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Restitution partielle de l'événement. Lors de sa réunion du 27 février 2016, l'Assemblée des Citoyens du Monde a délégué à l'organisation -membre "Pangée", le soin d'organiser un événement de grande ampleur pour marquer le 70ème anniversaire de la citoyenneté mondiale. Cet événement, globalement réussi, a présenté la citoyenneté mondiale en y associant des choix et des intervenants qui relèvent de la responsabilité de "Pangée". L'intégralité des actes de l'événement (près de 400 pages) peuvent être obtenus en s'adressant à l'association organisatrice. Sont ici rassemblés quelques uns des textes destinés à faire date dans l'histoire de la citoyenneté mondiale :
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Introduction, par Nathalie Kesler " Le 19 novembre 1948, Garry Davis, ancien bombardier et le lieutenant-Colonel Sarrazac interrompent solennellement la troisième Assemblée générale des Nations-Unies, qui se tient au Palais de Chaillot à Paris, pour lire la déclaration attribuée à Albert Camus (voir infra). Ils sont soutenus par une trentaine de futures fortes personnalités qui sont totalement inconnues à l'époque, dont André Breton, l'écrivain Vercors, Pierre Bergé, L'Abbé Pierre, Albert Camus, dont nous connaissons les destinées Suite à cet acte fondateur, des milliers de personnes et de territoires se déclarent citoyens du monde. " Cette épopée qui marque les débuts de la naissance des " Citoyens du Monde " est née de la rencontre entre le groupe du Front Humain, organisation menée par Robert Sarrazac et les membres qui le soutiennent, et du célèbre acteur de Broadway, et bombardier Garry Davis alors passager volontairement " sans papiers " en France car il vient (non pas de déchirer son passeport, comme le disent beaucoup de rumeurs mal fondées), mais de rendre son passeport à l'ambassade des Etats-Unis car il souhaite se proclamer Citoyen du Monde. A l'issue de cet acte fondateur mais plutôt passé inaperçu, Garry Davis trouve en l'évènement providentiel des Nations Unies, une occasion formidable de faire connaitre ses idées " sans frontières " ainsi que la nécessité de création d'un gouvernement mondial. Il plante sa tente sur le palais de Chaillot et ne manque pas d'attirer foule de curieux et de journalistes. Il provoque de manière très humoristique les forces de l'ordre des Nations Unies qui sont bien embarrassées pour interpréter les droits d'expulsion sur un territoire devenu momentanément international. Voici la teneur des propos tenus lors de ce fameux coup d'éclat du 19 novembre 1948 qui a promu les idées des Citoyens du Monde et des idées pacifistes à travers beaucoup de pays et qui a tenu en haleine tant de mondialistes à cette époque. (...) Nathalie KESLER- Oh So Yun, ont suivi, par différents orateurs, les lectures de l'Appel à l'ONU, du Pacte des Citoyens du Monde, de l'Appel des 13, de l'Appel du Congrès des Peuples, de la Déclaration d'adhésion du Groupe Surréalistes aux Citoyens du Monde, 1949 et d'une partie de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme (ONU, 1948), de l'Appel des Consciences,
Lutte contre la misère - Mondialisations par Daniel Durand La Journée Mondiale du Refus de la Misère est célébrée chaque 17 Octobre. Née de l'initiative du père Joseph Wresinski et de celle de plusieurs milliers de personnes de tous milieux qui se sont rassemblées sur le Parvis des Droits de l'Homme à Paris en 1987, cette journée est officiellement reconnue par les Nations Unies depuis 1992. DES DÉFENSEURS DES DROITS DE L'HOMME ET DU CITOYEN DE TOUS PAYS SE SONT RASSEMBLES SUR CE PARVIS. ILS ONT RENDU HOMMAGE AUX VICTIMES DE LA FAIM, DE L'IGNORANCE ET DE LA VIOLENCE. ILS ONT AFFIRME LEUR CONVICTION QUE LA MISÈRE N'EST PAS FATALE. ILS ONT PROCLAME LEUR SOLIDARITÉ AVEC CEUX QUI LUTTENT A TRAVERS LE MONDE POUR LA DÉTRUIRE. Joseph Wresinski Citoyen du Monde, issu d'une famille de réfugiés polonais qui se sont présentés en France, en 1914, avec des passeports allemands. D'où un internement à Saumur puis à Angers, où Joseph a passé sa jeunesse dans la misère. On entendra parler de lui lorsqu'il s'installera dans le bidonville de Noisy le Grand, en 1956. Bidonville de 100 000 personnes. C'est là qu'a été créé le mouvement Aide à toutes détresses, nom auquel a été ensuite ajoutée l'expression " quart-monde " pour désigner tous les laissés-pour-compte qui vivent dans la misère. Ils sont aujourd'hui, dans le monde, un peu plus d'un milliard à croupir dans 200 000 bidonvilles, sans eau potable, sans accès à la santé, à l'éducation ni au travail nous sommes ici, aujourd'hui, dans notre sujet. LES DROITS DE L'HOMME SONT VIOLÉS. S'UNIR POUR LES FAIRE RESPECTER EST UN DEVOIR SACRÉ. P. Joseph Wresinski Pour détruire la misère, il faut aller vers l'unité politique de la planète, et la DUDH nous dit que cette unité doit se fonder sur l'éducation et l'engagement de tous individus et organes de la société. L'enregistrement des personnes comme Citoyens du Monde est une technique d'éveil, de conscientisation et de mise en marche. 160000 personnes de 114 pays ont fait cette démarche. Très vite les fondateurs ont imaginé une manière collective d'éveil et d'information, par les villes et communes appelées, chacune, à se déclarer " territoire mondial lié à la communauté mondiale ". La ville de Cahors, en juillet 1949, a ouvert cette voie à des centaines d'autres villes, communes ou autres entités territoriales. Elles sont plus de 240 dans le département du Lot. On peut citer Nîmes, Béziers, Toronto, Mississauga, Hiroshima, Nagasaki, Kyoto, et même l'État du Minnesota. Parmi toutes ces communautés définies par un territoire, voici les exemples de deux immenses écoles ont fait cette démarche : la City Montessori School de Lucknow, en Inde, et Bona Espero dans l'État de Goias au Brésil. A la fin de chaque année, la City Montessori School de Lucknow, qui est forte de plus de 30000 élèves, organise une conférence internationale des présidents de cour de justice autour de l'article 51 de la constitution indienne. C'est au total un réseau ou au moins une participation de 1098 juges de 126 pays Cette année, du 14 au 20 novembre, donc maintenant, c'est la 19ème conférence sur le thème " Unir le monde pour les enfants par une loi mondiale applicable et une gouvernance mondiale efficace ". Au Brésil, aujourd'hui même 18 novembre 2018, l'école Bona Espero, créée il y a 60 ans, inaugure le monument de mondialisation. Selon un message en date du 12 novembre, la stèle était en voie de finition. "D'un côté en portugais, de l'autre côté en Esperanto, on y lira le titre et les noms de 20 villes symboliques avec les distances qui les séparent de Alto Paraiso : Hiroshima à 17552 km, Paris à 8541 km, etc. Dans le mur ont été gravés les noms des 77 personnes qui ont signé la déclaration de mondialisation de notre école domaniale (1.400 hectares) et approuvé la création de ce monument symbolique du fait que la terre est unique et que nous en sommes les habitants. Ensuite nous essaierons de réaliser le même monument dans la ville de Alto Paraiso, qui compte 8000 habitants. Et ce petit mot qui nous est destiné aujourd'hui : " Nous vous adressons nos vux de courage et de force pour que la commémoration soit réussie et fasse prendre conscience de la nécessité de la citoyenneté mondiale. " Bien amicalement. (Signé) Giuseppe et Ursula Grattapaglia. Voilà les prolongations d'une action qui a commencé ici même le 19 novembre 1948. Daniel Durand
Construire l'Union Mondiale par Olivier Giscard d'Estaing Pourquoi sommes nous rassemblés aujourd'hui, dans ce lieu symbolique construit pour l' exposition universelle de 1937 (?), C'est pour commémorer Gary Davis, premier citoyen du monde, visionnaire, entreprenant et courageux . C'est aussi pour que nos inquiétudes, face aux défis planétaires et nos propositions soient entendues par qui ? par les chefs d'Etat et d'abord par le président de la République Française, mais aussi par tous les chefs d'Etat de l'Europe, de l'Asie, de l'Afrique, des Amériques et de l'Océanie. Ces craintes sont les menaces sur la vie des peuples, des animaux et de la végétation : sur l'eau, l'air et les ressources naturelles qui ignorent les frontières crées par les hommes à travers l'histoire, et pour répondre aux besoins fondamentaux de 8 milliards d'habitants. Notre message est pacifique, essentiel et résulte d'innombrables initiatives et de fortes convictions. Ma proposition est de construire une Union Mondiale, semblable à l'Union Européenne, avec une Commission, un président , des commissaires et un budget qui devrait atteindre une centaine de milliards d'euros, pour ses interventions. Il devrait appliquer le principe de subsidiarité Le traité qui l'instaurerait pourrait s'inspirer des traités de Paris (1951) ayant créé la CECA, de Rome (1957) instituant la Communauté Economique Européenne et de Paris (2016) sur le climat. Le vide institutionnel actuel est une cause majeure des désarrois et des troubles de la société. Il suffirait que quelques chefs d'Etat en prennent l'initiative, comme ce fût le cas pour la création de l'ONU, qui débuta avec 40 membres, et de l'UE, avec six membres et qu'elle soit proposée à tous les autres gouvernements. Elle rencontrera des oppositions majeures de certains puissants pays, mais qui seraient impuissants à en empêcher la réalisation par ceux qui la voudront. Il appartient à ceux-ci de changer le monde, avec nous. Olivier Giscard d'Estaing
Appel aux consciences pour un réseau de citoyennes et citoyens planétaires Nous, citoyennes et citoyens des peuples de la Terre, sommes conscients du danger mortel qui pèse sur le devenir de notre commune humanité. En effet, un double dérèglement climatique menace la vie sur notre planète. Le premier s'exprime sur le plan écologique par le risque de voir notre Terre-Patrie (cf Edgar Morin), notre "Terre Mère" selon l'expression de peuples premiers, devenir une "terre-serre" inhabitable pour un nombre croissant d'êtres humains. Si l'augmentation de la température dépasse le seuil de 2 °C, les effets en chaîne seront cataclysmiques. Ce réchauffement moyen conduit à l'accentuation de phénomènes extrêmes : inondations autant que sécheresses, incendies ravageurs autant que cyclones et tempêtes. Mais le dérèglement climatique a une autre face : la glaciation émotionnelle et relationnelle qui s'exprime par le creusement des inégalités et le mépris des plus pauvres. Plus gravement encore, sous l'effet de la peur du déclassement, elle se traduit par la lutte des victimes entre elles : ouvriers, précaires, sans abri, migrants Celui qui se sent menacé dans le peu qu'il a acquis ou le peu quil lui reste, craint de voir plus misérable que lui prendre sa place. Par son avidité, son cynisme et ses inégalités, le fondamentalisme marchand a enfanté un double monstrueux : le fondamentalisme identitaire, qui peut prendre des formes religieuses, xénophobes ou nationalistes, et s'exprimer autant par les armes que dans les urnes. L'arrivée au pouvoir d'individus qui représentent une menace, non seulement pour la démocratie et les droits humains (à commencer par ceux des femmes) mais aussi pour les équilibres écologiques, en constitue une manifestation de plus en plus dangereuse. Aux Philippines, en Hongrie, aux États-Unis, en Italie, au Brésil des forces aussi criminelles socialement qu'irresponsables écologiquement menacent l'humanité dans ce qu'elle a de plus essentiel : Vivre en paix sur une planète habitable. À cause de l'instrumentation des peurs et de la manipulation de l'information et des campagnes électorales, des irresponsables et des criminels peuvent aujourdhui, comme dans les années 1930, arriver au pouvoir en s'abritant derrière des formes apparemment légales, en profitant du cynisme des uns et de la peur ou de la lâcheté des autres.? Face à ce double risque et à la bataille mondiale qui s'annonce, nous refusons de céder à la peur et de tolérer passivement la propagation de ce danger mortel. Nous allons organiser partout une Résistance créatrice, fondée sur le refus de la régression sociale, de l'irresponsabilité écologique et de la mise en cause des droits humains fondamentaux. ? Nous déclarerons illégitime tout pouvoir qui ne respecte pas les trois piliers essentiels du vivre ensemble de l'humanité sur une planète sauvegardée : la Déclaration universelle des droits de lhomme, les pactes sociaux des Nations Unies et les conventions internationales visant à assurer la soutenabilité écologique de notre planète, en particulier l'accord de Paris sur la lutte contre le dérèglement climatique. Nous refuserons, par tous les moyens non violents en notre possession, y compris le boycott ou la désobéissance civile à l'égard de pouvoirs illégitimes, de nous laisser dominer ou intimider par ces pouvoirs. Nous créerons, partout où nous le pourrons, des territoires-refuges pour les victimes de ces pouvoirs et des oasis de vie face aux déserts de mort que fabriquent de concert la régression sociale, l'irresponsabilité écologique et l'atteinte aux Droits humains. Nous nous organiserons pour construire cette Résistance créatrice, mais aussi pour faire vivre positivement, entre toutes celles et tous ceux qui en auront fait le choix, les valeurs économiques, écologiques, sociales, politiques et culturelles d'une société du Bien Vivre. Nous travaillerons à relier entre eux tous ces territoires et tous ces oasis de vie, depuis les quartiers de nos villes et les villages de nos campagnes jusqu' à lensemble de notre Terre-Patrie. Nous lancerons solennellement cet Appel des consciences le 10 décembre 2018, lors du 70ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme Patrick Viveret On peut signer cet appel en suivant ce lien : https://appelauxconsciences.wesign.it/fr
L'Espéranto, langue du monde pour une communication équitable entre Citoyens par Didier LOISON, L'espéranto, langue du monde pour une communication équitable entre citoyens Les Citoyens du Monde célèbreront demain les 70 ans de la déclaration de Garry Davis et Robert Sarrazac. L'espéranto, malgré sa jeunesse, a presque le double d'âge. Depuis le 26 juillet 1887, du haut de ses 131 ans, la langue internationale du docteur Espéranto (pseudonyme de Louis-Lazare Zamenhof) est devenue la seule langue du monde permettant une communication équitable entre les citoyens. L'espéranto est une langue du monde. Il s'agit en effet de la seule langue au monde dite artificielle (qui a donc été construite avec art) et qui a acquis le statut de langue vivante, grâce à une production littéraire (traduite et originale), une presse au lectorat mondialisé, une production musicale, des congrès mondiaux, une Académie, et surtout une communauté grandissante des espérantophones sur tous les continents, qui l'apprennent et l'utilisent parfois au quotidien, voire à la maison et même pour certains depuis la naissance. C'est un fait peu connu du grand public, mais l'espéranto a connu récemment un renouveau à l'échelle mondiale grâce à un pays virtuel : Internet. Par exemple, des centaines de milliers de pages sont accessibles en espéranto sur Wikipedia. Entre les cours en ligne et les applications pour téléphones, plusieurs millions de personnes se forment à l'heure actuelle simultanément à l'espéranto. Ce succès a rendu nécessaire le lancement d'une application au gentil nom d'Amikumu (" fais-toi des amis ") afin de rencontrer les autres espérantophones de son quartier, de sa ville ou de son lieu de déplacement. L'espéranto est une langue équitable entre les citoyens. L'usage de l'espéranto, entre personnes de langues maternelles différentes, permet aux citoyens, de quelque pays que ce soit, de maîtriser une langue suffisamment régulière, facile et rapide à apprendre, sans obérer le temps disponible à en apprendre d'autres selon son goût personnel, ni de reléguer sa propre langue nationale et/ou régionale aux oubliettes. On évite, ce faisant, d'imposer sa propre langue à son interlocuteur, de se soumettre à la sienne, ou de balbutier chacun dans une langue tiers. Cela peut paraître à certains utopique, mais c'est une utopie compatible avec la réalité. En effet, cette noble idée de communication équitable, que toutes les langues de la planète se valent, peut être pratiquée en même temps que le modèle dominant. Comme l'usage des courriels n'interdit pas de continuer à envoyer des cartes postales, parler l'espéranto entre citoyens engagés et partageant le même philosophie, n'interdit pas les solutions " en mode dégradé " avec le reste du monde. Avec une langue dominante, on fait du business, avec l'espéranto on se fait des amis. C'est pourquoi en tant que représentant d'Espéranto-France, affiliée à l'association mondiale d'espéranto, et moi même enregistré comme citoyen du monde depuis environ 25 ans, je conclurai en disant : " Vivent les Citoyens du Monde et vive l'espéranto ! ". Didier LOISON,
1. A LA SALLE VICTOR HUGO (Palais Bourbon) : 1948 - 2018 - 70ème anniversaire des Citoyens du Monde Cette présentation au format pdf : L'acte fondateur En février 1946, Robert Sarrazac fonde avec deux amis, le "Centre de Recherches et d'Expression Mondialiste" en même temps qu'un petit réseau d'une vingtaine de camarades : "Le Front Humain des Citoyens du Monde". En mai 1948, l'ancien aviateur de bombardier, Garry Davis, renonce publiquement à sa nationalité étasunienne, et se place sous la protection des Nations Unies. En septembre 1948, Robert Sarrazac et Garry Davis se rencontrent et apprécient l'un chez l'autre qui la rigueur, qui la détermination. En novembre de la même année, alors que les Nations Unies tenaient leur 3ème Assemblée Générale au palais de Chaillot (Paris), Garry Davis et Robert Sarrazac imaginent une tactique qui allait leur permettre d'interrompre l'Assemblée Générale pour exiger la satisfaction des revendications fondamentales de l'homme du 20ème siècle, menacé dans sa vie. Le 19 novembre, après un tumulte généré par Garry Davis et ses amis, du haut de la tribune, Robert Sarrazac lit ce texte dont la rédaction initiale est attribuée à Albert Camus : une Assemblée des Peuples surgira des masses mondiales
Monsieur le Président, Cette action d'éclat est répercutée par un grand nombre de journalistes présents à Paris à l'occasion de l'Assemblée Générale des Nations Unies. Il s'en suit une avalanche de courriers de personnes qui voulaient participer à l'essor de la démocratie mondiale. De là est née la création d'un " Registre " des Citoyens du Monde. L'enregistrement, initialement réservé aux individus est progressivement étendu à tous organes de la société :
En 1969 sont organisées les premières élections transnationales. Les Citoyens du Monde recouvrent donc Structurellement : Le 1er janvier 1949, Garry Davis annonce la création du " Registre International des Citoyens du Monde ". Ce Registre fonctionne d'abord comme une " Direction " du " Secrétariat international des Citoyens du Monde " dont les statuts ont été le 27 juillet 1949 à la Préfecture de Police de Paris. Le Secrétariat a cessé d'exister dès 1951, mais le Registre a perduré sous l'autorité du Conseil Mondial pour l'Assemblée Constituante des Peuples (1952) Le 3 avril 2012, l'association se transforme en fédération mondiale sous la compétence du Congrès des Peuples. Cependant, les buts assignés au Registre des Citoyens du Monde sont restés sans changement depuis 70 ans :
Le Registre des Citoyens du Monde est le seul organisme dans le monde habilité à distribuer des cartes de Citoyens du Monde directement aux individus ou par l'intermédiaire de centres qu'il a accrédités. Comme " service d'état civil mondial ", il travaille à l'établissement du corps électoral mondial. Devenu une fédération transnationale, le Registre des Citoyens du Monde se place dans la perspective d'un droit mondial émergent. Le 14 avril 1949, est publié le " Pacte des Citoyens Mondiaux ". Nous déclarons en danger chaque individu, chaque village, chaque ville et l'espèce humaine Nous voulons que naisse une loi commune et un nouveau pouvoir fédéral mondial chargé de la faire appliquer. Nous demandons que le peuple du monde soit démocratiquement consulté Nous entendons nous dénombrer à travers les frontières en recevant la carte commune à tous les citoyens mondiaux. Nous demeurerons vigilants et actifs jusqu'à ce que le Peuple Mondial rassemblée ait donné une constitution au monde. Le Registre des Citoyens du Monde est une fédération de centres d'enregistrement et de correspondants dans 35 pays. Parmi les centres les plus actifs :
Le format de la carte d'identité de Citoyen du Monde a été défini au mois de mai 1949. Jusqu'en 2016, c'était une carte en carton, proposée en 16 langues. Maintenant, elle est en plastique, au format standard pour être mise dans un porte-cartes, et avec tous les éléments constitutifs de la carte initiale. Elle est proposée en toutes langues. De 1949 à 2018, plus de 160000 personnes se sont reconnues membres de la communauté mondiale " citoyens ou citoyennes du Monde ". " Territoire mondial lié à la communauté mondiale " Mondialiser un territoire, c'est transposer à l'échelon d'une collectivité l'acte individuel d'enregistrement de Citoyen du Monde. La charte de " mondialisation " se fonde sur deux engagements principaux : déclaration et engagement de solidarité transnationale ; Parmi les territoires les plus emblématiques :
De nombreux territoires ont voulu rendre visible leur engagement :
Un Conseil mondial des communes mondialisées avait été créé en 1966 à Hiroshima par le Mouvement Universel des Fédéralistes Mondiaux. Devenu désuet, ce Conseil a été recréé en 2009 sous le nom de " Conseil des Territoires citoyens du monde " et intégré au Registre des Citoyens du Monde. L'Assemblée des Citoyens du Monde - ASCOP Lors de la session de Paris en octobre 2003, les élus du Congrès des Peuples ont fait le constat que depuis l'origine leurs travaux avaient toujours été argumentés, soutenus et accompagnés par des individus et des organisations citoyennes. C'est ainsi qu'a été créée, au sein du Congrès des Peuples une " Assemblée consultative " (ASCOP) maintenant communément appelée " Assemblée des Citoyens du Monde ". L'Assemblée, ce sont 160 organisations de 23 pays, et des personnes à titre individuel. Nous appelons chaque organisme et chaque individu dont les idéaux sont mondialistes et démocratiques à se rejoindre au sein de l'Assemblée des Citoyens du Monde, afin de bâtir un autre monde, meilleur, uni, pluriculturel et pacifique, en ralliant la présente charte. Partie intégrante du Congrès des Peuples, l'Assemblée a pour vocation de constituer, face aux Etats-Nations,
Le but de l'ASCOP : Réunir " tous individus et organes de la société " pour que tous se rencontrent, échangent leurs expériences et leurs aspirations et qu'ils les soumettent aux organes représentatifs pour qu'au niveau où se pose le problème les élus disent le droit ( ) L'action de l'ASCOP se présente en trois points :
Les séminaires et colloques de l'Assemblée des Citoyens du Monde ont eu lieu
Ces séminaires et colloques sont l'occasion de rencontres avec des personnes de tous horizons et des organisations ouvertes au mondialisme. Autres activités emblématiques de l'ASCOP :
Des institutions pionnières : Le mondialisme s'efforce de proposer une nouvelle organisation politique de l'humanité capable de résoudre par le droit et la démocratie les problèmes qui mettent en cause le destin de l'espèce, tels que faim, guerre, énergie, pollution, droits humains. Dans cette optique les Citoyens du Monde ont créé plusieurs organisations qui se veulent des préfigurations de ce que pourraient être des Institution mondiales spécialisées. Ainsi ont été créés :
Toutes ces organisations sont membres de l'Assemblée des Citoyens du Monde - ASCOP, aux côtés de plus de 150 autres organisations. Solidarité Mondiale contre la Faim Fondée en 1982 par la commission " Faim et Développement " des Citoyens du Monde, cette mutuelle transnationale est présente dans plus de 30 pays. Sa spécificité est de poser le problème de droit individuel de se nourrir au plan du droit mondial et de tendre à y répondre par une organisation transnationale de la solidarité sous la compétence du Congrès des Peuples. Solidarité Mondiale contre la Faim finance des groupements agricoles selon un principe mutualiste pour une activité visant à l'autosuffisance alimentaire De 1982 à 2018 environ 100 projets ont été financés dans le monde, surtout en Afrique. www.globidar.org Les Jeux Mondiaux de la Paix Les Jeux Mondiaux de la Paix sont des rencontres sportives, culturelles, humanitaires et économiques ouvertes à tous les hommes et femmes de notre Monde, quelles que soient leur origine, leur couleur ou leur nationalité, quelle soit leur conception politique, philosophique ou religieuse, quel que soit leur niveau social. Organisés par catégorie d'âge, dans les disciplines situées au plus près de la nature, les Jeux Mondiaux de la Paix ont pour but d'inciter les populations à la pratique de l'activité physique et sportive pour
Les Jeux Mondiaux de la Paix tout en affirmant leur foi dans les principes humanistes du mouvement sportif actuel, sont une nouvelle modalité d'organisation des compétitions sportives internationales. Ils sont régis par une charte. L'Institut d'Études Mondialistes propose trois formules de formation au mondialisme :
L'Agence Mondialiste d'Information et de Presse (AMIP) Fondée en 1980, L'Agence Mondialiste d'Information et de Presse (AMIP) a été créée par le Conseil exécutif du Congrès des Peuples. La création de cette institution a ensuite été approuvée par la session du Congrès des Peuples tenue à Tokyo (Japon) du 24 au 30 juillet 1980. L'AMIP a pour vocation d'être une plate-forme coopérative d'échange, de partage de l'information citoyenne du monde. Elle fonctionne en équipe, avec un petit comité de coordination et de validation qui sera élargi au fur et à mesure que l'on constatera la qualité du travail accompli et la capacité à fédérer les énergies, l'enthousiasme, et l'envie de faire progresser une paix mondiale fondée sur la démocratie, par ce travail sur l'information. L'AMIP est fondée sur le bénévolat de personnes aux compétences diverses et complémentaires. Elle est un espace de travail avec mise en commun et valorisation commune du temps donné, des savoirs et des expériences de tous et où doivent s'associer harmonieusement l'apport personnel (informations, articles, reportages ...) le travail collectif d'une équipe attentive à la ligne éditoriale, et la diffusion aussi gratuite que possible. LIBERTE D'EXPRESSION : La liberté d'expression est en contradiction avec la professionnalisation, car cette professionnalisation est contrôlée par des intérêts privés et des intérêts financiers qui ne sont pas des organismes démocratiques ou par les gouvernements qui refusent souvent les idées différentes de celles qu'ils préconisent. BENEVOLAT : Les organismes fondés sur l'association volontaire et bénévole jouent un rôle considérable dans le domaine de la communication. Le droit de l'homme à communiquer lui donne des espoirs de transformation sociale et de changement politique, car l'humanité s'interroge sur les conditions de la survie de l'espèce humaine. Le CONGRES DES PEUPLES est une étape vers la création d'une Assemblée Mondiale capable d'établir et de contrôler les Institutions Mondiales indispensables à la survie de l'humanité et à la préservation de la biosphère. En conformité avec la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, le Congrès des Peuples est constitué :
Investi de l'autorité conférée par les élections (article 21-3 de la DUDH), le rôle des Élus du Congrès des Peuples est de dire le Droit.
Daniel Durand
Retour sur le projet de Cour Mondiale des Droits de l'Homme par Marion LARCHE " Je cherche à rédiger une Déclaration internationale des droits de l'homme, mais aussi à préparer les moyens pratiques de la faire respecter sous le contrôle de la communauté des Nations Unies par dessus les vieilles souverainetés meurtrières " (René CASSIN, 1887-1976). René CASSIN, diplomate et juriste français, est l'une des plus grandes figures de l'univers des droits de l'Homme. Grièvement blessé lors de la Première Guerre Mondiale, il fait ensuite partie des résistants qui rejoignent le général de Gaulle à Londres en 1940. De ces douloureuses expériences de guerre, il gardera, tout au long de son existence, la volonté inébranlable de se battre pour faire cesser la violation des droits humains1 . C'est en partie à ses convictions et à sa détermination que nous devons la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l'Homme - dont nous fêtons aujourd'hui les 70 ans - et à laquelle il contribua activement. C'est d'ailleurs pour son engagement sans faille qu'il reçu le Prix Nobel de la paix en 1968. René CASSIN ne s'est pas seulement attaché à promouvoir l'élaboration d'une déclaration politique intégrant un ensemble de droits attachés à l'Homme, il a également impulsé l'idée selon laquelle il était essentiel, afin d'en assurer l'effectivité, de mettre en place un mécanisme de contrôle supranational. Il s'agit, pour lui, d'une inconditionnelle modalité. Et c'est lui qui s'érige, en France, dès 1947, comme le premier et ardant défenseur de la Cour mondiale (internationale) des droits de l'Homme. Revenir sur ce projet de Cour mondiale lors de l'anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'Homme est presque une tradition. En effet, chaque décennie offre à la communauté scientifique et à certaines personnalités politiques l'opportunité de relancer ce sujet. Pour commémorer les 70 ans de la Déclaration, je propose donc de ne pas déroger à la règle. Parce que 70 ans après l'adoption de ce texte, qui est le " premier mouvement d'ordre éthique que l'humanité organisée ait jamais adopté"2 , la protection des droits humains demeure fragile, inégalitaire. Inégalitaire, parce que leur protection diffère d'un espace géographique à un autre, d'un État à un autre, d'un continent à un autre. Fragile, parce que leur protection souffre encore d'un manque d'effectivité. Et il suffit d'un seul regard sur l'actualité pour s'en convaincre. L'article 3 de la Déclaration nous indique que le droit de vie est protégé. Pourtant, en un mois, on compte pas moins de 6 700 Rohingyas massacrés par les autorités birmanes. L'article 14 de cette même Déclaration, protège le droit d'asile. Pas plus tard que la semaine dernière, le Président TRUMP annonçait vouloir interdire aux migrants centraméricains de déposer des demandes d'asile aux USA. L'article 19 garantit la liberté d'expression. Or, chacun a sans doute entendu parler de Sentsov, ce cinéaste ukrainien détenu par Moscou dans une colonie pénitentiaire pour avoir milité contre l'annexion de la Crimée. L'article 18 reconnaît la liberté de manifestation. Là encore, pas plus tard que cette semaine, 13 universitaires et journalistes ont été arrêtés en Turquie pour avoir organisé des manifestations contre ERDOGAN. 1 Il affirme notamment que " pour tous les survivants de massacres, aucune revanche ne peut être plus noble, ni plus éclatante que la proclamation, au bénéfice de l'humanité entière, de la liberté, de l'égalité et du devoir de fraternité entre les hommes ". Selon lui, " la Déclaration constitue un guide pour la politique des gouvernements, un phare d'espoir pour les êtres humains humiliés et maltraités et pour les peuples avides de justice ". Enfin, l'article 25 assure que chacun a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé et son bien être. Chacun a peut-être vu les photos récemment publiées par le Times dénonçant la situation de ces enfants mourant de faim au Yémen. 5 millions seraient menacés par la famine... La protection des droits de l'Homme est donc un défi inachevé, un combat toujours à mener. Aujourd'hui, tout autant qu'à l'époque de René CASSIN. Dans ce contexte, le sujet de la Cour mondiale des droits de l'Homme s'avère d'autant plus pertinent. Parce que parler de la Cour mondiale des droits de l'Homme, c'est bien évidemment se souvenir des combats d'hier, des idéaux et de l'uvre des pères fondateurs de la Déclaration. Mais c'est aussi réfléchir au système actuel, le mettre en perspective afin de mieux envisager demain et mesurer le chemin qu'il nous reste encore à accomplir. La présente contribution s'attachera donc à retracer l'histoire du projet de Cour mondiale des droits de l'Homme, en revenant d'abord sur les ambitions affichées par ses défenseurs et les raisons de leur échec (I). Ce propos devra être nuancé par l'influence considérable du projet initial à l'échelle régionale, perçue à travers le foisonnement d'organes de contrôle à ce niveau (II), avant de s'interroger sur la nécessité de relancer, aujourd'hui, cet idéal à l'échelle mondiale (III). I. L'ECHEC D'UN PROJET AMBITIEUX A L'ECHELLE MONDIALE Dès 1946, la Commission des droits de l'homme des Nations Unies, établie par le Conseil économique et social de l'ONU (ECOSOC), se voit confier la mission de rédiger " une déclaration internationale des droits "3 . Cette Commission, présidée par Eleanor ROOSEVELT, met alors en place un comité de rédaction dans lequel siège René CASSIN. Ce Comité a notamment la charge, au cours de l'année 1947, d'étudier les différentes contributions envoyées par les gouvernements. En France, c'est à la Commission consultative de droit international qu'il appartient de proposer un projet au nom du gouvernement. Cette Commission, justement présidée par René CASSIN, est composée d'éminents juristes dont Suzanne BASTID, Henri DONNEDIEU DE VABRES ou encore Charles CHAUMONT. Parallèlement à l'écriture de la Déclaration, les membres de la Commission entament de longs débats sur la nécessité d'assurer l'effectivité des droits qui seront bientôt proclamés dans un texte qui, par nature, sera dépourvu de toute valeur juridique obligatoire. Deux camps s'opposent alors : face à ceux, dont René CASSIN fait bien évidemment partie, qui soutiennent la création d'un véritable organe juridictionnel de contrôle et la mise en place d'une convention internationale visant à mettre en uvre la Déclaration4 ; d'autres se montrent particulièrement réticents. René CASSIN réussi finalement à convaincre une majeure partie des membres de la Commission, de sorte qu'un projet de Cour internationale, résultat d'un long et difficile compromis entre les deux camps adverses, est rédigé. Celui-ci peut se résumer de la manière suivante (cf diapo) : - Il y aurait d'abord une phase non-juridictionnelle : une Commission, composée de 11 membres élus par l'Assemblée générale des Nations Unies, serait en charge de procéder à des enquêtes et d'organiser une conciliation entre les parties. - Puis, il y aurait une phase juridictionnelle : un Parquet international serait alors en charge de poursuivre l'État qui aurait violé les droits de l'Homme garantis (dans l'esprit de René CASSIN, il s'agirait d'une chambre spéciale au sein de la CIJ). Ainsi, l'article 33 du projet de Déclaration rédigé par la Commission consultative française, prévoit la mise en place d'une telle procédure pour accompagner le traité qui doit international qui doit concrétiser les droits proclamés. Toutefois - et c'est ici que se mesure la place du compromis précédemment évoqué -, cette procédure ne devait pas être créée immédiatement. Il fallait attendre l'entrée en vigueur du traité envisagé et le vote favorable des États Parties pour la création d'une telle procédure. En d'autres termes, il était prévu, dans cette disposition, de remettre la discussion à plus tard... Le 5 avril 1948, le Quai d'Orsay et le gouvernement français émettent quelques réserves à l'égard de cette disposition. En effet, dans un contexte politique et géopolitique fortement marqué par la colonisation et le début de la Guerre Froide, le gouvernement français craint que les puissances adverses utilisent les mécanismes et instruments internationaux de protection des droits de l'Homme contre l'Union française. Le 19 mai, le Ministre des affaires étrangères, Georges BIDAULT, demande le retrait de l'article 33 du projet de Déclaration, tout en laissant la liberté à René CASSIN de présenter l'idée lors du discours qu'il doit tenir dans l'enceinte onusienne. Selon le Ministre, il conviendra de relancer véritablement le débat si les États-Unis et le Royaume-Uni s'y montrent favorables. Le projet français est ainsi discuté au sein du Comité de rédaction à l'échelle onusienne. Dans le cadre du processus de rédaction, les débats et réflexions sur le contenu des droits qui doivent être proclamés dans la Déclaration sont particulièrement longs et animés, les pays occidentaux portant davantage leur attention sur les droits civils et politiques tandis que les pays soviétiques insistent surtout sur les droits économiques et sociaux. Dans ce contexte, la question de l'effectivité de la Déclaration et de sa mise en uvre par un véritable traité international est relayée au second plan. Si certains représentants considèrent qu'il est préférable de retarder l'adoption de la Déclaration, afin de prendre le temps nécessaire pour aborder ces problématiques, d'autres États - à l'instar des USA et de la France qui tient à ce qu'elle soit adoptée en 1948, année de commémoration de l'abolition de l'esclavage -, se montrent beaucoup plus pressants. Par peur de faire échouer définitivement et totalement le projet, la DUDH est finalement adoptée le 10 décembre 1948, vidée de toute disposition relative à la rédaction ultérieure d'une convention internationale ainsi qu'à l'éventuelle mise en place d'un organe international de contrôle. L'Assemblée générale des Nations Unies prend néanmoins la peine d'adopter une Résolution demandant au Conseil économique et social de se saisir de ces deux questions. Si la première idée d'incorporer les droits garantis dans la Déclaration dans un traité international va finalement aboutir 5, la seconde, relative à la mise en place d'une Cour mondiale va, quant à elle, être abandonnée. En effet, en 1950, alors qu'une nouvelle Commission consultative propose d'intégrer aux "Pactes internationaux" un mécanisme de contrôle, l'Assemblée générale s'y oppose. En effet, malgré le soutien apporté par les délégations libanaise, australienne, indienne et belge, ce projet sera finalement contrarié par le rejet de certains États, dont l'URSS, les États-Unis, le Royaume-Uni ou encore l'Iran, au nom de la défense de la souveraineté étatique. Ainsi, cette Cour, gardienne des droits fondamentaux, n'a jamais vu le jour, et c'est finalement une Commission des droits de l'Homme - soit, un organe politique - qui est créée au sein des Nations Unies. Depuis lors, l'idée n'a pas totalement disparu. Au contraire, beaucoup d'initiatives académiques tentent régulièrement de relancer le projet ardemment et inlassablement défendu par René CASSIN. Deux projets de statuts de Cour mondiale ont d'ailleurs été élaborés, l'un par le Ludwig Bozmann Institute of Human Rights (Autriche), l'autre par l'Abo Akademia de Turku (Finlande) et l'Institut européen de Florence. Ces projets ont d'ailleurs été consolidés par un Panel d'experts promu par la Suisse à l'occasion des 60 ans de la DUDH (piloté par le département des affaires étrangères suisse). Ce projet de statut, qui a ensuite fait l'objet de discussions à l'Université de Berkeley, a été consolidé et adopté par le Panel d'experts en 2010. Il a notamment reçu le soutien officiel du Brésil et de la Norvège6 . Surtout, à défaut d'avoir pu se matérialiser à l'échelle mondiale, l'idée de René CASSIN se concrétise à l'échelle régionale. En effet, suite à l'adoption de la Déclaration en 1948, de nombreux organes juridictionnels émergent. II. LA CONCRETISATION DU PROJET A L'ECHELLE REGIONALE C'est le 10 décembre 1948 que les 58 États membres de l'Assemblée générale des Nations Unies adoptent la Déclaration universelle des droits de l'Homme au Palais de Chaillot. Ce texte, en tant que premier instrument de protection des droits humains à vocation universelle, a posé les premières pierres de ce qui allait devenir le droit international des droits de l'Homme et, en ce sens, il constitue une véritable révolution juridique à l'échelle supranationale. En effet, perçue au départ comme une simple déclaration politique, le destin de la Déclaration universelle des droits de l'Homme a dépassé les prédictions initiales. Non seulement, et contrairement à ce qui avait été envisagé par bon nombre de plénipotentiaires, la valeur de la Déclaration a dépassé le seul cadre politique pour se doter d'une force d'inspiration majeure au sein des ordres juridiques nationaux, mais aussi les droits qu'elle proclame ont été progressivement concrétisés par différents systèmes régionaux de protection qui s'avèrent particulièrement efficaces. De ces éléments, il ressort que la Déclaration demeure un facteur d'impulsion essentiel dans l'effectivité de la protection des droits fondamentaux à l'échelle mondiale. Dans les pas de la Déclaration universelle est adoptée la Convention européenne des droits de l'homme en 1950. Aujourd'hui signée et ratifiée par les 47 États membres du Conseil de l'Europe, le respect de ses dispositions est confié à la Cour européenne des droits de l'homme qui siège à Strasbourg (d'ailleurs, René CASSIN en a été le Président). Cet organe, qui peut être saisi par des particuliers, veille à ce que les États parties respectent leurs engagements. L'idée germe également sur le continent américain. Ainsi, la Convention interaméricaine des droits de l'Homme, signée en 1969, s'accompagne également de la mise en place d'un organe juridictionnel : la Cour interaméricaine qui siège à San José. Elle est assistée, dans sa tàche, par la Commission interaméricaine. De la même manière, sont instaurées, dans le cadre de la Charte africaine des droits de l'Homme et des Peuples de 1981, une Commission et une Cour africaine des droits de l'Homme. A l'échelle universelle, il n'existe toujours pas de Cour mondiale. Néanmoins, un certain nombre de Comités conventionnels ont vu le jour afin d'assurer le respect de certaines conventions spécialisées. Le système onusien des droits de l'Homme compte désormais neuf comités qu'il s'agit de présenter très succinctement (cf diapo). Le PIRDCP et le PIRDESC ont été respectivement accompagnés de la mise en place du Comité des droits de l'homme (CDH)7 et du Comité des droits économiques, sociaux et culturels (CESCR) chargés de surveiller leur respect par les États parties8 . Ont également émergé le Comité contre la torture (CAT) qui veille à l'application de la Convention éponyme et le Comité des droits de l'enfant, gardien de la CIDE. Dans le cadre des deux Conventions relatives à l'élimination de la discrimination, sont mis en place le Comité pour l'élimination de la discrimination raciale (CERD) et le Comité pour l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes (CEDAW). à ces Comités s'ajoutent le Comité pour la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leur famille (CMW), le Comité pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées (CED) et le Comité des droits des personnes handicapées (CRPD)9 . Face à ce rapide panorama, la question à se poser est alors la suivante : est-il encore pertinent de " réveiller " l'ambition initiale de René CASSIN ? III. DE LA NECESSITE DE RELANCER LE PROJET ? Alors qu'aujourd'hui, la galaxie des droits de l'homme se caractérise, à l'échelle internationale, par le foisonnement d'organes et de juridictions en charge de leur protection, il convient de réfléchir à la pertinence de relancer ce projet initié par certains rédacteurs et penseurs de la Déclaration universelle. Le manque de temps m'interdit, aujourd'hui, de lancer une longue réflexion sur le sujet. Je vais donc me contenter, ici, de présenter les grandes lignes et les principaux arguments militant pour ou contre la mise en place de cette Cour (cf diapo). La première objection qui pourrait être adressée est celle de l'inutilité d'une telle juridiction à l'échelle mondiale. En effet, quelle serait son utilité alors même que l'ONU s'est d'ores et déjà dotée de certains mécanismes de contrôle ? Plus encore, quelle serait son utilité alors que d'autres juridictions existent déjà à l'échelle régionale et qu'elles se montrent particulièrement efficaces ? Une telle Cour ne présenterait, a priori, aucune plus value et ferait vraisemblablement doublon avec les systèmes existants. En outre, un tel projet semblerait, eu égard au contexte actuel marqué par le recul du multilatéralisme, impossible. Néanmoins, et étant une éternelle optimiste, d'autres arguments plaident pour la nécessité de mettre en place une telle Cour. Ainsi que l'affirmait René CASSIN, " il n'y aura pas de paix sur cette planète tant que les droits de l'Homme seront violés en quelque partie de ce monde ". Ce seul élément suffit à défendre l'idée d'une Cour mondiale des droits de l'Homme. En effet, même si les avancées sont immenses sur le terrain de la protection internationale des droits, il n'en demeure pas moins que le système actuel reste fragilisé par quelques dysfonctionnements. Surtout, il est disparate. Ainsi que je le mentionnais dans mon propos introductif, cette protection demeure encore non effective et tributaire des États-Nations. Certains continents - je pense ici au continent asiatique - sont dénués de cour régionale telle que celle que nous connaissons en Europe. Face à ce vide juridictionnel, une Cour mondiale constituerait une arme formidable de rééquilibrage en faveur les droits humains. Aussi, une telle juridiction - qui prendrait la place de l'ensemble des Comités onusiens susmentionnés - permettrait d'éviter la fragmentation des contentieux due au foisonnement et à la multiplicité des mécanismes existants. Une Cour mondiale ne serait donc pas seulement utile, elle serait nécessaire. Outre ces avantages juridiques rapidement exposés, elle enverrait - et justement au regard du contexte actuel que j'ai mentionné - un message politique fort. Il est indéniable que certains enjeux transcendent aujourd'hui l'échelle des États-Nations, rappelant que les problématiques universelles appellent à des solutions universelles qui ne peuvent se concrétiser que par des mécanismes supranationaux. Les États ne peuvent plus, seuls, faire face aux défis et aux responsabilités qui sont les leurs pour ce XXIème siècle. Les enjeux des désastres écologiques et des changements climatiques dépassent le cadre de nos frontières. Ils emportent avec eux les premières victimes de ces bouleversements, ceux dont les droits les plus élémentaires ne sont plus assurés. Je pense aux réfugiés climatiques - dont le nombre devrait atteindre 250 000 millions de personnes à l'horizon 2050 selon les prévisions de l'ONU -, au droit à l'alimentation, au droit à l'eau... Simples "préoccupations" aujourd'hui, ces questions seront une urgence, demain. Or, vers qui - vers quelle institution - devrons-nous nous tourner pour revendiquer la protection de nos droits face à des États trop passifs ou défaillants ? Une dernière fois, c'est vers René CASSIN que j'aimerais me tourner pour clore cette présentation. Non pas parce que je suis attachée au parallélisme des formes mais parce que son propos me paraît tout aussi éclairant aujourd'hui qu'il ne l'était à son époque. Voici ce qu'il disait, parlant de la Loi de solidarité : " La loi de solidarité se révèle de plus en plus impérieuse au fur et à mesure que le globe terrestre se resserre, même dans les périodes de crises où certains groupements humains prétendent s'y soustraire ". Marion LARCHE,
Les origines : le Front Humain des Citoyens du Monde de 1945 à 1948 par Nicolas BARRET " Il faut désormais penser mondial " proclame en 1946 le premier document édité par un petit groupe qui se nomme " le Front Humain des citoyens du Monde ". Ce fascicule est édité en 1946 plus de deux ans avant novembre 1948 et l'anniversaire de l'intervention à L'ONU que nous célébrons aujourd'hui. Le " Désormais " de ce " il faut désormais penser mondial " renvoie à un double contexte : Premier contexte, celui de l'après-guerre : la guerre a été totalement mondiale, elle s'est répandue à tous les continents. En 1946, on sort d'un cataclysme total qui a produit l'horreur concentrationnaire et qui s'est conclu par la première utilisation de l'arme nucléaire. Second contexte, en 1946, on assiste à la constitution des blocs américains et soviétiques et surtout la constitution de leur face à face : selon la fameuse expression de Churchill " un rideau de fer s'est abattu sur l'Europe " et moins d'un an après la fin de la deuxième guerre mondiale, l'idée que la guerre est à nouveau possible est là. La guerre est possible voire probable. Origines et naissance du Front Humain des Citoyens du Monde C'est dans ce contexte que se forme ce " Front Humain des Citoyens du Monde ". En 1945, Robert Soulage rencontre Paul Montuclard et Jeanne Allemand-Martin, de cette rencontre va faire le Front Humain, association déclarée le 15 avril 1946. Ces trois personnes incarnent finalement la double influence, les deux sensibilités qui constituent le fondement des CDM : D'une part Robert Soulage, sous son nom de clandestinité Robert Sarrazac, incarne la continuation de l'esprit de la résistance. Robert Sarrazac est un officier de l'armée, issue d'une famille traditionnelle qui entre dans la résistance suivant son ami Henry Frenay, fondateur du réseau Combat. Frenay le nomme, en 1943, chef du Service National des Maquis (il en est donc un des trois chefs) dont la mission est de structurer et professionnaliser le maquis. A la formation militaire et disciplinaire Sarrazac veut ajouter une formation intellectuelle : il commence à développer des réflexions autour de " l'unité des hommes et de l'association à cette unité ". Sarrazac, qui évolue dans un univers patriotique (celui des militaires qui refusent la défaite et entre en résistance) développe son intuition qu'avec cette guerre mondiale le monde est en marche vers son unité. Et que la France résistante a un rôle à jouer dans cette unité. Sarrazac écrit et essaye de transmettre dans les écoles de cadres du maquis dans son enseignement ce sens à la résistance : nous assistons à un mouvement pour l'unité des hommes. Pour Sarrazac la guerre est mondiale donc le monde va vers son unité. De la diversité sociale, politique, syndicale, religieuse de la résistance il tire la conviction de la possibilité de cette unité. Ces écrits " pré-mondialistes " lui causeront, au sein de la résistance, des difficultés est un t "d'original " . Tous ceux qui l'ont connu le décrivent comme un leader, un meneur d'homme, un homme d'action idéaliste et charismatique. Henry Frenay écrit : " A ses hommes, il apparaîtra pour ce qu'il est profondément et ce que j'aime en lui : un idéaliste mais un meneur d'hommes, un chef, un exemple " La référence à la résistance est bien présente dans les premiers textes des citoyens du monde. Pour Sarrazac il s'agit d'une continuation : Andrè Breton écrit : " deux vertus que l'épreuve de la résistance a fait passer au premier plan : l'esprit d'initiative et l'abnégation portée à ses extrêmes limites. Pour moi, ces vertus s'incarnent en la personne de Robert Sarrazac. Ce prolongement cet épanouissement de la pensée de la résistance c'est chez lui, c'est chez ses camarades et collaborateurs du Front Humain et chez eux seuls que je les ai trouvés " La première influence est donc bien celle de l'esprit de la résistance, pour Sarrazac le FH est une continuation de la résistance et elle apporte la conviction que de grandes choses peuvent être réalisées par, au départ, une poignée d'hommes déterminés. La deuxième influence est d'ordre spirituel. Spirituel plus que religieuse. Cette dimension est apportée par les deux autres fondateurs, moins connus, du Font Humain des citoyens du Monde. Paul Montuclard est un prêtre mariste intellectuel engagé avec Jeanne Allemand -Martin dans un mouvement catholique de réflexion progréssiste " Jeunesse de l'Eglise ". Le Front Humain des Citoyens du Monde prend son aspiration dans des nouvelles pensées chrétiennes comme le personnalisme d'Emmanuel Mounier, fondateur de la revue Esprit et dans la pensée de Teilhard de Chardin, un prêtre, théologien, paléontologue, condamné au silence par l'Eglise. Pour Teilhard de Chardin, qui publie en 1947 la planétisation humaine, l'histoire a un sens : l'humanité marche vers son unité. " Que nous le voulons ou non, sans arrêt depuis les origines de l'Histoire, et de par les forces conjuguées de la matière et de l'esprit, nous nous collectivisons lentement ou par saccades, chaque jour davantage. Voilà le fait." RP Teilhard de Chardin, 1947 Mounier prône une révolution personnaliste et communautaire ou la Personne n'est ni " l'individu consommateur des libéraux " ni " le soldat politique des totalitaires ". Mais si les influences de penseurs chrétiens est indéniable, si des hommes d'église furent dans les premiers à s'engager dans ce Front Humain, ils ne revendiquent aucune influence religieuse. Au contraire, ils procèdent même d'une analyste plutôt marxiste en affirmant que l'accord humain ne peut se faire qu'au plan de l'économie. " Ce n'est qu'au plan de l 'économie et non à celui des religions, des métaphysiques, des morales, des constructions politiques, des idéologies, qu'il est possible d'établir l'accord humain " Thèses justificatives d'un Front Humain nécessaire, 1946 Le Front Humain des Citoyens du Monde : le temps de l'action Robert Sarrazac, le meneur d'hommes, Paul Montuclard et Jeanne Allemand-Martin, les intellectuels créent dont en 1946 le Front Humain des Citoyens du Monde. Ce Font Humain est d'abord un groupe de réflexions et de recherche puis bien après une structure militante. En 1946, ils publient les Thèses justificatives d'un front Humain nécessaire. C'est Paul Montuclard qui tient la plume de ce fascicule de 55 pages organisées en 14 thèses. La thèse numérotée 1 est une déclaration forte : " Thèse 1 : Les dangers nouveaux qui menacent simultanément les élites et les masses de tous les pays et de toutes les classes, imposent aujourd'hui une action commune à la totalité des hommes, pour la totalité des hommes " Les constats sont formulés clairement : L'affrontement entre les blocs capitalistes et communistes à l'ère de la bombe atomique est un danger planétaire qui transcende les classes. Le Capitalisme porte en lui l'impérialisme économique qui provoque les guerres. " Il n'y aura ni paix horizontale entre les nations ni paix verticale entre les classes aussi longtemps qu'une économie rationnelle mondiale ne sera pas organisée par tous les hommes pour tous les hommes " L'Unité du monde se fera donc par l'économie, on peut d'ailleurs voir ici l'influence du socialisme utopique du XIXeme siècle. La finalité de ces Thèses justificatives réside dans la nécessité de dégager un référentiel commun pour réunir les hommes mais des principes de gouvernance mondiale émergent : la nécessité d'un parlement économique mondial et l'idée de mondialiser les grandes sources d'énergie de matière première est affirmée. Petit à petit, les trois fondateurs agrègent quelques militants (jusqu'à 200) autour d'activités de publications et de réunion. Un réseau se constitue progressivement. La Lettre des Citoyens du Monde est régulièrement envoyée. Des contacts sont pris avec des intellectuels : André Breton, Albert Camus, Emmanuel Mounier, Claude Bourdet L'idée de réunir des personnalités, des " grands noms " afin qu'ils se déclarent Citoyen du Monde est née. L'idée d'un gouvernement mondial n'est pas discutée, ni même vraiment envisagée, pour le Front Humain il s'agit d'éveiller les consciences. Mais, au contact des anglo-saxons, lors du congrès de Montreux en 1947 du futur mouvement universel pour une confédération mondiale (MUCM) l'idée d'une Assemblée constituante mondiale voit le jour. Le Front Humain adopte cette idée et tient son objectif qui peut parler au public : l'heure de l'action publique a sonné. L'action publique En septembre 1948, le Front Humain est donc un petit groupe d'intellectuels et de militants qui réfléchissent et travaillent aux moyens de faire émerger publiquement l'idée d'une assemblée constituante mondiale. Ils écrivent, iles sensibilisent et mobilisent des intellectuels, rencontrent des militants internationaux, etc. Les membres du FH refusent d'être considérés comme des idéalistes et des naïfs, d''être " un îlot de plus, une communauté de déserteurs du réel " (Lettre du FH) mais ils se sentent des précurseurs de l'histoire : " nous exprimons une fonction naissante à la crête de son mouvement ". Ce sont ces mêmes militants qui découvrent dans le journal, Garry Davis et sa tente sur les marches de Chaillot. Ils y voient vite l'opportunité de se lancer dans une action publique. Sarrazac va donc à la rencontre de Davis, déjà largement courtisé par des mouvements pacifistes, fédéralistes, objecteurs de conscience et quakers. Précisons que Robert Sarrazac, militaire de carrière, voue un certain mépris pour les pacifistes et objecteurs : " ce n'est pas les bouffeurs de carotte qui pourront faire émerger une assemblée mondiale " mais il est convaincu de l'opportunité que constitue Garry Davis. Son plan est clair, il veut afficher une demande à l'ONU de se transformer en une confédération mondiale. Sarrazac et le Front Humain arrivent à convaincre Davis d'engager une action qui s'adresse au public et non pas à l'ONU pour une constituante mondiale : ce sera le sens de l'intervention " Au nom des peuples qui ne sont pas représentés ici ". Sarrazac, fort de son charisme exceptionnel de ses talents de meneur d'homme, de son entourage d'intellectuels emporte l'adhésion de Garry Davis. L'opération du 19 novembre est entièrement organisée par le Front Humain : c'est paul Montuclard qui intervient en séance de l'ONU le premier puis Davis et enfin Sarrazac qui déclame la fameuse déclaration. Les membres du Front organisent l'opération, le comité de soutien à Garry Davis et la conférence de presse avec Albert Camus. Andrè Bretoin écrit dans Combat : " Je ne saurais avec trop d'insistance témoigner que le puissant éclairage dont a bénéficié le geste de Garry Davis est le fruit d'une activité continue d'un groupe qui a préexisté à son apparition sur les marches de Chaillot : le Front Humain ". Et Emmanuel Mounier résume dans Esprit : " Sarrazac et ses amis pensent entreprise, et cherchent de vastes liaisons, pour une planification mondiale des organismes de paix, Davis est un homme d'acte qui aime toucher d'acte en acte, les effets d'une vocation intérieure ". L'idée de la citoyenneté mondiale apparaît au public ce 19 novembre 1948. Si la date est symbolique ce 19 Novembre 1948 marque la première expression publique d'une citoyenneté mondiale. Nicolas BARRET
La citoyenneté mondiale : une utopie réaliste, par Roger Winterhalter Nous vivons dans un monde qui semble être arrivé à bout de souffle. Les uns vivent dans la pauvreté et la précarité alors que d'autres gèrent le superflu ; Les marchandises et les capitaux circulent librement alors que des êtres humains sont parqués derrière des murs de la honte ou disparaissent dans la Méditerranée ; Les conditions climatiques sont de plus en plus difficiles à supporter ; Le repli sur soi, l'égoïsme, le rejet de l'autre, de l'étranger se banalisent ; La morosité et le désespoir s'installent. Et l'on a parfois l'impression que c'est la fin de l'humanité qui nous guette. Et pourtant, ici et là des lueurs d'espoir s'allument : Des femmes et des hommes osent élever la voix, résistent, se révoltent, expriment d'autres manières de vivre ; Les uns protègent la nature, respectent et valorisent leur environnement, recyclent des déchets, développement des énergies renouvelables... Les autres organisent la production et les services à travers des systèmes coopératifs ; inventent des monnaies d'échange ; mettent en cause la propriété privée et font la promotion de la propriété d'usage ; rêvent de partager des richesses à travers la distribution d'un revenu inconditionnel d'existence ; D'autres encore démontrent que l'art et la culture sont indispensables à l'être humain (comme le boire et le manger) ; D'autres encore prouvent à l'usage que le pouvoir, le savoir et l'avoir doivent et peuvent être partagés. Et, à travers ces actions, ils prennent conscience Que le lien est plus important que le bien ; Qu'il s'agit aujourd'hui plus que jamais de se serrer les coudes au lieu de jouer des coudes ; Que les voix que nous mettons à intervalles réguliers dans les urnes ne doivent pas rester muettes ; Que les citoyennes et les citoyens peuvent et doivent devenir des acteurs de leur vie et non des sujets impuissants ; Que tous les êtres humains sont doués et qu'il suffit de le vérifier à l'expérience ; et qu'en définitive les affaires du monde sont les affaires de tout le monde. Alors... alors, arrêtons d'en parler, faisons le et passons à l'acte. Et pour celles et ceux qui ne sont pas convaincus, je vous propose cette petite histoire que mon ami George KRASOWSKY nous a laissé en héritage. Cette petite histoire, intitulée " le poids de rien ", démontre que tout reste possible. La voici : " Dis-moi combien pèse un flocon de neige ? " demande la mésange charbonnière à la colombe. " Rien d'autre que rien ", fut la réponse. Et la mésange raconta alors à la colombe une histoire : " J'étais sur la branche d'un sapin quand il se mit à neiger. Pas une tempête, non, juste comme un rêve, doucement, sans violence. Comme je n'avais rien de mieux à faire, je commençais à compter les flocons qui tombaient sur la branche où je me tenais. Il en tomba 3 751 952. Lorsque le 3 751 953ème tomba sur la branche -rien d'autre que rien comme tu l'as dit-, celle-ci cassa ". Sur ce la mésange s'envola. La colombe, une autorité en matière de paix depuis l'époque d'un certain Noé, réfléchit un moment et se dit finalement : " Peut-être ne manque-t-il qu'une personne pour que tout bascule et que le monde vive en paix ". Et si c'était vous ? Et c'est dans cet état d'esprit, c'est fort de ces convictions qu'un soir je me suis endormi et j'ai rêvé... J'ai rêvé d'un monde réactif, d'un monde où naissent un peu partout des Maisons de la Citoyenneté Mondiale, des Maisons où on se retrouve ensemble, des hommes et des femmes venant de partout, de culture et de condition sociale différentes, des Maisons où les gens se remettent à réfléchir, à parler, à échanger, à se révolter, à mettre en cause l'ordre établi, à vouloir expérimenter dans tous les domaines de la vie comment mieux manger, se loger, comment travailler pour produire des biens et des services, bref, comment mieux vivre ensemble. Et... et... mon rêve a pris de l'ampleur, des Maisons de ce type se sont construites partout dans le monde. Les hommes et les femmes qui les habitait ont renversé les barrières qui les séparaient, ils se sont donné la main pour prendre soin de celles et ceux qui les entouraient. Dans les bateaux qui naviguaient sur la mer, là où étaient entassés des enfants, des adultes qui très souvent se noyaient dans les eaux de la Méditerranée, eh bien, là, sur la mer profonde, le soleil se mit à briller, le bleu de l'eau commença à scintiller et... des chants d'espoir se sont élevés et ... en approchant des côtes, ils ont aperçu des personnes qui poussaient des cris et... en tendant l'oreille, ils ont entendu des mots, qui se sont transformés en phrases : " Venez, venez ", disaient ces gens, " il y a de la place dans nos maisons ", " nous allons partager ", " nous allons vous accueillir " ... Et... ils ont débarqué et... ils construisirent ensemble un monde nouveau, un monde de paix et d'amour. Parfois ces mêmes gens qui étaient sur les barques retournaient chez eux, sur leur territoire d'origine et ils emmenaient avec eux les personnes qui les avaient accueillis. Et... ils furent heureux comme dans un rêve. Et... c'est alors que le réveil a sonné et je me suis dit naïvement : peut-être, en y réfléchissant bien, si cela pouvait devenir réalité, il suffirait parfois d'y croire... Et... voilà... Je m'arrête là, à bout de souffle, en espérant que nous apprenions à rêver ensemble. Par Roger WINTERHALTER, ancien maire de
Lutterbach,
La campagne internationale pour une Assemblée Parlementaire des Nations Unies Bonjour à tous, merci pour cet événement, je suis ravi et honoré d'être parmi vous aujourd'hui, je suis là pour vous parler de la campagne internationale pour une assemblée parlementaire des Nations Unies. Je vais tenter d'être assez rapide mais le sujet, même si j'ai essayé de le condenser, est tout de même assez vaste. Je vais vous faire un état des lieux pour vous montrer où en est cette campagne? L'objectif est de donner une voix aux citoyens du monde. Effectivement, philosophiquement parlant on est en accord avec tout ce qui a put être dit jusqu'ici. Tout débuta en 1999 d'une première impulsion suite au sommet de l'OMC a Seattle, où les premières contestations firent écho au diagnostic social actuel auquel elle a été fait allusion tout à l'heure. Déjà à l'époque, des parlements, 250 parlementaires du monde entier, ont réclamés la création d'une assemblée parlementaire de l'OMC. Ensuite, des personnalités très connues se sont exprimées sur le sujet de la gouvernance mondiale, puis le congrès de la Fédération Mondiale des Associations pour les Nations Unies a apporté son soutien au concept en 2006, et c'est en 2007, il y a maintenant onze ans, que la campagne a été officiellement lancée. Dès l'origine, en 2007, 400 parlementaires ont approuvé cet appel. Dès l'origine, le parlement panafricain supporta cette initiative. Parmi les parlements régionaux qui soutiennent la campagne on peut aussi compter le parlement sud-américain, le conseil de l'Europe, le conseil du MERCOSUR en 2011, l'assemblée législative de l'Afrique de l'Est a apporté son soutien à l'initiative en 2013, le parlement panafricain l'a ré-approuvé en 2016, puis récemment le parlement européen en 2017 puis de manière plus importante en 2018 une résolution a été votée par le parlement européen en invitant l'ensemble des États-membres à apporter leur soutien à la Campagne dans l'objectif de la mettre à l'ordre du jour du sommet 2020 des Nations Unies, pour les 75 ans de l'organisation, et donc il nous reste quelque part deux ans pour, comme le disait M. Olivier Giscard d'Estaing tout à l'heure, entrer dans le cercle des chefs d'État puisque, et je vois que Bertrand Badie est présent, la question de l'oligarchie, de la diplomatie de connivence, fait que certains États ont plus de pouvoirs de d'autres, en tout cas l'organisation des Nations Unies fait que malgré tout ces objectifs-là doivent passer sous les fourches caudines de certains États qui doivent porter cette ambition même si aujourd'hui nous rassemblons 1 500 parlementaires, 1544 pour être précis, anciens et actuels, issus de 122 pays dans le monde qui ont tous signé cet appel pour la création d'une assemblée parlementaire des Nations Unies. Sur la carte présentée au tableau vous pouvez observer la densité de population de ces parlementaires. Bien sûr il y a de grands absents, des membres du conseil de sécurité de l'ONU, et vous voyez que dans des pays traditionnellement occidentaux le lien est plutôt assez fort ainsi que, plus généralement, les pays de l'OCDE plus l'Afrique et l'Amérique du sud. Nous avons aussi des chefs d'État et de gouvernement qui soutiennent la campagne, là encore vous noterez que l'on trouve des pays qui ne sont pas parmi les membres les plus influents des Nations Unies. L'enjeu aujourd'hui en 2018 est probablement ici, nous avons notamment quelques prix Nobel qui ont signé cet appel. Aujourd'hui quelle est l'actualité de cette campagne? Très récemment, lors de sa quarante deuxième assemblée pleinière, la Fédération Mondiale des Associations pour les Nations Unies s'est exprimée en faveur de cette initiative. On a aussi une initiative qui n'est pas inintéressante: le congrès mexicain a, très récemment, demandé au gouvernement mexicain d'implémenter cette solution à travers son droit bien qu'ils soient plus sur une autre optique, la question de "comment amène-t-on cette initiative?". Il y a sans doute deux voix: d'un côté la technique des "petits pas" et de l'autre côté un point de vue plus radicale. Peut-être que pour résumer on peut faire référence à la charte: il y a d'un côté l'utilisation de l'article 22 de la charte qui permet de créer un organe subsidiaire dans un premier temps. C'est un peu l'idée de cette campagne, c'est de rassembler un maximum de parlementaires à travers le monde pour mettre la pression politique suffisante pour créer un organe subsidiaire de l'assemblée générale dont les pouvoirs ne dépasseraient pas ceux de l'assemblée générale, et dans un deuxième temps, et c'est plutôt l'optique de nos amis mexicains, utiliser l'article 109 qui, comme l'évoquait M. Giscard d'Estaing tout à l'heure, prévoit d'organiser une conférence spécifique pour un nouveau traité mais qui là impliquerait un accord de deux tiers ainsi que l'accord des membres du conseil de sécurité de l'ONU et le rassemblement de ces 1 500 parlementaires sur l'idée de plutôt, dans un premier temps, proposer une assemblée qui serait principalement consultative dans un premier temps mais qui commencerait à symboliser que nous appelons de nos vux à travers l'incarnation d'un intérêt général de l'humanité qui dépasse les égoïsmes strictement nationaux. Notre actualité c'est aussi la participation au forum de Paris sur la paix s'étant déroulé la semaine dernière et, bien évidement, les soixante-dix ans de Citoyens du Monde pour lesquelles on est ici et ravis d'être à vos côtés. Aujourd'hui notre enjeu aussi est de passer à l'étape supérieure: on crée un groupe parlementaire international avec, parmi ces parlementaires nous soutenant, ceux qui souhaitent porter un peu plus la voix de cette initiative. Nous avons déjà 5 co-président qui ont été élus, nous avons un argentin, un sénateur suisse, un membre du parlement européen, un membre de l'assemblée pakistanaise et aussi un membre de l'assemblée du mozambique, également membre de l'union panafricaine, tous sont prêts à s'engager dans un groupe parlementaire international qui serait peut-être quelquepart le prémice d'une telle assemblée parlementaire des Nations Unies. Ce groupe parlementaire a vocation à inviter le plus de parlementaires possible à rejoindre cette initiative, à convincre d'autre parlementaires de passer à la vitesse supérieure. L'idée est aussi, d'ici 2020, que ce groupe parlementaire s'adresse au Secrétaire général des Nations Unies, au président de l'assemblée générale, aux chefs d'État et de gouvernement, pour leur demander, dans l'optique du sommet de 2020, de proposer des pistes. Le Secrétaire général des Nations Unies est chargé de penser à des réformes des Nations Unies dans cette optique et il nous semble que là nous avons une opportunité pour mettre à l'ordre du jour la question de la représentation parlementaire au niveau des Nations Unies. Une question qui revient très souvent: comment créer une telle assemblée? Cela semble complexe à concevoir, voire une sorte de rêve, mais qui finalement, sur la base de l'article 22, est possible avec la création d'une assemblée subsidiaire qui ne nécessite pas une majorité des deux tiers ou l'aval du conseil de sécurité qui seraient nécessaires si l'on voulait passer directement à un nouveau traité. L'Assemblée générale initierait le processus, les 199 pays comme le disait M. Olivier Giscard d'Estaing. Ces pouvoirs seraient limités car ils ne pourraient pas dépasser ceux de l'assemblée générale actuelle et là probablement qu'on aurait un bi-camérisme comme vous l'avez évoqué tout à l'heure avec d'un côté peut-être l'Assemblée Générale qui serait un sénat des États, et de l'autre l'assemblée parlementaire qui serait l'équivalent d'une "assemblée nationale" telle qu'elles peuvent exister dans les pays. Il y a beaucoup d'institutions parlementaires transnationales qui existent, il est certains que les initiatives telles que celles autour du parlement européen et de la gestion du parlement européen ou de l'union africaine sont sans doutes des expériences utiles sur lesquelles d'ailleurs on s'intéresse et on se penche pour essayer d'imaginer comment concrètement développer cette assemblée parlementaire. Evidement il y a la question des moyens, autre sujet sur lequel nous réfléchissons et il nous faut passer à un côté plus pragmatique, plus pratique, et donc actuellement nous y réfléchissons. La semaine prochaine par exemple nous participons à un séminaire à Bruxelles au centre institutionnel pour les Nations Unies qui se déroule avec pour objectif de savoir de quelle manière, sur le plan opérationel, on peut imaginer quels moyens sont nécessaires, le plus réaliste possible, aussi bien sur le plan financier que sur le plan légal. Il ne faut pas oublier non plus que, même si vous aviez raison de le souligner, les nouvelles technologies ont aussi un aspect déshumanisant, c'est aussi un moyen, si l'on doit créer une communauté à l'échelle mondiale de sept milliard d'individus, de pouvoir atteindre à un maximum de personnes, de citoyens du monde, à des coûts raisonables, parce que si demain on imaginait de créer un parlement mondial sur le modèle des parlements nationaux, il est, sauf changement radical du fonctionnement des institutions internationales, très difficile, d'un point de vue des moyens, d'imaginer la tenue de sessions parlementaires comme il en existe aujourd'hui dans nos assemblées nationales, d'autant plus qu'aujourd'hui il y a des technologies qui se développent, comme par exemple la technologie des blockchains qui permettent de certifier, de faire des transactions sur le plan numérique en toute confiance. Ceci permettrait de sécuriser un processus de vote à l'échelle internationale, puisque là on imaginerait, dans ce processus démocratique-là, une autre échelle où il ne serait plus question de placer son bulletin de vote dans une urne, et on passe à une autre dimension et les nouvelles technologies permettent d'apporter des réponses même si, évidement, il ne faut pas que les nouvelles technologies enlèvent l'humain qui est au coeur de cette démocracie mondiale en gestation. Cette campagne est hébergée par une ONG du nom de Démocracie Sans Frontières qui est basée à Berlin dont le coordinateur général est Andreas Bummel. Il y a un secrétariat dont je fais partie et puis des représentants dans une vingtaine de pays dans le monde. Vous pouvez en apprendre davantage sur l'organisation en allant sur son site ou en la contactant à l'adresse suivante: contact@unpacampaign.org. Merci de votre attention.
ICAN, son action et son rôle pour le désarmement nucléaire, par Jean-Marie Collin ICAN est une coalition d'organisations non gouvernementales présente dans une centaine de pays, qui a basé sa campagne sur les conséquences humanitaires catastrophiques des armes nucléaires et qui promeut la ratification et la mise en uvre du Traité d'interdiction des armes nucléaires. En 2006, inspirés par le succès des campagnes pour l'interdiction des mines antipersonnel et des armes à sous-munitions, des médecins australiens (membres de l'organisation International Physicians for the Prevention of Nuclear War) ont décidé d'engager une nouvelle approche sur le désarmement nucléaire, avec pour objectif de désacraliser les armes nucléaires. Officiellement, ICAN prendra pleinement naissance en mai 2007, à Vienne, lors de la première conférence préparatoire a la conférence d'examen de 2010 du traité de non prolifération nucléaire. Une nouvelle vision des armes nucléaires : Les conférences et débats dans les sphères diplomatiques et nationales ont toujours écarté les notions liées aux conséquences et aux destructions créées par des armes nucléaires. Ces armes sont devenues " propres " en étant intégrées dans un discours politique ou seul le concept de " dissuasion " apparaissait. Leur capacité à causer des destructions massives envers l'humanité et l'environnement a été effacée au profit d'un vocable inoffensif comme celui " d'arme de non emploi ". ICAN a ainsi décidé de rappeler la réalité des conséquences humanitaires catastrophiques basées sur les drames d'Hiroshima et de Nagasaki, sur les essais nucléaires (plus de 2000) réalisés depuis 1945, en dénonçant les conséquences environnementales et sanitaires. C'est donc bien, sûr la base d'une nouvelle approche sécuritaire pour tous, qui repose sur le droit international humanitaire, que le discours de ICAN s'est construit au fils des années. L'objectif a été d'inverser les rôles. Au lieu de répondre à la question " comment mon pays peut-il être en sécurité sans armes nucléaires ? ", il a été décidé d'interpeller les diplomates, l'opinion publique, les médias sûrs " comment le monde peut-il être en sécurité, alors que les armes nucléaires représentent une menace pour tous ? ". La notion des " conséquences humanitaires des armes nucléaires. " a toujours été présente dans le mouvement des ONG mais c'est avec le plan d'action du document final de la 8e Conférence d'examen du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) que les États s'en sont pleinement emparés : " La Conférence se dit vivement préoccupée par les conséquences catastrophiques sur le plan humanitaire qu'aurait l'emploi d'armes nucléaires et réaffirme la nécessité pour tous les États de respecter en tout temps le droit international applicable, y compris le droit international humanitaire ". Les conséquences humanitaires catastrophiques des armes nucléaires : La mise en uvre de trois conférences intergouvernementales sur les conséquences humanitaires des armes nucléaires (Oslo, Nayarit et Vienne) entre 2013 et 2014, a permis d'apporter des informations et des ressources aux États sur les dangers et les risques de détonation d'un dispositif nucléaire militaire que ce soit par accident, par malveillance ou par intention. Chaque fois, le nombre d'États présents augmenta passant de 127 à 146 et enfin à 156 États. ICAN fut le principal partenaire représentant la société civile lors des ces conférences. Tous les États qui ont participé à ces conférences ne partagent pas l'objectif de l'élimination des armes nucléaires. Mais la raison de l'engagement d'un nombre croissant d'États résulte d'une prise de conscience de leur insécurité devant l'existence de milliers d'armes nucléaires à travers le monde. Les conclusions entendues, répétées et accentuées au cours des trois conférences confirmèrent ces craintes : Les armes nucléaires sont uniques de par leur pouvoir destructeur et les souffrances horribles qu'elles provoquent. Leur utilisation, même a? une échelle restreinte, aurait des conséquences catastrophiques et durables pour la santé humaine, l'environnement, le climat, la production alimentaire et le développement socio économique. Les impacts que ces armes ont sur la santé peuvent durer des décennies et affecter les enfants des rescapés par les dommages génétiques causés a? leurs parents. Cette évidence a été confirmée lors de l'emploi et des essais d'armes nucléaires. Il n'existe aucun moyen efficace permettant d'aider une grande partie des rescapés d'une explosion nucléaire, tout en protégeant convenablement ceux qui apportent une assistance, dans la plupart des pays ou au niveau international. Les conséquences humanitaires de l'explosion d'armes nucléaires ne se limiteraient pas aux États où elle se produit, les autres États et leur population seraient également touches. Ainsi, la persistance des armes nucléaires et l'éventuel risque de leur emploi intentionnel ou accidentel sont et doivent être une préoccupation pour le monde entier. Parmi les nombreuses actions de mobilisations et de plaidoyer, ICAN invita les Etats a soutenir " l'engagement humanitaire " prononcé et lancé par l'Autriche lors de la dernière conférence (décembre 2014). Ces actions permirent d'obtenir un large soutien de 127 États à cette initiative internationale et furent aussi à la base du début de réflexion sur la nécessité de créer un instrument juridiquement contraignant pour interdire les armes nucléaires. Le Traité d'interdiction des armes nucléaires : Pour la première fois depuis 1995 (avec le Traité d'interdiction complète des essais nucléaires), un instrument multilatéral juridiquement contraignant a été négocié à l'ONU pour le désarmement nucléaire. Ainsi, le 7 juillet 2017, après plusieurs semaines de négociations ouvertes à tous les Etats, l'ambassadeur du Costa Rica, Madame Elayne Whyte Gómez, présidente de la conférence des Nations unies pour la négociation d'un instrument juridiquement contraignant visant à interdire les armes nucléaires, a annoncé l'adoption du Traité d'interdiction des armes nucléaires (TIAN). 72 ans après sa première utilisation, l'arme nucléaire devient une arme illégale au regard du droit international. Le TIAN complète les interdictions existantes sur les armes biologiques et chimiques, les mines antipersonnel et les armes à sous munitions, et renforce divers autres instruments juridiques sur les armes nucléaires, notamment le traité de non-prolifération signé en 1968. Le traité renforce le tabou mondial contre l'utilisation et la possession d'armes nucléaires, rejetant l'idée qu'elles sont des armes légitimes et acceptables pour certains États. L'ambition affichée du Traité d'interdiction des armes nucléaires est de rendre illégales ces armes en créant un corpus d'interdictions précises : " Chaque État partie s'engage à ne jamais, en aucune circonstance : mettre au point, mettre à l'essai, produire, fabriquer, acquérir de quelque autre manière, posséder ou stocker, transférer, accepter, autoriser l'installation ou le déploiement employer ni menacer d'employer des armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires ". Si d'habitude les armes nucléaires sont mises en avant comme un système d'arme à interdire et à éliminer, ce traité se démarque aussi par sa volonté d'interdire également la politique qui les met en uvre. La dissuasion nucléaire consiste à exercer une menace d'emploi permanente d'armes nucléaires sur des populations civiles. Cette politique ne peut donc qu'exercer un sentiment global d'insécurité et une course aux arsenaux. Ce traité est ainsi l'étape nécessaire qui donne un statut illégal aux armes nucléaires et qui va permettre dans un second temps de travailler à des processus de réductions et d'éliminations des arsenaux. Il doit être relevé que les États membres du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) se sont engagés à négocier de " bonne foi " des mesures relatives au désarmement nucléaire. Ainsi, l'existence d'une norme qui interdit maintenant les armes nucléaires, va faciliter le processus de leur élimination ; ces armes vont perdre leur statut d'intouchabilité. En effet, l'histoire montre que la mise en place de l'interdiction de certaines catégories d'armes facilite les progrès vers leur élimination. Les armes qui ont été interdites par les traités internationaux sont de plus en plus considérées comme illégitimes, perdant ainsi leur statut politique et avec elles les investissements financiers nécessaires à leur production. Les sociétés d'armements rencontrent des difficultés à obtenir des fonds pour produire ces armes illégales, et une telle production risque aussi d'affecter leur notoriété. Les banques et autres institutions financières pratiquent, elles, une politique de désinvestissement vis-à-vis de ces producteurs. En moins de dix ans ICAN est parvenue à faire (re)naître une prise de conscience internationale du danger des armes nucléaires. Une action qui a été honorée le 6 octobre 2017, le Comité Nobel norvégien décidant d'attribuer le prix Nobel de la paix à la campagne internationale pour abolir les armes nucléaires (ICAN). " Ce collectif d'associations reçoit le prix pour son travail de sensibilisation sur les conséquences humanitaires catastrophiques de toute utilisation d'armes nucléaires ainsi que pour son initiative inédite visant à obtenir l'interdiction de ces armes au moyen d'un traité Nous vivons dans un monde où le risque que les armes nucléaires soient utilisées est plus élevé qu'il ne l'a jamais été depuis longtemps. Certains États modernisent leurs arsenaux nucléaires, et le danger que plus d'États se procurent ces armes est réel, comme le montre le cas de la Corée du Nord. Les armes nucléaires constituent une menace constante pour l'humanité et pour toute vie sur terre. Grâce à des accords internationaux contraignants, la communauté internationale a déjà adopté des interdictions contre les mines antipersonnel, les armes à sous-munitions, les armes biologiques et chimiques. Les armes nucléaires sont encore plus destructrices, mais n'avaient pas encore fait l'objet d'une interdiction juridique internationale similaire. Grâce à son travail, ICAN a contribué à combler ce vide juridique. Un argument important dans la justification de l'interdiction des armes nucléaires, c'est la souffrance humaine inacceptable qu'une guerre nucléaire engendrerait. ICAN est une coalition d'organisations non gouvernementales présente dans une centaine de pays. Cette coalition a joué un rôle moteur dans la décision des États à travers le monde de s'engager à coopérer avec toutes les parties prenantes dans les efforts visant à stigmatiser, interdire et éliminer les armes nucléaires. " Le Traité est ouvert à la signature depuis le 20 septembre 2017 et entrera en vigueur 90 jours après le dépôt du cinquantième instrument de ratification, d'acceptation ou d'adhésion. Au 1er Juillet 2019, déjà 23 Etats ont ratifié le TIAN et 70 autres l'ont signé, débutant de ce fait aussi le processus complet de ratification ; sa mise en uvre est attendue pour 2020 Par Jean-Marie Collin,
Conséquences essentielles des armements aujourd'hui, par Yves ANGELLOZ Si je reprends le document final de la session spéciale de l'assemblée générale des Nations Unies qui a eu lieu à New York en juin 1978, sur le désarmement le premier paragraphe de ce document historique constate " que les armements ne défendent pas, ne protègent pas les nations qui les maintiennent. Et je lis Les gouvernements nationaux ont donnés confiance à leurs armements nationaux pour leur sécurité, mais aujourd'hui l'accumulation des armes constitue beaucoup plus une menace qu'une protection pour l'avenir de l'humanité ; Beaucoup plus une menace qu'une protection. Les armements eux-mêmes créent les dangers contre lesquels on espérait qu'ils nous garderaient Et de toute évidence c'est vrai ! Considérez les armes modernes ! Il n'y a aucune défense, aucune protection, contre les fusées, les bombes nucléaires. Il n'y a aucune défense, aucune protection contre les armes chimiques, les armes biologiques, bactériologiques. Même il n'y a aucune protection contre les chars d'assauts, les avions de bombardement, les grands canons qu'on appelle conventionnels. Les armements ne défendent pas les nations qui les maintiennent. Ils créent au contraire les dangers contre lesquels on avait pensé qu'ils nous garderaient. La science est devenue la prostituée de la guerre et par conséquence directe, l'industrie civile souffre d'une diminution très importante de sa productivité. Les Industries civiles japonaise et allemande ont fait des avancées très largement supérieure aux industries civiles de l'Angleterre, de la France et des Etats Unis après la deuxième guerre mondiale parce que ces deux pays, l'Allemagne et le Japon ont été interdit d'entretenir des armées nationales importantes après leur défaite militaire en 1945. De ce fait, leurs budgets consacrés aux armées ont été attribués à leur industrie civile et celle-ci se sont développée beaucoup plus que celles des autres nations. Les armements sont la cause primordiale de l'inflation mondiale qui affecte des désordres économiques dans toutes les nations du monde. Chaque économiste et le premier d' entre eux, Adam Smith, déjà à la fin du XVIII ème siècle avait défini l'inflation par ces paroles " Trop d'argent à la place de trop peu de bien ". Chaque économiste comme Adam Smith affirment que les budgets militaires, les dépenses pour l'armement et la guerre sont totalement inutiles car ils ne donnent aucun produit utile pour la vie, pour la vie et le bonheur des populations. Si certains économistes nient cela, ils ne peuvent pas nier que près de 70 millions de personnes travaillent dans la fabrication des armes ou dans les armées. Ces 70 millions de personnes reçoivent des paiements énormes et ne produisent aucun bien utile à la vie pour chaque homme ou chaque femme de ce monde. Aucun produit, tant alimentaire ou industriel que l'on peut consommer. Mais ces 70 millions de personnes consomment et de ce fait la production manque par rapport aux besoins de consommation de l'ensemble de la population. Et ces sommes colossales d'argent pour les armements, 1 500 milliards de dollars chaque année, consacrées aux dépenses militaires, créent l'inflation. Mais les armements ne sont pas seulement la cause de l'inflation, ils sont la cause directe et principale du chômage. Il y a des statistiques officielles du gouvernement des Etats Unis qui démontrent : " quand on investit 1 milliard de dollars dans la fabrication des armes on donne emploi à environ à 80 000 personnes Quand investit ce même milliard de dollars dans l'industrie civile on donne emploi à plus de 100 000 hommes " Faites le calcul ! Chaque milliard de dollars investit dans l'armement chasse environ 20 000 personnes de leur emploi, chaque milliard investit dans l'armemen crée 20 000 chômeurs et 1 500 milliards de leur dollars investie chaque année dans les budgets militaires créent 3O millions de chômeurs, c'est à dire approximativement le nombre de chômeurs existant dans les pays industrialisés et militarisés. Les budgets militaires sont une très grande contribution à l'empoisonnement de notre atmosphère et à notre environnement. Ils gaspillent un tonnage formidable de pétrole, de produit de pétrole, de ressources naturelles qu'on ne pourra jamais plus remplacer. Mais pire que tous les budgets militaires créent la misère et la faim qui torturent les peuples de 3 continents aujourd'hui. Chaque cuirassier, chaque avion, chaque canon est un vol à ceux qui ont faim et qui ne mangent pas ; c'est un vol. Les pauvres sont pauvres parce que les nations sont militarisées. Considérons les faits principaux de la pauvreté d'aujourd'hui. Plus d'un milliard de personnes ne savent ni lire, ni écrire et souffrent de la misère, de l'obscurité du cerveau et de l'esprit. Et le nombre augmente car il y a des millions, des millions d'enfants qui n'ont pas d'école aujourd'hui. Chaque année des centaines de millions de personnes sont victimes de maladies que l'on pourrait empêcher, maladies qui leur donnent des souffrances terribles et qui créent pour leurs nations des pertes économiques très importantes et ceci chaque année, chaque année. Les budgets militaires causent la misère! Et quand ces budgets sont malheureusement utilisés pour les guerres ils deviennent la plus grande ignominie de l'espèce humaine. Ils s'habillent du manteau noir de millions morts, de millions d'orphelins et de veuves, de mutilations humaines, de gueules cassées, de souffrances et de haines, de destructions et d' horreur . Ils sont une plaie effroyable, ouverte dans le cur de l'humanité. Il y a dans ce monde des personnes et des groupements qui profitent de la course aux armements, qui vendent les armes, décident des guerres et deviennent de plus en plus riches de plus en plus puissants. Paul Valery écrivait " les guerres c'est le massacre des gens qui ne se connaissent pas, au profit de gens qui se connaissent et ne se massacre pas ". Ces gens ont déjà attaqué les fondements mêmes des principes de nos démocraties en plaçant leurs agents, leurs valets dans les plus hautes sphères gouvernementales de tous les pays du monde. Ils dominent tous les médias et ils ont pratiquement réussi à supprimer le droit fondamental de tout citoyen de connaître la vérité sur les faits essentiels de la situation politique internationale. Ils conditionnent les masses populaires à suivre un chemin rocailleux qui nous emmène vers les précipices de la destruction et de l'anéantissement ; Ils ont volés le pouvoir des peuples à travers des élections dites démocratiques qui ne sont en fait, que leur jeu de casino, qu'ils organisent selon leur volonté. Leurs candidats sont toujours élus et les peuples malheureusement sont toujours trompés. Et la question que je voudrais vous poser ? Pourquoi ces faits essentiels sur les budgets militaires, les raisons et le déclenchement des guerres, la misère et la faim ne sont pas connus des masses des peuples du monde ? C'est la trahison des clercs, la trahison des intellectuels qui ne se donnent pas la peine, qui ne font pas d'effort, pour éduquer les maux terribles de la vie humaine ; et les intellectuels d'aujourd'hui ce sont les médias, les radios, les journaux, les télévisions qui sont devenus les valets des forces militaro industrielles et de ces groupements de gens milliardaires que j'appelle des banksters . . Que pouvons-nous faire ? On dit, pour que le mal progresse, il suffit que les braves gens ne fassent rien. Mais grande est la vérité et nous devons tout faire pour qu'elle triomphe. Nos discours, nos bonnes intentions, nos déclarations ne suffisent plus. Ces puissances financières occultes ont même réussi à dévoyer le terme de mondialisme en faisant croire aux masses populaires que c'est ce mondialisme qui est responsables des problèmes et des désordres économiques actuels. Alors que le terme de mondialisme, pour nous, pour les citoyens du monde qui l'ont inventé, se voulait être un sentiment supérieur au patriotisme national. Ce voulait être ce sentiment de patriotisme international, ce sentiment de patriotisme de l'espèce humaine. Il nous faut arrêter d'être ces électrons libres, comme un peu de gentils petits papillons qui gravitent autour du noyau dur de la politique, du noyau décideur de l'avenir des peuples et de l'avenir de l'humanité. Il nous faut entrer dans ce noyau dur de la politique de toutes les nations car la politique dans sa définition est l'art de gérer la cité et, aujourd'hui la cité, c'est le monde. Il faut créer un vrai mouvement politique " citoyen du monde " dont le fondement démocratique sera d'élire des projets plutôt que des hommes politiques. Il y a tant et tant d'intelligence et de raison dans la tête et la matière grise de la grande majorité de tous les hommes, de toutes les femmes habitant notre planète et nous citoyens du monde nous devons dénoncer fermement ce système politique de représentation d'élus des peuples, qui depuis des siècles entraine les populations sur les chemins de la guerre, de la destruction, de la misère et de l'anéantissement de l'humanité pour servir les intérêts de ce 1 % de la population mondiale qui domine tout. Elire des projets plutôt que des hommes politiques serait la base, le fondement de ce nouveau mouvement politique des citoyens du monde. Mes chers amis, il nous faut faire comprendre aux masses populaires que le patriotisme national ne suffit plus. Il faut inciter un autre sentiment, une autre passion, le patriotisme international, le patriotisme de l'espèce humaine. Il nous faut faire comprendre aux masses populaires que nous avons un monde et que nous aurons un monde ou aucun. La Gauthière le 18 Novembre 2018
Historique d'une recette simple pour la démocratie mondiale par Troy DAVIS La démocratie mondiale serait un idéal tellement utopique que presque personne n'ose la considérer de manière réaliste... Pourtant, si on y pense de manière détachée et objective, disons en se prenant pour un gentil politologue extra-terrestre regardant notre belle planète bleue de loin, on se dirait que finalement, une forme de démocratie mondiale devrait être la solution optimale aux problèmes de l'Humanité. On voit d'ailleurs dans le débat des experts, des gens dont le métier est de réfléchir à la gouvernance, une résurgence récente de l'idée d'un État mondial comme solution logique à la nécessité évidente de gérer notre monde interconnecté. Cela fait suite à une foison de propositions et de suggestions après la Deuxième Guerre mondiale, quand le mot d'ordre était la création d'un "gouvernement mondial", dont le concept fut popularisé, avec l'idée concomitante de citoyenneté mondiale, par mon père Garry Davis, surtout entre 1948 et 1950. À ce moment-là, la notion de gouvernement mondial était absolument banale, bien que le moteur principal de cet enthousiasme n'était pas, comme cela l'est surtout aujourd'hui, une volonté de maîtriser une "mondialisation" économique perçue comme inhumaine, mais une volonté farouche d'éviter une Troisième Guerre mondiale, atomique celle-là. Un gouvernement mondial était vu et justifié comme la meilleure manière de contrôler l'arsenal atomique, pour empêcher une guerre voulue ou accidentelle. On ne parlait pas encore de la structure, démocratique ou non, de ce gouvernement, mais on essayait de convaincre l'opinion de sa nécessité en faisant appel à la psychose de l'atome. On considérait un gouvernement mondial comme un mal nécessaire pour créer un monopole unique de l'arme atomique, empêchant ainsi un bloc de l'utiliser contre l'autre. À cette époque-là, le gouvernement mondial était supposé laisser chaque bloc décider indépendamment de son système économique, tout en gardant le monopole de la possession d'armes nucléaires. La notion de gouvernement mondial était donc normale, banalisée, ce qui peut sembler étrange aujourd'hui, car nous vivons dans un monde où le terme, la notion même, est quasiment tabou, où il évoque une tyrannie mondiale et les fameux "hélicoptères noirs" de la droite nationaliste américaine. Comment donc sommes-nous arrivés d'un monde post-guerre dans lesquelles des centaines d'organisations de la société civile aux Etats-Unis, tels que le Rotary ou même des sénateurs en appellaient à un gouvernement mondial de manière ouverte, à un monde ou le concept même nous vaudrait d'être vu comme des doux rêveurs (au mieux), ou des fous (au pire)? La Guerre froide est la grande responsable de ce refroidissement (niet, de cette véritable réfrigération!) de l'enthousiasme pour un gouvernement mondial pendant un demi-siècle et ce n'est qu'une vingtaine d'année après sa fin en 1991, donc vers les années 2010, que lentement, l'idée commença à revenir dans certains cercles universitaires et certaines revues. Surtout, un anti-communisme exacerbé se focalisa, non sans raison, sur les plans de l'URSS d'aboutir in fine à un État mondial communiste, même si Staline avait fait exécuter Trotsky et les autres tenants de la révolution mondiale, et avait lancé l'idée de "socialisme dans un seul pays". Néanmoins les conflits entre camps capitaliste et communiste étaient bien réels, et donc l'idée de gouvernement mondial fut fermement arrimée à celle "d'État mondial communiste", et donc fut diabolisée pendant la Guerre froide. On pourrait croire que Aldous Huxley, auteur du célèbre roman dystopique Le Meilleur des mondes, qui inclut un État mondial tyrannique et manipulateur, pourrait être responsable du désamour public du gouvernement mondial, mais comme ce roman date de 1932, il ne peut expliquer le subit déclin de popularité de la notion de gouvernement mondial dans les années 50, puisque l'apogée du concept eut lieu entre 1945 et 1950, donc bien après 1932. Néanmoins, l'idée de tyrannie mondiale est toujours encore l'objection la plus forte à l'idée générale de gouvernement mondial, et justement donc, la démocratie mondiale est le seul antidote à cette objection. Entretemps, même les anciens fédéralistes mondiaux avaient succombés fin des années 1990 aux sirènes de l'anti-communisme primaire, et abandonné leur nom simple, clair et net, World Federalist Association - WFA, pour une version tellement édulcorée qu'elle pourrait s'appliquer à presque n'importe quelle association internationaliste (Citizens for Global Solutions). Je fus parmi une minorité des membres de WFA qui combattit farouchement l'OPA d'une petite ONG de lobbying pro-onusien sur la vénérable WFA, qui finit par être dirigée, non plus par un 'directeur exécutif' comme toujours, mais par un "président" imbu de lui-même, qui 2 ans après sa prise de pouvoir, découvrit tout à coup l'idée de citoyenneté mondiale, et envoya un mail enthousiaste aux militants relatant sa découverte! Imaginez mon désarroi et ma colère à la lecture de ce mail. Voilà à quelles profondeurs avait donc coulé la plus ancienne, riche et puissante association de fédéralistes mondiaux dans le monde! Quand le Forum Social Mondial vit le jour à Porto Alegre au Brésil en juin 2001, cette conglomération mondiale de mouvements de la société civile, qui se nommait alter-mondialiste, aurait pu légitimement prétendre à vouloir être le noyau d'un processus constituant mondial, lançant ainsi une révolution pacifique de la gouvernance mondiale. C'est la proposition que je fis à leur comité. Mais le FSM n'avait jusque là jamais osé prononcer le terme de 'gouvernement mondial', ni même voulu théoriser le concept, et n'avait aucune envie ou capacité, dans son hostilité émotionnelle au système existant, de penser à une vraie alternative, celle évidemment de la démocratie mondiale, une "version soft" du gouvernement mondial. Une anecdote est pourtant révélatrice. Lors de mon arrivée à Porto Alegre, je suis allé au Centre de Presse et j'y ai rencontré l'un des principaux organisateurs du FSM, Bernard Cassen, éditeur-en-chef du Monde Diplomatique. Je le saluai et il s'exclama "Ah, les Citoyens du Monde sont là, nous sommes donc au complet!". Cela m'étonna car on ne se connaissait pas personnellement, mais manifestement il me connaissait et il connaissait l'histoire de la "première alter-mondialisation" de l'après-guerre. Dans sa tête, le mouvement des citoyens du monde (qu'il projetait sur moi en tant qu'incarnation héréditaire et institutionnelle), était légitime et représentait une aile importante de toute la mouvance alter-mondialiste, sans laquelle le mouvement qu'il avait stimulé ne pouvait prétendre à la complétude. Évidemment, la vérité est qu'historiquement, les citoyens du monde sont "la véritable mondialisation" comme le titrait l'Évènement du Jeudi en 2000, et donc la source primitive de cette alter-mondialisation de la fin des années 2000 mais qui oublia sa source. Ironiquement, la soit-disante "alter-mondialisation" était une fraude sémantique, car le mouvement fut confisqué par des gens voulant revenir à l'État-nation et lui redonner le pouvoir économique, et ainsi - selon eux - combattre la mondialisation financière et économique, au lieu de créer une démocratie mondiale qui elle serait au-dessus des marchés mondiaux et qui les contrôlerait. Leur slogan était "Un autre monde est possible", mais cela est évident, il fallait préciser le genre de monde que l'on veut construire! Ce slogan était tellement faible et peu enthousiasmant que cela fut la vraie raison de leur déclin rapide en quelques courtes années. Si le FSM avait été intellectuellement honnête et avait voulu effectivement donner visage à une "alter-mondialisation", il aurait dû se tourner vers les Citoyens du Monde et les Fédéralistes mondiaux, qui eux sont réellement des "alter-mondialistes", pas dans l'acceptation fausse et "gauchisante" de ce terme, mais dans la véritable signification sémantique, c'est-à-dire une mondialisation "autre" que celle dominante aujourd'hui, une mondialisation citoyenne et démocratique. Autrement dit, l'erreur fatale du FSM et des soit-disants "altermondialistes", qu'on appelleraient de nos jours peut-être des "fake" altermondialistes, fut de gaspiller leurs énergies contre une chose - le système mondial existant - au lieu de réfléchir comment en créer un nouveau et de prendre l'initiative de lancer une véritable révolution mondiale et pacifique. Porto Alegre en 2001 aurait pu être comme Philadelphie en 1787, ou comme Paris en 1789, le berceau d'un processus mondial démocratique révolutionnaire déclarant une constituante mondiale, une république mondiale, une constitution mondiale, en d'autres mots, une véritable alter-mondialisation ! Au lieu de cela, empêtré dans leurs contradictions et leur haine du système, et paralysé par la fausse bonne idée que la révolution viendrait d'actions locales déconnectées les unes des autres et non coordonnées, par une sorte de processus mystico-magique (pour cause d'une nostalgie des hippies et de Mai 68 des principaux dirigeants?), le résultat concret fut de sombrer, paradoxalement, dans un néo-nationalisme, car au lieu de se prononcer pour une démocratie mondiale qui aurait la légitimité nécessaire pour contrôler le marché mondial, les propositions étaient principalement que les États-nations reprennent le pouvoir. Leur argument était simple : nous voulons que la démocratie contrôle le marché, donc comme le marché est mondial et la démocratie n'est que nationale, nous exigeons de remettre la mondialisation "dans sa boîte" ! D'où leur demande que les gouvernements nationaux reprennent la main dans le domaine économiques contre l'emprise des multinationales. Mais une autre conclusion s'imposait d'elle même, de remonter le niveau de la démocratie au plan mondial, puisque le marché y est déjà! Puisque le but est que la Démocratie contrôle le Marché, seuls 2 scénarios sont logiquement possibles: soit les démocraties nationales contrôlent les marchés nationaux, soit une démocratie mondiale contrôle le marché mondial. Le deuxième scénario est de toute évidence le plus cohérent et le seul possible même, car malgré les difficultés de créer une Démocratie mondiale, cela semble beaucoup plus facile que de tuer la mondialisation économique! Même le fait qu'une taxe Tobin mondiale, leur principal cri de ralliement, implique logiquement un parlement mondial (en application du principe fondateur de la démocratie 'pas de taxation sans représentation'), ne put les convaincre de soutenir l'idée d'un parlement mondial ou d'une démocratie mondiale. Leur proposition d'une taxe Tobin était que chaque État le ferait indépendamment, ce qui bien sûr n'a pas de sens et induirait une fuite des capitaux hors des États en question. La contradiction patente et l'incohérence de leurs propositions ne semblent pas avoir été perçues, ce qui montre bien les biais cognitifs des dirigeants "alter-mondialistes". Notre échec à Porto Alegre en 2001 (le nous se réfère à notre délégation de la World Citizen Foundation, qui incluait Fernando Iglesias, aujourd'hui député en Argentine ainsi que Président du Conseil du World Federalist Movement) avait fait suite à plusieurs années de militantisme qui eurent plus de succès, car je me concentrais sur mon propre camp, essayant de convaincre le maximum de militants et d'organisations de changer leur appellation de gouvernement mondial à démocratie mondiale ou parlement mondial. Je réussis à le faire pour l'association Vote World Government qui devint Vote World Parliament, pour la World Government Organisations Coalition, qui devint la Democratic World Government Coalition (au moins le mot démocratique était en premier), ou encore de créer le World Democracy Movement-USA, en vue de succéder au American Movement for World Government. Tout cela était nécessaire pour effectuer une transition du terme "gouvernement" (qui est un terme générique et peut comprendre évidemment une tyrannie), au terme "démocratie", qui est le type de gouvernement nécessaire. Selon moi, les détails et la manière de créer une démocratie mondiale devraient être notre priorité, pas un combat d'arrière-garde de garder un terme trop général. Ma pierre à l'édifice fut de réfléchir un peu plus à la notion de gouvernement mondial et d'essayer de la dédiaboliser, ce qui ne pouvait être fait qu'en se référant exclusivement à une version démocratique d'un tel gouvernement. Tout d'abord, en tant que responsable de la World Citizen Foundation (créée par mon père en 1996), je proposais en 1998 de lancer une Coalition Démocratie Mondiale 2010, basée sur un Comité directeur très international et thématiquement diversifié. L'idée était de populariser le concept de démocratie mondiale pour remplacer le concept trop général de gouvernement mondial. J'écrivis aussi un livre en 1998, publié en France par Desclée de Brouwer, intitulé Appel pour une démocratie mondiale, qui fut traduit en espagnol (A favor de una democracia mundial, Edicion Bellaterra, Barcelona, 1999). Lentement, ces efforts portèrent leurs fruits car de plus en plus de militants et de groupes adoptèrent la notion de démocratie mondiale (ou parlement mondial, sa pièce maîtresse) en remplacement de celle de gouvernement mondial. Cela laissait entier la question de comment créer une telle démocratie mondiale, ou plutôt, comment convaincre une masse critique de personnes qu'il s'agit d'une idée viable et pas seulement utopique. Il fallait donc sortir des discours habituels et créer des liens nouveaux avec des concepts déjà connus, et surtout, trouver des moyens de mieux expliquer la nécessité de l'idée de citoyenneté mondiale, car sans sentiment généralisé de citoyenneté mondiale, il serait difficile, voire impossible et même contradictoire, de concevoir et créer une démocratie mondiale, car cela se ferait alors sans la connaissance ou l'assentiment des peuples, et cela n'aurait de démocratie que le nom. On voit le problème dans l'Union européenne actuelle, qui malgré un succès objectif extraordinaire, se voit contestée de tous les bords pour son manque de démocratie; cela renforce l'idée de bon sens qu'une gouvernance mondiale - donc forcément plus lointaine encore que celle de l'Union européenne - devrait dès le départ être conçue de manière plus démocratique.) Construire la "démocratie mondiale" de manière non démocratique déconsidérerait alors le concept même et nourrirait les plus folles thèses conspirationnistes. En allant au fond des choses, on s'aperçoit que la question fondamentale est celle de l'identité politique, et donc aussi culturelle. Une analyse des objections faites à la citoyenneté mondiale, en collectant les critiques des nationalistes, rend visible une erreur fondamentale des "pro-mondialistes" dans leurs définitions. En effet, la grande critique contre la citoyenneté mondiale, et le "mondialisme" (aujourd'hui utilisé comme gros mot par l'extrême droite) est de considérer qu'être citoyen du monde veut dire se couper de ses racines, des territoires comme on dit en France, de donner la priorité au genre humain sur les groupes plus petits. Cette définition réductrice est malheureusement trop répandue, y compris par les militants mondialistes. Chacun est bien sûr libre de définir un concept politique novateur comme il l'entend, mais personnellement je le définis comme étant une identité supplémentaire, concentrique, et non une identité destructrice des autres. Cette définition est bien plus proche de la réalité psychologique de la plupart des gens, et plus logique politiquement aussi, car même les plus ardents défenseurs d'un gouvernement mondial adoptent le concept, consciemment ou non, de la subsidiarité politique. Y compris mon père, qui bien que partiellement responsable de cette méprise conceptuelle (car il avait renonçé à sa citoyenneté américaine), n'a jamais promu l'idée que tout le monde devrait faire de même. Mais la puissance du geste a occulté ce qu'il disait, créant une exemplarité malheureuse, même si le geste était nécessaire pour intéresser le grand public et les médias. On le remarque par les conceptions erronées qu'ont la plupart des gens qui me racontent leurs souvenirs de mon père, disant qu'il aurait "brûlé", ou "déchiré" son passeport américain, alors qu'il l'a rendu de la manière la plus régulière du monde à l'ambassade américaine à Paris. Mais brûler ou déchirer un passeport (de surcroît un passeport américain juste après la Deuxième Guerre mondiale ! ) en public, au grand jour, sur la Place du Trocadéro devant la Tour Eiffel, le monument le plus visité au monde, a plus de panache, alimente le mythe fondateur et rend le mème plus puissant et virulent. Il faut admettre aussi que mon père était ambigu vers la fin de sa vie sur cette question de renoncer ou non à sa citoyenneté nationale, probablement de frustration et d'amertume que selon lui le monde n'avait pas beaucoup progressé depuis les années 50, et même régressé, au moins ce qui concerne la popularité du concept de gouvernement mondial. On ne peut trop lui en vouloir avec le retour en masse du nationalisme et des égoïsmes nationaux au début de ce XXIe siècle. Néanmoins, cette incertitude a pesé et pèse encore sur l'idée de citoyenneté mondiale. Une amie du Kirghizistan découvrant le concept alors que j'écris cette article, me demandait si pour devenir citoyenne du monde, elle devait renoncer à sa citoyenneté kirghize. Je répondis que non, bien sûr. Revenons à la réflexion de comment créer une démocratie mondiale. Nous avons vu qu'il semble logique de d'abord faire le nécessaire pour obtenir une masse critique de personnes dans le monde se pensant en tant que citoyens du monde, et de répandre une conception de cette idée qui soit juste, dans le sens qu'elle soit cohérente intellectuellement, politiquement, émotionnellement, psychologiquement. Mais comment faire cela? Comment faire en sorte que des êtres humains s'identifient en tant que citoyen de la planète toute entière? L'histoire nous enseigne que plusieurs choses sont nécessaires; tout d'abord, les gens doivent avoir conscience d'une communauté de destin à l'échelle en question, ici, l'échelle planétaire. La minuscule minorité agissante des citoyens du monde n'a certainement pas les moyens de promouvoir l'idée d'une telle communauté de destin mais cela se fait par des millions d'autres personnes et des pans entiers de la société civile, par des gouvernements, des scientifiques, et des médias etc. surtout en parlant de problèmes partagés mondiaux, dont les plus évidents sont le changement climatique et autres problèmes environnementaux, et les migrations qui en exportant dans les contrées riches et paisibles les conflits et la conséquence des dictatures d'autres régions, démontrent que les pays riches ne peuvent se cacher derrière des murs ou des barrières. En revanche, les militants mondialistes doivent sans cesse marteler qu'une identité citoyen du monde est comme la poupée visible d'une matrioshka, ces fameuses poupées emboîtées de Russie. Les identités de chacun sont concentriques et même si concrètement, il faille éclaircir les prérogatives spécifiques de chaque niveau, ceci est une question pragmatique à résoudre, pas un choix philosophique. Donc en quelque sorte, se dire citoyen du monde est juste reconnaître un fait objectif déjà existant, le rendre visible et lui donner un nom, créer une conscience d'une réalité impossible à nier, car nous sommes déjà, que nous le voulions ou non, reliés les uns aux autres. Ceci n'était pas le cas dans le passé de l'espèce humaine. On peut argumenter à quelle date de l'histoire cela est devenu réalité, mais cela ne date que d'après la révolution industrielle certainement, car avant cela, les activités d'un groupe arbitraire d'êtres humains n'avaient pas nécessairement un impact sur tous les autres, mais aujourd'hui, cela est le cas pour la grande majorité. Ceci acquis, quelles autres leçons l'Histoire nous donne-t-elle en ce qui concerne la construction des identités? Les anthropologues et historiens savent que l'identité d'un groupe, d'une nation, d'un peuple, se concrétise et prend corps à travers un "mythe fondateur" du groupe. Que ce soient les Sumériens, les Chinois, les Assyriens, les Égyptiens, les Grecs, les Japonais, les Incas, les Russes ou Finlandais, sans compter les Maliens, Mélanésiens ou Aborigènes d'Australie, chacun se définit par un mythe fondateur. Ce mythe partagé est la fondation de la culture et de l'identité, et on voit de nombreux cas où le pouvoir politique crée de nouveaux mythes explicitement pour souder un empire disparate, comme dans l'Empire romain ou les annales historiques des Zhou en Chine. Ces mythes ont une base réelle et des éléments émotionnels, et soudent des peuples divers, créant une base de valeurs partagées. Ceci augmente la confiance réciproque des membres du groupe, et augmente sa cohésion, et donc sa capacité à agir ensemble. Un autre exemple historique célèbre est l'invention de l'Islam au 7è siècle, un "mythe fondateur" puissant qui a soudé des tribus disparates qui se faisaient la guerre sans cesse auparavant, qui les a motivé à agir de concert, et qui leur a permis l'exploit incroyable de renverser en une décennie un des deux grands empires de la région, l'Empire perse des Sassanides, et de conquérir la moitié orientale de l'autre, l'Empire Romain d'Orient. Adorant la mythologie et les histoires de toutes les cultures depuis l'enfance, je décidais de revoir mes classiques à la lumière de l'exigence d'une base psychologique stable pour la promotion de la citoyenneté mondiale. Pour cela, je repris mes cours de sanskrit commencés à Harvard mais rapidement abandonnés (car je prenais en même temps des cours de sumérien et de grec classique), avec le Professeur Oguibenine, professeur émérite à Strasbourg et ancien président du département de sanskrit. Il me demanda le premier jour ma motivation pour apprendre le sanskrit, et je lui répondis que je m'intéressais à la mythologie indienne, le Mahabharata et le Ramayana, car je voulais comprendre comment pouvoir utiliser les leçons des anciennes mythologies pour résoudre le problème moderne de la maîtrise de la mondialisation. Par chance, il était le cofondateur et Secrétaire général de la International Association of Comparative Mythology, présidé par le Professeur Witzel de Harvard du département de sanskrit. La boucle était bouclée ! Il m'invita donc à en devenir membre et à faire une présentation à leur prochaine conférence internationale, à l'Université de Tübingen en mai 2013, dont le thème principal était les sources de la mythologie. Je sautais sur l'aubaine car cela me força à mieux définir certains concepts et à affiner ma pensée. Ma présentation expliqua pourquoi pour résoudre les problèmes mondiaux, et trouver une solution au problème chronique de manque de confiance mutuelle au plan mondial, on peut s'inspirer de l'histoire pour arguer que la création délibérée, réfléchie d'un mythe de création mondial, basé sur les faits scientifiques, mais avec tous les ressorts narratifs traditionnels, pouvait favoriser la diffusion de la conception de citoyenneté mondiale. Ce "mythe de création mondial" complèterait alors le pendant légal d'une gouvernance mondiale juridique qui serait fondée sur un document constitutif tel qu'une constitution mondiale. Mais sans une conscience généralisée du sentiment de citoyenneté planétaire, difficile de faire accepter un document aussi important pour l'avenir du monde qu'une constitution mondiale. La recette donc pour la démocratie mondiale comprends au minimum les ingrédients suivants: une masse critique de personnes s'identifiant comme "citoyennes du monde", dont l'émergence serait favorisée par un mythe de création mondial, le tout permettant l'établissement d'un contrat social mondial, au sens de Thomas Hobbs et de Jean-Jacques Rousseau, puis la conception et l'adoption d'une réelle constitution mondiale, définissant ainsi la démocratie mondiale. Le grand défi est d'essayer de faire tout cela de la manière la plus participative et démocratique possible, sans se perdre dans des méandres interminables, car comme le dit l'adage, trop de cuisiniers gâtent la sauce. Par Troy DAVIS, Ingénieur en
Démocratie,
Les Droits de l'homme aujourd'hui et l'exigence de citoyenneté mondiale, par Jérémy Mercier, Un parcours, une méthode. A l'occasion des 70 ans des Citoyens du Monde, de ce premier événement mondial organisé aujourd'hui et des 70 ans, déjà, de la Déclaration universelle des droits de l'homme, me revient à l'esprit un mot de Robert Badinter, citant un proverbe arabe : " Ce que tu n'as pas dit t'appartient, ce que tu as dit appartient déjà aussi à tes ennemis ". Pourquoi ce proverbe ? Tout simplement parce qu'en ce jour et cette année de célébration des Citoyens du monde et de la Déclaration universelle des droits de l'homme (DUDH), ce qu'ont dit ces textes et ces déclarations, qu'elles soient orales ou écrites, a pu aussi être hélas mis aux mains de ceux qui pouvaient ensuite bafouer leurs contenus, leurs aspirations, leur idéal commun, afin d'en saper les fondements, progrès et avancées sur les scènes nationales et internationales. La Déclaration universelle est aujourd'hui traduite en 513 langues, dont dernièrement encore en fulfude (peul du Nord-Cameroun), hausa (afro-asiatique parlée en Afrique de l'Ouest), idoma (bénoué-congolaise), Ijaw (nigéro-congolaise). Elle a été adoptée le 10 décembre 1948 après 3 ans de discussions et d'amendements. On dit souvent qu'un chameau est un cheval dessiné par un Comité. Aujourd'hui, si ce texte fondamental et solennel est tant traduit, c'est également parce qu'il serait probablement impossible, à tout le moins délicat, d'obtenir des États qu'ils le rédigent dans le rayonnement qui fût le sien il y a 70 ans. Mais aujourd'hui aussi, aucun État ne peut résoudre évidemment à lui seul les enjeux et problématiques des Droits de l'Homme. Et si la collaboration au niveau multilatéral peut être parfois considérée, hélas, comme facultative, elle est pourtant, compte tenu de ce contexte, la seule solution possible pour protéger ces Droits. La France, on le sait, ainsi que l'a rappelé encore récemment le Président de la République, Monsieur Emmanuel Macron, a un attachement historique aux Droits de l'Homme et à la construction d'une gouvernance mondiale permettant de les protéger. Un attachement qui est aussi celui de la cause de la paix, du désarmement et d'un contrôle international efficace pour faire vivre les Droits de l'Homme. La Déclaration universelle fait avancer la Charte des Nations Unies et instaure depuis 70 ans une dimension universelle applicable partout, un idéal commun. René Cassin qui en fut l'un des artisans, et qui était également le premier Président de la Commission nationale française pour l'Unesco, a porté cet idéal commun, ainsi encore, pour la France, que l'exceptionnel Stéphane Hessel. Heureusement, la DUDH a ouvert la voie à l'adoption d'autres textes repris dans les ordres juridiques nationaux. Mais qu'en est-il aujourd'hui de ces Droits de l'homme, dans un monde divisé, où notamment l'égalité des femmes et des hommes n'est pas respectée, pire bafouée sinon revendiquée par certains États comme n'allant pas de soi ? Comme le rappelait il y a peu le prince Zeid Ra'ad Zeid Al-Hussein, alors Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme : " Les valeurs inscrites dans la Déclaration universelle des droits de l'homme sont menacées et doivent être défendues ( ). La Déclaration universelle a permis d'améliorer la vie quotidienne de millions de personnes, de prévenir d'innombrables souffrances humaines et de poser les fondations d'un monde plus juste. Bien que la vision qu'elle porte n'ait pas encore été pleinement réalisée, le simple fait qu'elle ait résisté à l'épreuve du temps démontre l'universalité de ses valeurs d'égalité, de justice et de dignité humaine ". De cette dignité justement dont parlait alors, il y a 70 ans, à Londres, Paris ou Alger, René Cassin. Les morts nous écoutent, pouvait encore dire tout récemment Robert Badinter. Est-il possible aujourd'hui que des États dans le monde puissent, tel est le paradoxe, utiliser la Raison d'État pour exécuter et bafouer les droits universels en en faisant une application détournée (Guantanamo, interventions militaires, exécutions ciblées, etc.) ? Si certaines avancées sont indéniables, citons par exemple l'abolition de la peine de mort, soutenue par 37 États au départ, maintenant plus d'une centaine, des réactions négatives s'évertuent pourtant encore à détricoter les Droits de l'Homme et leur universalité afin de brimer les droits des femmes, ceux des minorités, ou ceux encore des journalistes. De nombreux droits, de deuxième puis de troisième génération, ont été depuis consacrés au niveau international : en matière d'action humanitaire, de droits des réfugiés avec la Convention de Genève, de lutte contre le changement climatique et la corruption, mais aussi de prévention de la torture, des détentions arbitraires, d'accès à l'eau et à l'éducation. L'Agenda 2030 fixe, avec ses 17 ODD, un tel cadre d'idéal commun, parfaitement complémentaire à celui de la DUDH. Mais ne faudrait-il pas aujourd'hui songer à une meilleure méthode d'application de ce texte afin d'éviter la réversibilité des droits qu'elle contient, 70 ans après ? Cela pourrait peut-être, à l'exemple du principe pollueur-payeur, être rendu possible par l'introduction d'une clause de non-régression dans les ordres juridiques nationaux. 70 ans après donc, il convient que tous les Citoyens, les Délégations et les Commissions nationales, puissent réfléchir à une nouvelle effectivité de la DUDH qui rendrait plus efficace sa protection autant que plus élargie encore son application et la définition de ses droits (d'où l'importance, ainsi que mentionné par Corinne Lepage, d'une Déclaration universelle des droits de l'humanité). Mais aussi, pour faire vivre ne serait-ce que le Préambule de ce formidable texte où apparaissent tour à tour les mots de dignité et de famille humaine, que la construction d'une citoyenneté mondiale puisse enfin donner sens à ce beau mot, justement, de famille, de famille humaine. Certains penseront qu'il peut être utile, dans un tel contexte, de célébrer à juste titre également d'autres textes, comme celui fondamental des 20 ans, en cette année 2018, du Statut de Rome portant création de la Cour pénale internationale. Gageons ici que nous nous retrouvions toutes et tous, dans 10 ou 20, sinon dans 30 ans pour faire le point sur ce que sera le centième anniversaire des Citoyens du monde et de la Déclaration universelle et si, la famille humaine et la libération du monde de la terreur et de la misère a fonctionné. L'universalisme est à ce prix. Et, pour reprendre le beau proverbe arabe cité au début, il convient malgré tout d'en faire foi et de permettre aux Citoyens de l'exprimer tout haut. Jérémy Mercier
Les Dialogues en humanité, un réseau International au service de l'éducation à la Citoyenneté Mondiale, par Patrick Viveret Le double anniversaire de la Déclaration universelle des Droits humains et de la création de "Citoyens du monde" nous interpelle à l'heure où ces droits sont de plus en plus menacés. La peur favorise l'émergence de régimes autoritaires qui tiennent les Droits humains pour une menace pour leur pouvoir. L'enjeu n'est donc pas seulement de faire face à des risques de bouleversements voire d'effondrements écologiques, sociaux, financiers mais aussi à celui du recul de la démocratie et de la régression des droits humains. Et sur ce terrain les mouvements de citoyens, dans le monde entier, sont plus à même de faire entendre la voix des citoyennes et citoyens du monde que les États qui se considèrent comme propriétaires de leurs peuples et de leurs territoires. C'est à cet enjeu que contribue le Réseau International des Dialogues en humanité qui s'est constitué en 2002 au moment du deuxième sommet de la Terre de Johannesburg. Un des thèmes importants des Dialogues est celui des droits articulé avec celui des migrations afin de faire vivre pleinement l'article 13 de la déclaration des Droits humains sur le droit de tout être humain à circuler librement sur cette Terre. Si, par exemple, nous nous retrouvons confrontés au fait que des centaines de millions d'êtres humains se retrouvent obligés de quitter conjoncturellement ou totalement des terres devenues inhabitables du fait de trop fortes chaleurs ou d'une augmentation du niveau des mers, le réalisme, si l'on veut éviter des guerres meurtrières, c'est celui de politiques publiques mondiales d'aménagement du territoire de notre planète afin d'aménager de nouvelles terres devenant elles habitables du fait du réchauffement climatique ( Sibérie, Groenland par exemple) des villes sur l'eau, des moyens de transport nouveaux ou anciens à revisiter ( le Dirigeable par exemple). Le réalisme ce ne sera pas de se résigner à ce que 8 personnes aient le revenu de la moitié des humains (cf rapport Oxfam), que les multinationales se gavent d'énergie fossile, que les paradis fiscaux détournent des sommes colossales ou de savoir quelle sera la puissance politique dominante au 22ème siècle. Le réalisme sera de faire en sorte qu'il existe un 22 ème siècle pour l'humanité, que les espèces vivantes ne soient pas exterminées et que du coup, inégalités, paradis fiscaux et irresponsabilité écologiques soient considérés par nos enfants comme relevant d'une phase aberrante et cauchemardesque révolue au même titre que les guerres mondiales et les armes de destruction massives. Dans la bataille mondiale qui est aujourd'hui engagée contre les forces mortifères de l'irresponsabilité écologique, de l'atteinte aux droits humains et de la régression sociale (cf l'appel aux consciences pour une résistance citoyenne mondiale que j'ai présenté lors de l'assemblée du trocadero) des acteurs aujourd'hui traités d'idéalistes marginaux feront demain figure de héros de l'humanité en devenir tels Aquarius et autres navires sauveteurs de migrants en mers Le réalisme désormais c'est que nous faisions vivre pleinement le projet d'un république terrienne initié pour la première fois par Gary Davis et ses amis fondateurs de Citoyens du monde Au plus profond de l'hiver, j'ai appris qu'il y a en moi un Invincible été. Albert Camus Patrick Viveret
L'Abbé Pierre, militant fédéraliste mondial, par Phillippe Dupont Je vais vous parler de choses actuelles de perspective, j'ai 6 minutes pour parler donc je vais mettre un chronomètre. L'abbé Pierre est un militan fédéraliste, militant de la citoyenneté universelle de 1er plan. Il y aurait tant de choses à dire sur cette personne, ses idées et le rôle qu'il a joué. Je porte votre attention sur les archives de l'abbé Pierre, quand il est décédée il n'avait pas un rond mais il avait ses archives (son trésor), aujourd'hui ses archives sont des archives nationales du monde du travail dans le Nord de la France et une partie de celle-ci nous sont très utiles à l'histoire du fédéraliste et de la citoyenneté universelle, elles sont mêmes nulerisées. Je suis le directeur du centre Abbé Pierre Emmaüs, c'est un lieu de mémoire ouvert en 2012, 100 ans après la naissance et 5 ans après la mort de l'abbé pierre. Le mouvement emmaüs international et la famille de l'abbé pierre ont choisit de créer un espace où l'on peut découvrir sa vie, son message et aussi l'actualité de son uvre. Le centre emmaüs est un lieu pédagogique. L'année dernière on a accueilli 1000 scolaires, nous avons donc une action auprès des jeunes. C'est un lieu de formation d'éducation populaire. 7 manifestations sont organisées par année. C'est un lieu de formation des militants. On s'appuie sur le message de l'abbé pierre, et de l'expérience d'emmaüs international pour réfléchir à l'éducation, à au citoyen été universel. La communauté emmaüs est un lieu où vivent les compagnons, les bénévoles et les salariées. Un compagnon était un homme qui avait des problèmes, il vivait dans la rue et choisissait de venir vivre en famille et exercer une activité professionnelle de Chiffonier, il récupère ce que les gens jettent et il essaye de les favoriser en les triant, réparent et en les vendant sa lui permet de gagner de l'argent pour faire survivre la communauté. Chaque compagnon, bénévoles, salariés est invité c'est, l'état d'esprit de du citoyen té universel et de l'abbé pierre visé à avoir non seulement une solidarité locale mais mondiale. L'abbe pierre est un résistant , un député il a gagner 3 élections et a été président du comité exécutif ( mouvement qui chercher a Federer les fédéralistes) mouvement universel. Le plus important pour l'abbé pierre dans le fédéralisme ce n'est pas seulement la paix c'est aussi la répartition des richesses. Conclusion En therme d'éducation ce que je pense que l'abbé pierre et le mouvement emmaüs international devait inventer aux jeunes, aux citoyens et aux militants c'est un certain nombre d'idées sur le travail, Mon expérience m'incite à vous dire qu'il faut travailler au milieu des plus exclus. L'expérience que l'on a à emmaüs c'est que nous apportons des choses aux plus exclus mais les plus exclus ont énormément de choses à nous apporter c'est une réalité de demain dont je témoigne aujourd'hui. J'insiste sur la technique vous savez si les communautés emmaüs sa marche c'est par ce que derrière il y a toute une machine qui fonctionne quand sa marche on arrive à se structurer d'un point de vue logistique et qu'on soit très fort dans notre secrétariat qu'on a tendance à mépriser souvent on a de grandes idées et on a du mal à voir derrière toute la machinerie qui fait qu'a la fin on gagne. J'attire votre attention également sur les nouveaux techniques mais ça on ne va pas trop insister J'attire également votre attention sur le ressourcement, l'abbé pierre était un prêtre, c'était quelqu'un de très profond mais souvent dans les mouvements associatifs chez les gens qui ont l'idéal je constate cette profondeur, moi j'invite les militants à réfléchir aux outils de ressourcement qui sont aussi des éléments de la modernité ( Facebook) il existe des outils de ressourcement qui sont utiles pour mener notre combat je pense à la communication ambiante, la sophrologie, la méditation ce sont des outils pour mieux se comprendre et communiquer pour mieux se concentrer être plus fort. Je finis par une citation : Pablo NERUDA disait : " Ils pourront couper les fleurs, ils ne seront jamais maîtres des printemps " Phillippe Dupont,
Pour une Institution Mondiale de Solidarité, par Daniel Durand Les Citoyens du Monde ne doivent pas compter sur les gouvernements pour réunir l'Assemblée Constituante Mondiale qui donnera à l'humanité les moyens d'assurer la paix. Ils sont contraints de prendre leurs affaires en mains afin d'ouvrir la voie de la création des institutions nécessaires. La Déclaration Universelle des Droits de l'Homme précise, dans son introduction, que la mise en application des Droits de l'Homme ne se fera que par la volonté " de tous les individus et de tous les organes de la société " qui doivent s'efforcer, " par l'enseignement et l'éducation, de développer le respect de ces droits et libertés et d'en assurer, par des mesures progressives, la reconnaissance et l'application universelles et effectives. " Il nous appartient donc, à nous tous, d'identifier les bases nécessaires à une coexistence pacifique, de proposer des voies nouvelles et de les expérimenter. La DUDH considère comme essentiel que les droits humains soient protégés par un régime de droit. Elle dit aussi que l'autorité vient du peuple qui doit s'exprimer de manière démocratique. Le premier pas sera donc l'établissement d'un régime de droit sur des bases démocratiques. Il nous faut une constitution mondiale et une assemblée parlementaire mondiale. Si l'ONU ne peut pas aller dans cette direction, elle ne peut que s'affaiblir et entraîner dans sa chute des pans entiers du droit international qui lui sont liés. Si l'ONU ne peut pas aller dans cette direction, il nous appartient à nous, Citoyens du Monde, de prendre le relais. Je viens de résumer ainsi la pensée d'Alfred Rodriguès Brent lorsque, dans les années 50, il a proposé la création du Congrès des Peuples. Malgré sa faiblesse, le Congrès des Peuples a une existence depuis 1969, se fondant sur la volonté exprimée par un corps électoral de plus de 100000 personnes de 114 pays. Le Congrès des Peuples est la préfiguration d'une Assemblée Mondiale représentative capable d'établir des Institutions Mondiales Publiques. Quelles institutions ? Voici quelques exemples :
A. A new Delhi, en 1968 a eu lieu la deuxième Conférence des Nations Unies sur le Commerce Et le Développement " CNUCED ". Sur proposition d'une partie importante de la société civile, dont le Conseil cuménique des Églises, et après une campagne de plaidoyer auprès des instances onusiennes, la deuxième (CNUCED), a fixé aux États-membres l'objectif d'une contribution de 0,7 % pour l'aide au développement des pays pauvres. L'accord sur le montant de l'aide publique au développement (ADP) de la part des pays donateurs n'a toutefois jamais été respecté, sauf de la part de quelques pays nordiques. B. Face à ce manque de volonté politique des pays riches, un groupe de Citoyens du Monde a créé, en France et en Belgique, le " Mouvement 1 % Tiers-Monde, pour un impôt mondial de solidarité ". Le principe est qu'on n'attend pas que les gouvernements honorent leurs engagements, mais on le fait : on met la main à la poche, on passe à l'action. C'est ainsi que se sont créés en France et en Belgique environ 150 groupes 1 %. Ce mouvement a ensuite fusionné avec un autre mouvement créé par un autre Citoyen du Monde : UCOJUCO, fondé par l'Abbé Pierre après le Tsunami qui avait frappé le Pakistan oriental (l'actuel Bengla Desh) en 1971. Ce fut la création de l'organisation " Peuples Solidaires " maintenant adhérente de Action Aid. C. La revendication d'un impôt mondial de solidarité n'a pas résisté à la fusion. C'est alors que la commission " Faim et Développement " des Citoyens du Monde, commission animée par Michel Cépède (ancien directeur de la FAO) et Bernard Muet a proposé la création du " Fonds Mondial de Solidarité contre la Faim ", maintenant appelé " Solidarité Mondiale contre la Faim ". J'en suis co-fondateur avec Renée Marchand en 1982. Le 3ème objectif de cette organisation citoyenne du monde est ainsi rédigé : instaurer un véritable " impôt mondial contre la faim ". Et le 8ème : promouvoir une action auprès des États et organismes internationaux pour qu'ils acceptent les transferts de souveraineté nécessaires à la création d'une véritable Institution Mondiale de Solidarité. Pour mettre cet objectif en pratique, nous avons adopté les principes du mutualisme : La terre peut nourrir tous ses habitants si chacun se rend solidaire de tous. Solidarité Mondiale se propose, au travers de sa pratique d'initiation au développement, non seulement de réunir les conditions propices à l'amélioration de situations locales ("projets"), mais aussi d'institutionnaliser un principe de démocratie fédéraliste à l'échelle mondiale. Répondant à l'analyse des Citoyens du Monde selon laquelle la division anachronique de la planète en États absolument souverains conforte la compétition sauvage, l'épanouissement d'idéologies impérialistes ou totalitaires, la confiscation par une minorité des ressources du globe, la négation des Droits de l'Homme, la course aux armements et la dégradation de la biosphère, Solidarité Mondiale amorce en contre-pied une pratique de solidarité indépendante des États et des groupes de pression de tous acabits. Face aux pouvoirs économiques multinationaux, il a le projet ambitieux de se mettre en mesure d'opposer un jour la volonté transnationale des peuples à choisir librement leur propre modèle de développement. Au plan institutionnel, la constitution d'unités géographiques homogènes sous les aspects écologique, socio-économique et culturel, animés d'une vie démocratique et fédérées dans l'Assemblée Générale de Solidarité Mondiale devra permettre de jeter les bases d'une exploitation raisonnée des ressources (développement autocentrés, économies endogènes) en préservant l'identité des populations. Au plan de l'individu, la pratique de Solidarité Mondiale sera particulièrement éducative : chaque bénéficiaire d'un projet usera, s'il est membre, de sa souveraineté individuelle à l'intérieur de Solidarité Mondiale dont il sera mutuellement propriétaire avec les autres. Le pêcheur malgache saura que le paysan brésilien et l'artisan thaïlandais l'ont aidé à améliorer ses conditions de vie, et réciproquement. De la sorte, s'introduira peu à peu la conscience de subsister sur une même planète dont les fruits doivent être répartis équitablement. C'est bien cette mutation de conscience dont l'humanité a besoin pour accéder au stade de développement harmonieux dont elle a d'ores et déjà les moyens techniques. D. Cependant, nous sommes conscients qu'une seule organisation non gouvernementale ne peut pas mener un projet aussi ambitieux qu'une Institution Mondiale de Solidarité, nous avons donc, en 1983, produit une charte que nous avons proposée aux ONG convergentes. http://www.recim.org/dem/ims-fr.htm Nous n'avons réuni que 35 signatures d'organisations de 6 ou 7 pays. C'est peu. Les signataires de cette charte ont été, depuis, invités à rejoindre l'Assemblée des Citoyens du Monde, dont la charte, plus généraliste, a fédéré un peu plus de 160 organisations. E. Arrivé à ce point, il faut bien sûr citer le mouvement ATTAC : l'Association pour la taxation des transactions financières et pour l'action citoyenne. Créé en 1998 à la suite d'un éditorial signé d'Ignacio Ramonet dans le Monde Diplomatique, ce formidable mouvement est maintenant présent dans 35 pays. La section française compte 170 groupes locaux et environ 10.000 membres. ATTAC propose que cette taxe serve à financer le développement. Nous sommes là très proches de la position de Solidarité Mondiale contre la Faim. Par contre la gestion de cette taxe dite " Tobin ", si elle était viable, n'apparaît pas clairement. Une fois, en 2002, on a pu lire que cette taxe devrait être gérée par une institution mondiale démocratiquement contrôlée, mais on trouve beaucoup plus de références sur une gestion internationale, donc laissée au bon vouloir des États. Pour nous, c'est insuffisant. Par ailleurs James Tobin, avait admis que sa proposition faite en 1972 ne pouvait plus être réalisée en raison de l'accélération informatisée des transactions. L'avenir de cette revendication pour une Institution Mondiale de Solidarité est difficile à imaginer. Les revendications que les Citoyens du Monde émettaient autrefois sur le long terme n'ont plus beaucoup de porteurs. En 40 ans, le monde a changé. Nous sommes entrés dans une culture de l'immédiat, de la courte vue et du coup de cur. Les militants ne sont plus nombreux. Ils se perdent et s'épuisent souvent dans leurs propres expériences qui vont peut-être dans le bon sens, mais qui ne sont pas sous-tendues par une analyse et des objectifs partagés. Daniel Durand
Conclusion du colloque [Olivier Giscard d'Estaing] Je dois dire que je suis ébloui par ce que j'ai entendu, par ce qu'ont représenté toutes vos contributions individuelles depuis ici jusqu'au fond de la salle. Je suis ébloui parce que vous nous avez fait voyager à travers le monde, à travers les continents, à travers les époques, dans le monde de la culture, la science de l'économie, vous avez rappelez les drames de notre époque, on a pas à se rendre aveugle, ... sommes-nous individuellement responsable, et collectivement une responsabilité difficile à prouver, mais vous nous avez montré des directions dans lesquelles on peut aller ; et je suis frappé par la variété de vos formations, de vos pays, de vos origines et l'unité de nos approches et de nos sentiments, ... très forte, je crois, à ressentir. Alors maintenant que faire, que faire. Je pense que nous avons trois choses à faire, nous ne devons pas en rester là. Nous devons continuer, à préciser nos propositions. Elles sont variées. Moi j'essaie de faire une union mondiale, je me battrai pour ça, j'espère qu'elle sera suivant par certains d'entre vous. Notre ami Durand nous a montré des tas d'autres pistes, un peu dispersées, qui faudrait peut-être rassembler dans un effort commun, donc il faut poursuivre ça pendant l'année qui vient puisque je crois qu'on doit se retrouver l'année prochaine et il faudra voir le chemin parcouru. La deuxième chose, c'est faire un effort de mémoire, il ne faut pas que quand nous ne sortirons ce soir, on dira bon, bon, bon. Non il faut que nous enregistrions les choses que nous avons entendues, ça n'est pas simple, c'est le processus de l'éducation d'ailleurs, nous avons eu une journée d'éducation collective et ça c'est un effort qui nous fera rêver la nuit ou au contraire nous empêchera de dormir. Alors la troisième action, il faut absolument diffuser massivement ce que nous pensons, ce que nous voulons, les valeurs, que nous défendons, il ne faut pas les laisser planer de nuages. Il faut le faire par l'internet, il faut le faire par les voix politiques, et par les voix des médias, et il faut créer un mouvement mondial qui suive des directions, je suis heureux qu'on est pu faire cela à l'Unesco, parce que je pense que c'est un endroit privilégié avec son rayonnement mondial et ses ambassadeurs qui sont venus nos honorer, de pouvoir faire passer notre message, alors voilà ce que je voulais vous dire et en conclusion, réveillons les chefs d'Etat car c'est eux qui vont nous apporter des solutions, merci à vous tous. Donc c'est important, et c'est important qu'il soit là aujourd'hui présent à nos cotés, parce que pourquoi sommes nous là ? Il y a deux raisons, bien sur nous devons célébrer, commémorer à l'égard de la déclaration de Garry Davis comme premier citoyen du monde. C'était une ouverture extraordinaire et ce supplément à nos citoyennetés nationales qui se maintiennent heureusement, ajoute une dimension mondiale pacifique. Mais je voudrais être entendu, et surtout que nous soyons entendu par les chefs d'Etats. C'est d'eux dont dépende la prochaine étape. Alors nous nous adressons au président de la République français, monsieur l'ambassadeur, aux présidents, des chefs d'Etat d'Europe, d'Asie, d'Afrique, des Amériques et d'Océanie . Nous n'aurons pas pour notre projet la chance d'avoir le support de tous les pays du monde. Mais nous devrions prendre pour exemple le modele de l'Union Européenne, qui a commencé avec 6 membres et a maintenant atteint le plein avec 28 membres. Et de même, les Nations Unies ont commencé avec 40 membres et maintenant ils en ont 198. Donc, ce que nous proposons aujourd'hui, c'est de trouver une quarantaine de chefs d'Etat, qui seront d'accord pour faire un projet, et ce projet c'est de donner une structure organisée à niveau mondial. Qu'est ce que ça veut dire ? Ça veut dire que l'on a besoin, pour des gouvernements on ne demande pas beaucoup, pour d'autres peut être considéré comme une ingérence, donc une commission, avec un président, des commissaires, avec un parlement, il disposera d'un budget de fonctionnement et d'intervention, qui appliquera la possibilité de ne pas interférer avec les politiques nationales, par l'application du principe de subsidiarité et pourrait avoir des moyens fantastiques d'intervenir. Donc c'est ça l'enjeu et c'est pour ça que nous sommes ici. Alors je vais conclure en disant que nous avons écouté les propositions, les interventions les suggestions des uns et des autres, mais il faut bien convaincre les quelques chefs d'Etat qui vont s'engager dans cette voie avec nous, comme ça a été fait pour l'UE, ce sont eux qui changeront le monde, avec nous Merci
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