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UNE COUR MONDIALE DE LA DEMOCRATIE

Sous le titre "Une Cour mondiale de la démocratie", Moncef Marzouki, ancien Président de la Ligue Tunisienne des Droits de l'Homme et porte-parole du Conseil national pour les libertés en Tunisie, écrit " Une structure judiciaire supranationale et indépendante pourrait agir en cas de scrutins truqués et rappeler les États au respect des libertés".

Extraits :

"Contre les pseudo-élections, pas plus que contre toutes les autres violations de leurs droits inaliénables, les peuples sous occupation endogène n'ont aucun recours légal et politique. Ils n'ont le choix qu'entre la soumission ou la révolte qui est elle-même parfois porteuse d'injustice et de dictature. Il n'existe aucun tribunal constitutionnel national devant qui contester le régime et sa politique de brutalité et de mépris. On ne sait tout simplement pas comment répondre de façon un tant soit peu efficace à ce qui constitue visiblement une agression contre la loi internationale et, surtout, l'éthique universelle. Que doit-on faire et que peut-on faire ? (...)

" L'une des voies de recours pourrait être la création d'une structure légale internationale sur le modèle de la Cour de La Haye ou du Tribunal criminel international ayant pour vocation de se prononcer sur la légalité des élections dans tel ou tel pays.

Cette structure, que l'on pourrait appeler la Cour constitutionnelle internationale, remplirait non seulement un réel vide juridique et moral, mais jouerait à plus long terme un rôle décisif dans l'éradication des dictatures. Mais, de quelle constitution internationale un telle Cour se ferait-elle la gardienne ?

L'humanité s'est dotée depuis cinquante ans d'un corpus de principes généraux et de lois établies par le législateur universel onusien sous forme de chartes, déclarations, pactes et autres conventions. Mêmes les rares États qui n'ont pas ratifié ces texte ne peuvent prétendre les ignorer ou les considérer comme étant inférieurs par rapport à leurs lois nationales.

Les éléments clés de cette législation universelle sont la Charte des Nations unies, la Déclaration universelle des droits de l'homme (DUDH), le pacte international des droits civils et politiques (PIDCP) et le pacte international des droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC). Or la DUDH, dans les articles 18, 19, 20 et 21, le PIDCP, dans ses articles 21, 22 et 25, ainsi que le PIDESC, dans ses articles 2, 3 et 5 garantissent toutes les libertés démocratiques dont évidemment le droit à des élections transparentes. Ce corpus de principes moraux et de lois spécifiques fait aujourd'hui office de jure comme de facto, de Constitution du monde.

Autant les articles du PIDCP sont clairs et fermes sur les droits de la personne humaine et des collectivités, autant sont dérisoires les mécanismes prévus pour le contrôle et le suivi de leur application. Et pour cause, l'ONU reste encore très imprégnée d'une mentalité de syndicats des États négociant des compromis politiques au mépris des principes universellement reconnus (...)

Il est par conséquent clair que seule une structure indépendante et de type judiciaire serait à même de donner aux principes de la DUDH et aux lois fixées par les deux pactes déjà mentionnés des chances d'être pris au sérieux par des dictateurs qui ne les signent que pour les oublier aussitôt" (...)

Libération du 8 novembre 1999

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