Citoyennes et Citoyens du Monde,
représentantes et représentants
d'organisations mondialistes, je vous souhaite la
bienvenue à la première session de
l'Assemblée consultative auprès du
Congrès des Peuples.
Aujourd'hui n'est pas un jour comme les autres ; c'est
le moins que l'on puisse en dire. Aujourd'hui, un nouveau
pas va être franchi vers l'accomplissement du but
historique des Citoyens du Monde - la création
d'une démocratie mondiale.
En 1949, la création du Registre "
international " des Citoyens du Monde, comme il se
nommait à l'époque, ouvrait la voie
à la constitution, pour la première fois
dans l'histoire de l'humanité, d'un corps mondial
de citoyens. Vingt ans plus tard, en 1969, se tenait la
première élection transnationale de
l'histoire - la première élection du
Congrès des Peuples, créé en 1963
par le Congrès de Bruxelles. Aujourd'hui, 17 avril
2004, en notre présence à toutes et
à tous, une troisième organisation voit le
jour, une organisation qui, à l'enregistrement de
citoyens et à la démocratie
élective, ajoute à présent la
démocratie participative, système dont la
mise en uvre est sans précédent dans
l'histoire de la politique mondiale.
L'Assemblée générale de l'ONU
permet aux Etats membres de faire entendre leur voix et
de décider de la politique de cette organisation.
Malheureusement, l'année précédente
nous a montré, d'une manière aussi tragique
que consternante, qu'il s'agit là d'un principe
dont la mise en uvre dans les faits est loin
d'être toujours acquise. Le Forum économique
mondial - celui de Davos, bien entendu - permet aux plus
puissants de se rencontrer et de s'exprimer, laissant
à la porte les habitants de la planète
Terre qui ne disposent ni de l'argent ni du pouvoir qui
leur permettraient de se faire entendre.
Les Forums sociaux mondiaux ont appris au mouvement
citoyen, ainsi qu'à ceux qui se disent "
altermondialistes ", à mettre en commun leurs
expériences et à faire entendre leur voix.
Le nom de Porto Alegre reste dans toutes les
mémoires comme celui du berceau de cette forme
existante, tant bien que mal, de démocratie
mondiale. Mais un Forum social a un début et une
fin. Tôt ou tard, chacun plie bagages et on se dit
" à la prochaine fois ". Il n'existe aucune
structure permanente d'échange et de construction
pour le mouvement citoyen mondial.
Depuis sa création, le Congrès des
Peuples représente une première forme de
démocratie mondiale, sous la forme d'une
assemblée élue. Après les
disparitions successives de ses plus éminents
dirigeants historiques, Guy et Renée Marchand, le
Congrès des Peuples s'est trouvé " en panne
", comme tétanisé, incapable de se
mobiliser. Quelques mois seulement après le
départ de Renée Marchand, les
Journées d'Etudes de Dabo créaient le
Comité au Soutien au Congrès des Peuples,
qui s'est réuni voici un peu plus d'un an à
Dijon, décidant à cette occasion de
convoquer une Session plénière qui s'est
tenue en ce lieu même en octobre dernier.
Un Comité exécutif a été
élu, ainsi qu'un Secrétaire
Général et un Secrétaire
Général Adjoint. Mais plus encore, à
la " chambre élue " que représente le
Congrès des Peuples, les participants ont
ajouté un forum d'associations et d'individus, un
laboratoire d'idées, et ainsi, redonné vie
à un Congrès des Peuples qui ne demandait
qu'à fonctionner. Par là même, les
participants de la Session plénière ont
créé ce " forum social permanent " qui
manquait au monde, et qui porte désormais un nom,
celui d'Assemblée consultative auprès du
Congrès des Peuples.
Une fois encore, les Citoyens du Monde, et avec eux
tous les mondialistes, sont à la pointe du
progrès en matière de démocratie
mondiale. Je souhaite que chacune et chacun d'entre vous
prenne conscience de l'honneur qui lui est fait de se
trouver ici aujourd'hui, ainsi que de la
responsabilité qui est collectivement la
nôtre de faire vivre l'Assemblée
consultative. C'est un événement majeur
auquel nous assistons aujourd'hui. Tous ensemble, faisons
de lui ce qu'il mérite d'être : l'acte
fondateur d'une nouvelle époque dans
l'avancée vers la démocratie mondiale que
réclame le monde avec encore plus d'insistance
depuis la fin de la guerre froide.
Les fondateurs du Registre des Citoyens du Monde
étaient des pionniers. Ceux du Congrès des
Peuples le furent également. Aujourd'hui, le
flambeau nous est passé. Sachons nous montrer
dignes de l'héritage qui nous est ainsi transmis,
et, par notre effort collectif, faisons que l'histoire
retienne la date du 17 avril 2004 comme celle à
laquelle ici, dans la salle de La Libre Pensée, 10
Rue des Fossés Saint-Jacques à Paris, en
France, les citoyens de bonne volonté de la
planète Terre, jusqu'ici contraints au silence,
ont trouvé à qui parler. Merci.
Bernard Henry