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(62,1) Avril 1999
Au cours du mois de décembre 1998, en France, le 50ème anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme fut copieusement commémoré. Parfois, ce fut avec un rien de démagogie, voire d'hypocrisie, de la part de certains personnages politiques, plus enclins à parler des Droits de l'Homme qu'à les appliquer réellement. On peut aussi se demander si cet anniversaire fut autant fêté ailleurs qu'au pays de Voltaire et de René Cassin.
Une chose est sûre, ce n'est certainement pas à Kaboul, à Karthoum, à Pyongyang, à Rangoon, et autres hauts lieux des libertés individuelles, que la fête fut la plus joyeuse, pour autant qu'elle ait eu lieu.
Au cours de nos commémorations françaises, une question est revenue souvent dans le débat : " Les Droits de l'Homme, tels que prescrits par la DUDH de 1948, sont-ils un modèle universel ? "
Par le simple fait que, y compris dans les démocraties les plus avancées, ils ne sont pas totalement appliqués, la réponse semble être non. Mais ce n'est pas une raison pour ne pas tendre vers. Si l'on pouvait demander leur avis aux femmes afghanes, aux enfants soudanais, aux étudiants nord-coréens, aux paysans birmans, etc...peut-être bien qu'ils nous répondraient qu'ils en feraient bien leur quotidien, de notre concept des Droits de l'Homme, aussi imparfaits soient-ils.
Peut-être bien aussi, qu'en ce qui concerne leur accès à ce que nous appelons les besoins vitaux (l'alimentation, le logement, la santé, et ajoutons l'éducation), ils nous diraient leur désapprobation de ces régimes qui les en privent.
Pas facile de s'organiser en groupes démocratiques, plus ou moins coopératifs, quand tel ou tel fanatisme religieux ou dictature militaire interdit jusqu'à l'initiative même. Pas facile d'améliorer ses conditions de vie, quand toute aide extérieure est détournée ou carrément exclue.
Vous le savez, au Fonds Mondial de Solidarité Contre la Faim, les aides financières qui sont apportées aux projets émanant de groupes africains, amérindiens ou caraïbes ne transitent pas par les ministères gouvernementaux, mais parviennent directement à ces groupements, liés par contrat au Fonds Mondial.
Si l'action du Fonds Mondial se limite, pour l'instant, à quelques pays qui d'ailleurs ne sont pas tous en état avancé de démocratie, c'est non seulement en raison de la modestie de ses ressources, mais aussi parce que, dans sa philosophie, et tenant compte des avatars de l'histoire de l'aide occidentale au développement, c'est la règle suivante qui fait loi : aider avec le plus de fiabilité possible et le plus directement possible ceux qui en ont vraiment besoin, et qui feront un bon usage de l'aide apportée, qui est, rappelons-le, l'effort collectif et mutualiste de plusieurs centaines de cotisants, dont la plupart n'est justement pas fortunée. Le but est que l'argent donné soit réellement affecté au projet souscrit, et que celui-ci soit effectivement mené à bien.
C'est pourquoi, ses membres - et c'est le cas notamment au Conseil d'Administration - se réjouissent d'ailleurs de l'évolution actuelle du Droit international qui vise à empêcher la réédition des crimes contre l'humanité, commis dans un passé récent au Chili, au Cambodge, ou encore actuellement en Fédération de Yougoslavie (Kosovo) ou au Congo ex.Zaïre.
Quand notre monde saura définitivement mettre "hors-jeu" les Milosevic et autres Pinochet, quand la démocratie pourra progresser partout, nul doute que le développement, dans sa conception d'équité, de fraternité et de durabilité, pourra trouver un terrain plus favorable.
Et peut-être alors, la pratique expérimentale, ce qui ne l'empêche pas d'être exemplaire, du Fonds Mondial, prendra valeur de modèle.
Claude TELLIER
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