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Une Economie Solidaire et Distributive
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1) Des constats

 Pauvreté au sud : 32% des habitants des pays en transition vivent avec moins de 4$ par jour

 Si l’on choisit comme indicateur de la pauvreté, le nombre de personnes vivant avec moins de 2$ par jour, les chiffres publiés par la banque mondiale nous informent qu’ils étaient 2,72 milliards en 1990 et encore d’avantage en 1999.

On entend par pays de transition les pays qui sont passés de la dictature à la démocratie, du communisme à l’économie de marché, et de la guerre à la paix. Notons bien que dans ces pays, la pauvreté à des causes diverses, voire structurelles. La pauvreté ne se mesure pas uniquement par la faiblesse du revenu disponible ou de la consommation journalière. Il est facile d’énumérer la liste des autres indicateurs de la pauvreté : espérance de vie à la naissance, taux de mortalité des jeunes enfants et celui des mères des suites de l’accouchement, accès à l’éducation, taux d’analphabétisme, accès à l’eau potable…

 On assiste surtout à une féminisation de la pauvreté qui devient très importante à cause des transformations politiques, économiques et sociales.les femmes n’ont pas accès au pouvoir, elles ne disposent pas de ressources économiques comme le crédit, la propriété foncière, la succession etc. Il existe donc bien une persistance de la pauvreté qui pèse de plus en plus sur les femmes. Toutefois l’absence de ressources économiques n’est pas seule responsable : l’insécurité alimentaire est à noter aussi. De plus on a le tabagisme qui aggrave la pauvreté des individus et des familles :(84% des fumeurs vivent dans des pays en transition) ; les dépenses consacrées à l’achat de tabac sont assez importantes et pourraient être attribuées à d’autres dépenses prioritaires tel le logement, l’alimentation… ces individus sont plus exposés à des risques d’éventuelles maladie telles que le cancer des poumons et autres encore, et des difficultés à payer les soins nécessaires.

On remarque que la pauvreté n’est pas née de la mondialisation néolibérale et qu’elle doit s’analyser comme s’intégrant dans un système en même temps que dans ce qui s’y oppose. La pauvreté ne pourra être combattue qu’à plusieurs niveaux d’espace, il faudrait poser la question de la pauvreté en terme de stratégie c'est-à-dire lier l’action immédiate à des objectifs à long terme.

Gaspillage au nord

Dans les pays riches du nord, 12 milliards de dollars sont dépensés tous les ans pour les parfums en Europe et aux USA : 50 milliards de dollars sont consommés en cigarette par an seulement en Europe. Tous les ans en Europe et aux Etats Unis 14 milliards de dollars sont dépensés pour l’achat d’aliments pour les animaux domestiques. Toutefois, on remarque l’attribution toujours de sommes exorbitantes dans d’autres domaines que ceux de la parfumerie et de l’alimentation pour les animaux domestiques. Jusqu’à maintenant, les modes de consommation non durables ont été en grande partie l’apanage des pays industrialisés du nord qui consomment toujours une part disproportionnée des richesses naturelles du monde tout en produisant une part tout aussi excessive de la pollution mondiale. L’on ne peut parler de gaspillage au nord sans parler de gaspillage alimentaire : il nous arrive à tous de jeter de temps à autres des denrées alimentaires, ce sont les petites hontes du quotidien à côté desquelles nous avons les grandes hontes.

Au niveau mondial, environ le quart de la nourriture produite va à la poubelle et pendant ce temps nous continuons d’alimenter notre faillite alimentaire ; Mère Térésa déclarait :<< ce qui me scandalise ce n’est pas qu’il y’ait des riches et des pauvres, on ne peut pas y changer grand-chose, mais c’est le fait qu’il y’ait tout ce gaspillage et que les pauvres n’en profitent pas. >>

Une vache européenne<< gagne>> plus d’euros chaque jour que 75% des africains. Les subventions agricoles européennes et américaines créent d’importantes distorsions des marchés qui nuisent à la production agricoles dans les pays les moins développés.

’ Les uns perdent leurs maisons, les autres leurs terres, et des millions ont faim. ‘’

 Quelques exemples de comparaisons les plus criantes

Les 3 personnes les plus riches du monde possèdent d’avantage que le PIB total des quelques 48 pays les plus pauvres de la planète… les 15 personnes les plus riches possèdent d’avantage que le PIB total de l’Afrique Subsaharienne. Les 32 personnes les plus riches possèdent plus que le PIB de l’Asie du Sud.

20% de l’humanité s’adjugent 86% de la consommation, 58% de l’énergie, 45% de la viande et du poisson, 87% des véhicules, 74% des téléphones… 1,3 milliards sont dépourvus d’eau propre, 880 millions de services de santé, 840 millions d’alimentation suffisante.

C’est le système ultralibéral du capitalisme mondialisé qui écrase la planète et son environnement. C’est le capitalisme, sa mondialisation et ses crises qui amplifient la misère. Le capitalisme privé triomphe un peu partout et tout en sachant qu’il est basé sur l’exploitation des travailleurs, la surconsommation, le saccage de l’environnement, le chômage et l’assistanat.

La mondialisation du capitalisme a conduit à une interdépendance des économies qui institutionnalise la concentration financière et technologique au nord alors que le sud, exsangue sert de réserve de main d’œuvre bon marché.

 Accroissement des inégalités Nord-Sud, Est-Ouest

 L’écart entre les 20% les plus pauvres et les 20% les plus riches qui était de 1 à 30 en 1960 est de 1 à 80 aujourd’hui. Le revenu des 1% les plus riches est égal à celui des 57% les plus pauvres !!!

Des sommes d’argent toujours plus grandes sont concentrées dans les mains d’individus et de sociétés de moins en moins nombreux ; les riches s’enrichissent de plus en plus alors que les pauvres s’appauvrissent ; les uns gèrent leur superflu, amassent, conservent, alors que les autres vivent dans la pénurie, la précarité et l’exclusion.

Pendant que les uns cherchent à survivre, d’autres pensent à se divertir.

2) Pourquoi sommes nous arrivés à une telle situation

 C’est le système libéral du capitalisme mondial qui écrase la planète et son environnement.

Il est indéniable que le libre échange et le libéralisme accroîtraient les inégalités, que le capitalisme maintiendrait les peuples dans la pauvreté. On nous fait croire qu’il faut de la croissance, qu’il faut accumuler des richesses pour pouvoir distribuer des surplus alors que la croissance économique nuit à l’environnement. En d’autres termes ce sont des << miettes que l’on donne aux pauvres>>.

Avec 2% de croissance jusqu’en 2050, il va falloir 30 planètes. Malheureusement tout le monde semble admettre que nous sommes voués à accepter des lois immuables qui consistent à dire le plus souvent :

  •  Chacun pour soi
  • Que le meilleur gagne
  • Malheur au perdant

On a tendance à donner à l’argent et au capital, priorité sur l’humain en omettant de préciser que la monnaie, que l’argent n’est rien d’autre qu’un déclencheur d’activité.

Aujourd’hui on peut dire qu’on assiste à une faillite du système et non pas à une crise. Un système basé sur l’exploitation de l’Homme par l’Homme, un système qui oblige des êtres humains sous prétexte qu’ils sont des facteurs de production à vendre leur force de travail, un système ou tout s’achète pour être vendu le plus cher possible, un système ou on spécule et ou la croissance et la compétitivité semblent être les facteurs essentiels.

Un système ou les 358 personnes les plus riches du monde possèdent autant que 2,3 milliards des plus pauvres.

 3) Une autre manière de concevoir l’entreprise, le marché, la société, est-elle possible ?

 Inutile de chercher très loin la réponse à cette question. Il suffit d’appliquer, de respecter la déclaration des Droits de l’Homme et d’admettre que le patrimoine de l’humanité est composé d’un ensemble d’éléments qui sont : la terre, la nature, le savoir. Curieusement on n’y trouve pas l’avoir, qui est une invention cupide de l’homme.

La société dans son ensemble a l’usufruit de ses éléments et la charge de le transmettre aux générations futures en améliorant si possible ce patrimoine. Ce qui suppose évidemment que :

  • Chacun a les moyens de s’épanouir librement, que chacun respecte la liberté des autres

    La notion de partage soit au centre de nos préoccupations (on partage avec tout le monde et pas seulement avec les riches

    La société doit susciter la créativité, favoriser la liberté d’innover, développer le débat civique à propos de ce qu’il est bon d’entreprendre, de produire et de ce qu’il faut se séparer.

    Là encore, le plus important c’est le lien social qui importe :<< Lien plus important que le bien>>

    Une gestion de la pénurie, de l’exclusion et de la précarité n’est plus efficace : il faut faire avec les autres et non pas pour eux.

    Mais une autre manière de concevoir le marché, l’entreprise, la société est-elle possible ?

    L’on remarque que dans la société capitaliste, les propriétaires s’approprient les résultats en mettant le coût du travail, le salaire dans les frais généraux. L’entreprise d’économie social et solidaire elle, inverse fondamentalement les rapports ; ici l’objectif est le profit défini collectivement dans le cadre duquel l’individu est pris en considération à partir de ce qu’il est et non pas de ce qu’il a. On note des expériences nombreuses et variées de cette économie ; on parle des initiatives citoyennes, des SCIC (société coopérative d’intérêt collectif) et autres encore.

    Ces expériences se situent dans le cadre d’une société dominée par le profit, elles ont le mérite d’exister, de démontrer qu’une autre manière de travailler, d’entreprendre, de produire est possible. Ces expériences, si elles ne se limitent ou ne se contentent pas à gérer la pénurie et l’exclusion, sont porteuses d’un projet plus vaste ou l’entreprise est là pour produire, pour rendre des services, en fonction des besoins exprimés par les hommes et femmes qui vivent sur notre planète, et avec le souci permanent de la respecter. Il est important de noter que le changement politique ne suffira pas pour changer la donne au niveau de l’entreprise d’économie solidaire : l’argent reste un moyen et non un but.

    Le cœur de la transformation de la société se trouve dans la remise en cause de l’entreprise, l’activité économique, l’investissement pourra être financé par une cotisation prélevée sur les salaires. Le développement des SCIC permettra de ne pas abuser du droit de propriété et d’associer l’ensemble des citoyens travailleurs et consommateurs. Au niveau politique encore il ne suffira pas de voter mais de prendre le pouvoir économique : introduire le droit de blocage pour les minorités, réintégrer la notion d’intérêt général dans l’économie, remplacer la notion de rentabilité par celle d’équilibre budgétaire, maintenir la notion de service public et la développer et enfin déprivatiser la création monétaire.

    On peut envisager aussi de promouvoir un travail d’éducation populaire pour faire connaître les initiatives et les principes, la création de banques de crédit dans l’espace local. On peut aussi s’appuyer sur un impôt sur la spéculation à utiliser pour un fonds mutuel destiné à financer les projets. Il faut relancer l’idée d’un réseau européen de l’économie solidaire permettant d’échanger en permanence des idées et des pratiques.

    L’économie solidaire n’est pas un gadget qu’on nous offre pour éviter qu’on s’intéresse à autre chose, elle est au centre du débat et est liée à l’ensemble des aspects de la vie , de la société.

  •  4) face à cette situation les chômeurs, les précaires réagissent

     Les propositions peuvent se décliner ainsi :

    • Droit au respect
    • Droit à la formation et à la culture pour tous
    • Droit à la justice
    • Droit au logement
    • Droit à la santé
    • Droit au revenu d’existence
    • Promotion d’une Economie Sociale et Solidaire
  • Relier les solidarités d’ici à là-bas
  • 5) Comment répondre aux besoins de la planète ?

    Contrairement aux prévisions catastrophiques des années 1970, la planète produit aujourd’hui suffisamment pour nourrir ses 6 milliards d’habitants. Cette performance a été réalisée grâce au progrès technique tout en générant un certain nombre d’effets pervers. Pour l’avenir le problème majeur reste celui d’assurer la sécurité alimentaire, de l’inégal accès des populations aux ressources alimentaires dans le cadre de la mondialisation néolibérale.

    Ainsi on se pose la question de savoir s’il faut répondre aux besoins de la planète ou préparer les guerres. Les dépenses militaires mondiales qui se sont accrues de 6% en 2007 en glissement annuel ont bondi de 45% en dix ans. En 2007 on a noté une dépense de 1.339 milliards de dollars soit 851 milliards d’euros pour acheter des armes de toutes sortes. Cela peut paraître ahurissant lorsqu’on sait qu’1% de ces dépenses militaires suffirait à remédier à la crise alimentaire. Les facteurs expliquant l’accroissement des dépenses militaires mondiales sont entre autres, les objectifs de politique étrangères des pays, les menaces réelles ou supposées, les conflits armés et les politiques destinées à contribuer aux opérations de maintien de la paix multilatéral combinés à la disponibilité des ressources économiques.

    Chaque année les dépenses militaires mondiales dépassent 900 milliards de dollars.

    6) Mais pourquoi dons notre croissance est-elle insoutenable ?

    Notre empreinte écologique est-elle insoutenable ?

    L’empreinte écologique d’une population c’est la surface de la planète, exprimée en hectares, dont cette population dépend, compte tenu de son mode de vie, pour ses besoins en produits du sol (surfaces pour l’agriculture, la sylviculture) et en zones de pêche ; en terrains bâtis ou aménagés (routes et infrastructures) ; en forêts capables de recycler les émissions de CO2 (empreinte énergie) et plus généralement en surfaces d’absorption des déchets. Par exemple, l’empreinte moyenne d’un Français est de 5,3 hectares. Pour un Américain, on obtient 9,7 hectares, record du monde développé. Ces hectares sont « empruntés » dans l’ensemble du monde, le plus souvent sans contrepartie
    Au total, l’empreinte écologique moyenne des hommes est passée de 0,7 planète en 1961 à 1,2 planète actuellement : l’humanité emprunte chaque année à la nature 20 % de ressources renouvelables de plus que ce que permettraient les flux annuels de régénération naturelle de ces ressources. Ce chiffre de 1,2 planète recouvre de fortes inégalités : la majorité des habitants du monde a une empreinte écologique assez faible, en raison d'un niveau de vie et de consommation très réduit. Si tous les habitants de la planète avaient le mode de vie des Américains, il faudrait environ cinq planètes pour y faire face. Si tous avaient le niveau de vie moyen des Français, il en faudrait près de trois.
    N’oublions pas aussi l’enjeu climatique car les émissions de gaz à effet de serre issue des activités humaines sont responsables de l’augmentation des températures sur la terre et dans la mer. Ces hausses de températures sont réparties inégalement sur toute la surface du globe, et leurs estimations varient entre 1,8°C et 4°C à l’horizon 2100.

    Les 3 piliers de la croissance insoutenable :

    • La destruction écologique
    • L’économie de l’avoir
    • Les coûts du mal être

    On peut ajouter à ces 3 piliers, les catastrophes qui sont comptabilisées positivement dans le produit intérieur brut(PIB) par exemple la reconstruction d’un pays après une guerre, un tremblement de terre. Le PIB n’oublions pas de le préciser mesure la croissance économique en sommant tous les biens et services marchands produit au cours d’une année donnée. Et surtout qu’il ne comptabilise pas le bénévolat, les tâches ménagères, les actes de gratuité, la naissance d’un être humain, autant d’éléments pourtant d’une richesse incontestable pour l’homme : toutes ces activités utiles voire vitales ignorées du taux de croissance. L’exemple de l’Erika vient corroborer cette vision : <<la pollution est bonne pour la croissance mais pas le nettoyage des plages par des bénévoles>> ; il s’agissait d’un navire qui avait coulé et empoisonner les côtes de la Bretagne et de la Vendée.

     7) Il faut inventer de nouveaux indicateurs de développement

     L'indice de développement humain ou IDH est un indice statistique composite, créé par le Programme des Nations unies pour le développement en 1990, évaluant le niveau de développement humain des pays du monde.

    Le concept du développement humain est plus large que ce qu'en décrit l'IDH qui n'en est qu'un indicateur, créé par le PNUD pour évaluer ce qui n'était mesuré auparavant qu'avec imprécision. L'indicateur précédent utilisé, le PIB par habitant, ne donne pas d'information sur le bien-être individuel ou collectif, mais n'évalue que la production économique. En moyenne on retrouve les trois principaux indicateurs :

    • PIB par habitant en parité de pouvoir d’achat
    • Espérance de vie à la naissance
    • Niveau d’instruction (taux d’alphabétisation des adultes et de scolarisation)
  • Par ailleurs à côté on retrouve d’autres indicateurs tels la participation des femmes, la pauvreté humaine c'est-à-dire les variantes incluant probabilité de décès avant 60ans, illettrisme,% de personnes en dessous du seuil de pauvreté,% de chômeurs de longue durée et enfin le développement technique.

    Mais comment faire alors pour inventer de nouveaux indicateurs de développement humain ? Faudrait –il moraliser ce qui est immoral ou tolérer l’intolérable ?

    Il faut tout simplement commencer, recommencer à résister, à comprendre, à analyser, à proposer, à expérimenter ; bien évidemment on se demande comment mener à bien tout ceci, comment cela est-il possible ?

    Il faut résister, comprendre et expérimenter.

  •  On entend par résister ni plus ni moins le fait d’oser aller à contre-courant, prendre des risques, s’opposer tout en respectant l’adversaire ; lutter.

    Comprendre passerait par analyser le système capitaliste, et découvrir que la monnaie n’est rien, rien qu’un déclencheur d’activité destiné à faciliter les échanges et non pas à spéculer, à distribuer équitablement les produits ; l’Etat doit retrouver son droit régalien de battre la monnaie (au lieu de se contenter d’injecter des milliards dans les banques) en émettant une masse monétaire équivalente aux richesses produites.

    Les ressources de la planète devraient être gérées avec prudence, avec le souci permanent des générations futures, l’entreprise un espace ou les uns et les autres retrouvent le plaisir d’entreprendre, se partagent les tâches, les responsabilités et le pouvoir et produisent des biens, de services utiles à la population. Aussi les activités informelles, les actes gratuits, les notions de services doivent être encouragées et développées : le travail doit être considéré comme un service civique rémunéré par un revenu spécifique ce qui offrirait à tout un chacun un revenu d’existence un ticket pour la vie auquel tout être humain à droit sur cette terre.

    Ainsi donc on prend conscience que les affaires du monde sont les affaires de tout le monde ; qu’il s’agit en effet de permettre à chaque individu de s’épanouir pleinement dans le respect, dans le souci de réaliser le bien commun de vivre ensemble. Ce vaste programme peut sembler utopique, irréaliste dirons certains. Mais ce n’est qu’après avoir compris, analysé, imaginé d’autres solutions, compris que la croissance et la compétitivité ne sont pas des passages obligés, qu’il faut commencer aujourd’hui et sans plus tarder à expérimenter, en évitant de tomber dans le piège de la gestion de la précarité et en ayant conscience de nos possibilités et de nos limites. Cela suppose bien évidemment de multiples expériences :

  • Des coopératives de production ou effectivement on applique les règles << un Homme (avec un grand H)=une voix

    Des coopératives d’activités porteuses de projets concrets et innovants ; des structures d’insertion par l’économie qui redonnent aux personnes le goût de l’effort et leur permettent d’être reconnues socialement

    Des systèmes d’échange locaux(les sels) monnaies complémentaires(le sol par exemple) qui permettent d’échanger, de créer du lien social en empêchant la spéculation.

    Aussi il faudrait un effort de formation permanente d’éducation populaire, de communication pour faire comprendre les mécanismes, connaître et mettre en liens des expérimentations.

  • Il est important de préciser que tout ceci est possible à condition d’y croire, de s’investir dans le bon sens du terme : Allons-y ! Arrêtons d’en parler faisons le !

     

    8) Une autre économie au service de l’homme : une économie solidaire, distributive

  • L’entreprise d’économie solidaire
  •  Il faut que l’entreprise d’Economie Solidaire soit la brique de base d’une nouvelle société. Voilà pourquoi, face à cela, il faut inventer l’économie sociale et solidaire fondée sur la libre entreprise des hommes. En fin de compte, qu’entendons-nous par une Economie au service de l’homme ?

    Une économie véritablement solidaire, qui facilite les échanges et empêche la spéculation.

    Lucien Pfeiffer nous invite tout d’abord à définir l’entreprise capitaliste telle qu’elle existe actuellement et le système monétaire qui en découle. Rappelons nous qu’une entreprise, qu’elle soit d’ailleurs capitaliste ou autogestionnaire, suppose une équation économique universelle : le résultat étant la différence entre le prix de vente et le prix de revient. Cette évidence est incontestable. Mais ce qui caractérise l’entreprise capitaliste, c’est que le prix de revient est composé par ce qu’on appelle des facteurs de production dont, entre autres, la force constituée par les travailleurs. On appelle cela la force de travail, et cette force de travail c’est l’usage des travailleurs, que les détenteurs du capital achètent.

    Voilà le fondement même du capitaliste : les travailleurs vendent leur force de travail et les détenteurs du capital achètent le moins cher possible ; en un mot l’individu est pris en considération en fonction de ce qu’il a.

    Avec l’économie solidaire, on assiste à une révolution culturelle en perspective tant dans nos comportements et gestes du quotidien dans notre manière de vivre et de consommer que dans une évolution de nos systèmes productifs ! Sur les comportements du quotidien, le deuxième peuple en France (par la faible empreinte écologique) est en avance culturellement mieux préparé que le premier peuple en France qui privilégie une économie de l’avoir sur une économie de l’être ! Certains revendiquent le titre <<d’objecteurs de croissance>>, d’autre se réclament d’une sobriété, volontaire qui peut être aussi joyeuse. Mais pour passer d’un système productif linéaire qui extrait, transforme, et jette : 99% de nos marchandises ont six semaines de vie, 80% n’ont qu’un seul usage, 1/3 des matériaux sont recyclés (Futuribles 2005) en système productif circulaire sur le cycle de vie des produits qui <<réduit, réutilise, recycle, récupère, reconditionne, répare, réemploi, relocalise>>, il faut aussi des avoirs et l’intelligence des entreprises existantes avec l’appui de nombreux talents des associations de la société civile dont les salaires pourraient être aidés par l’Etat en toute logique de relance Keynésienne comme en 1936 ! Les bilans énergie, CO2, toxicité, matière diversité, bien être qui accompagnent une telle nouvelle économie n’ont rien à voir avec un retour à la bougie.

  • Une économie au service de l’homme
  •  On est tenté de dire que malgré tout, malgré notre bonne volonté, nous sommes prisonniers d’un contexte économique implacable. C’est normal diront certains : il faut d’abord créer de la richesse pour pouvoir la partager, la donner aux pauvres. Telle est l’économie de marché, et il serait judicieux de se pencher sur le malheur des autres au lieu de les aider à se relever.

    On distribue des colis alimentaires au lieu d’aider les populations démunies à produire, à cueillir et à récolter par eux même. Ce que veulent les exclus, les damnés de la terre et de l’économie ce ne sont pas des miettes mais plutôt une part d’économie, leur part du gâteau. Aussi ils n’ont pas besoin de la pitié des politiques, ils exigent un travail car c’est un droit, un revenu c’est un dû : ils veulent un revenu qui leur permettent de vivre et non de survivre.

    Après ce cri de cœur, on est bien tenté d’expliquer comment en sommes nous arriver à ce capitalisme inhumain synonyme d’exploitation de l’homme par l’homme. En effet, depuis que le capitalisme d’Etat à débouché dans les pays de l’EST, le capitalisme privé triomphe un peu partout, basé principalement sur l’exploitation des hommes. Ceci nous amène à préciser quelques notions de base sur l’autogestion et l’entreprise ; Lucien Pfeiffer décrit ces notions de manière très simple dans son ouvrage intitulé << Libre entreprise et socialisme>> :

    • L’autogestion est une mentalité et un comportement, elle est expérimentation et création continue
    • L’autogestion ne peut naître et se développer que dans un climat de confiance et de liberté
  • L’entreprise autogérée inverse les rapports de l’entreprise capitaliste, ici les travailleurs achètent l’usage du capital.
  • Dans les régimes capitalistes, le résultat va au capital et le prix de l’usage des travailleurs est un élément du prix de revient, alors qu’en socialisme autogestionnaire, le prix d’usage du capital se retrouve dans le prix de revient et les résultats vont aux travailleurs associés. Mais pour aller dans ce sens, pour réaliser ces objectifs, cela suppose à la fois :

    • Une formation permanente de militants de l’autogestion, un droit à l’expérimentation
    • Un alter-développement pour ne pas parler de décroissance
    • Des rapports humains basés sur une notion du partenariat ou les uns et les autres se traitent d’égal à égal
    • Un travail considéré comme faisant partie intégrante de la vie
    • Une croissance maitrisée, un développement durable et économique capable de satisfaire les besoins réels de l’être humain.
  • L’entreprise d’économie solidaire inverse de ce fait, fondamentalement les rapports. Alors que dans l’entreprise capitaliste l’objectif est le profit, dans l’économie sociale et solidaire l’objectif est le projet défini collectivement dans le cadre duquel l’individu est pris en considération en fonction de ce qu’il est et non de ce qu’il a. Et c’est à partir de ces bases qu’il faut une redéfinition de l’objectif et du fonctionnement de l’entreprise d’économie solidaire.

    Un tel type d’entreprise se distingue de celle capitaliste (privée ou d’Etat) en ce sens qu’elle n’est la propriété de personne, ni des capitalistes privés, ni de l’Etat, ni même des travailleurs. Les coopératives ouvrières ont été les précurseurs de ce type d’entreprise, avec toutefois un bémol, en ce sens qu’elles ont été contraintes de se couler dans le moule de la société de capitaux pour avoir une existence légale. La formule des SCIC se rapproche plus des objectifs de l’économie sociale et solidaire, tout en sachant qu’il n’est pas toujours évident de les faire fonctionner. Les différents groupes qui constituent la SCIC vont peut être s’affronter, paralyser le fonctionnement, mais là encore il faut expérimenter, mesurer les limites et les possibilités, tirer les conclusions, amender si nécessaire.

  •  Le système monétaire
  •  Pour ce qui est du système monétaire, il faut dire comme nous le dit Margrit Kennedy dans son livre<< Libérer l’argent>> qu’au départ l’argent était l’une des inventions parmi les plus ingénieuses de l’humanité, car il facilite l’échange des biens et des services, et permet de dépasser les limites qu’impose le troc. Toutefois il ne facilite pas l’échange des biens et des services, mais il peut également l’entraver pour la simple raison qu’il est détenu par ceux qui ont plus de ressources que nécessaires : la monnaie, l’argent est ainsi devenue source de spéculation et d’enrichissement.

    C’est ainsi que des sommes d’argent toujours plus grandes sont concentrées dans les mains d’individu et de sociétés de moins en moins nombreux.

  •  A quoi servent les monnaies complémentaires, les plus, les sols ?
  •  Il existe aujourd'hui de multiples expériences de monnaies complémentaires dans lesquelles, pour faire face à la rareté ou à l'absence d'argent, se sont élaborés différents instruments d'échange. Ce chantier est dédié tout particulièrement à l'étude des formes qui permettent le contrôle social et visent à mettre en évidence les possibilités d'une "autre forme économique", dans un premier temps complémentaire à l'économie formelle, mais capable de renforcer à terme le secteur de l'économie dite solidaire et de proposer la construction d'un nouveau paradigme d'organisation sociale. Le système monétaire actuel dysfonctionne, la monnaie ne remplit plus correctement la fonction d’échange, la fonction réserve de valeur a pris le pas sous forme de spéculation face aux fonctions d’unité de compte et de valeur d’échange : le lien est devenu un bien, la monnaie considérée comme richesse est accumulée. On voit naître une nouvelle forme de monnaie : le SOL qui fait même l’objet d’un projet actuellement.

    Le sens du projet SOL repose tout d’abord sur le constat des dysfonctionnements du système monétaire actuel. Ainsi le sol se veut être un outil pour développer des échanges qui ont du sens, et il donne des objectifs ambitieux :

    • Développer l’Economie Sociale et Solidaire, ou plus largement une économie à valeur ajoutée écologique et sociale, en s’interrogeant sur ce qui est produit, consommé et échangé.
    • Contribuer à remettre l’économie au rang de moyen et non de fin
    • Contribuer à la valorisation du potentiel d’échange de chacun, et à faire reconnaître que la richesse est produite par tout un chacun. 
    • Le secteur informel
    •  Le secteur informel est représenté à la fois par le secteur privé et le secteur public. Néanmoins il faut avouer que l’activité se situe essentiellement dans ce qu’on appelle, le secteur informel, non rémunéré ; ce secteur correspond à environ 75% de l’activité. En fait il s’agit de toute une foule d’activités au service de ses membres, qui n’ont absolument rien à voir avec le système formel de vendeur de biens et de services et de réalisation d’excédents ou de bénéfices. Il s’agirait en fait de compte d’activités véritablement solidaires et autogestionnaires qui ne peuvent et ne veulent être prises en compte par les entreprises classiques.

      Dans ce secteur on a souvent l’impression que les gens interviennent individuellement et ont coutume de dire <<la famille me suffit>>. A première vue, cette approche apparaît comme étant logique, pleine de bon sens, car tout le monde semble reconnaître la famille comme cellule de base de la société. Toutefois on se rend très vite compte des limites de cette famille étriquée, repliée sur elle-même : elle n’a aucune vision universelle et aucune initiative ne peut donc en sortir, c’est un égoïsme familial collectif qui n’est pas porteur d’alternative.

      Il s’agit ainsi donc d’intervenir dans ce secteur informel pour faire éclater cette économie familiale en créant des réseaux pour permettre des échanges, susciter des expérimentations, faire l’apprentissage de relations sans argent, de don et de contre-don, de solidarité, d’initiative.

      A ce titre les expériences sur les monnaies solidaires et distributives paraissent intéressantes. Il convient de rappeler les expérimentations menées en Argentine, au Brésil et plus près de nous en Allemagne et en Suisse. N’oublions pas non plus l’expérimentation prévue dans le cadre de la Maison de la Citoyenneté mondiale de Mulhouse. On peut donc dire que le secteur informel est propice à des initiatives alternatives et porteuses d’espoir, là aussi il s’agit d’inventer, d’imaginer un statut associatif permettant à des partenaires solidaires d’autogérer des activités hors circuit marchand.

      En guise de conclusion on peut dire que :

      • Le secteur formel est à démocratiser
      • Le secteur informel est à animer, à organiser

      Imaginer relier ces deux secteurs (privé et public)

     9) Parlons un peu de l’économie distributive

    On peut enfin concilier développement et croissance, plus de solidarité que dans les Etats socialistes et enfin on y trouvera plus de liberté d’initiative que dans le libéralisme : on parlera d’Economie distributive ; l’Economie Distributive pour remplacer le capitalisme !

    Cette économie permet une vraie liberté initiative, elle est évolutive. Les choix se font par des consultations démocratiques au niveau le plus local possible et en privilégiant au maximum les modes participatifs. La répartition des revenus se fait par un revenu social, un revenu d’existence qui est un réel partage équitable des richesses, de la naissance à la mort, comme usufruit de l’économie de l’énorme patrimoine que nous trouvons en naissant, patrimoine qui est le fruit d’une œuvre collective. Le partage du travail qui est ici enfin possible puisque le revenu ne dépend plus du temps de travail. Avec une monnaie distributive, de consommation, basée sur les bien et services disponibles sur le marché qui s’annule lorsqu’on s’en sert, ici la monnaie redevient un simple pouvoir d’achat, avec lequel on ne peut plus spéculer !

    L’économie distributive permet de gérer l’abondance, la fabrication des bien et des services se fait en fonction de la demande comme cela se fait aujourd’hui mais sans l’influence mercantile : le commerçant conseillera en fonction de l’intérêt des gens et non plus en fonction de la commission sur la vente, les prix seront calculés en fonction des matières premières, du temps de main d’œuvre, de la rareté et des impacts écologiques et non plus en fonction du profit de l’actionnaire, la propriété privée laisse place à la Propriété d’Usage, améliorant la tranquillité de beaucoup de gens qui avaient du mal à s’en sortir quotidiennement.

     10) Et ….vous ? Et nous …ensemble ?

     Face à la crise, le fatalisme, le découragement et l’immobilisme seraient mortifères. Il faut crier haut et fort, comme l’ont fait les millions de manifestants, le 29 janvier et le 19 mars 2009, qu’un autre monde est possible et que nous refusons de nous taire et de nous laisser enfermer dans un système de gouvernance ou quelques-uns décident pour tous. Nous devons refuser une société tirée vers le bas, c’est contraire à la grandeur et à la dignité de l’homme : l’homme doit être placé au centre de toute décision économique.

    Une grande incertitude pèse sur la trajectoire de l’économie mondiale. Le point de départ d’un plan d’urgence sociale passerait ainsi donc par une défense de l’emploi contre les licenciements par l’interdiction des licenciements par des entreprises rentables, création massive d’emplois publics socialement utiles et répondant aux besoins sociaux. Il faut socialiser non pas les pertes des entreprises, mais socialiser les investissements et créer les mécanismes de contrôle de la population qui doit elle-même faire les choix des investissements à faire dans cette société.

     

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