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45,1 - Août 1994
Trois années de guerre civile, trois mois de massacres inqualifiables, deux millions de réfugiés, et le bout de l'horreur à GOMA : le choléra.
Après la guerre ethnique de 1993 au Shaba (Zaïre), le génocide mis sous silence au Sud-Soudan, les conflits de l'ex-Yougoslavie et de plusieurs républiques sorties du giron soviétique, la guerre au Yémen, les troubles graves du Togo et bien d'autres conflits, voici aujourd'hui le Rwanda dans la plus formidable tourmente que le monde ait connue depuis Hitler et Polpot.
L'ONU, qui célébrera l'an prochain ses 50 ans d'existence, n'est pas plus capable que ne l'était la Société des Nations de résoudre un problème qui dépasse le niveau inter-national. Les Citoyens du Monde après Robert Sarrazac et Garry Davis, et tous les fédéralistes mondiaux de l'après-guerre ne peuvent s'étonner que de telles situations puissent encore exister. "Nous le peuple, nous voulons la paix que seul un gouvernement mondial peut donner. Les Etats souverains que vous représentez ici nous divisent et nous mènent à l'abîme de la guerre..." s'écriait déjà Garry Davis à la tribune des Nations Unies le 19 novembre 1948.
Au lieu de participer concrètement à la construction d'une autorité fédérale mondiale, comme l'y autorisent ses constitutions de 1946 et de 1958, la France a préféré jouer au pompier-pyromane : elle a entretenu des relations privilégiées avec un régime discriminatoire fort peu respectueux des droits de l'homme ; elle lui a accordé un énorme crédit transformé en prêt pour un équipement en armes - sans doute pour sauver égoïstement quelques emplois en France ! - et elle s'étonne du déferlement de violence ainsi provoqué. L'ONU, l'opération française dite "Turquoise" et le largage américain sont arrivés trop tard pour sauver ce qui aurait pu l'être dès les années 1970. L'étude de Danièle Charier en pages 2 et 3 "Désarmement et développement" vient fort à propos nous rappeler qu'une alternative est encore possible.
Le FONDS MONDIAL est directement concerné par la situation catastrophique de cette région africaine : que reste-t-il aujourd'hui du Centre Communautaire pour le Développement et la Formation Permanente de GICIYE, que nous avions financé en 1984 ?
Espérons encore que le Centre de Développement Communautaire de Kiringyé (sud du lac Kivu), soit préservé afin qu'il puisse produire la spiruline dont les populations avoisinantes ont tant besoin !
Daniel Durand
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