|
||||||||
Les problèmes de santé sont des problèmes mondiaux |
||||||||
Cela fait plusieurs mois que l'on parle en Occident de l'épidémie du virus Ebola avec plus ou moins d'angoisse selon que certains de ses ressortissants sont touchés ou pas par la maladie. Guillaume Duval1 en fait état dans son éditorial d'Alternatives Économiques de novembre 2014 : « Tant que l'épidémie restait confinée en Sierra Leone, au Liberia ou en Guinée, l'émotion suscitée en Occident demeurait limitée ( ) mais avec les premiers cas apparus en Espagne ou aux États-Unis, le branle-bas de combat est devenu général ». C'est oublier des épidémies relativement récentes comme celle de choléra en Provence (France) en 1830, celle de peste en Algérie en 1945, c'est oublier que ce sont les mesures sanitaires et sociales qui ont éloigné ces grandes épidémies, c'est oublier qu'on ne peut vivre en laissant de côté une partie de l'humanité. Les pays nantis ayant un système de santé protégeant leurs riches se préoccupent moins des conditions de vie (accès à la nourriture, à l'éducation, aux soins, ) que des ressources exploitables des pays pauvres. Ainsi, vaccins, mesures de prévention, traitements n'ont sans doute pas bénéficié du budget nécessaire à la prise en compte de la maladie avant qu'elle ne devienne épidémie en Afrique subsaharienne. Depuis l'apparition du virus Ebola en 1976, il y a eu une quinzaine d'épidémies faisant relativement peu de victimes (315 lors de la plus importante d'entre elles). Selon Eric Leroy, directeur du CIRMF (Gabon)2, l'épidémie actuelle va perdurer encore 6 mois à 1 an avec de 10.000 à 20.000 nouveaux cas. Et plus le virus est répliqué, plus la probabilité de mutation est grande, plus la maladie sera modifiée avec des signes cliniques différents et donc, plus il sera difficile de mettre au point un traitement. Le bilan de l'OMS fin décembre 2014 est de 7373 victimes. Il semble que la croissance exponentielle annoncée de l'épidémie soit enrayée mais la maladie est toujours là, évolue et se propage. Comment en est-on arrivé là ? C'est en situation de sous-développement économique, parfois de guerre civile, que prolifèrent des épidémies de la sorte. « La crise Ebola est un signe de sous-développement et révèle les déplorables systèmes des distribution des soins de santé dans la plupart des pays d'Afrique qui sortent souvent de guerre ou de conflits armés » (Réseau Pan Africain sur la non-violence et la consolidation de la Paix)3 Une polémique a éclaté entre le FMI et des chercheurs britanniques4, ces derniers accusant le premier d'être responsable de la propagation de la maladie de par les restrictions budgétaires qu'il impose, ces restrictions maintenant les pays concernés en état de pauvreté et dans l'impossibilité de développer un système de santé adapté. Les conséquences de l'épidémie sont diverses et graves. Les systèmes de santé des pays d'Afrique de l'Ouest touchés, déjà défaillants, sont menacés par l'engorgement des services. Bien qu'il n'y ait aucun lien entre Ebola et le paludisme, ce dernier, qui a reculé de 47% dans le monde et de 54% en Afrique selon l'OMS, pourrait voir son traitement affecté. Il en est de même pour les autres maladies. « Ce virus ne tue pas seulement les populations, mais il est en train de répandre la peur et déstabiliser les communautés d'Afrique de l'Ouest. »3 Il est à craindre, si rien n'est fait, l'intensification des violences et des conflits pour l'accès aux soins, à la nourriture et aux semences. Enfin, certains3, s'inquiètent de ce que « cette crise médicale et humaine puisse être exploitée à des fins politiques et économiques par n'importe quel pays ou parti ». Peut-être est-il encore temps de réagir, d'appuyer ceux qui demandent l'annulation de la dette des pays en difficulté, d'exiger le respect des droits humains comme l'accès à l'alimentation, à l'éducation et aux soins. Peut-être est-il temps de prendre conscience que les problèmes de santé sont des problèmes mondiaux, qu'ils sont aussi des problèmes économiques, des problèmes sociaux et lorsque chacun aura des conditions de vie décentes, des maladies pourront émerger mais elles n'atteindront pas l'ampleur de l'épidémie d'Ebola. Peut-être est-il encore temps de se rendre compte que ce qui affecte une partie, même petite, de l'humanité affecte l'humanité toute entière et que « nous sommes tous les habitants d'un seul et même village planétaire »1. Danièle Charier Notes
|
||||||||
(sans mot de passe et depuis votre messagerie habituelle) Archives de ce forum |
||||||||
|