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(58,2) Décembre 1997
D'autres buts, d'autres pratiques (Sabine) - Que faire ? (Martha) - Une réponse méthodique (Hans) - Invitation (Renato)
Dès le début de son existence, le Fonds Mondial de Solidarité Contre la Faim a choisi l'Espéranto comme langue "officielle", à côté des langues de travail que sont, pour l'instant, le français et l'espagnol. Ce choix, signe de notre volonté de considérer chaque langue et chaque culture sur un plan d'égalité, est parfaitement cohérent avec la démarche qui a procédé à la création du Fonds Mondial. Ce choix a conduit le Fonds Mondial sur des chemins extraordinaires, notamment le fait d'avoir des membres (espérantistes) dans une vingtaine de pays. En contre-partie - la réciprocité n'est-elle pas notre règle de fonctionnement ? - depuis quelques temps commencent à abonder des correspondances, voire même des dossiers de demande de financement rédigés ou présentés en Espéranto. L'un d'eux s'est dernièrement trouvé financé : le Groupement des Orphelins de Tozounmé, dont il a été question dans le bulletin n° 57.
L'Espéranto est une langue - internationale -. Point. Cependant, nous remarquons que certains confondent la langue et la solidarité, la promotion de l'Espéranto et la promotion du Fonds Mondial, ou encore se servent de la langue pour essayer de tirer quelque profit. Ce point est polémique et mérite un débat. Il est introduit dans la version Espéranto de ce numéro de Monda Solidareco ("Solidarité mondiale"). En voici quelque extraits (en traduction libre) :
Il y a une grande famine cette année en Tanzanie, et en certains endroits, la situation est terriblement mauvaise. C'est une opportunité que saisissent quelques ONG locales pour donner de la nourriture : quelques centaines de kg de maïs, avec parcimonie ; la presse l'annonce partout et cela fait une excellente propagande. Je pense donc que si le Fonds Mondial faisait de même ça nous aiderait à répondre à cette épineuse question: " Qu'a fait l'Espéranto pour les gens de notre pays ?".
Costantine M. (Dar es Salaam, Tanzanie)
D’autres buts, d’autres pratiques
Nous n'avons absolument pas pour but que chaque être humain apprennent l'Espéranto pour avoir à manger ou autre chose. L'Espéranto n'est pas une organisation de bienfaisance, mais une langue. (...) Il m'est arrivé de glisser quelques billets dans une enveloppe ou dans un livre. J'attends encore qu'on me dise si l'argent est arrivé ! A vrai dire quelqu'un qui a reçu quelques dollars se créera vraisemblablement des amis qui apprendront l'Espéranto simplement parce qu'eux aussi aiment les dollars.
Quand aux demandes d'aide adressées au Fonds Mondial, vous n'avez pas besoin de mes conseils. Vous le dites vous même dans votre lettre : le Fonds Mondial a d'autres buts et d'autres pratiques. C'est tout. Voilà la réalité. Vous aidez, certes, mais autrement, et vous ne pouvez pas être responsables de tout.
Evidemment, il y a cette idée que l'Espéranto porte en lui la solidarité, l'entraide. Mais le Fonds Mondial utilise déjà l'Espéranto dans un but de solidarité et d'une manière tout à fait pratique. Et vous n'avez pas les moyens de faire plus. Ni l'intention.
Sabine D, (Kiel, Allemagne).
J'ai lu votre lettre avec intérêt et avec grande compassion pour tous ces gens qui ont faim et qui souffrent dans plusieurs pays d'Afrique. Bravo pour Monda Solidareco, un bulletin au contenu très riche.
J'ai apporté la lettre à notre dernière réunion de club, et elle y a rencontré aussi le même accueil. Mais nous ne savons pas de quelle manière nous pourrions venir en aide. Nous sommes disposés à envoyer une petite aide par votre intermédiaire, pensant que peut-être le Fonds Mondial a de bons contacts là-bas.
Oui, il est douloureux de recevoir du courrier où l'on nous demande de l'aide. Bien souvent j'ai du répondre qu'il était impossible d'envoyer telle ou telle chose, impossible d'envoyer une invitation... Quand on connaît les gens, c'est plus facile, mais autrement, quelle garantie devant le trompeurs ? Malheureusement c’est trop souvent le cas.
Märtha A. (Kungälv, Suède)
J'ai reçu votre lettre avec le bulletin Monda Solidareco, qui était fort intéressant. Et avec une joie toute particulière, j'ai lu l'article sur le succès de Gaston Houssou.
Vous me demandez ma ligne de conduite sur le thème de "famine et Espéranto". Je ne réponds pas directement, mais indique ce que je fais à la réception d’ une demande d'aide, qu'il s'agisse d'un appel d'urgence (d'affamés ou de réfugiés) ou d'un appel constructif (un projet pour améliorer le niveau de vie).
1. Souvent je réponds qu'UEA (Association Universelle d'Espéranto) n'a pas l'objectif statutaire de soigner la souffrance générale. C'est le rôle des grandes organisations humanitaires. J'essaie d'avoir au téléphone les gens responsables par exemple au HCR, pour connaître la situation dans tel ou tel camp, et l'on apprend que tel groupe qui crie famine est en fait un groupe de pression qui espère obtenir à force de plainte des privilèges, une aide de l'étranger, une autorisation pour fuir vers les pays occidentaux.
2. Moins souvent je sollicite la fondation "Espoir" d'UEA . La fondation est au service de ceux qui ont tout perdu dans une situation de guerre. L'argent doit servir à reconstituer le milieu de vie.
3. Sinon je transmets la demande à une ONG, ou, en tout dernier lieu, je glisse un petit billet dans une enveloppe... Mais parmi les quémandeurs se trouvent aussi parfois des escrocs qui abusent de la compassion de leurs correspondants, du style : "j'ai besoin d'argent pour une opération urgente. Ma vie est en jeu !"
Hans B., Amsterdam, Pays Bas.
Je n'ai rien à ajouter à ce que vient de dire Hans ; je veux juste vous assurer qu'en cas de demande d'aide que vous et Hans trouveriez digne d'intérêt au titre de la fondation "Espoir", la commission d'UEA est prête à s'engager comme elle l'a déjà fait... Et nous invitons le Fonds Mondial à se présenter lors du prochain Congrès Universel à Montpellier.
Renato C. (Palestrina, Italie)
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