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bulletin du Fonds Mondial de Solidarité Contre la Faim


(61,2)

Peste porcine africaine (suite)

La peste porcine qui sévit en Afrique a beaucoup préoccupé notre C.A. suite à la destruction de l’élevage du Groupement des Orphelins de Tozounmé au Bénin en Décembre 1997. En effet, d’autres projets en place (Espoir de Kasséna, Espoir d’Agouégan, Rhincami au Togo) ou à venir (AJES au Burkina Faso, Le Courageux au Togo) se rapportent à cette production, et il était impératif de savoir si le Fonds Mondial devait continuer à financer une production à risques, et à quelles conditions.

Dans ce but, nous avons mené une enquête auprès des institutions internationales, de services vétérinaires, des instituts de recherche de divers pays, de bases bibliographiques internationales et de nos partenaires locaux. Cette enquête nous a permis de nous faire une idée assez précise de la nature de la maladie, de son agent causal, de son épidémiologie, des règlementations internationales dont elle est l’objet, de son étendue actuelle et des moyens de prévention à mettre en œuvre. Nous résumons ici ces données1 et la décision prise en conséquence lors de la séance des 27 et 28 Juin 1998 du Conseil d’Administration.

La peste porcine africaine (PPA) est une maladie causée par un virus qui détériore les défenses immunitaires des animaux et provoque de nombreuses hémorragies aiguës dans les viscères. Très peu d’animaux atteints survivent, mais ces derniers, prémunis contre des réinfections ultérieures, demeurent contagieux pour les autres. Outre la contagion directe, la transmission se fait en particulier par des tiques qui hébergent le virus absorbé avec le sang des porcs malades. Le virus reste très longtemps présent dans les populations de tiques qui se le transmettent au fil des générations. Il n’y a aucun vaccin, aucun traitement curatif disponibles.

Un code international définit les pays ou zones indemnes ou infestés. Les transactions internationales sur les porcins vivants et sur les produits ou dérivés animaux d’origine porcine sont sévèrement réglementées.

Plutôt que sous forme épidémique, la maladie apparaît de manière récurrente et imprévisible sous forme de foyers individualisés et plus ou moins nombreux. La qualité des informations fournies est d’ailleurs très inégale selon les pays. Celles que nous avons recueillies localement et au plan international ne se recoupent pas toujours. Nous avons choisi de déterminer nos décisions en fonction des données fournies par l’Office International des Epizooties (OIE) qui entretient une base de données à partir des informations que doivent en principe lui fournir les services vétérinaires des différents pays.

La décision prise en C.A. est donc la suivante :

1/ Lors de toute nouvelle demande de financement d’un élevage porcin dans un pays nouveau :

1.1 nous enquêtons sur la situation zoosanitaire depuis 3 ans (délai pour être déclaré indemne par l’OIE) du pays et de la région auprès de l’OIE.

1.2 si le pays fournit régulièrement des informations à l’OIE, nous exigeons dans le dossier un certificat des Services vétérinaires locaux sur l’absence de risque prévisible en fonction de l’état sanitaire de la région et du pays.

1.3 si le pays ne fournit pas d’informations à l’OIE, ou s’il fournit des informations incomplètes, nous refusons de prendre le dossier en considération.

2/ Dans les pays suivants : Bénin, Sénégal, Togo, nous suspendons tout nouveau financement d’élevage porcin jusqu'à ce qu’ils soient de nouveau considérés comme indemnes par l’OIE. Nous invitons les groupements concernés par des élevages en place à la plus grande vigilance.

3/ Aucune mesure de restriction particulière pour le Burkina Faso pour le moment. "

En conséquence de ces décisions, le groupement Le Courageux d’Ikpansabiam (Togo), dont un projet d‘élevage porcin était arrivé à contractualisation, a choisi de convertir sa demande vers l’élevage ovin. Nous remercions les membres de Le Courageux pour leur compréhension. A tous nos partenaires concernés par des élevages porcins en place nous avons adressé la copie d’un dépliant de vulgarisation sur la prévention, conçu par la FAO à l’intention des éleveurs béninois.

A. Cavelier

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1 La synthèse complète (3 pages) peut être fournie contre 3,90 FRF en timbres. Ecrire au journal.


page réalisée par Daniel Durand