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« L’eau, facteur déterminant de la sécurité alimentaire »

entretien avec le Pr Abdelli Mohammed Mokrane

En marge des journées maghrébines organisées la semaine dernière à l’Université de Tlemcen, le Pr Abdelli Mohamed-Mokrane, expert national à la coopération allemande au Maghreb GIZ, nous parle de la problématique de l’eau en Algérie. Ces journées maghrébines organisées à l’Université de Tlemcen ont débattu de la thématique de l’eau en tant qu’enjeu de sécurité alimentaire au Maghreb. De nombreux spécialistes issus de plusieurs pays ont pris part à cette manifestation.

Quels sont les objectifs de ces journées maghrébines ?

Les journées scientifiques maghrébines en Algérie est un évènement régional qui fait partie d’une série d’évènements et activités du projet régional intitulé « Coopération régionale pour une gestion durable des ressources en eau au Maghreb (CREM) ». L’ objectif de cette rencontre est de favoriser les échanges universitaires maghrébins dans le domaine de l’eau sur les plans scientifique, technique et économique en prenant en considération l’aspect innovation. Il s’agit également d’aider les jeunes chercheurs maghrébins à valoriser leurs recherches académiques par le contact, l’échange et le partage avec les représentants du secteur économique, les partenaires institutionnels (Agence nationale des ressources hydrauliques, ANRH), la Société des eaux et d’assainissement d’Alger (SEAAL) et les structures associatives autour de la thématique principale de l’évènement. Trouver les moyens et les outils nécessaires afin de créer des espaces d’échange et d’actions concrètes en faveur d’un partenariat maghrébin stratégique basé sur la coordination, le partage de l’information et essayer de tracer des pistes de réflexion afin de trouver des solutions à des situations de blocage comme la mobilité maghrébine des étudiants et des chercheurs, l’absence de partage d’information dans la gestion intégrée des ressources en eau au Maghreb. Avoir une visibilité sur les enjeux majeurs liés à l’eau et à la question de la sécurité alimentaire tout en prenant en considération les aspects des changements climatiques, le facteur économique et les défis écologiques (sécheresse, désertification, dégradation des sols …)

L’Algérie est-elle à l’abri d’une crise d’eau à l’orée 2050 ?

Non, l’Algérie dans la situation actuelle n’est pas à l’abri d’une crise d’eau, et cela à cause des facteurs liés aux changements climatiques, aux facteurs humains et économiques. L’Algérie est un pays continent, le Sahara constitue la part la plus importante de sa superficie et de ce fait, la collecte de l’information concernant la ressource en eau demande des moyens considérables. Une crise d’eau est essentiellement liée à la gestion de l’eau et la gouvernance de l’information dans un secteur très sensible en relation avec les changements d’ordre politique, géostratégique et sécuritaire, la multiplication des conflits dans le continent africain et les pays voisins à l’Algérie sont des éléments qui nourrissent le risque d’une crise durable. Le phénomène de gaspillage dans les grandes villes, l’entretien des réseaux de distribution, la tarification, l’ouverture au partenariat public et privé mal maîtrisée peuvent présenter des défis majeurs pour les partenaires institutionnels en matière de collecte de l’information et de communication. Le manque de sensibilisation et d’application d’une approche réglementaire dans le secteur de l’eau présente, avec l’ensemble des éléments cités, un défi majeur pour les autorités et les collectivités locales.

Quels sont les enjeux et défis futurs à relever ?

Je pense que l’enjeu majeur dans la gestion des ressources en eau en Algérie est la collecte de l’information et sa maîtrise. Un système d’information national est très important afin de créer et d’assurer une coordination efficace entre les différents partenaires et un rendement économique considérable pour les structures de la collecte. Monopoliser l’information est un aspect nuisible qui ne peut pas favoriser l’échange entre les différents partenaires.

Les inondations font ravage faute de cartographie identifiant les zones inondables. Quel plan d’urgence faut-il adopter ?

Dans la gestion des catastrophes naturelles, un plan B est primordial. Ce plan de secours nécessite la disponibilité de l’information et une approche pédagogique basée sur la connaissance de la zone à risque et un personnel formé, une population sensibilisée. Dans la situation actuelle, on ne dispose pas d’une politique nationale rationnelle en matière de gestion du risque. Les inondations sont un phénomène naturel en étroite relation avec l’activité humaine, l’aménagement du territoire, les modes de construction qui sont des activités à contrôler par une approche réglementaire rigoureuse. Même avec la disponibilité d’une cartographie identifiant les zones inondables, je pense que le résultat ne sera pas efficace du moment qu’il y a un manque de conscience et une absence de mesure de risque.

La GIZ travaille en Algérie notamment pour le compte du ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ). Peut-on avoir plus de détails et des chiffres ?

La Coopération allemande au développement est présente en Algérie. Elle est très active dans plusieurs domaines en relation avec la gouvernance environnementale, les changements climatiques, le programme d’employabilité des jeunes, la gestion des déchets, l’appui à la femme et la gestion durable des ressources en eau. Les différents programmes sont menés grâce à une sorte de partenariat stratégique entre le service de coopération allemand et les autorités algériennes, dont le ministère des Ressources en eau et de l’environnement.

Quelles sont les recommandations de ces journées ayant pour thème
« L’eau, un enjeu pour la sécurité alimentaire au Maghreb » ?

Cet évènement était l’occasion aux chercheurs du Maghreb et les différents partenaires institutionnels de travailler ensemble autour de la thématique. L’eau est un enjeu de la sécurité alimentaire au Maghreb. Les principales recommandations tournent autour de la nécessite de valoriser les échanges maghrébins sur le plan de la recherche universitaire et de créer une sorte de mobilité universitaire maghrébine entre les différentes compétences maghrébines, les centres de recherche et les universités. Travailler avec les partenaires institutionnels sur la valorisation et l’échange d’informations et mettre en place un système de concertation entre les partenaires à l’échelle maghrébine. Et aussi créer des espaces permanents de coopération, d’initiatives et de suivi afin de favoriser l’échange de bonnes pratiques dans la gestion intégrée des ressources en eau .

Le Pr Abdelli Mohamed-Mokrane,
expert national à la coopération allemande au Maghreb GIZ,
à Horizons
Entretien réalisé par : Mohamed Medjahdi

Publié le 6 novembre 2016

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