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(64,1) Novembre 1999
Le siècle qui va s’achever aura été l’un des plus violents de l’histoire de l’humanité. Non que l’homme soit lui-même devenu plus violent, mais sa capacité de nuire s’est trouvée multipliée par le " progrès " technologique, et l’accélération des mutations démographiques, économiques, sociales et culturelles a généré de nouveaux types de tensions. Tout allant plus vite, la simultanéité de ces tensions à travers la planète a donné l’impression d’une globalisation de la violence, comme on assiste à une globalisation des relations économiques et sociales. Et l’immense majorité de nos semblables, spectateurs effarés ou victimes hébétées de ces débordements sanglants, se demande combien de temps encore cela va durer et où cela nous mènera.
Et voici que l’ONU, par l’entremise de l’UNESCO, appelle tous les hommes de bonne volonté à promouvoir une culture de paix. Le mandat essentiel de l’ONU, inscrit dans sa charte, est de " préserver les générations futures du fléau de la guerre ", comme le rappelle son secrétaire général, Kofi A. Annan, à l’occasion du lancement de l'année internationale de la culture de la paix (2000) qui prélude elle-même à la Décennie internationale (2001-2010) de la promotion d’une culture de la non-violence et de la paix au profit des enfants du monde.
Vaste programme ! car la paix, ce n’est pas seulement la non-guerre, loin de là ! Pour être bien assurée, la paix doit se dresser sur un socle puissant et inaltérable. Kofi A. Annan précise la substance de ce socle : développement économique, justice sociale, préservation de l’environnement, maîtrise du commerce mondial des armements, démocratie, respect de la diversité et de la dignité de chaque être humain, droits de l’homme, état de droit etc.… Il souligne que tous ces éléments sont interdépendants : tout progrès ici entraîne de nouveaux progrès ailleurs et il met en garde contre les échecs qui " eux aussi sont contagieux ".
Pour Federico Mayor, Directeur général de l’UNESCO, il ne s’agit pas seulement " d’être pacifiques, ni même pacifistes, mais d’être des pacificateurs ". Et, ainsi que l’explicitent la Déclaration et le Programme d’action de l’ONU sur une culture de la paix, TOUS LES DOMAINES DE L’ACTIVITÉ HUMAINE sont concernés, car toute activité humaine peut être orientée de façon à asseoir la paix.
Que faisons-nous d’autre depuis bientôt 18 ans, au Fonds Mondial, sinon tisser des liens de solidarité tels qu’il rendent improbable, voire impossible, le surgissement de conflits violents entre ceux qui partagent notre aventure fraternelle ? Toi, l’éleveur béninois, te dresseras-tu un jour contre le pêcheur du pays voisin qui t’a aidé, par son apport mutualiste, à construire ton exploitation ? et toi, la maraîchère camerounaise, et toi, l’institutrice malgache, et toi, l’ingénieur chilien, et toi le vétérinaire congolais, et toi, le chômeur maghrébin, et toi l’arboriculteur burkinabé, et toi, l’apicultrice brésilienne, et tous les autres qui ont tant donné pour que, au travers du Fonds Mondial, un jour ils reçoivent à leur tour l’appui qui les éloignera de la misère ?
Ensemble, déjà, nous construisons ce socle de la paix que Kofi A. Annan appelle de ses vœux. Mais ne nous tenons pas satisfaits pour autant. Nous devons redoubler d’efforts, parce que ce monde est terriblement dangereux. Ainsi l’avons-nous fait, par inconscience, par négligence, par égoïsme, par ignorance et devons-nous le défaire en extirpant les racines de la haine. Construire la paix, c’est toujours à recommencer. Mais pour la première fois dans l’histoire de l’humanité nous est donnée l’occasion de lui offrir un socle à sa dimension, un socle bâti par tous les peuples du monde. Et d’ailleurs, ce socle, il faudra le cimenter : comme dit la Présidente de l’Union Interparlementaire, Najma Heptulla, " paix et démocratie sont complémentaires. L’instauration d’institutions représentatives est essentielle pour la construction de la paix ". Voici un souhait qu’à notre modeste échelle nous tenterons de satisfaire à l’occasion de notre première Assemblée Fédérale Mondiale.
Alain Cavelier
N.B. – Cent millions de signatures ! c’est l’objectif que s’est fixé l’UNESCO qui lance le Manifeste 2000 pour une culture de la paix et de la non-violence à l’initiative d’un groupe de Prix Nobel de la Paix. Page 2, vous en trouverez la texte, que vous pouvez photocopier et diffuser à l’envi pour recueillir un maximum de signatures. Adressez-le au bureau de l’UNESCO de votre pays, ou à l'adresse du bulletin. Les internautes peuvent signer sur le site http://www2.unesco.org/manifesto2000/ et ils trouveront la documentation complète sur cet événement sur http://www.unesco.org/opi/paix2000/vf/res.htm
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