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par René Marlin (1988) |
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LInstitut dÉtudes Mondialistes a tenu sa 11e session du 23 au 30 juillet 1988, en Gironde, au château de La Lambertie, ainsi que nous lavions annoncé (1). En labsence de Marie-Louise Duboin, retenue pour des raisons professionnelles, André Prime et René Marlin ont parlé déconomie distributive dans le cadre du programme général consacré à léconomie mondiale. Pourquoi léconomie ? Distributiste et mondialiste convaincu, Jean Prédine, architecte-urbaniste, a ouvert la série des conférences en sattachant à expliquer pourquoi les mondialistes avaient choisi ce thème. Cest quà partir de 1946, traumatisés par les années de guerre et conscients du péril nucléaire, ils avaient jugé que la paix ne pouvait être sauvée et maintenue que par des institutions mondiales supranationales. De la recherche dune solidarité sans frontières, ils en étaient venus à la lutte contre la faim, puis au développement, passant donc obligatoirement par les questions économiques. Jalonné par les noms de Stringfellow Barr, de labbé Pierre, de Lord Boyd-Orr, de Josué de Castro et de François Perroux notamment, cet itinéraire devait amener les Citoyens du Monde à leur sujet de juillet 1988. Économies et gouvernement mondial Georges Bernard, Directeur honoraire de recherche au C.N.R.S., brossa un large tableau densemble de léconomie mondiale sous tous ses aspects. Classant les différents systèmes existant en économie de marché, économies panifiées et économies des pays en voie de développement, il fit un état des arguments économiques en faveur dun gouvernement mondial. Tout cela sans sortir des méthodes actuelles déchanges et de diplomatie qui ont pourtant, daprès nous, fait amplement la preuve de leur impuissance. Fédéralisme intégral Alexandre Marc, chantre du fédéralisme intégral (2) et proudhonien "libre" après avoir fait un historique du fédéralisme, se livra à une analyse critique de la situation économique actuelle. Il fit remarquer que les régimes de lOuest et de lEst ne sont pas essentiellement différents en ce qui concerne les échanges, lun étant un capitalisme privé, lautre un capitalisme détat. "Lorsque deux systèmes contraires dune civilisation (capitalisme et marxisme) produisent tous les deux des effets négatifs, cette civilisation touche à sa fin" affirma-t-il. Ajoutant : "Léconomie mondiale daujourdhui, cest la jungle". Et pourtant le problème de la production étant théoriquement résolu, cest celui de la répartition qui subsiste seul. A. Marc prône la planification non étatique (Proudhon), la suppression du salariat (qui na que 4 siècles), le revenu minimum (mais pas le revenu dinsertion qui conduirait à la société duale), la participation. Quoiquen des termes quelquefois différents, il décrivit le capitalisme dune manière analogue à la nôtre. A lune de nos questions, il répondit en reconnaissant le grand service rendu par Jacques Duboin lorsquil stigmatisait "la misère dans labondance". Il tint néanmoins à confirmer son désaccord avec nos solutions, précisant quil est contre toute conception "moniste" de léconomie (3). Et pourtant nos propositions ne sont que les conséquences de lanalyse sans complaisance du système. Léconomie de réciprocité William Grossin, docteur en sociologie, ès-lettres et sciences humaines, Professeur honoraire de lUniversité de Nancy, attira lattention sur lintérêt détudier certaines formes archaïques de léconomie et dexpliquer comment elles ont pu, dans certains cas, résister après quatre siècles de colonisation. Dans ce domaine, Dominique Temple ethnosociologue, a rendu compte de dix années de présence sur le plateau andin du Pérou et dans lAmazone bolivienne. Léconomie de réciprocité pratiquée dans ces contrées se caractérise par laccumulation du travail et des produits, non pas en vue dun profit, mais pour donner et ainsi augmenter son prestige et, à terme, son pouvoir. La socio-économie Pierre Vinot, ancien membre du Conseil économique et social, stigmatisa lui aussi les échecs de léconomie conventionnelle, impuissante à satisfaire les besoins fondamentaux des individus, alors que les moyens de production existent. Il regretta que la plupart des journalistes économiques et même lINSEE fassent entrer les chômeurs dans la catégorie des "actifs" et comptent dans les "prélèvements obligatoires" les cotisations sociales et familiales qui nont rien de "prélèvements" puisquelles sont redistribuées intégralement. Il critiqua léconomie dominante en des termes élégants mais sans appel. Pierre Vinot nous fut un allié précieux lors des nombreuses discussions qui eurent lieu, aussi bien au cours des séances plénières, après les cours, que lors des apartés improvisés durant les repas ou les soirées. Il sintéressa à nos projets, sans nous suivre dans la partie constructive de léconomie distributive ; mais refusa aussi de considérer comme des hommes de science les économistes officiels qui se sont trop souvent trompés pour revendiquer la rigueur scientifique. Toutefois, il nous a un peu déçu, car la partie constructive de sa socioéconomie semble ne résider quen une redistribution plus équitable qui consisterait à solvabiliser les économiquement faibles en vue de relancer la production et de diminuer le chômage. Beaucoup de gouvernements lont essayé et ont échoué. Pierre Vinot ne dit pas comment il réussirait... Le Système Monétaire International Guy Marchand, secrétaire général du Congrès des Peuples, et hôte de lI.E.M., rappela les interventions auxquelles il se livra pendant plus de quarante années auprès des grands de ce monde afin de leur arracher, la plupart du temps sans succès, quelques déclarations en faveur du mondialisme. Il affirma, comme nous, que le revenu doit être basé sur la production et non sur la durée du travail. Il se demanda pourquoi les propositions de réforme du S.M.I., en particulier celle de Charles Warin (4) nont jusquà présent pas abouti. Répondons lui ici que lorsquon domine la haute finance mondiale, lorsquon possède une monnaie et un système à la fois nationaux et internationaux que lon peut manipuler à sa guise, il nest pas question den changer sauf contraint par une force beaucoup plus puissante que celle des distributistes et des mondialistes dà présent. Guy Marchand a également parlé de son dernier opuscule (5). Le partenariat égal Présenté par John Roberts, Professeur de Faculté, Christopher Layton, Directeur Honoraire à la Communauté Économique Européenne, décrivit un monde dominé par les pays riches au détriment des pays en voie de développement. Il se borna à souhaiter plus de démocratie, une réforme de lO.N.U., une évolution vers des entités régionales dotées dune monnaie propre (un "monde multipolaire") et un transfert des ressources... Beaucoup de bons sentiments... Le rôle de lorganisation bancaire Non sans naïveté, Penny Johnson, Conseillère financière à la City Bank de New-York, expliqua le rôle de la banque à tous les échélons : mondial, régional, sous-régional, en faveur du développement. Elle nomit point de signaler les profits importants et les postes bien rémunérés que les banques multinationales, moyennes ou plus spécialisées tirent de cette activité humaniste au plus haut point. Ajoutons : avec le succès que lon sait : plus de mille deux cents milliards de dollars de dette des P.V.D. envers les banques prêteuses. Cession des ressources naturelles et fédéralisme Charlotte Waterlow est membre du Comité exécutif des fédéralistes mondiaux de Grande-Bretagne. Elle fit un sombre inventaire des menaces qui pèsent sur notre planète. Menaces nucléaire, écologique, démographique, climatique, énergétique. Face à ces périls, elle posa le principe selon lequel depuis la famille jusquau monde entier, les décisions doivent être prises au niveau concerné, cest-à-dire le fédéralisme. Il serait en mesure, selon elle, de faciliter les solutions les plus efficaces : paix mondiale, lutte contre les pollutions, planification, statut de latmosphère, recherche de nouvelles énergies propres, notamment et respectivement. La monnaie et le fédéralisme mondial Dario Velo, Professeur déconomie, après avoir évoqué lépoque où la Livre Sterling, puis le dollar, ont servi de monnaie de change internationale reconnue par tous, a proposé que lEurope sunisse afin que sa monnaie accède au même rang. II a envisagé un plan Marshall européen pour lAfrique et laccroissement de la dette du tiers-monde qui est de lintérêt à la fois des pays développés et des pays pauvres afin que survive le système. Pour lui, la fin du système capitaliste nest évidemment pas envisageable... Les limites du nouvel ordre économique international et conclusions Isabelle Hannequart, Assistante en droit public à la Faculté de Tours et secrétaire-trésorière du Conseil dAdministration de II.E.M., a ensuite montré quelles sont juridiquement parlant les limites du nouvel ordre économique mondial. Marc Garcet, Professeur à lInstitut dEtudes Sociales de Bruxelles, délégué au Congrès des Peuples et Président de II.E.M. a tiré les conclusions de la session 1988 de lI.E.M. Léconomie distributive et le mondialisme Auparavant, une journée complète fut consacrée à léconomie distributive. Au cours de son introduction, Jean Prédine a lu des extraits du message que Marie-Louise Duboin avait adressé aux congressistes et qui leur fut remis. Il revenait à André Prime de traiter le sujet proposé : "La crise des marchés et léconomie distributive". Il sen acquitta en faisant un large historique de léconomie mondiale à notre manière. En vue de montrer laccélération du progrès scientifique et technique, il reprit la méthode consistant à réduire à une journée lhistoire de lhumanité où lon voit que lessentiel de la révolution scientifique se concentre sur les dernières minutes. René Marlin, lui aussi mondialiste des premières heures, a ensuite examiné les rapports de cette thèse avec le distributisme. Il insista tout spécialement sur les dangers dun mondialisme qui ne serait pas démocratique. Évoquant les organismes mondiaux supranationaux qui sont dores et déjà en place sous la forme du groupe de Bilderberg et de la Trilatérale (6) il affirma nettement que ce mondialisme nétait pas le sien et engagea ses auditeurs à sy opposer. Il admit que labondance nexistant pas partout dans le monde, il convenait provisoirement denvisager linstauration dun socialisme distributif surtout dans les pays industrialisés de louest et proposa le cadre européen dans la perspective du 1er janvier 1993. Il insista sur la synergie entre le mondialisme et léconomie distributive. Le premier prive le régime capitaliste de lexécutoire obligé des fabrications darmement devenues inutiles avec la disparition des menaces de guerre et pousse donc à un changement de régime économique. Il soutint lidée dune collaboration accrue entre distributistes et mondialistes. Répondant aux questions, André Prime et René Marlin insistèrent sur le fait quil ne faut pas confondre économie distributive et gaspillage, donc pollution. Au contraire, la disparition de la recherche du profit immédiat permettrait linnovation dans léconomie des matières premières et de lénergie, ainsi que la primauté des soucis écologiques. Le soir, Guy Denizeau exposa son projet de franc "vert" (7) et Guy Ostenbrock celui de monnaiecalorie (8). Ce furent donc plus de 8 heures de cours et de débats qui ont été consacrées à léconomie distributive ou à des propositions connexes. _ Nous avons, je crois, profité de loccasion qui nous fut donnée de faire mieux connaître léconomie distributive et de rectifier les fausses informations que certains font courir volontairement ou involontairement sur elle. Bien entendu, le sujet ne fut pas épuisé, il était trop vaste. De même ce court compte-rendu tout à fait succint et forcément subjectif ne peut que donner une idée trop simple de la richesse des matières abordées. Le lecteur intéressé pourra se reporter aux polycopiés des cours de lI.E.M. (9). Signalons enfin que lauditoire comprenait en permanence environ 50 à 60 "étudiants", "professeurs" ainsi que les responsables de lInstitut. Des personnalités locales ont assisté à certaines séances et le journal "Sud-Ouest" a publié de nombreux articles sur les réunions, en particulier le 5 août : une cinquantaine de lignes sur les interventions des distributistes. Le bon grain a été semé. Espérons quil germera, au moins dans quelques cerveaux parmi les plus réceptifs... (1) Voir G.R. n° 869. (2) Voir "Minimum social garanti pour lEurope" G.R. n° 870. (3) Système selon lequel il ny aurait quune seule sorte déconomie possible. A. Marc fait sûrement allusion à son économie bizonale. Voir (2). (4) "Une monnaie pour un nouvel ordre économique mondial", ed. Club humaniste. (5) "La compétitivité, mère du chômage". Même éditeur. (6) Nous y reviendrons plus en détail. (7) Voir G.R. n° 869. (8) Voir G.R. n° 868. (9) Sadresser à Isabelle Hennequart, 111 avenue Aristide Briand 35000 RENNES |
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