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Il aimait raconter qu'étant jeune universitaire au Caire et à Paris au sortir de la deuxième guerre mondiale, il avait suivi avec passion, comme beaucoup d'autres de sa génération, la naissance en 1945 de la toute nouvelle Organisation des Nations Unies, l'ONU. et l'adoption par son Assemblée générale en 1948 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, la DUDH. Avait-il alors le pressentiment du rôle qu'il serait appelé à y jouer près de 50 ans plus tard ? Entre temps, le voilà, cultivé et juriste érudit, diplomate et homme politique au service de son pays, l'Egypte. Mieux : il y acquiert une véritable envergure d'homme d'État quand, avec son homologue Moshe Dayan, il est le principal artisan des accords de paix israélo-égyptiens qui sont signés en 1979 par Anouar el-Sadate et Menahem Begin. En 1992, il est le premier Secrétaire général des Nations Unies africain, et il mandate dès 1993 un Groupe de travail indépendant pour réfléchir à l'avenir des Nations Unies au tournant du XXIème siècle. Le paradoxe interne de l'ONU a eu raison de ce groupe de travail : l'ONU de 1945 n'étant qu'une association d'Etats souverains et indépendants, elle ne pouvait guère aller très loin par elle-même pour affronter les défis planétaires du XXIème siècle. Exit donc la réforme et bientôt le Secrétaire général lui-même, qui avait voulu marquer trop d'indépendance vis-à-vis des États-Unis. Il s'est vu refuser pour cela un 2ème mandat de Secrétaire général de l'ONU. Il se consolera en acceptant la Présidence de la Francophonie, où il excelle. Mais il persiste à penser que l'ONU doit évoluer, et dans une interview à France Inter à l'occasion du 60ème anniversaire de la DUDH, il déclare : " Il faut que les États membres de l'ONU acceptent la démocratie, il faut que l'ONU évolue vers sa troisième phase. La première, l'ONU-1, a été celle de la Société des Nations, la SDN. La seconde, l'ONU-2, est celle de l'actuelle ONU, l'ONU de 1945. La troisième doit venir. Sinon, la planète restera le champ clos des rivalités politiques entre les nations ". Derrière la a simplicité du propos, quelle lucidité, et quelle habile et diplomatique présentation du chemin à parcourir ! C'est ce qu'a très bien exprimé Irina Bokova , la Directrice générale de l'UNESCO, lors de ses funérailles au Caire le 18 février 2016** : " C'était un véritable humaniste, qui croyait aux droits inhérents et à la dignité de chaque femme et de chaque homme, membres seule et même humanité. Il incarnait les valeurs d'un véritable Citoyen du Monde. " Mais au moment de franchir le pas, et de s'engager avec ceux qui sont résolus à doter la Communauté mondiale des seules Institutions qui sont à même d'assurer maintenant le maintien de la paix , la préservation de l'environnement, et le développement solidaire des nations, il a sans doute eu le réflexe qu'ont malheureusement beaucoup d'hommes politiques de sa génération, et tous ceux qui ont été formatés au service de leur État : oseraient-ils remettre en question le principe de la souveraineté absolue des Etats-nations ? Et pourtant il le faut ! AMIP - 11 avril 2016 * DUDH : Déclaration Universelle des Droits de
l'Homme. 10 décembre 1948 Source "Le
prodigieux pouvoir des Citoyens du Monde", |
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