Je refuse que la
guerre sinsinue dans nos curs comme une
ombre silencieuse.
Je refuse que la jeunesse devienne
un tribut, que ses rires séteignent sur
des pierres froides, que ses mains restent vides
devant labîme des canons. Je refuse que la
mémoire serve à excuser
linexcusable, que le sang des innocents
nourrisse la fureur des puissants.
« La guerre est
léchec de lhomme, la faillite de
lesprit », disait Jean
Jaurès.
Ces mots traversent le temps comme
une flamme fragile mais invincible. Boris Vian, avec
son ironie douce et lumineuse, nous rappelle que dire
non est un acte de courage : « Je ne veux pas la
faire, votre guerre. » Nous entendons leur voix
et elles nous portent au-dessus de la peur, au-dessus
du tumulte, vers la clarté des jours
possibles.
Nous ne planterons pas de
stèles pour ce que nous aurions pu
éviter. Nous ne célébrerons pas
la mort comme un triomphe. Nous voulons les champs
intacts, les rivières libres, les villes
ouvertes sur le ciel, les enfants qui rient sans
craindre les éclats des armes. Nous voulons les
mains qui se tendent, les regards qui se croisent, les
paroles qui consolent et élèvent. Nous
voulons la vie, fragile et puissante, humaine et
libre.
La paix nest pas un
rêve. Cest un combat silencieux, quotidien
et obstiné. Elle se conquiert avec la patience
des fleuves, la ténacité des graines, la
force tranquille de ceux qui refusent de céder
à la peur et à la haine. Elle exige que
nous regardions lautre comme un frère,
que nous fassions trembler lombre avec la
lumière de nos gestes, que nous
bâtissions le courage à la place des
armes.
Nous marchons pour que
lhistoire ne se répète pas dans le
sang. Nous marchons pour que la mémoire des
morts serve à protéger les vivants et
non à excuser de nouvelles hécatombes.
Nous marchons pour que chaque sourire
préservé devienne une victoire, pour que
chaque main tendue devienne un monument.
Et si le monde vacille, si le
fracas des armes sélève et que les
puissants appellent à la tempête, nous
resterons debout. Nous marcherons dans le souffle des
vivants, le cur ouvert, la conscience ardente,
la raison intacte. Nous proclamerons avec toute la
force des océans et la douceur des
étoiles :
Non à la guerre.
Non aux stèles et aux tombes
que lon pourrait éviter.
Non à la peur qui enferme
lhomme dans la haine.
Oui à la vie. Oui à
lespérance. Oui à la
fraternité.
Oui à lhomme qui tend
la main et non le poing.
Oui à
lhumanité.
Nous refusons que la colère
devienne arme, que la douleur devienne justification,
que lorgueil devienne sacrifice. Nous voulons un
monde où le courage se mesure à la
fidélité, à la vie, où la
grandeur dune République se compte dans
la dignité quelle offre à chaque
être humain. Nous voulons que la politique
retrouve sa raison première : protéger,
unir, élever lhomme plutôt que le
briser.
Que nos villes restent refuges et
non forteresses, que nos vallées soient chemins
et non tranchées, que nos enfants grandissent
dans la lumière et non dans la peur. Que nos
mains restent ouvertes, nos curs vigilants, nos
esprits éveillés. Que jamais la fureur,
lorgueil ou la haine néteignent le
feu sacré de lhumanité.
Nous nassassinerons pas
lavenir.
Nous nabandonnerons pas la
vie.
Nous marcherons, avec la patience
des fleuves et laudace des étoiles,
jusquau jour où le dernier canon se tait
et où le dernier tombeau reste vide.
Et dans ce monde que nous voulons,
chaque vie sauvée sera un monument, chaque
sourire préservé sera une victoire, et
chaque main tendue sera plus noble que toute
stèle. Le véritable triomphe nest
pas de vaincre par la guerre, mais de protéger
la vie, délever lesprit et de
défendre la beauté fragile mais
invincible de lhomme.
Comme Victor Hugo
lécrivait : « Il y a dans chaque
cur un jardin que la guerre ne peut
détruire ; semons-y lespérance, et
la paix fleurira pour tous. »