Lors de la réunion
plenière du Congrès des Peuples du 4 mars
2006, nous avons, à la demande du Centre
français de l'enregistrement, mis à l'ordre
du jour la question de "Immigration clandestine et
mondialisme". Cette demande avait été
formulée par le groupe des Citoyens du Monde de la
Guadeloupe et a été reprise ensuite par les
Citoyens du Monde présents à
l'assemblée générale du Centre
français. Cette question a donc donné lieu
à un débat qui a permis aux uns et aux
autres de s'exprimer, de confronter nos points de
convergence et de divergence. Il va être poursuivi
dans les mois à venir pour donner lieu, si
possible, à une synthèse et à une
prise de position. C'est dans le cadre de ce forum de
discussion que je vais tenter de vous livrer
ci-après quelques impressions.
Immigration
clandestine et mondialisme
Rien que la formulation de la question me semble
présupposer une certaine opposition entre une
immigration qualifiée de clandestine et le
mondialisme. Pourtant, l'immigration est un fait connu
et, à priori, elle ne semble pas être en
opposition avec le mondialisme. Les immigrés (es)
sont des personnes qui viennent d'ailleurs, pour vivre
sur un territoire, dans l'espoir de mieux vivre, ce qui
n'est d'ailleurs pas toujours le cas, mais c'est pourtant
cet espoir qui les guide.
Ceci étant précisé, les uns sont
tout à fait en accord avec des idées
mondialistes alors que d'autres, à l'image des
autochtones, sont totalement ignorants,
indifférents à ce concept. En fait, nous
vivons dans un monde où les uns gèrent le
superflu alors que les autres vivent dans la
précarité et l'exclusion.
Il est évident que les richesses sont bien
souvent accumulées dans le Nord alors que la
pauvreté s'est installée dans le Sud. Mais
n'oublions pas qu'il y a de plus en plus de Nord dans le
Sud et de Sud dans le Nord. En d'autres termes, les
riches du Sud deviennent de plus en plus riches, alors
que les pauvres du Nord s'enfoncent de plus en plus dans
l'exclusion et la précarité. Mais l'appel,
l'illusion de la richesse qui s'étale dans les
vitrines du Nord reste un pôle d'attraction
très fort. Et voilà pourquoi la
poussée de l'immigration du Sud vers le Nord reste
importante, tout en précisant qu'il existe aussi
une immigration Nord-Nord et Sud-Sud.
Certains immigrent dans des conditions légales,
souvent ils s'installent sur le territoire qui les a
accueillis, parfois ils repartent chez eux. D'autres
arrivent par des cheminements divers. Il sont souvent
guidés par des passeurs, des réseaux divers
et variés. Parfois, ils se débrouillent par
leurs propres moyens. D'autres encore débarquent
en tant que touristes (avec des visas officiels) et
oublient de repartir.
Pour ces deux derniers cas de figure, comme d'ailleurs
dans le premier cas, la raison principale reste l'attrait
économique.
Certes, il y a aussi les réfugiés
politiques qui eux rentrent toujours illégalement
et dont les dossiers sont examinés par l'OFPRA
qui, dans la plupart des cas, les rejette faute de
preuves. En effet, il est assez rare que la personne qui
a été torturée, menacée dans
son pays d'origine puisse le prouver témoins
à l'appui. Il est également assez rare
qu'un tortionnaire vienne attester qu'il a effectivement
torturé le ou la réfugié (e) en
question.
Les divers parcours de ces personnes sont souvent
longs, onéreux, semés d'embûches. Ils
quittent tout, pour fuir, pour aller vers les pays de la
liberté, de l'égalité, de la
fraternité et lorsqu'elles arrivent,
épuisées, pleines d'espoir, une autre
galère commence: celle de la régularisation
de leur situation administrative, de leurs papiers.
N'oublions pas, n'oublions jamais, ils sont sans papiers,
sans toit, sans travail mais pas sans utopie.
Certes, ces personnes n'ont pas toutes les
qualités du monde. Elles ne sont ni meilleures ni
plus mauvaises que les autres, celles qui ont des
papiers, celles qui sont nées ici alors qu'elles
n'y sont pour rien d'ailleurs. En fait, elles font toutes
partie de la même planète terre. Et dans la
pratique, il existe des personnes qui ne respectent pas
les règles élémentaires de la vie en
commun. Elles volent, tuent, polluent, violent, abusent
des autres, etc., etc. En un mot, elles commettent des
fautes, des délits. Elles se mettent en infraction
et, à ce titre, elles doivent être
sancitonnées.
Par contre, il y en a d'autres qui, elles, se
respectent, apprennent à s'écouter,
à se connaître, à se
reconnaître, à se comprendre pour mieux
vivre ensemble.
En d'autres termes, et en dehors de leur situation
administrative, de la légalité ou de
l'illégalité de leur présence sur un
territoire, elles sont respectueuses de certaines
règles fondamentales qu'on appelle les Droits de
l'Homme.
Voilà pourquoi, il me paraît important de
dire et d'affirmer que le restect des Droits de l'Homme
est fondamental et que celles et ceux qui y
dérogent (qu'ils soient d'ici ou d'ailleurs,
qu'ils vivent légalement ou illégalement
sur un territoire) soient rappelés à
l'ordre et parfois condamnés pour des faits
contraires aux droits en question.
J'ai tenu à faire cette mise au point pour
éviter tout malentendu et pour affirmer haut et
fort que le fait d'ajouter le terme clandestine à
immigration m'a choqué profondément.
En efet, nous vivons dans un monde où il y a
des personnes, des peuples qui voyagent à travers
le monde alors qu'ils ne sont pas fixés sur un
territoire: on les appelle les gens du voyage. Ce sont
des zintis, des manouches, des roms, des tziganes, des
gitans. Il vont, viennent, repartent, voyagent et sont
bien souvent rejetés par tout le monde; nous
vivons dans un monde où il y a des personnes, des
peuples, tels que les palestiniens, les kurdes, etc., qui
recherchent désespérement une
reconnaissance, un territoire, un lieu ils peuvent poser
leurs valises et mieux vivre ensemble.
Alors, au lieu de parler
- d'immigration clandestine
- d'immigration incontrolée
- d'envahissement
- de pollution à travers l'immigration
(ces termes ont été cités lors du
débat du Congrès des Peuples et j'avoue que
cela m'a profondément choqué, fait mal)
Je pense que l'important c'est d'affirmer clairement
et nettement que le Congrès des Peuples des
Citoyens du Monde appellent les hommes et les femmes qui
peuplent la planète:
- à apprendre à vivre ensemble sans
distinction de race, de culture, de religion, de
territoire
- à respecter les règles
fondamentales des droits de l'Homme et à mettre
en cause, à sanctionner celles et ceux qui y
dérogent
- à partager le pouvoir, le savoir et
l'avoir et à se battre contre celles et ceux
qui s'accaparent la puissance, qui gèrent une
culture élitiste et accumulent la
richesse
- à vivre en paix, à apprendre
à gérer pacifiquement les conflits et
à lutter contre la fabrication, la vente,
l'utilisation des armes et contre les fauteurs de
troubles
- à accueillir l'autre, l'étranger
qui vient d'ailleurs
- à rechercher nos racines
communes
- à s'enrichir des diversités des
uns et des autres
- à découvrir nos
ressemblances
- à construire ensemble un monde de
fraternité, de solidarité où il
fait bon vivre ensemble.
Voilà le message que je tenais à
trasnmettre à mes amis (e) Citoyens du Monde.
N'oublions pas, n'oublions jamais que ce ne sont pas des
immigrès clandestins ou légaux qui nous
polluent, qui nous envahissent, ce sont des hommes et des
femmes d'ici et d'ailleurs qui exploitent, surexploitent
la planète. Pour eux, l'appat du gain, de
puissance sont devenus une véritable obsession.
C'est à eux et à eux seuls qu'il s'agit de
s'attaquer et non à leurs victimes.
Roger Winterhalter
Citoyen du Monde