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Roger Winterhalter |
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Des constats affligeants La situation du monde : Sur les 6 milliards d'habitants de la Terre, 4,8 vivent dans les pays en développement. A un bout, 928 millions n'ont pour vivre que 0,75 € par jour, 2,5 milliards survivent avec 1,5 € par jour, ce qui représente 1 369 milliards deuros. A l'autre bout, les 793 personnes, milliardaires en dollars et recensés en avril 2009, possèdent 1836 milliards d'euros. Parmi ceux-ci, les 300 plus riches possèdent plus que les 2,5 milliards d'individus les plus pauvres ! Chacun peut désormais se rendre compte que la croissance nest pas synonyme de bonheur, comme certains sévertuent encore à le clamer. Produit intérieur brut des 185 pays de la planète : Définition : Le PIB est une mesure des richesses créées dans un pays donné et pour une année donnée. Pour 2007, le PIB mondial se chiffre à : 36 908 milliards d'euros Le PIB des 20 premiers pays est de 30 513 milliards d'euros (82,52%) Alors que celui des 20 derniers est de 6,5 milliards d'euros (0,18%) Et que celui des 145 autres pays du monde est de : 6 388,5 milliards d'euros (17,3%) L'explosion des inégalités à travers le monde a atteint un tel seuil que l'équilibre social et géopolitique de la planète est menacé. La cause est avant tout la captation de la richesse mondiale par une minorité de privilégiés. Ensuite cette cause première est aggravée et surtout pérennisée par la remise en cause des systèmes fiscaux dans le monde entier. De quelque côté que l'on se tourne, il y a corrélation entre paradis fiscaux et enfers sociaux. C'est l'explosion de cette contradiction qui vient de dégénérer en crise globale inédite. Or les tenants du désordre mondial établi, s'arc-boutent pour maintenir leurs privilèges. Parmi ceux-ci, le privilège fiscal est le plus insultant parce qu'il est destiné à interdire toute redistribution des richesses. Un exemple flagrant : G20 : Forum économique créé en 1999, le G20 est censé faire face aux crises financières. La méthode préconisée est la concertation entre les Etats membres désignés selon le poids économique de chacun des 19 pays et de l'Union Européenne, alors qu'il faudrait organiser un débat sur de véritables alternatives avec tous les pays de la Planète. L'urgence proclamée le 1er avril 2009 par le G20 réunit à Londres, sur la refondation économique est... un poisson d'avril. La suppression immédiate et sans concession des paradis fiscaux est rejetée aux calendes grecques ! En créant trois groupes de paradis fiscaux on veut nous faire croire que certains sont tout à fait acceptables (notamment le Luxembourg, Monaco et Jersey). Les Pays membres du G20 + lUnion Européenne = 90% du Produit Mondial Brut (total des PIB) et 65% de la population du Globe. Les 8 pays les plus puissants qui composent le Groupe de discussion et de partenariat économique sont : Allemagne-Canada - Etats Unis- France- Italie- Japon- Royaume Uni- Russie = 61% du Produit Mondial Brut. Les mouvements altermondialistes contestent la légitimité de ce groupe constitué à leurs yeux dans l'unique objectif de diriger le monde selon les critères du libéralisme économique. Les pays riches n'ont toujours pas tenu leurs promesses daugmenter laide au développement en faveur des pays les plus pauvres. Les statistiques de laide au développement publiées par lOrganisation de coopération et de développement économique (OCDE) montrent que laide fournie par les vingt-deux pays les plus riches a baissé de 5,1 % et ce pour la première fois depuis 12 ans. Ainsi, laide totale a été ramenée à 104 milliards de dollars,(79,5 milliards d'euros) soit léquivalent dà peine un dixième des dépenses militaires dans le monde. En effet, les dépenses militaires mondiales qui se sont accrues de 6% en 2007 en glissement annuel ont bondi de 45% en dix ans. En 2007 on a noté une dépense de 1.339 milliards de dollars soit 851 milliards deuros pour acheter des armes de toutes sortes. Cela peut paraître ahurissant lorsquon sait qu1% de ces dépenses militaires suffirait à remédier à la crise alimentaire. Les 20 pays les plus pauvres : Ces 20 pays comptent 253 millions d'habitants disposant d'un revenu global de 139 milliards d'euros, alors que les 6 personnes les plus riches du monde ont accumulé une fortune globale de 136,15 milliards d'euros. Le tableau récapitulatif est fort significatif :
Curieusement, à un certain niveau, la richesse accumulée perd de son indécence pour cause d'impossibilité de comparaison. Il est à peu près impossible de mesurer ce que représente la fortune d'un Bill Gates (40 milliards de dollars). Alors, essayons de voir ce que représente 1 milliard de dollars (765 millions d'euros), c'est-à-dire quarante fois moins? Comment donner à mesurer ce que représente cette montagne d'argent ? On peut la comparer au smic par exemple. En gros cela fait le salaire de plus de 579 000 travailleurs payés sur cette base minimum légale. Lorsque nous comparons cette fabuleuse fortune de 765 millions d'euros, au revenu journalier de 1,5 euro des 2,5 milliards survivant avec aussi peu, cela équivaut au revenu quotidien de 51millions de femmes d'enfants et d'hommes (presque toute la population de la France). Mais finalement, aucun chiffre ne peut donner la mesure de l'inutilité totale d'une telle accumulation d'argent. Tout simplement parce que cela n'a aucun sens ! Nous nous sommes « amusés » à rechercher les 20 plus grosses fortunes privées du Monde. Voici le résultat de nos recherches :
Même en vivant plusieurs millénaires les possesseurs des plus grosses fortunes privées du monde, n'auraient aucune possibilité de tout dépenser. C'est tellement vrai que la fortune respective de chacun d'eux ne pouvant servir à rien d'autre qu'à la spéculation a été considérablement érodée par la crise. L'estimation la plus proche de la réalité fait état de 2 000 milliards évaporés, à jamais perdus à cause de la crise financière récente. La première réaction consiste à dire que c'est bien fait pour eux. Que cela ne nous fait ni chaud ni froid. Cette réaction est finalement mauvaise car si cet argent au lieu d'être inutilement destiné à se reproduire de plus en plus, avait servi à des activités de satisfaction des besoins de l'humanité, il aurait vraiment été utile. Avec ces 2 000 milliards, combien d'écoles et d'hôpitaux, combien de réseaux d'eau et d'assainissement, combien d'aides aux pays pauvres, de soutien à la formation, à l'emploi... Bref combien de choix utiles et profitables au plus grand nombre ? Ne faut-il pas que l'absurdité cesse ? En admettant que chacune et chacun des 793 milliardaires en dollars recensés conserve 1 milliard pour les besoins de sa famille soit 765 millions d'euros. 793 X 765 = 607 milliards d'euros à soustraire des 1 836 milliards d'euros possédés par ces 793 plus grosses fortunes. Ainsi, peuvent être immédiatement disponibles 1 229 milliards d'euros, pour répondre aux besoins les plus urgents de l'humanité. A titre de comparaison, notons que le FMI en avril 2009 a consenti une aide supplémentaire de 20 milliards de dollars (15,3 milliards d'euros) aux pays pauvres ! Pour recueillir le don de 1229 milliards d'euros, un organisme spécifique est créé sous le nom de Banque de l'humanité solidaire. Un comité mondial d'éthique le préside et en assure le contrôle. Il est composé des prix Nobel d'économie, de la Paix, de Médecine et de Littérature des cinq dernières années. Son renouvellement est de un cinquième tous les ans, à raison d'un remplacement par collège. Les plus anciens laissant la place aux nouveaux promus. Certains considèrent à juste titre que le revenu maximum de chaque individu devrait être plafonné à 30 000 euros mensuels. Afin de ne pas nous exposer à une accusation de scandaleuse spoliation, la proposition faite à chaque milliardaire en dollars est d'en conserver 1 seul. Pour une bonne partie d'entre eux cela signifie tout simplement que rien ne changera. En effet, sur les 793 milliardaires recensés, 93 n'ont que 1 milliard et 54 autres 1,1 milliard ! L'effort pour tous ceux-là est tout à fait indolore. Mais c'est le geste qui compte (surtout quand il n'y a pas de geste du tout). Le tableau ci-contre établi la réalité du niveau de vie de tous ces gens et leur revenu potentiel, en n'utilisant que les intérêts produit par le placement de leur capital au taux de 1,75%. Cet alignement solidaire sur les revenus du livret A ne peut pas non plus, être considéré comme une spoliation. Ou alors tous les titulaires de ce pécule produit par leur épargne sont spoliés. Personne n'ose le penser. Il reste qu'avec plus d'un million d'euros par mois, l'horizon n'est pas vraiment bouché. Comment vivre avec 765 millions deuros ? L'argent donné pour servir les besoins de l'humanité sont par nature soustraits à toute tentation spéculatrice. En conséquence, le Gouvernement français, ayant considéré que l'épargne populaire placée sur le livret A ne méritait pas plus de 1,75% d'intérêt, chaque dépôt de 765 millions d'euros sera gratifié solidairement du même taux de 1,75% d'intérêts ! 765 millions à 1,75% = 13,4 millions d'euros par an soit 1,1 million par mois (840 smic) sans toucher au capital ! Les 10% de Français les plus aisés possèdent 45% de la richesse nationale produite, et leurs revenus sont neuf fois plus élevés que ceux des 10% les plus pauvres qui ont moins de 900 euros mensuels. Si la moitié des ménages possède moins de 90 000 euros, les 50 premiers patrons, ont une rémunération moyenne de 310 fois le Smic. A la tête de ce palmarès on atteint ou on dépasse 1000 Smic, voire 2000. En dix ans, le patrimoine des 500 plus grosses fortunes de France a triplé et progressé trois fois plus vite que la richesse nationale. Il est désormais établi que la pauvreté à un pôle de la société n'est pas sans rapport avec la richesse économique démesurée à l'autre extrémité. Le seuil de pauvreté en France est atteint par toute personne disposant de moins de 681 € par mois. Selon les modes d'estimation il y a en France entre 4 et 8 millions de pauvres (de 7,1% à 13,2%) dont 1,7 million de travailleurs pauvres ! Ce cadeau aux plus riches représente 3,7 fois le budget des Zones d'Education Prioritaire (ZEP), le quart du budget de l'enseignement supérieur et le coût de 18 000 logements sociaux ! (selon l'Observatoire des Inégalités) 1 Avec la loi dite en faveur du travail, de l'emploi et du pouvoir d'achat (TEPA) adoptée en août 2007, une réduction d'impôts (2 milliards d'euros en 2008) profite aux détenteurs de gros patrimoines. 2 Le dispositif ISF.PME, permettant un allégement d'impôt sur la fortune pour toute participation au capital d'une PME, a coûté 600 millions d'euros. 3 Le bouclier fiscal a coûté plus de 458 millions d'euros, qui auraient pu être utilisés en faveur de la solidarité collective, à l'éducation et au logement. En 2008, la loi TEPA a coûté 7,7 milliards d'euros à l'Etat ! Face à cela, à cette indécence, à ce non-sens, laissons le soin à Riccardo Petrella, professeur à l'université catholique de Louvain (Belgique) de conclure. Ce Professeur estime que : le temps est venu de déclarer illégale la pauvreté, de la mettre au ban de la société sur la base du principe que personne n'a le droit d'être pauvre, principe qui a été à l'origine de la construction de l'Etat - providence. Déclarer illégale la pauvreté signifie concrètement abroger les dispositions législatives et administratives qui alimentent ses mécanismes de production et de maintien dans le monde y compris dans les pays développés.
Cest le système libéral du capitalisme mondial qui écrase la planète et son environnement. On nous fait croire quil faut de la croissance, quil faut accumuler des richesses pour pouvoir distribuer des surplus alors que la croissance économique nuit à lenvironnement. En dautres termes ce sont des < miettes que lon donne aux pauvres >. Et pourtant, avec 2% de croissance jusquen 2050, il va falloir 30 planètes. Malheureusement tout le monde semble admettre que nous sommes voués à accepter des lois immuables qui consistent à dire le plus souvent :
On a tendance à donner à largent et au capital, priorité sur lhumain en omettant de préciser que la monnaie, que largent nest rien dautre quun déclencheur dactivité. Aujourdhui, nous pouvons dire que lon assiste à une faillite du système et non pas à une crise. Un système basé sur lexploitation de lHomme par lHomme, un système qui oblige des êtres humains sous prétexte quils sont des facteurs de production à vendre leur force de travail, un système ou tout sachète pour être vendu le plus cher possible, un système ou on spécule et ou la croissance et la compétitivité semblent être les facteurs essentiels.
Notre empreinte écologique est-elle insoutenable ? Lempreinte écologique
dune population cest la surface de la
planète, exprimée en hectares, dont cette
population dépend, compte tenu de son mode de vie,
pour ses besoins en produits du sol (surfaces pour
lagriculture, la sylviculture) et en zones de
pêche ; en terrains bâtis ou
aménagés en forêts capables de recycler
les émissions de CO2 (empreinte énergie) et
plus généralement en surfaces
dabsorption des déchets. Par exemple,
lempreinte moyenne dun Français est de
5,3 hectares. Pour un Américain, on obtient 9,7
hectares, record du monde !!! Ces hectares sont «
empruntés » dans lensemble du monde, le
plus souvent sans contrepartie. Noublions pas aussi lenjeu climatique car les émissions de gaz à effet de serre issue des activités humaines sont responsables de laugmentation des températures sur la terre et dans la mer. Ces hausses de températures sont réparties inégalement sur toute la surface du globe, et leurs estimations varient entre 1,8°C et 4°C à lhorizon 2100. Voilà pourquoi les 3 piliers de la croissance sont insoutenables, car basés sur :
On peut ajouter à ces 3 piliers, les catastrophes qui sont comptabilisées positivement dans le produit intérieur brut(PIB) par exemple la reconstruction dun pays après une guerre, un tremblement de terre. Lexemple de lErika vient corroborer cette vision : < la pollution est bonne pour la croissance mais pas le nettoyage des plages par des bénévoles > ;Il faut donc inventer de nouveaux indicateurs de développement L indice de développement humain ou IDH est un indice statistique composite, créé par le Programme des Nations unies pour le développement en 1990, évaluant le niveau de développement humain des pays du monde. Le concept du développement humain est plus large que ce qu'en décrit l'IDH qui n'en est qu'un indicateur, créé par le PNUD pour évaluer ce qui n'était mesuré auparavant qu'avec imprécision. L'indicateur précédent utilisé, le PIB par habitant, ne donne pas d'information sur le bien-être individuel ou collectif, mais n'évalue que la production économique. En moyenne on retrouve les trois principaux indicateurs :
Par ailleurs, on peut imaginer qu à côté on retrouve dautres indicateurs tels la participation des femmes, la pauvreté humaine c'est-à-dire les variantes incluant probabilité de décès avant 60 ans, illettrisme,% de personnes en dessous du seuil de pauvreté,% de chômeurs de longue durée et enfin le développement technique. Une autre manière de concevoir le marché, la société, est-elle possible? Inutile de chercher très loin la réponse à cette question. Il suffit dappliquer, de respecter la déclaration des Droits de lHomme et dadmettre que le patrimoine de lhumanité est composé dun ensemble déléments qui sont : la terre, la nature, le savoir. Curieusement on ny trouve pas lavoir, qui est une invention cupide de lhomme. La société dans son ensemble a lusufruit de ses éléments et la charge de le transmettre aux générations futures en améliorant si possible ce patrimoine. Ce qui suppose évidemment que :
Là encore, le plus important cest le lien social qui importe : < Lien plus important que le bien > Une gestion de la pénurie, de lexclusion et de la précarité nest plus efficace : il faut faire avec les autres et non pas pour eux. Très concrètement, peut-on imaginer une entreprise dans le cadre dune économie au service de lHomme ? Une autre économie au service de lhomme : une économie solidaire, distributive Lentreprise déconomie solidaire En fait, il faut que lentreprise dEconomie Solidaire soit la brique de base dune nouvelle société. Voilà pourquoi, face à cela, il faut inventer léconomie sociale et solidaire fondée sur la libre entreprise des hommes. Mais en fin de compte, quentendons-nous par une Economie au service de lhomme ? Une économie véritablement solidaire, qui facilite les échanges et empêche la spéculation. Mon ami Lucien Pfeiffer (inventeur du crédit-bail) nous invite tout dabord à définir lentreprise capitaliste telle quelle existe actuellement et le système monétaire qui en découle. Rappelons-nous quune entreprise, quelle soit dailleurs capitaliste ou autogestionnaire, suppose une équation économique universelle : le résultat étant la différence entre le prix de vente et le prix de revient. Cette évidence est incontestable. Mais ce qui caractérise lentreprise capitaliste, cest que le prix de revient est composé par ce quon appelle des facteurs de production dont, entre autres, la force constituée par les travailleurs. On appelle cela la force de travail, et cette force de travail cest lusage des travailleurs, que les détenteurs du capital achètent.
Voilà le fondement même du capitaliste : les travailleurs vendent leur force de travail et les détenteurs du capital achètent le moins cher possible ; en un mot lindividu est pris en considération en fonction de ce quil a. Quant aux propriétaires, aux patrons, ils sapproprient les résultats en mettant le coût du travail, cest-à-dire les salaires dans les frais généraux. En fait, lentreprise solidaire inverse les rapports de lentreprise capitaliste, ici les travailleurs achètent lusage du capital ; ici lobjectif est le profit défini collectivement dans le cadre duquel lindividu est pris en considération à partir de ce quil est et non pas de ce quil a. Dans les régimes capitalistes, le résultat va au capital et le prix de lusage des travailleurs est un élément du prix de revient, alors quen économie solidaire, dans le cadre dune société soucieuse de réaliser le bien commun, le prix dusage du capital se retrouve dans le prix de revient et les résultats vont aux travailleurs associés. Pour aller dans ce sens, pour réaliser ces objectifs, cela suppose à la fois :
Dans cette perspective, les coopératives ouvrières ont été les précurseurs de ce type dentreprise, avec toutefois un bémol, en ce sens quelles ont été contraintes de se couler dans le moule de la société de capitaux pour avoir une existence légale. La formule des SCIC (Société Coopérative dIntérêt Collectif) se rapproche plus des objectifs de léconomie sociale et solidaire, tout en sachant quil nest pas toujours évident de les faire fonctionner. Les différents groupes qui constituent la SCIC vont peut être saffronter, paralyser le fonctionnement, mais là encore il faut expérimenter, mesurer les limites et les possibilités, tirer les conclusions, amender si nécessaire. Le développement des SCIC permettra de ne pas abuser du droit de propriété et dassocier lensemble des citoyens travailleurs et consommateurs. Néanmoins, ces expériences se situent dans le cadre dune société dominée par le profit, elles ont le mérite dexister, de démontrer quune autre manière de travailler, dentreprendre, de produire est possible. Ces expériences, si elles ne se limitent ou ne se contentent pas à gérer la pénurie et lexclusion, sont porteuses dun projet plus vaste ou lentreprise est là pour produire, pour rendre des services, en fonction des besoins exprimés par les hommes et femmes qui vivent sur notre planète, et avec le souci permanent de la respecter. Il est important de noter que le changement politique ne suffira pas pour changer la donne au niveau de lentreprise déconomie solidaire et dadmettre même que largent reste un moyen et non un but. En dautres termes, il ne suffira donc pas de voter mais de prendre le pouvoir économique : introduire le droit de blocage pour les minorités, réintégrer la notion dintérêt général dans léconomie, remplacer la notion de rentabilité par celle déquilibre budgétaire, maintenir la notion de service public et la développer et enfin déprivatiser la création monétaire. En résumé, cela suppose :
Mais le secteur informel, dans tout cela ? Le secteur informel est représenté à la fois par le secteur privé et le secteur public. Néanmoins il faut avouer que lactivité se situe essentiellement dans ce quon appelle, le secteur informel, non rémunéré ; ce secteur correspond à environ 75% de lactivité. En fait il sagit de toute une foule dactivités au service de ses membres, qui nont absolument rien à voir avec le système formel de vendeur de biens et de services et de réalisation dexcédents ou de bénéfices. Il sagirait en fait de compte dactivités véritablement solidaires et autogestionnaires qui ne peuvent et ne veulent être prises en compte par les entreprises classiques. Dans ce secteur, on a souvent limpression que les gens interviennent individuellement et ont coutume de dire <<la famille me suffit>>. A première vue, cette approche apparaît comme étant logique, pleine de bon sens, car tout le monde semble reconnaître la famille comme cellule de base de la société. Toutefois on se rend très vite compte des limites de cette famille étriquée, repliée sur elle-même : elle na aucune vision universelle et aucune initiative ne peut donc en sortir, cest souvent un égoïsme familial collectif qui nest pas porteur dalternative. Il sagit ainsi donc dintervenir dans ce secteur informel pour faire éclater cette économie familiale en créant des réseaux pour permettre des échanges, susciter des expérimentations, faire lapprentissage de relations sans argent, de don et de contre-don, de solidarité, dinitiative. A ce titre, les expériences sur les monnaies solidaires et distributives paraissent intéressantes. Il convient de rappeler les expérimentations menées en Argentine, au Brésil et plus près de nous en Allemagne et en Suisse. A quoi servent les monnaies complémentaires, les plus, les sols ? En effet, il existe aujourd'hui de multiples expériences de monnaies complémentaires dans lesquelles, pour faire face à la rareté ou à l'absence d'argent, se sont élaborés différents instruments d'échange. Ce chantier est dédié tout particulièrement à l'étude des formes qui permettent le contrôle social et visent à mettre en évidence les possibilités d'une "autre forme économique", dans un premier temps complémentaire à l'économie formelle, mais capable de renforcer à terme le secteur de l'économie dite solidaire et de proposer la construction d'un nouveau paradigme d'organisation sociale. Actuellement, on constate que le système monétaire actuel dysfonctionne et que la monnaie ne remplit plus correctement la fonction déchange, la fonction réserve de valeur a pris le pas sous forme de spéculation face aux fonctions dunité de compte et de valeur déchange : le lien est devenu un bien : la monnaie considérée comme richesse est accumulée. Et cest ainsi quest né, par exemple, le SOL : une monnaie complémentaire électronique. Le sens du projet SOL repose tout dabord sur le constat des dysfonctionnements du système monétaire actuel. Ainsi le sol se veut être un outil pour développer des échanges qui ont du sens, et il donne des objectifs ambitieux :
On peut donc dire que le secteur informel est propice à des initiatives alternatives et porteuses despoir, là aussi il sagit dinventer, dimaginer un statut associatif permettant à des partenaires solidaires dautogérer des activités hors circuit marchand. En guise de conclusion provisoire, nous pouvons dire que :
Parlons également un peu de léconomie distributive Cette économie permet une vraie liberté dinitiative, elle est évolutive. Les choix se font par des consultations démocratiques au niveau le plus local possible et en privilégiant au maximum les modes participatifs. La répartition des revenus se fait par un revenu social, un revenu dexistence qui est un réel partage équitable des richesses, de la naissance à la mort, comme usufruit de léconomie de lénorme patrimoine que nous trouvons en naissant, patrimoine qui est le fruit dune uvre collective. Le partage du travail qui est ici enfin possible puisque le revenu ne dépend plus du temps de travail. Avec une monnaie distributive, de consommation, basée sur les bien et services disponibles sur le marché qui sannule lorsquon sen sert, ici la monnaie redevient un simple pouvoir dachat, avec lequel on ne peut plus spéculer ! Léconomie distributive permet de gérer labondance, la fabrication des biens et des services se fait en fonction de la demande comme cela se fait aujourdhui mais sans linfluence mercantile : le commerçant conseillera en fonction de lintérêt des gens et non plus en fonction de la commission sur la vente, les prix seront calculés en fonction des matières premières, du temps de main duvre, de la rareté et des impacts écologiques et non plus en fonction du profit de lactionnaire, la propriété privée laisse place à la Propriété dUsage, améliorant la tranquillité de beaucoup de gens qui avaient du mal à sen sortir quotidiennement. Et .vous ? Et nous ensemble ? Face à la crise, le fatalisme, le découragement et limmobilisme seraient mortifères, car peut-on moraliser ce qui est immoral, tolérer ce qui est intolérable ? Il faut crier haut et fort (comme lont fait en France les millions de manifestants, le 29 janvier et le 19 mars 2009), quun autre monde est possible et que nous refusons de nous taire et de nous laisser enfermer dans un système de gouvernance ou quelques-uns décident pour tous. Nous devons refuser une société tirée vers le bas, cest contraire à la grandeur et à la dignité de lhomme : lhomme doit être placé au centre de toute décision économique. Une grande incertitude pèse sur la trajectoire de léconomie mondiale. Le point de départ dun plan durgence sociale passerait ainsi donc par une défense de lemploi contre les licenciements par linterdiction des licenciements par des entreprises rentables, création massive demplois publics socialement utiles et répondant aux besoins sociaux. Il faut socialiser non pas les pertes des entreprises, mais socialiser les investissements et créer les mécanismes de contrôle de la population qui doit elle-même faire les choix des investissements à faire dans cette société. Il faut partir du principe que les ressources de la planète devraient être gérées avec prudence, avec le souci permanent des générations futures, lentreprise un espace ou les uns et les autres retrouvent le plaisir dentreprendre, se partagent les tâches, les responsabilités et le pouvoir et produisent des biens, de services utiles à la population. Aussi les activités informelles, les actes gratuits, les notions de services doivent être encouragées et développées : le travail doit être considéré comme un service civique rémunéré par un revenu spécifique ce qui offrirait à tout un chacun un revenu dexistence un ticket pour la vie auquel tout être humain à droit sur cette terre. Ainsi donc on prend conscience que les affaires du monde sont les affaires de tout le monde ; quil sagit en effet de permettre à chaque individu de sépanouir pleinement dans le respect, dans le souci de réaliser le bien commun de vivre ensemble. Ce vaste programme peut sembler utopique, irréaliste dirons certains. Mais ce nest quaprès avoir compris, analysé, imaginé dautres solutions, compris que la croissance et la compétitivité ne sont pas des passages obligés, quil faut commencer aujourdhui et sans plus tarder à expérimenter, en évitant de tomber dans le piège de la gestion de la précarité et en ayant conscience de nos possibilités et de nos limites. Cela suppose bien évidemment de multiples expériences . Et ne loublions pas, ne loublions jamais : Il faut oser aller à CONTRE-COURANT, il faut RESISTER, il faut ANALYSER, PROPOSER, EXPERIMENTER, il faut ARRETER DEN PARLER et FAIRE. |
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