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par René Marlin (1990) |
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Parmi les innombrables réunions qui ont lieu aux quatre coins du monde, nous en avons retenu trois auxquelles nous avons assisté personnellement et où des questions qui intéressent, croyons-nous, les lecteurs de la Grande Relève ont été traitées. Lune était placée dans la perspective de lEurope qui se fait, les deux autres avaient trait au monde en devenir.
Environnement et construction européenne Un colloque sest tenu sous ce titre, le 9 mai 1990, à la Cité des Sciences et de lIndustrie de ParisLa Villette. II a rassemblé plus de vingt intervenants choisis parmi des chercheurs, des scientifiques, des décideurs et des politiques qui se sont exprimés devant environ trois cents invités rassemblés par Eurocité, centre de ressources et dinformation sur lEurope fondé par les responsables de la Cité. Le sujet fut divisé en trois parties animées chacune par un journaliste, avec un invité dhonneur et quatre ou cinq spécialistes disposant de quelques minutes pour exposer un problème précis. Après chaque partie les auditeurs furent invités à poser, par écrit, des questions aux orateurs de leur choix. Une Tribune a réuni en fin daprès-midi la plupart des participants. Brice Lalonde, secrétaire dEtat chargé de lenvironnement et de la prévention des risques technologiques et naturels majeurs a prononcé une allocation de clôture. La première partie fut animée par Jacques Paugam, journaliste à FR3, avec comme président de séance Francesco di Castri, président du programme Scope-Comité scientifique mondial sur les problèmes de lenvironnement. Intitulée "Recherche et écologie", elle eut comme but de faire le point sur les progrès scientifiques résultant des grands projets européens et de donner une vision globale des équilibres planétaires. A ce propos, le président a bien expliqué dentrée que si lEurope pollue, plus de la moitié des grandes difficultés rencontrées présentent un caractère extraeuropéen donc planétaire, puis il nen fut plus parlé, sauf pour constater quil nexiste aucune instance au plan mondial pour soccuper de régler ces urgences. Dautres seront plus conséquents comme on le verra plus loin. Toutes les grandes pollutions qui nous menacent furent répertoriées et lon fit état des travaux, en particulier des mesures scientifiques exécutées sous les auspices du projet européen Eureka, de la Commission des Communautés Européennes et du Centre National dEtudes Spatiales. Francesco di Castri déplora linsuffisance des rapports entre scientifiques et politiciens évaluant à 3 ou 5 % les propositions des premiers qui sont suivies deffet. On séleva jusquaux grandes interrogations philosophiques, pour saccorder sur la disparition des clivages entre physique et métaphysique et lon retomba ici et maintenant pour constater la difficulté de contraindre les états de la CEE, par exemple à interdire la fabrication de produits non biodégradables. Lanimateur de la seconde partie fut François Roche, rédacteur en chef de "A pour affaires économiques", avec, comme invitée dhonneur Simone Veil, ancienne présidente du Parlement européen et actuelle présidente du Comité Français pour lenvironnement. On y parla dune politique européenne dans ce domaine ; pour conclure que, sur la centaine dactes réglementaires édictés depuis 1972-73, bien peu étaient réellement appliqués. On y dressa le palmarès des bons élèves : RFA, Pays-Bas et Danemark, des moyens dont la France, et des médiocres. En réalité, le droit communautaire est ignoré de la plupart des nations. Pour être applicables les directives européennes doivent être ratifiées par les parlements nationaux. Dans la situation présente, les sanctions ne sont nullement dissuasives. II faudrait une Haute Autorité communautaire et un inspectorat qui fonctionne, ce qui nest pas le cas. Se référant aux traditions différentes des états, notamment en matière de démographie, Simone Veil se demanda si une synthèse entre développement et environnement est possible ; pour se consoler en plaidant que,sans la CEE, la situation serait pire... Le début daprès-midi était consacré à "Environnement : nouvel exercice de la démocratie" et placé sous la présidence de notre ami Jacques Robin, médecin, directeur de "Transversales Science-Culture" (1). Les invités dhonneur étaient Michel Barnier député RPR, rapporteur spécial du budget de lenvironnement et Huguette Bouchardeau député, ancien ministre, présidente pour la France de lEntente européenne pour lenvironnement. Lanimateur fut André Dumas, journaliste à Europe 1. Robert Picht, vice-président de la fondation européenne de la culture à Amsterdam, reconnut la nécessité de revoir nos modes de pensée. Hans Scheuer, de la Commission des Communautés Européennes à Bruxelles, insista sur linformation et léducation du citoyen européen. David Cabot, conseiller spécial auprès du premier ministre irlandais, promit que la présidence irlandaise de la CEE se terminerait avec une déclaration majeure sur ces problèmes. Jacques Robin ne manqua pas de sinterroger sur notre modèle de croissance dont il craint le pire, surtout après 1992. II fit bien la distinction entre lécologie, science fondamentale, et lenvironnement, techno-science soumise aux aléas de la finance et de la politique. Enfin, il évoqua lexigence dune écologie planétaire et dun changement économique, pour aller vers une économie plus distributive. Michel Barnier et Huguette Bouchardeau parlèrent des difficultés de leur travail quotidien au Parlement. Le premier venait de déclarer à la télévision, fin avril, que le combat contre la pollution coûterait cher et que le pays ne pourrait pas le mener sans un prélèvement important sur les dépenses militaires. Nous lui avons donc demandé sil maintenait cette position, ce quen pensaient ses amis politiques et ce quil pourrait faire concrètement. A notre surprise, la question ne fut écartée ni par les organisateurs, ni par lintéressé. Lassistance fut sensible au courage de Michel Barnier qui avoua sêtre fait "engueuler" par ses collègues de parti, mais se dit décidé à poursuivre dans cette voie et prêt à proposer un transfert de 5 % des crédits darmement vers le budget de lenvironnement. Bravo, mais cest une proposition malheureusement irréaliste souvent avancée, jamais suivie deffet.
Assises du mondialisme Elles eurent lieu à la mairie de Tours, comme nous lavions annoncé, du 24 au 28 avril 1990. Au rythme de cinq le matin et de cinq laprès-midi, une quarantaine de conférenciers se sont succédé à la tribune. A partir de 18 heures environ, un débat public clôturait la journée. Le mardi 24 avril fut consacré à une conférence de presse boudée par les journalistes, même locaux, puisque seul Pierre Imbert de la "Nouvelle République du Centre-Ouest" assista à la réunion. Aucun autre journal que celui-ci et le "Courrier Français de Touraine" na assuré, à notre connaissance une couverture convenable des réunions. Claude Tellier, responsable du centrer tourangeau des Citoyens du Monde, remarquable organisateur, remercia la municipalité menée par Jean Royer de lui avoir donné lhospitalité de la Grande Salle des Fêtes de lHôtel de Ville. II prononça une brillante allocution douverture, mettant chacun des habitants de cette planète devant ses responsabilités face aux menaces de tous ordres qui lassaillent. Parmi les interventions du premier jour, citons celle du docteur Jacques Mongnet de lAssociation des Médecins français pour la prévention de la guerre nucléaire, qui dénonça la mainmise des militaires français sur léconomie de la Polynésie. Yves Angelloz annonça que les prochains "Jeux mondiaux de la Paix" qui doivent "vider les tribunes et emplir les stades" auront lieu au Maroc, du 17 au 22 juillet 1990. Pierre Cochery du MURS (2) a traité de la responsabilité des scientifiques, particulièrement en ce qui concerne larme nucléaire. II sest montré optimiste sur lavenir des relations entre les grandes puissances. Cette journée a été marquée aussi par labsence dEdgar Morin qui devait traiter de la "paix par la conscience planétaire" et surtout la défection de Bernard Benson pour de regrettables raisons financières. Roland Nivet du Mouvement de la Paix a dénoncé le maintien des dépenses darmement françaises. J.M. Lavieille de lUniversité de Limoges sest attaqué au complexe scientificomilitaro-industriel et a rappelé les sondages dopinion favorables, en France, à une réduction des crédits militaires. Bernard Maire a évoqué la mémoire de son frère Gabriel, prêtre et fondateur du Mouvement Populaire des Citoyens du Monde, assassiné le 23 décembre 1989 à Vitoria (Brésil) où il travaillait, dans sa paroisse, en faveur des déshérités. II a demandé justice. Le jeudi 26 était consacré au développement mondial. Jean-Marie Fardeau, dAgir ici, a parlé du sommet des sept pays les plus pauvres et annoncé la fondation dun observatoire international permanent du développement et de la démocratie. Franco Bettoli a rappelé lexistence dEmmaüsInternational qui a participé au financement des Assises. Dorin Hehn, esperantiste roumain, sest félicité de laccession de son pays à la démocratie et a fait part de sa crainte dune renaissance des nationalismes. Daniel Durand du Fonds Mondial de Solidarité contre la Faim, création des Citoyens du Monde et du Congrès des Peuples a précisé quil sagissait dune institution transnationale et mutualiste daide ponctuelle aux affamés du Tiers-Monde. Maribel Wolf de Terre des Hommes a parlé de la démocratie en relation avec le sous développement. Elle a très bien stigmatisé les informations partielles ou fausses propagées dans les grands médias par des journalistes carriéristes, donnant lexemple du Panama où les bombardements par les troupes des Etats-Unis avaient fait, proportionnellement à la population, beaucoup plus de morts quen Roumanie, dans lindifférence presque générale des grands organes internationaux. Jeanne Bisilliat a examiné la subordination des femmes en rapport avec le sousdéveloppement. Alexandre Marc a soutenu sa thèse fédéraliste intégrale troisième voie nécessaire, daprès lui, entre le capitalisme et le communisme. II a rappelé que Jacques Duboin avait, le premier, dénoncé le régime économique qui entraine la misère dans labondance, mais a cru nécessaire de répéter ses préjugés contre le distributisme (3). Thèses contre lesquelles nous nous sommes évidemment élevés. Enfin Charles Loriant, président du Mouvement vers une Autogestion Distributive a excellemment exposé aux mondialistes pourquoi léconomie distributive était une alternative crédible et incontournable. Au cours du débat et lors dune réunion des associations, le 29 avril, Charles Loriant a fait état de son projet de banque de données interassociative et interdisciplinaire avec un certain succès auprès des responsables présents qui ont adopté une motion finale de soutien. Les interventions du 27 avril étaient placées sous le titre général :"Sauvegarder la biosphère". Alfreda Maruska, médecin lituanien, membre des "verts", sexprimant en esperanto a dit son opposition à lindustrie nucléaire soviétique et aux bases aériennes. Pour "Nature et progrès", Marc Trouilloud a dit son opposition à lagriculture chimique et Isabelle Totikaev dEcopora-France a déploré la déforestation de lAmazonie. La communauté Bahaie était représentée par Wytze Bos du Canada qui sest rallié au fédéralisme au nom de lexistence de Dieu. Un espérantiste de RFA, le docteur Günther, a rappelé toutes les menaces qui pèsent sur notre terre et a lancé un appel pour un meilleur contrôle global de lenvironnement. La présidente en exercice du Congrès des Peuples, Muriel Saragoussi, chercheur à Manaus, a proposé un pacte amazonien de sauvegarde. Enfin Michel Beaud du groupe pour lappel de Vézelay a défini les réflexions du groupe sur les risques technologiques majeurs, il a précisé les solutions à éviter et les voies qui paraissent prometteuses. Michel Beaud tient aussi dans "Le Monde" une rubrique intitulée "A travers les revues". Malgré un échange de correspondances, il na pas cru devoir faire la moindre allusion à notre publication. Nous lui en avons demandé la raison et plus généralement pourquoi les professionnels de linformation font le silence sur le distributisme et le mondialisme. II nous a répondu quil nétait pas journaliste mais universitaire, quil écrirait sur léconomie distributive si, un jour, le thème général de sa chronique sy prête. II a ajouté quà son avis, les journalistes attendent tous quun de leurs collègues aborde les thèmes qui nous intéressent pour en parler eux-mêmes !.. Cette réponse na pas modifié la piètre opinion que nous avions déjà sur le sens de la responsabilité des maîtres des médias dont le métier, capital en régime démocratique, devrait être, en principe, dinformer lopinion aussi complètement que possible. Le 28 avril, dernier jour des réunions publiques, nous avons entendu Marie Serpereau du Groupe Français déducation nouvelle parler de "Citoyenneté et savoir" et Alain Raphestan, maire de Fussy (Cher), témoigner de son expérience de premier magistrat de lune des 950 communes mondialisées. Badi Lenz a soutenu sa thèse dune seconde chambre populaire auprès de lA.G. des Nations Unies. Alain Faure, président dAmnesty France, a expliqué la position de son association face à la raison dEtat. Laprès-midi, Guy Héraud, ancien candidat à la présidence de la République, a donné un aperçu théorique du fédéralisme, depuis le maître Proudhon jusquà Denis de Rougement et des fédérations locales jusquà la fédération mondiale. Les voies et moyens du mondialisme furent dénombrés par Georges Bernard, directeur honoraire de recherches au CNRS et membre du Mouvement Universel pour une Fédération Mondiale. Et la séance fut clôturée par Roger Wellhof, directeur du Registre International qui a rappelé les raisons pour lesquelles lenregistrement des Citoyens du Monde reste nécessaire face aux dangers qui menacent actuellement la vie sur Terre. Mais celui qui retint évidemment lattention des 450 personnes présentes fut évidemment lAbbé Pierre Grouès, fondateur des Compagnons dEmmaüs. II suscita lémotion parmi les plus anciens mondialistes, en rappelant la part prépondérante quil prit au premier congrès de ce qui était alors le Mouvement Universel pour une Confédération Mondiale à Montreux, en 1947. II évoqua ses rencontres avec Lord Boyd Orr, premier président de la FAO et avec Stringfellow Barr, auteur de "Lets join the human race" (Chicago 1950) ainsi quavec Albert Einstein. II termina en stigmatisant les positions racistes, face aux réalités de la démographie mondiale, et en lançant un appel à la jeunesse pour quelle laide à lutter contre la faim et la souffrance.
Congrès des Peuples Quarante ans après la réunion des quatre premiers "députés mondiaux" à Genève, en décembre 1950, la plupart des délégués élus au Congrès des Peuples et leurs suppléants se sont trouvés au même endroit du 12 au 16 ruai 1990. Rappelons quà la suite de lajournement de la tentative dAssemblée Constituante des Peuples qui devait comprendre un député pour chaque million dhabitants, le Congrès des Peuples fut imaginé par Rodrigues Brent, en 1953. Avec Maurice Cosyn et Jacques Savary, il lança lidée dune Assemblée de délégués élus transnationnellement par tranches successives de 10.000 électeurs. Depuis huit élections ont eu lieu portant sur un corps électoral denviron 80.000 personnes dans plus de 110 pays. 16 délégués et leurs 16 suppléants ont été élus. Le principal sujet à lordre du jour était le soutien par le CDP dune proposition tendant à la création, au sein des Nations Unies, dune commission chargée détudier la possiblité dadjoindre une seconde chambre, celle des peuples, à lAssemblée générale. Les représentants des associations mondialistes dont les membres, en plus des citoyens du monde enregistrés, ont participé aux élections, ont donc présenté leurs observations ainsi que les délégués présents et certains observateurs. Contrairement aux Assises de Tours, la réunion de Genève était plutôt une rencontre de spécialistes où une large part fut consacrée à des questions de droit international. Les professeurs Paul de la Pradelle et Tsuruji Kotani présentèrent donc, le lundi 14 mai, aux Nations Unies, Palais des Nations, des exposés fort documentés sur laspect juridique du projet. Le directeur du bureau de Jan Martenson, directeur général des Nations Unies, qui, pour la première fois, recevait le CDP, ne laissa guère despoir aux mondialistes. Un mouvement populaire serait pour lui irréaliste et une démarche classique, par lintermédiaire de lune des grandes commissions, se heurterait à un ordre du jour fort chargé pendant plusieurs années. Même en admettant que la proposition soit examinée, elle serait repoussée à un moment ou à un autre par le droit de veto. Le représentant de lONU ne voit quune possiblité : cest que les délégations nationales sadjoignent des représentations populaires, ce qui parut à ses interlocuteurs encore plus hors de portée que les autres revendications présentées... Keith Best, ancien député britannique, et Muriel Saragoussi, président en exercice du CDP, défendirent lidée que les changements ne pouvaient venir que du peuple. Hanna Newcombe, Canadienne, déléguée élue, fit part des travaux de lInstitut de Recherche sur la Paix de Toronto, relatifs aux nombreuses recherches sur la façon de pondérer les votes à une seconde assemblée. II savère, en effet, que le principe : une personne égale une voix qui parait le plus démocratique, avantagerait trop les contrées surpeuplées comme la Chine ou lInde et aurait, pour cela, grand mal à simposer. Entre les 25 auteurs de ces recherches, la préférence dHanna Newcombe va à une formule qui comprendrait la population peut-être atténuée par sa racine carrée et les dépenses déducation. Tout cela parait bien abstrait... et très respectueux des nationalismes. Bhupendra Kishore, délégué élu indien, expliqua la raison dune seconde chambre, afin quune véritable sécurité, une dignité et une identité soient garanties aux peuples du monde et il ajouta que le CDP ne tenait pas spécialement à être incorporé aux Nations Unies. Bamba Fall, notaire sénégalais, délégué suppléant, sinterrogea aussi sur le mode de représentation : direct ou indirect à adopter. Si, par exemple, la chambre populaire devait comprendre des représentants des parlements nationaux, si nous devions solliciter pour elle des pouvoirs réglementaires, ce qui nécessiterait un amendement de la Charte de lONU, ou, simplement, des délégations consultatives, plus faciles à obtenir. Tsuruji Kotani avait des préoccupations du même type et se demanda si un modèle genre Organisation Internationale du Travail où sont représentés, à parité, les gouvernements, les employeurs et les salariés, ne pouvait pas être adopté. Wladimir Zhirinovski, président du parti libéral démocratique dUnion soviétique, rendit ensuite hommage à Max Habicht, ancien président des fédéralistes mondiaux suisses, décédé en 1986, et à Jacques Muhlethaler, Genèvois, ancien président de lEcole Instrument de Paix qui a été à lorigine de la réception aux Nations Unies. Le soir, une conférence de presse eut lieu en la bibliothèque des journalistes accrédités auprès des Nations Unies en présence de Mario Bettati, représentant de Bernard Kouchner, Secrétaire dEtat Français à lAction Humanitaire. II fut question du droit dingérence, justifié par la volonté de soulager la souffrance. M. Bettati raconta comment, en raison de lurgence, 48 vols furent effectués par des appareils militaires français, transportant des soldats et autres militaires dont les pompiers en uniforme, vers lUnion Soviétique, lors du dernier tremblement de terre en Arménie. Tout cela avec laccord tacite des officiels soviétiques, mais sans visa, ni passeports Lenregistrement des Citoyens du Monde, le Congrès des Peuples, le Fonds Mondial de Solidarité contre la faim, lInstitut dEtudes mondialistes, lAgence Mondialiste de Presse et lAction durgence internationale furent présentés aux journalistes, soit deux représentants de radios suisses, une journaliste allemande et un Polonais. Les autres réunions eurent lieu au Centre réformé John Knox. Laprès midi du 14 mai fut consacrée à "la protection de la biosphère" dont nous avons parlé dans la première partie de ce compte-rendu, sur le plan européen. Ralf Haegler, fédéraliste suisse, précisa que les mondialistes nont pas attendu la mode écologique pour sinquiéter de la pollution des océans puisque, dès 1955, 107 députés et lords du groupe parlementaire britannique proposaient le projet Neptuno afin de placer les mers et les océans, hors les eaux territoriales, sous le contrôle de lONU. En 1956, ce fut le projet Etheruno de Guy Marchand pour mettre sous lautorité de lOACI (1) lespace atmosphérique au dessus de dix kilomètres daltitude. Puis ce furent des projets dutilisation pacifique et de dénucléarisation des océans. Muriel Saragoussi et Jerry Bourgesois rappelèrent, comme ils lavaient fait lors de la conférence de presse, lappel de La Haye signé par les chefs dEtat ou de gouvernements, le 11 mars 1989, en vue de "créer une autorité mondiale dotée de vrais pouvoirs de décision et dexécution pour sauver l'atmosphère..." les 24 pays signataires se déclarant "... prêts à déléguer une parcelle de leur souveraineté nationale pour le bien commun de lhumanité toute entiere". Ces termes, identiques à ceux employés par les mondialistes, sont significatifs de la prise de conscience de certains hommes dEtat. J. Bourgeois annonça la création dun groupement afin de suivre lexécution de lintention quils ont ainsi exprimée. Le mardi 15 mai, Marc Garcet, délégué élu belge, fit un remarquable exposé sur lhistorique, ainsi que sur le présent et lavenir du CDP. II constata que 25 ans après sa création cétait devenu une institution publique, dun type particulier, à améliorer dans certains domaines. Ainsi son fonctionnement nest pas facilité par la nécessité du travail par correspondance. Un certain nombre de suggestions furent émises, notamment celle de Michel Forestier consistant à faire voter par le CDP des prototypes de lois mondiales. Enfin furent examinées un certain nombre de questions pratiques, comme le lieu de la prochaine réunion : New Delhi, Moscou furent cités et surtout le financement du fonctionnement du CDP et de la neuvième élection. Le difficile remplacement de Guy Marchand démissionnaire comme secrétaire général et pilier du CDP fut étudié mais non résolu. Jacques Muhlethaler président et Bhupendra Kishore vice président furent élus pour deux ans . Bamba Fall présenta une synthèse des réunions. Pour quelquun qui a moins travaillé pour le mondialisme depuis une quinzaine dannées et qui reprenait vraiment contact, ce qui était mon cas, rien ou presque rien navait changé. Les controverses étaient toujours les mêmes, les personnes aussi. Mais se pose maintenant le problème de la succession pour certains postes-clés. Le renouvellement des actifs se fait mal, il sagit dune difficulté générale pour tous les mouvements. La jeunesse est peu attirée par le militantisme. La plus grande diffusion de la culture fait que les jeunes ne désirent plus coller des affiches ou distribuer des tracts. Ils tiennent, comme dans la société civile, à accéder de suite aux postes de responsabilité. Cest ce qui explique que, ayant une ou des idées, ils ne cherchent pas à renforcer les groupes défendant des thèses analogues, mais quils songent immédiatement à créer de nouvelles associations. Doù la prolifération des groupuscules et leur relative inefficacité. Ce fut particulièrement net à Tours, où certains participants ont découvert la mondialité des problèmes et le déjà long passé dhistoire, dexpérience, de travail et de résultats accumulés par les citoyens du monde. Ils lont dit eux-mêmes très franchement et très simplement sans en tirer les leçons... Lincompréhension se manifeste quelquefois aussi entre les générations aussi bien quentre personnes de formations diverses : juridique, littéraire ou scientifique. Le racisme anti-jeunes ou anti-âgés fait place quelquefois à la démagogie projeunes qui se manifeste par une adhésion irréfléchie aux thèses réputées les attirer : tiers-mondismebusiness, ethnologie amérindienne dans la voie de Claude Lévi-Strauss, agriculture moyenâgeuse, écologie du catastrophisme derrière René Dumont, antinucléarisme primaire, énergétique artisanal, etc... Par contre, un point positif se révèle être la présence de plusieurs représentants des pays de lEst, aussi bien à Genève quà Tours. La création dun centre denregistrement de citoyens du monde à Moscou est une bonne nouvelle. Le mondialisme manquait jusque là duniversalité. La présence de Bulgares, Polonais, Lituaniens, Roumains y remédie remarquablement. Nous en avons bien sûr profité pour parler déconomie distributive... Mais lautre écueil du mondialisme, cest la candeur face aux problèmes immenses et complexes des pays en voie de développement. Lon se croirait revenu au temps du Genevois JeanJacques Rousseau à lépoque du "bon sauvage". Tout ce qui vient des pays excolonisateurs serait néfaste et les habitants des contrées ex-colonisées seraient tous victimes des ex et actuels dominateurs. La réalité est plus nuancée. Les exploiteurs sont partout et certains Africains ou Asiatiques nont guère gagné à échanger des Blancs cupides et vaniteux contre des autochtones corrompus et incompétents.Le problème de la dette se poserait en dautres termes si les gouvernants et les décideurs du tiersmonde dénonçaient le cycle de laccumulation capitalistique et décidaient de ne plus rembourser au lieu de se vautrer dans le confort de la complicité. Jean-Paul II peu suspect dextrêmisme renvoie ".. dos à dos le marxisme matérialiste et le capitalisme libéral qui nont pas été capables de répondre aux profondes aspirations de lhumanité... Les événements récents, a-t-il déclaré le 9 mai1990, à Durango (Mexique), faisant allusion aux bouleversements en Europe de lEst, ont été interprêtés, parfois, de manière superficielle, comme le triomphe du système capitaliste libéral. Certains sont allés, ajoutaitil, jusquà présenter le système quils considèrent vainqueur comme le seul chemin pour le monde ... évitant de porter le jugement critique nécessaire sur les effets produits par le capitalisme libéral sur les pays du tiersmonde. " Si Garcia Suarez, le président de la confédération des Chambres de commerce, a reconnu que le Pape avait raison de dénoncer la concentration de la richesse qui crée la pauvreté, le président de la Bourse, José Madariaga, a exprimé la pensée de la majorité des grands financiers présents en disant : "Nous ne pouvons pas accepter que ceux qui travaillent plus aient la même chose que les autres... ".(2) A ce moment donc les mondialistes délégués, élus ou suppléants, soutiennent le système, soit en le considérant comme une évidence pensant quon ne peut en sortir, soit en confondant libertés et libéralisme ou démocratie et capitalisme. Dautres font semblant de croire que le communisme ou le socialisme étaient instaurés à lEst et se sont effondrés, alors quil sagissait dun capitalisme dEtat totalitaire, bureaucratique et dirigiste. Cette erreur danalyse les fait se rebeller contre la société de consommation qui, daprès eux, aurait tendance à sinstaurer partout. Ils dénoncent alors le productivisme au nom dune austérité mythique et appellent à un changement du modèle de développement sans voir que cest le profit qui génère cette tendance. II faudrait renoncer aux attraits du progrès technique ; jusquoù et dans quels domaines ? Ils se gardent bien de lindiquer. Sont-ils prêts euxmêmes à ne jamais utiliser avions, transatlantiques, automobiles, télévision, cinéma, etc... Sont-ils prêts à réduire de moitié ou plus leur propre consommation deau, de gaz, délectricité, de carburants divers. Ils nentrent pas dans ces détails sordides. Mais nous ne chercherons pas à convaincre ceux qui ne tiennent pas à nous entendre. Au reste, le citoyen du monde comme le citoyen français est libre de ses options religieuses, philosophiques, syndicales ou économiques. Nous remarquerons plutôt que nombreux sont les distributistes qui sont en même temps des mondialistes convaincus. Les multiples contacts que nous avons eus dans les couloirs à Genève et à Tours nous lont confirmé. Nos thèses sont celles dun grand nombre de personnes suffisamment ouvertes pour aspirer aussi à la citoyenneté mondiale. Un jour viendra peut-être où les abonnés à la Grande Relève en tant que tels pourront participer à une des futures élections au Congrès des Peuples, tout au moins ceux dentre eux qui nont pas encore voté. Ce jourlà un ou deux représentants authentiques de notre courant de pensée pourront véritablement prendre part aux discussions, à lélaboration des déclarations ou des futurs prototypes de lois mondiales et faire sortir cet organisme de la routine en matière déconomie. Cest évidemment plus difficile que les grandes envolées humanitaires, les leçons de charité et de morale ou dantiracisme comme la dailleurs bien compris notre gouvernement dit socialiste. Dans notre conception, le mondialisme nest pas destiné à prendre en compte toutes les petites et grandes misères du monde. Si elles restent locales et nont donc pas une dimension transnationale, elles relèvent, si émouvantes ou passionnantes quelles soient, dactions régionales. Faute de quoi, elles retirent de lefficacité et nous font qualifier de doux rêveurs par les responsables politiques. Ces derniers prendront à leur charge les problèmes mondiaux dès que lopinion sy intéressera. Ils lont déjà commencé avec lappel de La Haye. Ils le feront de plus en plus et bientôt les purs militants seront marginalisés au profit des professionnels de la politique spectacle. Attention le gouvernement mondial que nous refusons, même les institutions mondiales darbitrage que nous désirons, peuvent tourner à la dictature et, dans la pire des hypothèses, à une tyrannie, sans recours extérieur, par définition. Des oligarchies financières, religieuses, mystiques, industrielles cherchent déjà à prendre le pouvoir mondial. Des banquiers et politiciens sans mandat exercent, audessus des Etats, une influence usurpée. Nous devons être vigilants et navancer vers la supranationalité que dans la mesure où elle reste démocratique. Toute souveraineté émane du peuple. Cest notre seule garantie. Soyons prêts à nous opposer à toute force qui nirait pas dans ce sens, même si la marche vers le mondialisme parait en être retardée. La constitution pragmatique et progressive dun Congrès des Peuples demeure une des meilleurs méthodes pour nous préserver dune dangereuse aventure. Nous ny parviendrons que si ces questions sont mises sur la place publique. Là, les grands médias doivent intervenir. II y faudrait une prise de conscience des responsables et des journalistes. Malgré leur présence dans ces réunions, il ne semble pas quils y soient prêts. Agissons pour faire sauter lobstacle...
notes
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