yeux des faiseurs d'opinion - et pourtant, c’est dans la discrétion et la continuité quotidienne que se tissent entre les hommes les liens les plus beaux et les plus durables.

Elles sont innombrables, elles sont portées par le même désir, mais le plus souvent elles ne se connaissent pas. Or, nos horizons sont limités. Chacun agit à partir de ce qu’il connaît et son expérience est unique. Trésor d’expérience qu’on se garde de transmettre à d’autres, mais qui nous empêche aussi de relativiser notre action à l’aune de ce qui se fait ailleurs.

Aussi faut-il saluer vigoureusement l’initiative prise par les grands collectifs associatifs français, représentant des centaines d’associations de solidarité, de réunir les Assises de la Coopération et de la Solidarité Internationale pour créer les conditions d’une concertation accrue entre tous les acteurs, dessiner une nouvelle coopération pour le XXIème siècle et communiquer au public le sens des engagements de chacun.

Des Assises régionales avaient pour fonction de rassembler les témoignages de base et amorcer les débats au travers des acteurs directs de la solidarité afin d’alimenter une synthèse et une réflexion plus générale à venir au cours des Assises nationales. J’ai eu la chance de pouvoir assister le 7 juin aux Assises régionales de Bretagne, et j’ai été fort impressionné par cette opportunité de prise de parole mise à profit par des citoyens qui, plus à l’aise dans le «faire» que dans le «dire», ont relaté en public avec une simplicité qui force l’émotion leurs «aventures solidaires», pleines de joies et de déconvenues, de certitudes et de doutes, d’innocence et de ténacité. Plus que les beaux discours - intéressants toujours mais forcément un peu convenus - des notables invités à la tribune, l’essentiel de l’événement est pour moi cette ouverture réciproque de personnes qui, agissant isolément, ne soupçonnaient pas la multitude et la variété des initiatives existantes ni donc le parti que chacun peut tirer de l’expérience des autres.

Et je n’ai pu que me réjouir d’entendre des intervenants inconnus auparavant souligner qu’au travers de leur pratique de la solidarité, ils se sont senti devenir des «citoyens de la planète» puisque, au-delà du soulagement ponctuel que leur action pouvait apporter à leurs partenaires, ils avaient conscience de participer à la construction d’un ordre mondial en devenir, en tant que personnes responsables, conscientes de leurs droits et de leurs devoirs à cette échelle. Et me réjouir doublement lorsqu’on m’a rapporté que, dans un atelier auquel je ne participais pas, le Fonds Mondial avait été cité en exemple, notamment pour son modèle équilibré de solidarité fondé sur la réciprocité (NB). La réciprocité a d’ailleurs été l’un des maîtres-mots de la conclusion de ces Assises au cours desquelles beaucoup ont découvert que la solidarité ne vaut que si elle est assortie de réciprocité. Ceci, nous le savions depuis longtemps, mais gageons que cette idée-force (parmi bien d’autres émises à cette occasion), qui paraîtra en bonne place dans le livre blanc de clôture, devrait engendrer une modification particulièrement intéressante du sens habituellement concédé au mot coopération dans les allées du pouvoir. Car l’exercice de la réciprocité à toutes les échelles humaines, ça implique beaucoup de choses, n’est-ce pas ?...

Alain Cavelier

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1 Eh, oui ! c’est bien la première fois à ce niveau dans l’histoire du Fonds Mondial ! comme quoi, tout arrive... mais c’est plutôt bon signe, non ?

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page réalisée par Daniel Durand