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MANIFESTE POUR UN GOUVERNEMENT MONDIAL

LA CONFEDERATION UNIVERSELLE

Cet essai au format pdf

Mes petits-enfants entrent dans la vie active. Ils regardent la télévision et sont informés sur les événements ; ils découvrent une image schizophrénique du monde et une inquiétude certaine envahi leurs pensées.

C'est à leurs questions d'aujourd'hui, à celles qu'ils ne manqueront pas de poser demain, que je veux répondre par les réflexions d'un homme soucieux des nuages qui assombrissent l'avenir de l'humanité ; un homme qui désire transmettre à ses petits-enfants, à tous les enfants, à toute la jeunesse du monde, sa foi dans les perspectives de demain, s'ils savent prendre conscience des possibilités d'un autre destin et affirmer avec vigueur leurs convictions.

" Le bons sens est la chose du monde la mieux partagée ", a écrit Descartes ; j'y crois, je suis optimiste.

" Quelles réflexions t'inspire la fin du deuxième millénaire ? "

L'humanité a vécu un vingtième siècle de sang et de progrès techniques, de totalitarismes et d'aspiration profonde à la liberté, de société de consommation, de gaspillages et de famines.

La première guerre mondiale, avec l'apparition des premières armes redoutables, les chars, l'aviation, les armes automatiques performantes, les gaz, a fait des millions de morts.

Une deuxième guerre mondiale, encore plus meurtrière, des armes de mort de plus en plus sophistiquées, de plus en plus efficaces, et l'apparition de la bombe atomique, le " feu de l'enfer ", qui ont fait des dizaines de millions de morts.

Une suite ininterrompue de guerres locales : décolonisation, conflits de frontières, conflits ethniques, et toujours beaucoup de souffrances. Des dictatures sanguinaires à l'horreur jamais égalée ; le nazisme avec ses chambres de torture, ses chambres à gaz, ses fours crématoires. Selon le Pape Jean-Paul II, Hitler ne pouvait être que " Satan descendu sur Terre ", faisant du racisme sa religion.

Des régimes totalitaires s'inspirant de cette doctrine monstrueuse qui sera l'épouvante, l'écoeurement des hommes durant des millénaires. La survivance de groupuscules extrémistes, insultant la mémoire de millions d'innocentes victimes en niant l'existence de ces horreurs ; des groupuscules qui distillent sournoisement le racisme, la xénophobie, l'intolérance, et parviennent à exploiter la crédulité d'esprits faibles, découragés et hélas, quelquefois pervers.

Dans une partie du monde, des sociétés où la consommation devient gaspillage, à l'intérieur de ces sociétés des hommes vivent au-dessous du seuil de pauvreté. Dans la plus grande partie du monde, des sociétés connaissent la sous-alimentation, voire la faim, la misère.

Le jugement des générations futures sera sévère sur tous ces événements, mais reconnaissant si nous savons en tirer leçon pour instaurer le règne de la fraternité universelle.

" Quelles perspectives peux-tu envisager pour que l'humanité sorte de ce chaos ? "

Les progrès accomplis au vingtième siècle permettent d'aborder le troisième millénaire avec des perspectives économiques nouvelles.

Les hommes doivent analyser les causes des échecs, chercher la vraie raison de l'existence dans une société de convivialité universelle. Ils doivent secouer leur passivité, avoir foi en l'avenir, être porteur d'un prophétisme pour les millénaires à venir. Cette philosophie pour moi se nomme : Confédération Universelle

La liberté n'a de sens que par rapport à un grand dessein métaphysique. L'émergence de cette philosophie doit croître par prise de conscience du rôle, de la responsabilité de chaque individu. Ses initiatives, sa volonté de construire une société nouvelle, seront les éléments de base de la réussite.

L'Histoire de l'humanité connaît de soudaines accélérations avec des carrefours décisifs ; à nous de choisir, d'avoir la volonté de faire quelque chose pour toutes les générations à venir. Au lieu de nous affronter, influençons-nous réciproquement.

Les tensions qui seront de plus en plus insupportables rendront inéluctable le nouvel âge que nous devons promouvoir avec le troisième millénaire. La nécessité ne laissera plus de place à l'hésitation. La conviction profonde, le sens du concret des pionniers, feront avancer cette philosophie nouvelle.

" Quelles seront les bases de la Confédération Universelle ? "

1) l'inviolabilité des frontières

2) l'inviolabilité du suffrage universel

3) l'inviolabilité des droits de l'Homme

La première ne peut être que la reconnaissance de chaque nation existante et de l'inviolabilité des frontières. Chaque peuple gardera son identité, son intégrité.

La deuxième base, la libre expression de tous les citoyens. Le suffrage universel peut porter une fois aux responsabilités un homme malhonnête, un mauvais gestionnaire, jamais deux fois. Il existera toujours une majorité de bon sens.

En troisième, le respect de la charte des droits de l'Homme.

Seule la race humaine pense ; la pensée précède l'action. La pensée actuelle réclame l'épanouissement de la liberté, de l'égalité, de la fraternité. C'est l'appel à créer un monde nouveau qui précédera à l'émancipation définitive de l'humanité où l'intelligence et l'éthique régiront le destin final de l'Univers.

Pour atteindre ce but, nous devons combattre avec une énergie virile les spectres rétrogrades qui obscurcissent notre époque, chasser le pessimisme et le désordre des esprits. Nous devons faire une analyse sans complaisance de la crise de civilisation que nous traversons et qui provoque des bouleversements culturels favorisant l'hédonisme.

La crise des valeurs change la vie, affaibli les formes d'instruction morale, entraîne un processus de dégradation civique et sociale.

La modernité industrielle harasse les hommes au lieu de les soulager, saccage les ressources naturelles, pollue la planète. Les habiles, les puissants, contournent lois et règlements, les faibles sont accablés.

Le gigantisme des unités de production, le libéralisme anarchique, poussent à une urbanisation hâtive, provoquant déracinement, chômage, injustice sociale.

La politique est malade, gagnée par la loi de la jungle régissant le marché, obsédée par l'audimat et les sondages. C'est un paradoxe de voir la démocratie occidentale menacée de désagrégation au moment où elle devient un espoir pour une grande partie du monde.

La prise de conscience du peuple et son expression par le suffrage universel permettront seuls de dominer les crises, de répondre aux questions que se pose l'humanité sur la pollution, l'épuisement des ressources, la démographie, ou stopper la gangrène d'une civilisation par le mercantilisme, la philosophie utilitaire, l'épuisement des croyances, la perte de vitalité humaniste. Chaque collectivité doit d'abords compter sur elle-même et apporter une contribution à la tâche commune. Chaque citoyen doit confronter ses idées aux réalités qu'elles traduisent, transfigurent ou déforment. Chaque citoyen doit veiller à la respectabilité de tous les hommes, à leur droit à la liberté, à leur recherche du bonheur.

Le débat d'idées sur des problèmes précis, une alternance des sensibilités politiques sur l'évolution économique, les exigences de la justice sociale, sont les fondements de la libre expression, mais un consensus sur les valeurs essentielles est une nécessité.

La Confédération Universelle garantira le droit de tous à participer au dialogue politique sur le destin commun, garantira le pluralisme intellectuel et spirituel. Ayons présent à l'esprit que les civilisations s'épanouissent dans la liberté et s'étiolent dans l'intolérance.

" Que faut-il prévoir comme institutions communautaires ? "

La Confédération Universelle, Une et Indivisible, sera dotée d'institutions permettant le respect des règles constitutionnelles.

Un Congrès des Peuples, élu au suffrage universel direct, élaborera et votera les lois communes. Un Président de la Confédération, désigné par le Congrès des Peuples et assisté d'un gouvernement mondial, fera respecter les institutions et veillera à l'application des lois communes.

Un Conseil Constitutionnel indépendant et une Cour de Justice autonome arbitreront les litiges entre le droit communautaire et les droits nationaux. Une Constitution, élaborée à la proclamation de la Confédération Universelle, délimitera avec précision les pouvoirs du Congrès et de l'Exécutif mondial, et les pouvoirs des souverainetés nationales.

Le choix d'un pragmatisme institutionnel permettra aux peuples de se sentir souverains dans le cadre national, et solidaire dans le cadre universel. Cette Constitution permettra la réconciliation des peuples séparés par des antagonismes ancestraux. Elle supprimera l'esprit de supériorité de certains, générateurs des rancoeurs. Elle mettra fin aux querelles internes et de voisinages. Les peuples n'auront plus à défendre eux-mêmes leurs droits, les institutions établiront une égalité de statut.

La Confédération Universelle changera le comportement humain. La famille, base de l'espèce humaine, la communauté locale, la nation, l'organisation planétaire de l'humanité s'harmoniseront naturellement puisque les causes de ces déchirements auront disparu. La crise économique, politique et morale qui secoue l'humanité obligera les Hommes à accepter la nécessité du changement. Ils s'accapareront des idées que je suggère et seront plus forts que ceux qui ont la charge des pouvoirs actuels, et qui s'accrocheront désespérément à leur gouvernail à la dérive. La vitesse des communications, la présence de l'audiovisuel, véhiculés par des satellites sans frontière, l'évolution des techniques, font de la planète un gros village et permettent aux hommes et aux femmes de prendre conscience de l'archaïsme du cadre actuel.

La Confédération Universelle, ce ne sont pas des Etats qui désirent se coaliser, mais des hommes et des femmes qui veulent s'unir. Une Constitution vaut moins par sa conception intrinsèque que par le respect qu'on lui porte. L'Homme est un sportif. Il aime la compétition sans tricherie, sans corruption. Pour chaque trophée mis en jeu, il exige une seule ligne de départ. Les institutions veilleront à ce que les élus soient les arbitres intègres de la compétition pacifique, économique et culturelle.

" L'Homme doit-il toujours subir la loi de l'injustice ? ".

La justice est un contrat pour ne pas être lésé et ne pas léser. A toute époque, il a fallu aux philosophes, aux humanistes, défendre les faibles et condamner l'arrogance des puissants. L'intérêt dénature les coeurs, mais l'être humain n'est pas esseulé dans la jungle du monde présent. Il doit faire preuve d'intelligence virile, s'élever au-dessus des égoïsmes. L'extrême pauvreté et l'extrême richesse sont un obstacle à un développement harmonieux.

L'humanité se consume en raison de la disproportion des intérêts entre la consommation et la production.

Il faut comprendre la véritable production-consommation et établir une société universelle de suffisance pour supprimer la contradiction entre les sociétés de gaspillage et de dénuement.

" Tu es un défenseur de la nature, l'écologie est-elle une priorité urgente ? "

Nous assistons à une dégradation des ressources vitales : air, eau, forêts. Chaque décision sur notre planète met en cause sa survie. La mer devient un immense champ de mort sous l'action de l'acide, du pétrole, du DDT, des rejets nucléaires.

La détérioration de l'ordre naturel est visible. L'équilibre multi millénaire entre les combustions et respirations et la contrepartie fournie par la photosynthèse (action des plantes, des algues, de la mer), est rompu. Cette rupture résulte de la progression rapide et inédite des combustions de fossiles. La température va peu à peu s'élever du fait de ces combustions : " plus la chaleur gagne les hautes couches de l'atmosphère, plus la masse chaude devient stable ; cette situation s'aggrave de façon exponentielle avec le volume et la masse d'air concernés ". Cet auto-entretien est particulièrement funeste car il donne moins de chance aux perturbations d'arriver jusqu'aux continents. Les sécheresses anormales et la progression du désert sont des avertissements. En s'élevant peu à peu, la température risque de provoquer la fonte des glaciers polaires, faisant monter de sept mètres le niveau des mers. Tous les ports du monde et les terres les plus riches (en France : Marseille, Rouen, la Côte d'Azur, la Normandie, la Beauce, la Brie, en partie Paris) seront engloutis. La couche d'ozone, protection indispensable à la vie sur Terre, engage, si l'on n'y prend garde, le processus de destruction de la vie sur la planète. Les nuages radioactifs, les pluies acides, provoquent la dégradation du milieu ambiant du capital naturel. La forêt, source vitale de chlorophylle, est en danger. Dans le massif de la Grande Chartreuse (Alpes françaises), 40% des sapins ont perdus le quart leurs aiguilles ; 20% dans le Vercors, 25% dans les Vosges. C'est dû à la chlorose, trouble du métabolisme causé par la malabsorption du manganèse. La situation du chêne et du hêtre est toute aussi inquiétante. Les accidents radioactifs se multiplient. Après Tchernobyl, on s'aperçoit que de nombreuses centrales ont des fuites. La catastrophe de Fukushima au Japon en 2011, aggravée par le Tsunami, est là pour rappeler les dangers du nucléaire. Les accidents chimiques se succèdent. L'occident est devenu une poubelle : déchets atomiques, déchets chimiques. Les fûts de la mort sillonnent

les routes et les mers à la recherche d'un cimetière. Pour certains, tout est bon pour faire du fric ; le tiers-monde n'est pas épargné par la cupidité. Le problème des pollutions que génère l'exploitation des ressources de la nature ne se pose pas à long ou moyen terme, mais à court terme. Seuls une Confédération Universelle et un Gouvernement mondial peuvent prendre des mesures immédiates pour limiter et réduire les pollutions, et mettre en place les orientations nouvelles supprimant les causes mêmes de ces effets destructeurs. Les nuages d'Athènes, de Strasbourg et d'autres villes sont des avertissements : nous ne pouvons pas attendre que les cancers, les naissances anormales, se multiplient. L'Homme doit rendre des comptes, sinon l'équilibre sera rompu et la planète deviendra un désert.

Des mesures concrètes doivent être prises de suite. Pour être efficaces et non astreignantes que pour quelques-uns, elles ne peuvent être que planétaires :

  1. protéger les forêts ; arrêter le pillage des forêts vierges Africaine et Amazonienne, poumons indispensables de l'humanité ;
  2. élimination des sources de pollution des eaux superficielles et protection des nappes phréatiques : il faut deux siècles pour renouveler une nappe défectueuse ;
  3. suppression des phosphates dans les lessives : cette mesure est déjà appliquée dans quelques pays (Belgique, Suisse, la France depuis 2007) ;
  4. incitation aux agriculteurs pour l'utilisation optimale des fertilisants organiques et suppressions des nitrates dont la forte teneur dans l'eau est dangereuse, avec risques de méthémoglobine ;
  5. plan de protection et de mise en valeur de la mer ;
  6. arrêt de la pollution des mers par des effluents radioactifs ;
  7. arrêt du déversement des déchets toxiques ;
  8. mise en place d'un système de surveillance aérienne pour empêcher les déversements opérationnels des soutes des pétroliers en haute mer ;
  9. encourager une politique intelligente d'élimination des déchets par un procéder tel que " Valorga* " ;
  10. accélération des recherches sur les énergies renouvelables et non polluantes qui supprimeront d'un coup les principaux sujets d'inquiétude.

Ces sources d'énergie existent : hydraulique, géothermique, solaire. Si nous avions investi dans la géothermie au lieu d'hypothétiques recherches pétrolières ou de dangereuses centrales nucléaires dont l'accumulation des déchets radioactifs limite l'existence, le problème énergétique serait partiellement résolu. Les nouveaux réacteurs de type EPR ne résoudront pas le problème des déchets actuels et continueront à en produire, ce à quoi il faudra ajouter le coût du démantèlement des vieilles centrales.

La Confédération Universelle devra promouvoir un programme hardi pour la recherche sur l'énergie solaire et la construction de centrales.

Le financement de la recherche sur un nouveau matériau pour transporter l'électricité est primordial. Les câbles actuels ont une déperdition pouvant atteindre 40% de la valeur énergétique. Le déploiement de la fibre optique pour les télécommunications doit être accéléré et étendu au transport de l'électricité. Les progrès accomplis sur la voiture électrique (les moteurs à essence étant une des principales sources de pollution atmosphérique) doivent être accélérés. L'objectif des chercheurs : augmenter le kilométrage d'utilisation de la pile, donner à la voiture électrique la même autonomie de route que les voitures à essence. Il faut aussi, dans le cadre des politiques d'urbanisme et d'aménagement du territoire, rapprocher les lieux de travail des lieux de vie et de consommation, et développer les transports en commun fonctionnant à l'électricité.

Nous devons responsabiliser les êtres humains, tant individuellement que collectivement. Plus les lieux de décision sont proches des individus, plus il est facile de responsabiliser, et plus cette responsabilité est efficace. Le rôle des municipalités doit être déterminant en la matière ; des pouvoirs et des moyens financiers doivent leur être attribués.

L'Homme doit avoir à l'esprit que chaque décision sur cette planète met en cause sa survie.

*Valorga est un procédé de méthanisation biologique anaérobie de la fraction organique issue des déchets ménagers issus d'une collecte (sélective ou non), mis au point par une société française basée à Montpellier.

" Tu attaches une grande importance à la nature et à la nourriture qu'elle fourni aux humains ; parles-nous d'agriculture "

L'homo-sapiens vit en symbiose avec la nature. Il y trouve sa subsistance vitale et la protège. Dès que l'Homme s'est multiplié, il a dû se discipliner, se sédentariser, organiser sa production vivrière et maintenir les équilibres nécessaires à la perpétuation des écosystèmes. Les Celtes ont apporté une contribution primordiale à la connaissance de l'agriculture. Ils firent de leur religion un culte à la nature. Après des millénaires, ils nous ont laissé un héritage merveilleux, conservé avec respect.

L'homo-sapa (du verbe saper : détruire) va-t-il en un siècle tout bouleverser, tout détruire, faire de notre planète un astre aride, provoquer l'apocalypse de la race humaine ? La nature obéit à un ordre universel et cosmique immuable. L'Homme, la faune, la flore, ne peuvent survivre que dans le respect de cet ordre.

L'agriculture est le gardien de ces valeurs :
Jardinier, son travail nous apporte une nourriture saine, condition de notre croissance ;
Paysagiste, son oeuvre réjouit le champ visuel ;
Garde-champêtre, ses pouvoirs doivent lui permettent de maintenir intact les équilibres de la nature.

Nul ne peut ignorer la contribution de l'agriculture aux grands équilibres économiques, à l'emploi, au commerce entre nations.

Nul ne peut ignorer les valeurs traditionnelles de l'agriculture, sa richesse humaine, son incarnation du bon sens. Elle est la philosophie de la sérénité. Hélas, l'agriculture occidentale cumule les surplus, les pollutions, les cessations d'activité. La désertification menace des régions entières. L'effort de productivité de l'agriculture n'a pas profité aux agriculteurs. Les productions agricoles, même pour des rendements confortables, mêmes fournies par des élevages modernes, sont vendues au mieux à leur prix de revient. Le coût des investissements, le poids des charges, les difficultés financières, annihilent toute volonté.

Les politiques parlent aux agriculteurs avec la main sur le portefeuille le temps d'une campagne électorale, puis vient l'annonce de la friche des idées pour l'agriculture de demain, et l'annonce de la friche des terres. Les élus de la même sensibilité ont un langage ambigu, voire contradictoire, dans leur circonscription et au Parlement Européen.

Il est aberrant de constater que les productions excédentaires soient concurrencées par des importations hors marché commun alors qu'une partie de l'humanité est sous-alimentée. Les pays industrialisés doivent cesser, de leur côté, d'exporter leurs excédants à prix bradés ; leur comportement actuel détruit les agricultures vivrières des pays en développement.

Les pays du marché commun étant tous excédentaires, il est difficile pour chaque État d'exporter d'avantage sur ce marché préférentiel en respectant strictement les règlements.

Seules l'organisation et la régulation d'un marché commun mondial peuvent apporter une solution aux problèmes de production agricole dans une société de suffisance.

Les agriculteurs sont les premiers concernés par le combat pour une Confédération Universelle. Ils ne peuvent se laisser abattre sans réagir.

" Quels sont les dangers d'une agriculture industrielle sous la tutelle des monopoles ? "

L'agriculture, qui a la charge de nourrir les humains, doit lui fournir des produits sains qui ne sauraient porter préjudice à sa santé ; des produits de grande valeur nutritionnelle donnant force physique et croissance harmonieuse chez l'enfant. Peut-on sans risque négliger la provenance de cette nourriture. Les théories technocratiques de l'homo-sapa, qui n'a jamais sali ses semelles sur un tas de fumier et vit la terre dans un bureau, préconisent de transformer l'agriculture en entreprises industrielles. La qualité du produit, le respect millénaire des lois de la nature, doivent s'effacer devant les exigences des intérêts commerciaux des monopoles. On exploite le potentiel fertile sans souci de fécondité future. On gaspille pour le profit de quelques lobbies la

fertilité de demain ; car la nature ne triche pas, l'équilibre des écosystèmes est fragile. Cette agriculture industrielle est condamnée à la fuite en avant : les revenus baissent, l'endettement s'accentue, il faut multiplier les forçages. Les exemples sont déjà nombreux pour la productivité de l'élevage (manipulations génétiques, piqûres d'hormones ou autres subterfuges, aliments aux composés dangereux, injections de tranquillisants aux conséquences imprévisibles pour l'Homme).

Pour les plantes : forçages aux engrais chimiques émettant sur le marché des aliments à forte dose de nitrite et de composés cancérigènes. Ces aliments sont la cause du développement de plus de 50% des cancers, 65% des maladies cardio-vasculaires, 100% des scolioses. Ils dérèglent la croissance de l'enfant, affaiblissent la résistance microbienne des adultes. La destruction de notre microflore intestinale est mortelle. Une génération peut, par inconscience, porter un préjudice tragique aux générations suivantes.

Les apparatchiks de l'industrie agro-alimentaire mettent en place des laboratoires, non du progrès, mais de la mort. Ils prévoient de cueillir les pétrotomates

vertes et de les faire mûrir en magasins avec de l'oxyde d'éthylène. Aujourd'hui les pétro-tomates, demain la généralisation. " Soleil, disparaît, tu fais de l'ombre à ces alchimistes ! ".

Les carottes poussées au forcing contiennent 30% d'eau nitratée. En dix ans, les conserveries d'épinards utilisent deux fois plus de matière brute pour la même quantité de boîtes, phénomène dû à l'évaporation d'eau. Ces conserveries sont contraintes de refouler les lots trop riches en nitrite, risque d'explosion des boîtes. Je pourrais citer des dizaines d'autres exemples. " Consommateurs, tous au carrossier, faites blinder votre appareil digestif ! ".

Non, ceci ne peut durer. Les nappes phréatiques auront dans quelques années une teneur en nitrates de 150 mg/litre, soit trois fois plus que la norme admise (cette teneur atteint même déjà 180 mg/litre en Bretagne). Ce n'est pas une taxe sur quelques paysans, plus victimes que responsables de ces phénomènes, qui règlera le problème. Cette taxe donnera tout au plus bonne conscience au pouvoir politique.

Les trusts apatrides obligeront demain les serfs paysans à acheter chez eux leurs semences hybrides, oh, comble de félonie, non renouvelables ; à leur vendre leurs récoltes. L'exemple du soja est un avertissement : filière semences, filière fabrication et vente de l'huile, filière tourteaux, filière rachat des animaux, filière supermarchés. Il en est de même pour le maïs transgénique. 1

" Consommateurs, nous ne serons plus que des bouches insipides, et un boyau en plastique de préférence ;

" Scientifiques, vous ne serez que les complices des manipulations ; " Médias, vous serez aux ordres d'une publicité erronée, les messagers de la désinformation ".

Seuls des mesures planétaires, mettant tous les producteurs au même niveau d'obligation, toutes les productions aux mêmes normes, permettront de retrouver les indispensables équilibres.

Consommateurs et producteurs seront tous bénéficiaires. La hantise de la scoliose, du cancer, des maladies cardio-vasculaires, des infirmités infantiles, ne seront plus que de douloureux souvenirs.

" Quelles autres perspectives pour demain ? "

La société humaine a toujours eu, aux grands carrefours de l'évolution du monde, des réactions salutaires. Elle saura cette fois encore dominer ses égoïsmes et faire du troisième millénaire l'avènement de la grande sagesse. Les humains savent que leur survie est liée à l'équilibre de la nature, que l'agriculture est le vecteur de cet équilibre. L'avenir passe par une recherche de la qualité.

L'exploitation agricole doit être de dimension humaine, lui donnant plus de souplesse, plus d'efficacité. L'agriculteur ne peut être un employé à horaires fixes. Les aléas du temps, les soins au bétail malade, les naissances, l'obligent à des disponibilités saisonnières permanentes ; il ne peut planifier son travail avec une montre. L'agriculteur doit adapter sa production aux veines du sol, différentes d'une parcelle à l'autre, aux courants climatiques régionaux. Il doit faire preuve d'une créativité permanente.

Les engrais chimiques sont non seulement polluant, mais ruineux pour l'exploitant. Leur productivité est illusoire. Les recherches pour améliorer le processus de fixation de l'azote par les plantes et permettant de se passer d'engrais chimiques ont dépassé le stade expérimental, mais subissent le barrage des lobbies qui contrôlent le marché.

Qu'une plante puisse simultanément absorber l'azote de l'air et celui du sol, et fixer deux fois plus d'azote que ne le font les autres légumineuses, ne peut que séduire les agronomes. C'est ce qu'à prouvé monsieur Bernard Dreyfus après avoir observé des nodules sur les tiges de " sesbania rostrata ". Cette plante peut par ailleurs être utilisée comme fourrage, ses feuilles sont très riches en protéines. Enfouie dans le sol, son apport azoté peut atteindre 150 kg/hectare et par an, soit la même quantité moyenne que les engrais chimiques. Au Népal, pays modèle en la matière, l'usage systématique de cet engrais a, à lui seul, permis le doublement des cultures de riz.

Autre découverte prometteuse de monsieur Dreyfus, celle des mutants de " sesbania rostrata ", dépourvus de nodules. Elle permet de comparer les patrimoines génétiques des espèces mutantes et ordinaires et, par différence, de repérer le gène responsable de la nodulation. Tous les espoirs sont permis. En transmettant ce gène, d'autres espèces seront capables de fixer l'azote ; et après-demain pour la plupart des plantes de le fixer elles-mêmes.

La mise en application de ces recherches doit être soutenue au plan mondial, et la résistance des monopoles en place, brisée. Rien d'ailleurs ne les empêche de concevoir des produits nouveaux non polluant.

Sans attendre ces jours, on doit envisager un développement des engrais verts et des engrais organiques. Une société industrielle installée en région lyonnaise a déjà mis au point la fabrication d'un produit organique stable, équivalent à l'humus du sol, et très apprécié des agriculteurs et viticulteurs. Cette société performante, en étroite collaboration avec l'INRA et le L.E.A.R.E.A, met au point un amendement spécifique à la terre de cultures concernées.

L'humus a une importance capitale pour la fertilité des sols et l'ensemble des équilibres de la nature, le rôle fermentescible du fumier est primordial. Selon un rapport de l'INRA, le taux de matières organiques des sols est passé en vingt ans de 4% à 2%, limite en-dessous de laquelle commence le processus de désertification. Seuls le fumier et les engrais organiques restituent le carbone, fondement de la vie sur Terre. Il faut savoir que 30 tonnes de fumier représentent 120 unités d'azote, 75 unités d'acide phosphorique, 160 unités de potasse ; supérieur aux engrais chimiques solubles. L'érosion des sols concerne toutes les régions exploitées intensivement par des méthodes industrielles. En climat tropical, l'érosion est dix fois plus rapide, le désert gagne six millions d'hectares par an.

La performance des engrais organiques, bien adaptés, stabilisera mieux des rendements honorables, améliorera les revenus de l'agriculture. Les produits vendus aux consommateurs auront une valeur nutritive de 30% supérieure aux productions industrielles actuelles.

La Confédération Universelle, pour sauvegarder la pureté des nappes phréatiques, la fertilité des sols, la santé des humains, devra interdire la fabrication d'engrais contenant de la nitrite et autres produits nocifs. Tous les agriculteurs seront soumis aux mêmes lois, la concurrence sera honnête et les produits rentables.

Les échanges mondiaux doivent être régulés, les prix planchers respectés. Le Gouvernement mondial sera un arbitre impartial entre les intérêts des producteurs et ceux des consommateurs. Les règlements seront strictement respectés, ce qui, hélas, n'est pas le cas aujourd'hui.

" Le chômage est la hantise des jeunes et des moins jeunes. Que penses-tu de ce cancer pernicieux qui entretien un pessimisme chronique ? "

La faute majeure de l'économie moderne est son impuissance à assurer le plein emploi. Le travail n'est pas seulement le moyen de gagner sa vie, c'est une façon de s'identifier.

Que quelques filous reçoivent des indemnités indues, que les perspectives d'indemnités rendent les candidats à l'embauche moins impatients et plus exigeants ; cela est probable, mais n'explique pas la montée persistante et massive du chômage.

Le chômage pèse sur la psychologie des adolescents qui pensent à l'avenir et jouent un rôle aliénant.

Le chômage ne conduit pas seulement à une diminution de ressources mais également à l'exclusion sociale, créant un climat malsain.

Le traitement social du chômage est une solidarité laxiste. On ne peut faire vivre les inactifs qu'en prélevant sur ceux qui travaillent.

On ne peut traiter le chômage par des remèdes homéopathiques, par des mesures parcellaires empiriques.

La Confédération Universelle, par l'avènement d'une société de suffisance, maîtrisera à terme les fluctuations du marché en prévoyant les saturations. La disparition progressive des zones de paupérisation des pays du tiers monde, comme de l'intérieur des pays industrialisés, donnera au marché une vitalité exceptionnelle. Une volonté de partage des richesses permettra de moduler les orientations économiques pour le plein emploi sans compromettre le dynamisme de l'économie.

" Quels sont les causes profondes du sous-emploi ? "

Les modes de production que nous avons privilégiés nous conduisent à une impasse. Les techniques de production intégrées sont basées sur deux critères : la société de consommation et la loi de la jungle du marché. Cette orientation néglige l'emploi et développe le sentiment que l'Homme n'est qu'une machine, utilisable et jetable à merci.

La production intégrée a envahi l'industrie : multinationales, grands complexes, combinats. En choisissant le tout intégré, notre société s'est engagée dans la voie de contradictions insurmontables. Cette organisation, à grand renfort d'ordinateurs, débouche sur des rigidités de plus en plus grandes, de plus en plus difficiles, de plus en plus coûteuses à gérer. La crise se développe dans une société trop intégrée, trop rigide pour s'adapter.

En orientant le développement technologique vers des moyens de production de forte puissance, nous nous condamnons à des investissements considérables dans un secteur limité, rassemblant épargne et disponibilités. Audelà d'un certain seuil, les risques de blocages apparaissent, les groupes les plus puissants ont un accès privilégié à l'investissement. L'obstacle du financement accentue le déséquilibre entre production intégrée et production autonome.

La production intégrée a dépassé le seuil de son efficacité, elle n'est plus capable de s'adapter aux changements qu'elle provoque. Nous sommes engagés dans un monde où les perturbations se succèdent plus vite qu'on ne peut matériellement y répondre, où les ensembles à maîtriser dépassent toute organisation de compétences, où la densité des risques dépasse toute possibilité de contrôle. Nous assistons au recul de cette économie.

L'économie est l'affaire de tous, elle conditionne l'activité humaine. Elle ne peut être l'affaire de quelques diplômés échangeant d'obscurs arguments dans un jargon inaccessible. L'économie ne peut être le domaine de l'arbitraire, elle a un rôle global avec des règles précises.

La société doit compter avec les contraintes qu'imposent les techniques nouvelles et leur adaptation par l'Homme et pour l'Homme. Le système économique doit résoudre chaque jour le problème du plein emploi et de l'accès de tous à un niveau de vie décent.

" Quelles mesures concrètes préconises-tu ? "

Il faut développer de nouveaux gisements d'emplois. Ces gisements existent : ils ne sont ni dans l'administration, ni dans les grandes entreprises. Ils se trouvent dans les petites et moyennes entreprises de l'industrie, du commerce, de l'artisanat, des services. C'est dans l'initiative de milliers de créateurs que se trouve la grande pépinière d'emplois pour l'avenir. Les crises démontrent que les petites entreprises réagissent plus vite au marché. La participation du personnel y est plus facilement obtenue. Elles créent des emplois pendant les crises alors que les grandes entreprises " dégraissent ". Dans une perspective mondiale, les petites et moyennes entreprises s'adapteront mieux aux structures du tiers monde.

Il faut créer, innover, créer de nouvelles richesses à partager. L'inventivité doit augmenter la capacité de se transformer pour coller à des réalités changeantes et réduire la fragilité et la vulnérabilité des économies actuelles.

Les méthodes mathématiques reposent des hypothèses initiales et ne tiennent pas assez compte des complexités et des interdépendances du monde réel. Ces abstractions peu réalistes ont créé un divorce entre les conclusions de la théorie et celles du bon sens.

Le bon sens doit corriger et compléter les théories, c'est le seul moyen d'embrasser un ensemble de faits et de mieux les adapter à chaque situation. Les responsables d'entreprise doivent prendre une attitude énergique, hardie, sans oublier les limites du possible, sans abandonner leur bons sens ; conjuguer initiative et rigueur.

L'analyse économique n'est pas un système automatique donnant une réponse infaillible. Elle doit tenir compte des variations d'offre et de demande et prévoir un ajustement souple et permanent. Les effets expansifs et répressifs s'annuleront réciproquement.

La liberté de créativité est la meilleure sauvegarde de nos libertés, la meilleure sauvegarde de la variété de l'existence.

Entre l'étatisme qui étouffe et l'affairisme qui échoue, il existe une troisième voie : celle de l'initiative, de la liberté individuelle, de la responsabilité de l'Homme dans sa communauté de travail.

Les régimes sociaux dans le monde sont très différents, voire inexistants, provoquant une odieuse concurrence basée sur la paupérisation et les avatars sociaux des salariés.

La Confédération Universelle régulera l'ensemble des régimes sociaux. Toutes les nations devront instaurer un revenu minimum permettant un niveau de vie décent et fonction de leurs niveaux de développement respectifs. L'effort de financement de la protection social doit porter sur la recherche de nouvelles ressources -fiscalité du capital et du patrimoine, fiscalité écologique -afin de ne pas faire reposer entièrement celui-ci sur les revenus du travail et préserver la compétitivité des entreprises.

Des mesures doivent être prises pour réduire le temps de travail de chacun afin que tous puissent avoir accès à un emploi. Cette réduction et l'embauche des sans-emplois seront financées par les gains de productivité et la baisse de la fiscalité sur le travail.

" Tu parles fréquemment de partenariat social-économique, veux-tu préciser ta pensée ? "

Une crise est un moment de rupture pendant lequel les mécanismes ne fonctionnent plus normalement. L'Homme ne croit plus à ce qu'il fait, ni à son avenir. Il se débat dans une mauvaise conscience permanente. Les praticiens chargés de diagnostiquer ces maux sont plus soucieux de plaire que de faire connaître que les sociétés cumulent le chômage et le déclin. Ils traitent ces sujets maudits à la sauvette, les noient dans l'abstraction des calculs refuges, ils accumulent les défaillances de jugement qu'accompagne inévitablement la stérilité politique.

Il est urgent de sauver l'espoir de chacun et les chances de chaque nation, avec une volonté de dynamisme, de moralité, d'efficacité ; ne pas se laisser assujettir par l'argent, le carriérisme, la fausse sécurité.

La jeunesse attend un grand objectif d'avenir. Les jeunes sont sincères. Même si quelquefois leur attitude est mal comprise, ils méritent d'être écoutés. C'est pour eux et pour les générations à venir qu'il faut réfléchir aux problèmes économiques et trouver des réponses aux questions qui nous cernent. Il faut redonner au travail son véritable sens : produire, mais aussi développer les aptitudes et les relations au sein de l'entreprise. Le produit de nos connaissances doit être mis au service d'une organisation de la production qui soit à la fois efficace et conviviale. Il est indispensable que l'employé trouve une satisfaction dans son travail, aspire à comprendre la marche de l'entreprise.

L'impératif social est la justice entre des personnes égales en droits et en chances. Dans une société injuste, les jalousies, les conflits et les résignations ferment la voie à l'effort collectif.

Il faut affirmer un besoin de responsabilité, d'autonomie, d'initiative individuelle. L'initiative et la créativité de chacun animent la vie économique ; ce sont les premiers facteurs de la production, les conditions nécessaires à tout développement, le fondement de toute cohérence. L a solution ne viendra pas d'en haut, mais du monde profond du travail, de son effort à comprendre le jeu économique.

Il est indispensable que la direction, les ingénieurs de fabrication, l'encadrement, comprennent qu'ils ne peuvent valoriser l'entreprise que si la gestion est transparente et que l'ensemble du personnel assume des responsabilités contraignantes d'orientation.

Je suis persuadé que les hommes sont prêts à un formidable élan, si l'objectif est ambitieux et humaniste. Chacun devra se sentir concerné. Les rapports au sein de l'entreprise doivent se transformer de méfiance en confiance.

On ne produit pas sans machine, sans matières premières, sans effort. Toute mauvaise organisation de la production est contraire à l'efficacité, entraîne des gaspillages, nuit à la nation et affaibli sa position dans le monde. Il faut que les contraintes de l'économie soient expliquées, comprises, acceptées. Il faut que la liberté d'entreprise soit préservée, respectée.

Ingénieurs, cadres, ouvriers, employés, doivent être informés des réalités économiques et des servitudes qui pèsent sur l'entreprise, sur le secteur industriel auquel elle appartient, informés des projets envisagés, des résultats obtenus. Le travailleur ne doit pas être traité comme un instrument de production, mais se sentir pleinement associé à son travail et à son environnement professionnel.

Projet simple mais terriblement ambitieux que de remettre l'économie au service de l'Homme, de trouver une organisation de nos sociétés qui concilie l'impératif économique, l'impératif social, l'impératif écologique, l'impératif humaniste ; bousculer les habitudes, les réticences qui bloquent la société, créer une atmosphère où chacun se mobilise pour un dessein auquel il croit. Une économie ne peut être dominée uniquement par la recherche du profit. L'argent est la juste récompense du mérite, du risque, il ne doit jamais devenir une drogue. L'unité de salaire correspond à un pourcentage fixe de la valeur globale du produit, elle doit bénéficier des acquis de la productivité. Le partenariat social-économique, projet ambitieux, doit devenir en ce début de troisième millénaire la base fondamentale des nouveaux rapports au sein de l'entreprise.

Quatre-vingt pour cent des jeunes occidentaux ont un niveau d'études supérieures. Les pays en voie de développement passeront rapidement de l'analphabétisme partiel au primaire, puis au secondaire et au supérieur. Les entreprises doivent s'adapter à ces évolutions.

La résistance ouvrière a des méthodes d'organisation et de domination non évolutives. Cette résistance pose un problème de compétitivité : absentéisme, gaspillage de main d'oeuvre, baisse de rendement, augmentation des pièces ratées, présence plus nombreuse de retoucheurs, d'inspecteurs. La répression alourdi le climat social, provoque des débrayages, n'empêche pas l'augmentation des pièces ratées, encourage la mauvaise conscience professionnelle. Les exemples multiples d'entreprises qui ont mis en place un système de partenariat social-économique en France, en Allemagne, dans les pays scandinaves, aux Etats-Unis et, dans un autre contexte, au Japon, ont toujours abouti, après une période de rodage, à des bons de productivité de l'ordre de 20% par an durant plusieurs années consécutives, permettant aux ouvriers de diminuer leur fatigue tout en bénéficiant de la bonne rentabilité. L'absentéisme disparaît, le rebut est fortement réduit et même, dans certaines industries de précision, complètement éliminé. Les pannes, les bris d'outil ou d'appareil diminuent dans des proportions spectaculaires. Le partenariat social-économique donne toute sa valeur à ce vieux proverbe : " le rendement de l'esclave est plus faible que celui de l'homme libre ".

Le partenariat social-économique fait de l'entreprise un lieu de plus grande démocratie, de plus grande liberté, un lieu de convergences d'intérêts où les hommes et les femmes investissent leurs compétences, leur créativité, leur savoir-faire.

Le comité d'entreprise est un acteur crédible. Il intervient sur tous les sujets qui engagent l'avenir et l'évolution de l'entreprise. Il organise pour tout le personnel des cercles de formation sur la conception du produit, sa commercialisation, des cercles d'information sur la qualité pour restaurer parmi la clientèle une image de marque, des cercles d'information financière. Les données de base de la gestion des entreprises et du coût du produit seront établies dans un cadre précis, en pourcentages :

  • matières premières
  • salaires et charges sociales
  • frais généraux
  • amortissements
  • investissements
  • bénéfices tributaires de la bonne gestion

Le pourcentage investissement se répartira en investissements propres à l'entreprise et en investissements actions-retraite pour le personnel. Sur les bénéfices seront prélevés les impôts, le reste sera distribué en dividendes aux actions, y compris les actions-retraite.

Dans le partenariat social-économique, l'investissement actionnariat est un engagement précis à moderniser l'outil de travail pour un meilleur produit, pour le mieux être de l'Homme, non une mise dans un jeu de casino de spéculations boursière et foncière donnant lieu à des actes délictueux.

La définition de la production et du développement ne peut se limiter à la plus-value, elle doit tenir compte des besoins physiologiques et culturels de l'être humain. Le profit n'est pas un but en soi, mais ce que l'on partage. Le véritable développement est conditionné par la prise en charge par les intéressés euxmêmes de leur vie, de ses implications dans l'espace social, dans l'espace culturel.

Le travail requiert intelligence, créativité, responsabilité ; il porte en lui-même un sens profond non contraignant, une jouissance de l'oeuvre accomplie. Le pouvoir politique sera arbitre du bon fonctionnement des règles établies, protégera les entreprises contre toute maffia, il limitera les concentrations excessives et favorisera les entreprises à échelle humaine. La Confédération Universelle sera garante d'un équilibre convenable pour une planète de plusieurs milliard d'individus, d'éducation et de cultures différentes.

" Quelles perspectives pour le système monétaire du Marché Commun Mondial ? "

Un système monétaire doit avoir un pivot. Nous serions impardonnables, par l'absence d'une réaction vigoureuse, cohérente, de laisser monter les dangers en nous contentant d'expédients.

Le financement des échanges internationaux n'a pas posé de problèmes complexes tant qu'il fut réalisé avec des monnaies à étalon métallique, or ou argent, ou par compensation.

Le Dollar est une monnaie nationale, gérée à des fins nationales par des autorités nationales. Que cette monnaie soit érigée en monnaie internationale, sans étalon de garantie, que ses fluctuations, ses oscillations, ses avatars, retentissent sur l'ensemble du monde ; ce n'est ni logique, ni admissible. L'Euro est soumis à la même logique, bien que son rôle de monnaie internationale soit moins important que celui du Dollar.

L'existence de disponibilités massives et instables pour sauvegarder la valeur du Dollar est inquiétante. Le monde cotise pour sauver la monnaie du pays qui a le plus fort déficit extérieur du monde industrialisé.

Si une équivalence n'est pas clairement établie et respectée, les besoins ou les préférences politiques l'emporteront toujours ; cela conduira à des émissions de billets discutables provoquant un excès de liquidités. Des distorsions dont le monde subit les conséquences. Il est mauvais d'improviser à son gré, sans contrôle et sans limite.

Dans un Marché Commun Mondial, il est nécessaire de fixer la valeur des monnaies par rapport à celle des biens qu'elles permettent d'acheter, d'où la nécessité d'une convertibilité tangible et bien définie, acceptée par toutes les nations.

Pour définir la valeur au pair par rapport aux marchandises, il faut une mesure matérielle concrète, une équivalence avec un bien donné. Seule une série de matières premières délimitée, la monnaie étalon-marchandise, permet un système simple et rigide, qui résiste aux impulsions des gouvernants, des trusts, des routines. Beaucoup d'économistes l'ont envisagé, considérant l'or comme une valeur passive. Pierre Mendès-France a repris cette formule lorsque le Dollar a décroché de l'étalon-or en 1971.

C'est une solution impartiale, objective et neutre, acceptable par tous les régimes économiques, que de monnayer des stocks de produits minéraux et agricoles.

Une institution internationale recevrait mission de surveiller les marchés mondiaux d'une trentaine de produits bien connus et définis. L'indice composé de tous ces cours, représentatifs de la conjoncture mondiale, serait stabilisé et pondéré. A l'intérieur, chaque produit garderait une souplesse conjoncturelle compensée, l'indice restant fixe.

D'après expertise, trente produits de base bien définis techniquement, stockables et fongibles, constituent un ensemble qui traduit fidèlement les variations du commerce international en volume et en valeur. Les produits de base en circulation seront garantis par des certificats émis par des organismes stockeurs et contrôlés par l'organisme monétaire central. Cet organisme évitera les fluctuations, empêchera les mouvements inflationnistes. Les réserves serviront à s'opposer aux crises menaçantes. Les producteurs demandent des recettes régulières et rémunératrices leur permettant d'établir et de financer leurs plans de développement. Ils ont besoin de stabilité et de sécurité, seul ce système peut les leur assurer. Ce système monétaire aidera les pays sous-développés à sortir de leur ghetto économique en régularisant le produit de leurs exportations, leur permettant ainsi d'augmenter leurs importations, d'assurer leur réinsertion dans le circuit des échanges internationaux.

Aucun pays ne peut saboter le mécanisme s'il veut vendre un produit fongible. L'institution mondiale aura suffisamment de moyens pour s'opposer à une baisse au-dessous du plancher ou, dans le cas inverse, pour empêcher les cours de dépasser le plafond.

L'étalon-marchandise est un système équilibré, symétrique, une issue impartiale aux troubles économiques et monétaires, le fonctionnement du marché dans la logique de l'ordre. Fini les distorsions, il y aura régularité des cours des matières premières, le package sera composé à l'image du commerce pratiqué.

L'étalon-marchandise est l'honnêteté des termes de l'échange. Il est indispensable d'accroître les échanges pour lever l'hypothèque des menaces futures, pour juguler le chômage. Les échanges avec le tiers-monde se multiplieront rapidement.

Ce système mettra fin aux fluctuations anarchiques manipulées par des affairistes, au détriment des producteurs et de la santé économique des nations. Nous devons échapper aux mécanismes des capitaux flottants qui n'ont qu'une valeur passive mais déstabilisent l'ensemble monétaire. Nous risquons un blocage total qui peut devenir une véritable crise de la civilisation. Actuellement, aucune institution internationale ne dispose d'un réel pouvoir d'arbitrage. Les déséquilibres peuvent se propager et s'amplifier sans que personne n'ait le pouvoir de les dominer.

Un incident bancaire imprévisible peut mettre des sommes gigantesques en mouvement dans les ordinateurs concernant banques, fonds d'investissement, multinationales, capitaux flottants. Une banque fait faillite, la panique s'amplifie et, tel un jeu de dominos, tout s'écroule.

A défaut de politique cohérente, les monnaies et en conséquence la conjoncture économique, sont soumises à tous les avatars : état d'une récolte, mauvaise politique, krach d'un trust international, spéculation, affolement. La dissuasion la plus efficace contre la spéculation réside dans l'existence d'une institution outillée pour la maîtriser instantanément dans le cadre d'une stricte réglementation.

Des transitions seront nécessaires afin d'éviter les soubresauts ; succession de mesures progressives vers une situation assainie et durable dans des délais jugés raisonnables.

Les entreprises, l'emploi, le pouvoir d'achat, sont menacés si l'on continue à utiliser des monnaies détraquées, sans pivot.

Il est urgent qu'un gouvernement mondial régule la finance, encadre le système bancaire, coordonne une bonne répartition des richesses.

" L'investissement est le carburant du moteur économique, quelles réflexions t'inspirent cette question ? "

Le mécanisme de l'investissement est bâti sur : le volume de l'épargne, la rentabilité du projet, l'essor de la demande et la confiance en l'avenir. Un des rouages est grippé, le moteur cahote et s'étouffe.

Le volume de l'épargne est tributaire du bon équilibre de la balance commerciale. Une bonne santé des entreprises permet de dégager un autofinancement appréciable. Le salarié qui a participé à la création de cette richesse doit bénéficier, sous forme d'association au capital, au développement de son entreprise, par l'attribution d'actions investissement. L'épargne populaire doit être encouragée par la stabilité des prix, un intérêt raisonnable est plus rentable qu'un intérêt fort annulé par l'inflation. La bourse doit être une institution sérieuse et non une salle de jeux contrôlée par les spéculateurs. Les capitaux migrateurs spéculatifs et fiévreux du marché mondial, sujets à des fluctuations violentes et incontrôlées, sont des causes de dérèglements. Il faut mettre ces capitaux vagabonds sous surveillance, prendre des mesures contre les avoirs instables, les mouvements de fonds économiquement injustifiés. La liberté d'entreprendre, la liberté d'échanger, n'est pas l'anarchie, la loi de la jungle. Cette liberté ne peut s'exercer que dans un cadre moral précis. La rentabilité du projet doit reposer sur la rigueur de la logique, de la comptabilité, de la cohérence. Il faut trouver un équilibre entre le risque créateur et la garantie d'écouler le projet. Les pouvoirs publics doivent mener une globale sur des incitations sectorielles à l'investissement, ils doivent soutenir des orientations précises par des taux d'intérêt réduits au minimum pour des investissements sélectifs. La croissance sectorielle doit être orientée vers un but précis : elle doit permettre aux jeunes, aux femmes, à ceux qui atteignent la cinquantaine, de garder ou de trouver un emploi. Les pouvoirs publics doivent exercer un arbitrage permanent sur l'équilibre des échanges et rechercher de nouvelles harmonies sur le marché mondial.

Les pouvoirs publics doivent mener une action consciente et continue, opposée à celle de l'empirisme, du pilotage à vue. Prévoir et non improviser. Les pouvoirs publics doivent rester un arbitre neutre. Une association entre l'argent et la politique provoque une symbiose affairiste et nuit à l'image du politique, garant incorruptible de la démocratie économique.

L'essor de la demande doit être basé sur la prévision des besoins, il doit tenir compte des inévitables saturations.

Le Marché Commun Mondial doit créer un climat de confiance en l'avenir, gage d'investissements pour le progrès de l'humanité. Un pessimisme pour l'avenir provoque des réticences, des blocages dangereux pour la santé économique et le moral des citoyens.

" Quelles menaces les O.P.A font-elles planer sur l'économie ? "

La menace des O.P.A peut constituer un facteur d'affaiblissement considérable de la compétitivité future des entreprises et, par conséquent, de la prospérité d'une région, voire d'une nation. L'avalanche d'O.P.A qui a déferlé aux Etats-Unis en 1986-1987 a provoqué un recul de leur économie. On pourrait supposer que le problème ne touchant que quelques entreprises et une petite partie de l'économie, son impact est limité. Il est facile de démontrer qu'au contraire le phénomène peut avoir des conséquences majeures. Devant le danger de perte de contrôle, un nombre important de dirigeants d'entreprises sont amenés à consacrer beaucoup de réserves financières pour se protéger d'une O.P.A. Ces réserves, les entreprises se les procurent en réduisant les investissements d'avenir, et en faisant beaucoup de bénéfices pour maintenir un cours élevé de l'action et décourager d'éventuels repreneurs. Les cours en bourse, dopés artificiellement, s'effondreront ; l'épargne populaire sera découragée.

Le Japon s'est très bien protégé face à cette menace. Il possède des barrières anti- O.P.A très efficaces grâce à une réglementation très stricte. Il est urgent que toutes les nations, et notamment l'Europe, adoptent de telles mesures. Les entreprises japonaises, protégées par ces règlements, peuvent investir sans risque et devenir de plus en plus redoutables.

La réglementation devra décourager les spéculateurs et permettre aux industriels de concentrer leur énergie sur l'avenir et non sur l'autodéfense du présent. Les repreneurs ne pourraient pas revendre les titres acquis durant une période de dix ans, moyen infaillible pour moraliser ces opérations. Ils ne pourront ni délocaliser, ni supprimer l'entreprise.

Seules quelques entreprises mal structurées, mal gérées, feraient l'objet d'O.P.A par des repreneurs n'ayant comme objectif que la relance de ces sociétés.

" Quels principes doivent régir les échanges commerciaux mondiaux ? "

Le commerce mondial ne peut se concevoir que dans un juste équilibre des échanges. Nul individu, nulle communauté, ne peut acheter sans vendre l'équivalent en valeur marchande ou en valeur de services. La monnaie, le chèque, la carte bancaire, ne sont que des modalités comptables de la compensation. Les importations sans contrepartie affaiblissent l'emploi, provoquent des fermetures d'entreprises, ne créent aucune richesse nouvelle.

Le déficit d'une balance commerciale non résorbé dans un délai très court entraîne inévitablement une inflation et une récession chez le débiteur et, à plus long terme, faute de paiement, également une récession chez le créditeur. Le déséquilibre des balances commerciales conduit inexorablement vers un krach financier, la suprême habileté des politiques ne pourra que le répartir en plusieurs craquements.

Le Marché Commun Mondial doit éviter d'être entraîné dans ce processus. Il doit rompre avec les méthodes commerciales actuelles, contacter tous les partenaires commerciaux et les amener à négocier un programme d'échanges marchands. Il faudra doter les échanges d'un cadre précis qui permette la compétition sans déstabiliser les économies des nations. Il installera des centres permanents d'échanges et de sous-traitance permettant l'industrialisation et la modernisation progressive de la partie de l'humanité tenue à l'écart de l'économie mondiale. Si chacun achète et vend sans autre contrainte que la satisfaction de ses besoins, l'équilibre de son budget et l'obligation de régler ses achats, le marché est sain et fonctionne parfaitement.

Le système monétaire que je préconise met à l'abri de ces aléas. Il sera la locomotive et le régulateur des échanges. Ce système monétaire est incontournable, il sera impératif que le Marché Commun Mondial l'adopte dès son ouverture.

" Quelle place doit occuper la sous-traitance ? "

La sous-traitance doit devenir une activité fondamentale de l'économie. Les grandes entreprises locomotives ont intérêt à choisir la sous-traitance plutôt que le tout intégré, obèse et lymphatique.

Actuellement, une grande partie des sous-ensembles, des composants, sont fabriqués par des sous-traitants. Le fournisseur impose ses ordres. La situation du sous-traitant, qui n'a que quelques donneurs d'ordres, quelquefois un seul, est fragile. Les grandes entreprises font jouer une concurrence déloyale, les marchés changent brusquement, sans justification.

Le Marché Commun Mondial devra instituer un statut de co-traitance. Les relations seront moralisées ; les procédures de négociation, les accords sur les stocks, les délais de paiement, seront précis.

Les donneurs d'ordres feront bénéficier les cotraitants de leurs techniques, de leurs méthodes de gestions de la production, assistées par ordinateurs.

Les cotraitants doivent rester souples, ouverts aux nouvelles technologies ; ils devront respecter les délais, développer le service après-vente. Les cotraitants ont intérêt à se regrouper pour mettre en commun leurs compétences, être capable de faire des offres globales avec pour objectifs qualité et efficacité. L'économie ne peut être stable sans les petites et moyennes entreprises. La cotraitance deviendra une activité dynamique au service du plein-emploi. La création d'entreprises de cotraitance dans les pays du tiers-monde sous un statut juridique précis est l'unique solution pour lui permettre de s'insérer progressivement dans le monde moderne.

" Quelles perspectives pour l'Europe ? "

L'Union Européenne est un modèle dans l'Histoire. Elle a réussi à faire cesser la violence et à restaurer la paix entre les États, c'est un acte très positif. Ce modèle perdure depuis 60 ans, il harmonise la gouvernance de 27 nations ; ce modèle de paix doit inspirer la Confédération Universelle. L'Europe doit être une harmonie permanente des nations sur des projets précis, dans une perspective mondiale. Elle sera la rampe de lancement du grand marché commun planétaire ; ses structures doivent être conçues pour que l'ouverture puisse s'effectuer progressivement.

Les acquis du marché commun doivent être conservés et développés. C'est dans la perspective de cet élargissement que le projet " Eurêka* " devient un exemple constructif. L'Agence Spatiale Européenne doit se développer dans le même esprit.

Nous vivons un carrefour historique qui ne permet pas la stagnation. Le déclin de la politique politicienne, le désordre des pensées philosophiques, peuvent pousser les peuples à un reniement de la démocratie.

Un sursaut psychologique est nécessaire pour balayer les fantômes grimaçants, promouvoir la société planétaire de suffisance et défendre les valeurs fondamentales de l'Homme : la liberté, l'égalité, la fraternité. Faute de quoi, une récession mondiale conjuguée avec l'anarchie des marchés financiers, provoquera le choc des espérances déçues, un désastre social. L'Europe aura perdu sa force propulsive faute d'avoir été pensée dans une perspective planétaire.

Hélas, l'Europe a encouragé une économie du libre-échange sans harmoniser les lois sociales et fiscales. Les multinationales ont exploité à leur seul profit cet ultralibéralisme, provocant les délocalisations ; les échanges sont faussés par une concurrence déloyale. L'Europe doit promouvoir un modèle économique au même coût de production, un PIB unifié, une production industrielle au service des hommes pour leur mieux-être, et non au service des multinationales pour leurs profits.

*Initiative européenne intergouvernementale destinée à renforcer la compétitivité de l'industrie européenne créée en 1985 et conptant 44 Etats participant.

" La démographie est-elle un sujet d'inquiétude ? "

C'est l'Epée de Damoclès sur le devenir même de l'humanité. Personne ne peut rester indifférent.

En sept mille ans, la population a été multipliée par dix, passant de cinquante millions à cinq cent millions. Il aura fallu moins de trois siècles pour passer à sept milliards.

Nous vivons un moment décisif de l'Histoire humaine. Sans mesures immédiates, nous serons dix milliards en 2050.

Les basculements de population se sont souvent accompagnés d'incompréhensions, de heurts, de violences.

Les Hommes, de la préhistoire au Moyen Age, se sont déplacés sous l'influence de la faim vers les richesses naturelles, irruptions violentes désignées sous le nom d'invasions.

L'Empire Romain, unique force armée au début du premier millénaire, a succombé aux " invasions barbares " venues de la steppe et du septentrion. Aucune force n'arrête une multitude qui marche pour sa survie.

Les nations défendront les unes leur droit séculaire, les autres leur droit à la vie.

Les migrations se feront dans le plus grand désordre, aucun refuge définitif, une lutte éperdue, peut-être séculaire, pour la survie. Les conséquences du réchauffement climatique pourraient entraîner l'exode de millions d'hommes et de femmes au cours des décennies à venir. Pour éviter que l'implosion démographique ne se transforme en explosion, il faut d'urgence maîtriser la démographie par un effort culturel à la dimension du problème, par une prise de conscience dans le monde scientifique et gagnant les diverses couches de l'opinion.

L'urgence de ce problème réclame ce pouvoir mondial que sera la Confédération Universelle, garantissant l'inviolabilité des frontières, prenant des mesures énergiques pour contenir la démographie, permettant à chaque nation de vivre pacifiquement son destin.

Que de sang ! Que de larmes ! Pour vous mes petits-enfants, pour vos enfants, pour vos petits-enfants, si l'humanité continue à se haïr, à se détruire. Jeunesse de tous pays, soyez digne du seul être pensant sur Terre ; construisez aujourd'hui l'Eden éternel. Pour la première fois dans l'Histoire du Monde, vous le pouvez par l'expression affirmée de votre volonté.

" Que mangent-ils aujourd'hui, que mangerons-nous demain ? "

Nous ne réglerons pas le problème du tiers-monde en multipliant les bureaux de bienfaisance. La charité peut devenir odieuse si elle est mal répartie et mal accueillie.

Un proverbe chinois dit : " si vous pêchez un poisson pour votre voisin, il se nourrira un jour ; si vous lui apprenez à faire un filet, il se nourrira toute sa vie ".

La malnutrition touche à des degrés divers un milliard d'êtres humains. Les 2500 calories nécessaires par personne et par jour sont disponibles, mais inégalement réparties faute d'une demande solvable des plus déshérités. Nous n'avons rien à gagner d'une révolte des pays pauvres. Il est urgent de comprendre les mécanismes de la pauvreté et de chercher à les résoudre. A l'opposé des discours creux, des commissions safaris, des techniciens mondains, les membres de l'association " Frères des Hommes " vont vivre au milieu des populations en détresse, apprennent leurs langues, leurs coutumes ; ils leur montrent la meilleure façon de creuser un puits, d'utiliser les engrais organiques, de combattre les insectes.

Si tout l'argent dépensé en voyages, en conférences, en rapports de commission, en cadeaux à quelques potentats corrompus du coin, avait été utilisé selon la méthode " Frère des Hommes ", le sous-développement serait en recul sensible.

De nombreux travailleurs de ces pays sont venus chercher du travail en occident. Éduquons-les et faisons-en des " Frères des Hommes ". Ces hommes sont attachés à leur pays d'origine, ils pourront rendre service à leurs frères ; donnons-leur l'éclairage de cette mission.

Le transfert de savoir-faire est la seule façon d'éviter la migration humaine. Ce n'est qu'après avoir acquis les connaissances des sciences et techniques et la façon de les utiliser que peut intervenir la diversité des traditions.

Il ne faut pas passer sous silence les défauts inhérents à certains de ces Etats : corruption, inégalités sociales. Nous devons refuser que l'aide extérieure enrichisse une minorité de privilégiés en laissant la majorité du peuple dans la misère. Les gouvernements du tiers-monde doivent réduire les inégalités et procéder à des réformes.

De la personnalité, de la maîtrise de chaque Etat, découlera une marche distincte vers le progrès ; il n'existe pas de panacée.

Seule une démocratie peut offrir une force vitale suffisante pour conduire les populations dans une action victorieuse, non seulement contre les oppressions humaines, mais également contre les vieux ennemis : la faim, la misère, le désespoir.

L'importance des déséquilibres donne le vertige. Le tiers-monde représente 80% des matières premières et 7% de la production industrielle mondiale. Les Etats-Unis ne représentent que 5% de la population mais consomment 50% des ressources. Les poubelles américaines en un an peuvent nourrir l'Afrique un mois.

Dans les premières décennies du troisième millénaire, cinq hommes sur six souffriront de malnutrition, un milliard d'hommes manqueront d'eau potable. La déforestation ne profite qu'à quelques spéculateurs ; elle provoque des mutations climatiques, accélère la désertification.

La fin du deuxième millénaire a été le crépuscule d'une époque. Nous présentons de grandes évolutions structurelles dans tous les domaines. Aux hommes les plus lucides de se regrouper, de promouvoir et maîtriser le grand bouleversement. Au partage du monde doit succéder le monde du partage. Nous devons provoquer l'arrivée de la Confédération Universelle qui aura pour mission première de gérer tous les changements qui mettront fin aux déséquilibres actuels. Le développement économique fondé sur l'élargissement du fossé entre riches et pauvres est fondamentalement erroné. L'efficacité des accords internationaux est dérisoire face à la spéculation, aux désordres des marchés -brusque flambée ou non moins brusque effondrement des prix. L'offre et la demande sont diaboliquement manipulées par de simples télex, les multinationales contrôlent, suscitent les manipulations économiques. Il est urgent de désamorcer cette bombe, de mettre un terme à la spéculation malsaine sur les cours mondiaux des matières premières et des produits agricoles.

L'Europe doit procéder à des transferts de technologie, à une progression accélérée de la co-traitance, à une régularisation honnête des échanges ; aider le tiers-monde à maîtriser l'eau en procédant à une réfection de tout le système hydraulique.

" La recrudescence du racisme est-elle un handicap supplémentaire pour le tiers-monde ? "

Il reste au fond de l'homme le plus évolué des capacités incroyables de cruauté, de perversité, des instincts méprisables.

Le racisme a pour origine la différence de couleur, de religion, de culture, quelquefois une haine séculaire tribale.

Le racisme est pour les démagogues, les dictateurs, un moyen d'accession et de maintient au pouvoir, un alibi pour leur incompétence et leurs crimes. Il représente l'extrême droite de toutes les nations, y compris celles du tiers monde.

Le racisme entraîne chez les victimes une attitude de défense, elles se rebiffent, tiennent davantage à leurs particularités.

L'immigration provoque un regain de racisme. Plutôt que de déplacer la main d'oeuvre, nous devons installer les usines là où se trouvent les hommes. L'individu appartient à son pays et toute migration est douloureuse. Elle provoque pour le pays d'origine un déséquilibre : ce sont les jeunes, les actifs, qui partent. L'immigration de main d'oeuvre dans les pays industrialisés pour des emplois délaissés par les travailleurs nationaux est organisée par les industriels, les économistes, les politiques.

Lorsqu'arrive l'inévitable surproduction dans une société de consommation sans rigueur économique, surproduction entraînant mévente, récession et chômage. La main d'oeuvre étrangère devient un agrégat électoraliste facile pour les démagogues qui, quelquefois employeurs ou politiques, ont sollicité cette main d'oeuvre.

Le Satan Hitler est parvenu au pouvoir avec pour unique programme l'antisémitisme et le racisme.

Dans une Confédération Universelle respectueuse de la souveraineté de toutes les nations, la circulation des voyageurs ne saurait être limitée, mais toute installation sera soumise à l'autorité locale, sous couvert de l'autorité nationale, évitant ainsi toute renaissance colonialiste.

La garantie par la Confédération Universelle de l'inviolabilité des frontières et du suffrage universel privera les extrémistes de toutes les nations d'exploiter l'intolérance à des fins politiciennes. Le racisme disparaîtra de lui-même. La Confédération Universelle élaborera des normes régissant les rapports du nouvel ordre politique, économique, juridique, pour le développement intégré de la planète et le droit des peuples au progrès. Le droit international veillera à la moralisation du comportement des firmes multinationales.

La recherche sera développée. Pour le tiers-monde elle n'est pas un luxe, elle constitue la première des conditions d'un développement maîtrisé localement. Son efficacité ne se réduit pas au montant des crédits ; une gestion rationnelle des ressources humaines et l'utilisation intelligente de l'aide étrangère sont les principes à adopter par la coopération.

La science réalisée par un peuple lui permet d'utiliser au mieux le milieu où il vit sans détruire les richesses ; qu'il s'agisse de l'écosystème forestier (richesses alimentaires, énergétiques, médicales), de l'écosystème aquatique et des connaissances pour adapter et créer des technologies modernes.

Des équipes de chercheurs des pays industrialisés travaillant en étroite collaboration avec des équipes scientifiques des pays du tiers-monde est la forme la plus réaliste du développement.

L'institution mondiale accélérera la formation des chercheurs et des équipes scientifiques, favorisera les relations entre les instituts occidentaux et ceux des pays en voie de développement pour supprimer les méfiances réciproques héritées des traditions coloniales.

Des échecs prévisibles auraient été évités ces dernières années si on avait écouté les chercheurs, évité les gaspillages et les découragements. Des expériences réussies démontrent qu'une politique continue, enracinée dans le national et appuyée par la coopération est possible et donne d'excellents résultats.

Cette forme de développement rend les nations plus indépendantes des impérialismes économiques, politiques et culturels. Elle contribue, par la valorisation de l'intelligence et de la culture de chaque peuple au progrès, au renouveau des connaissances mondiales.

Pour vaincre les méfiances, les rapports entre le droit international et les droits internes, les problèmes posés en termes de globalité, seront plus facile à adapter à l'évolution.

" Que penses-tu de l'intégrisme religieux et du rôle des religions pour la fraternité éternelle des Hommes ? "

Les religions ne sont pas fatalement des facteurs de persécutions, d'intolérances, de guerres. Ce sont les hommes qui se servent des religions au bénéfice de leurs ambitions égoïstes, ce sont des prêtres qui emprisonnent Dieu sous la bannière d'intolérances partisanes qu'ils proclament sacrées. Ils bénissent les persécuteurs, les absolvent de crimes impardonnables. Les Hommes crées par un Dieu Unique sont tous frères : tel est le fondement de toutes les religions. Les hommes de Dieu doivent se reconnaître, eux qui prient chaque jour pour la charité, la beauté, le pardon. Ils doivent militer pour la paix universelle annoncée depuis des millénaires, s'inspirer des Livres Sacrés et transformer les armes en charrues.

Un consensus de tous les gens de bien, conscients de leurs vertus, doit s'établir. Ils doivent prêcher la dignité de l'humain pour faire de l'humanité une communauté au perfectionnisme le plus élevé.

Le monde rêve d'une existence dont il suffirait de prendre conscience pour la conquérir. Que toutes les bonnes volontés, croyants et non-croyants, mais sachant que la créature humaine est intelligente, se donnent la main, établissent le monde nouveau, et les générations futures les honoreront pour l'éternité.

" On parle beaucoup d'insécurité, que préconises-tu ? "

La sécurité est une condition nécessaire pour l'exercice des droits démocratiques, elle n'est pas suffisante si les autres Droits de l'Homme ne sont pas respectés, la sécurité devenant l'alibi des oppresseurs. La déconnexion du politique avec l'évolution des sociétés s'accentue, provocant la colère des exclus.

L'extrémisme développant des idées courtes, des sensations primaires, les politiciens pratiquant des affrontements dépassés, ayant des rapports tendancieux avec l'argent, l'échec des occidentaux face au chômage sont les matériaux de base de la violence, donc de l'insécurité.

Notre culture est en crise. Il y a interférence entre la crise économique et culturelle. Cette crise provoque une régression du tissu familial, la régression de la réflexion, la régression de l'idéal de liberté, la régression de l'autorité. Les médias imposent leurs normes simplificatrices, nourrissant la violence à leur insu. Dans chaque cité, un ensemble d'actions cohérentes doit prendre en charge les problèmes de sécurité du citoyen dans toutes ses diversités. Il est primordial que chacun puisse circuler en ville, utiliser les transports en commun, stationner sur un parking, sans subir de préjudice physique ou matériel. Ces actions doivent développer les vraies valeurs que sont les Droits de l'Homme, rejeter toute forme de racisme, de totalitarisme ou de violence, qu'elles soient le fait d'éléments exploitant sciemment les rancoeurs des exclus au détriment d'honnêtes gens, ou des termites fascistes oeuvrant pour désagréger la démocratie. Cette politique doit associer élus, magistrats, policiers, travailleurs sociaux, associations.

Face à la violence, il faut appliquer la rigueur de la loi et supprimer à très court terme toute forme d'injustice. Une société qui permet à chacun de ses citoyens d'avoir un emploi et un logement accueillant ne suscite pas la délinquance.

Le laxisme face aux problèmes qui se posent, le manque de solidarité, l'incompréhension, engendrent les désordres. Nous sommes tous responsables. Ne cherchons pas d'excuses, trouvons des solutions.

" Que penser du surarmement actuel ? "

L'argument qu'il faut s'armer pour éviter la guerre est fallacieux. Aucune nation ne peut supporter la course aux armements sans risquer l'effondrement économique.

Les militaires reconnaissent que les armes de la " Guerre des Etoiles ", types fusées anti-missiles, rendent inefficaces les panoplies d'armes classiques constituées au prix d'énormes sacrifices pour les autres secteurs de l'activité économique ; sacrifices d'autant plus pesant pour les nations du tiers-monde qui s'appauvrissent avec du matériel classique souvent obsolète. La Confédération Universelle sera garante de l'inviolabilité des frontières. Chaque nation fournira un contingent pour former une armée nouvelle avec armement léger et une très grande mobilité, lui permettant d'intervenir rapidement en cas de manquement aux règles fondamentales de la Constitution. Chaque nation possédera des forces de police classiques pour maintenir sa sécurité intérieure.

Les dépenses militaires investies dans l'amélioration économique permettront une évolution extrêmement rapide des pays sous développés et des nations aux économies chancelantes. Ces sommes colossales, utilisées avec rigueur et intelligence, donneront les moyens de construire une société universelle de suffisance à laquelle tous les hommes, toutes les femmes, tous les enfants de cette planète accéderont, où les besoins matériels seront définitivement résolus. Ils pourront atteindre dans la dignité une plénitude culturelle, base de la convivialité pour les millénaires futurs.

La Confédération Universelle doit être instaurée le plus rapidement possible pour mettre fin à ce surarmement absurde, ruineux et dangereux.

La jeunesse du monde doit choisir entre la folie meurtrière des hommes depuis des millénaires et la raison de sa présence sur Terre. Cette jeunesse porteuse de l'humanité de demain peut, si elle en a la volonté, mettre hors de nuire les forces sataniques qui empoisonnent la race humaine.

" Ce que tu nous expliques, est-ce un rêve ? "

C'est un rêve pour toute la jeunesse, pour des milliards d'hommes et de femmes de bon sens ; mais le monde évolue et cela doit devenir une réalité. Le Gouvernement Mondial est nécessaire. La crise que nous subissons est mondiale, sa solution ne peut être que mondiale.

Il est indispensable que la nébuleuse financière, responsable de cette crise, soit sévèrement encadrée ; que les menaces écologiques sur notre planète soient très vite maîtrisées.

La réalité sera de disposer des dépenses militaires, de maîtriser, au profit de tous les Hommes, la nébuleuse financière et les paradis fiscaux. Jeunesse de tous pays, mobilisez-vous pour remplacer la loi de la jungle par le règne de l'intelligence.

Tous ensembles, crions :

EN AVANT LE MONDE !

JEAN LOUTAN

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