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Les petits agriculteurs brésiliens sont fréquemment expulsés de la terre qu'ils travaillaient en métayage. Avec leurs familles, dans des conditions très difficiles, ils se trouvent contraints de migrer vers les terres vierges du nord et de l'ouest du Brésil qui, peu habitées, appartiennent généralement à l'Etat. Ils s'y installent, défrichent et mettent en culture pour se nourrir. Ils cultivent des plantes vivrières : haricot, manioc... on les appelle les " poseiros. " Souvent, lorsqu'ils ont mis en place un début d'infrastructure (chemins et route notamment, apparaissent de faux propriétaires, munis de faux papiers, qui cherchent à chasser les poseiros. Ces faux propriétaires sont riches et puissants. Ils commencent par user de l'intimidation, ils ont recours à des juges corrompus, et, si cela ne suffit pas, ils détruisent les villages et assassinent les hommes. Les poseiros leur opposent la résistance passive, ou bien s'informent de leurs droits auprès des " avocats de la terre " ; en effet, la loi brésilienne prévoit que la terre appartient à celui qui l'a mise en valeur pendant plusieurs années. Face à la violence, ils demandent protection à la police. Mais celle-ci, mal équipée et souvent corrompue, est impuissante devant les bardes de " pistoleiros " bien armés qui sont payés par les usurpateurs. Au bout du compte, il reste aux poseiros spoliés deux attitudes possibles :
Pourquoi cette situation ? Il nous faut d'abord considérer ce qui se passe à l'échelle du pays. Le poseiro est expulsé de sa terre à cause de la spéculation : la terre est au Brésil l'une des richesses qui ne se dévaluent pas (dans ce pays, l'inflation monétaire annuelle dépasse 200 %). La spéculation mise sur une triple exploitation du territoire brésilien en vue d'en tirer de grands bénéfices :
La plupart. de ces activités sont dites " de faible valeur ajoutée " ; elles rapportent peu en regard de l'investissement qu'elles exigent. Toutes sont tournées vers l'exportation. Pourquoi le Brésil doit-il exporter ? Pour rembourser sa gigantesque dette extérieure (cent milliards de dollars). La dette provient des emprunts contractés pour équiper le pays en vue de l'installation des compagnies multinationales des pays riches : routes, barrages, ports, distribution de l'énergie De ce fait l'économie du Brésil est extravertie : ce pays, comme beaucoup d'autres du " Tiers-Monde ", a donné priorité aux productions d'exportation, alors qu'il ne peut même pas assurer l'alimentation de toute sa population. Pourtant le Brésil est extrêmement riche : il pourrait nourrir 400 millions d'habitants alors qu'il n'en compte aujourd'hui que 120 millions. Pourquoi ces choix économiques ? En fait le Brésil N'EST PAS MAITRE DE SES DECISIONS, pas plus que le poseiro ne l'est sur sa terre. Là où est l'ARGENT est le POUVOIR DE DECISION, et l'on trouve l'un et l'autre :
Nous examinerons dans le prochain article comment ces rapports de domination, sources des inégalités, fonctionnent, et qu'elle est leur origine historique. AC |
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