(13,2) Janvier 1986
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Nous avons vu dans MONDA SOLIDARECO n° 12 que le paysan brésilien dépossédé était le jouet de forces économiques agissant à l'échelle de son pays. Le Brésil n'est pas lui-même maître de son développement : nous examinerons ici pourquoi. Aujourd'hui le monde des hommes apparaît organisé en deux sous-ensembles. Non pas, comme les discours politiques peuvent le laisser croire, l'Est et l'Ouest, mais plutôt : un CENTRE constitué par les pays dits " développés ", que nous dénommerons sous le sigle R.N. = " régions nanties. " une PERIPHERIE constituée par le " Tiers-Monde ", que nous dénommerons sous le sigle R.E.D = " régions économiquement dominées. " En fait, ce n'est pas tout à fait aussi simple, car les R.N. comprennent elles-mêmes un centre important et une périphérie propre, et les R.E.D. comprennent un tout petit centre et une immense périphérie : à quoi cela correspond-il, et .comment cela fonctionne-t-il ?
LES ECHANGES Entre les Régions Nanties et les Régions Économiquement Dominées existent des échanges importants et déséquilibrés : en effet, les produits que cèdent les dominés aux nantis aux nantis (matières premières, énergie, denrées spéculatives, aliments du bétail...), permettent à ces derniers de créer des richesses encore plus grandes (produits finis), alors que les nantis cèdent aux dominés des produits qui sont sources de dépendance : denrées alimentaires onéreuses, technologies avancées, information culturelle à sens unique, assistance militaire. Par ailleurs les investissements des compagnies multinationales vers les RED sont restituées " au centuple " par le rapatriement de leurs bénéfices vers les R.N. Ainsi le centre des R.E.D. joue-t-il le rôle de tête de pont de la mainmise du centre des R.N. sur les R.E.D. Cependant, entre les périphéries des R.N. et des R.E.D. se mettent en place des réseaux différents d'échanges fondés sur la solidarité. C'est là qu'agit, aux côtés de nombreuses " organisations non - gouvernementales " (O.N.G.) le Fonds Mondial de Solidarité Contre la Faim. Ce dernier point est urgent, car le système dominant détruit sa propre base :
COMMENT EN EST-ON ARRIVE-LA ? Tout est parti du moment où, en utilisant ses ressources propres, l'Europe a pu maîtriser ses famines. L'intensification de l'agriculture et l'augmentation de la population ont réuni les conditions propices à l'industrialisation. Dès lors l'industrie allait de plus en plus concurrencer l'agriculture et provoquer l'exode rural. De ce premier déséquilibre a résulté la colonisation, d'abord tentative d'aller chercher ailleurs des denrées moins chères, puis moyen d'exploiter extensivement la planète au bénéfice du développement de l'Europe, puis de celui de ses excroissances d'Amérique du Nord. Au XXe siècle, l'industrialisation de l'agriculture des pays industriels a provoqué un nouveau déséquilibre : surproduction, prix ne compensant pas les investissements. D'où, à nouveau, la recherche de débouchés extérieurs C'est pourquoi, par le moyen de " l'aide " et de la " formation des élites ", les R.N. se sont employées à exporter le modèle américano - européen de consommation vers les R. E. D. Ces " élites " ont constitué le centre des R..D. Ainsi donc, nous voici arrivés aujourd'hui, pour des raisons historiques, à une situation de division Planétaire du travail dont les racines se trouvent dans les R.N. et qui assigne aux R.E.D le rôle subalterne de fournir des matières premières à bas prix, et de consommer des produits finis très onéreux. NATIONALISME Or, tout ceci se déroule dans un contexte tel que les pouvoirs politiques responsables (face aux votes, face à l'opinion publique, face aux révolutions) mais nationaux (ils n'exercent leur souveraineté que dans les limites de leur territoire), n'ont pratiquement aucune prise sur le pouvoir, économique (l'argent, dont l'unique règle est de produire encore plus d'argent), irresponsable et transnational : l'argent met les États en compétition entre eux pour obtenir les conditions qui leur conviennent le mieux. Ainsi, par ces mécanismes, un nombre croissant de paysans, de pêcheurs, d'éleveurs, d'artisans, mais aussi de pauvres parmi les nantis, sont poussés à n'avoir même pas de quoi se nourrir suffisamment et vivre dignement. De ces constatations découlent la philosophie, les objectifs et le mode d'action du FONDS MONDIAL DE SOLIDARITE CONTRE LA FAIM. Nous les exposerons prochainement. AC |
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